Vladimir Poutine voulait y voir une « URSS 2.0 », un contrepoids à la domination économique des Etats-Unis et une concurrente à l'Union européenne (UE) et à son Partenariat oriental tourné vers les pays de l'est de l'Europe, à commencer par l'Ukraine.
Les rêves de grandeur du président russe semblent aujourd'hui sérieusement amputés. Avec trois membres, la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie, l'Union eurasienne pèsera économiquement à peine plus que la France et moins que le Royaume-Uni : son produit intérieur brut (PIB) avoisinera 2 400 milliards de dollars (1 760 milliards d'euros), contre 2 737 milliards de dollars (2 061 milliards d'euros) pour l'Hexagone, et 2 535 milliards de dollars (1 862 milliards d'euros) pour le Royaume-Uni, selon les données 2013 du Fonds monétaire international (FMI).
Après l'accord signé, jeudi 29 mai, entre les trois pays, il n'est pas exclu que le Kirghizistan, voire l'Arménie, rejoignent cet ensemble d'ici au 1er janvier 2015, date à laquelle cet espace économique se concrétisera. Mais on est loin de la résurrection de l'Empire soviétique. M. Poutine a laissé filer le gros morceau : l'Ukraine désormais pressée de se rapprocher de l'UE.
SORTE D'UNION EUROPÉENNE « CANADA DRY »
Conçue comme une sorte d'Union européenne « Canada Dry », l'Union eurasienne consistera à faire tomber les barrières douanières entre les Etats membres pour fluidifier les échanges de marchandises, de capitaux et de personnes. Il fut même un temps question d'une monnaie commune.
Cet espace économique est cohérent. Peut-être trop. A écouter Chris Weafer, associé chez Macro-Advisory, un cabinet de conseil en économie basé à Moscou, ces pays ont les mêmes caractéristiques… et les mêmes problèmes. Leur profil est dominé par l'industrie de matières premières : le gaz et le pétrole puisé dans la mer Caspienne au Kazakhstan, la potasse, l'agriculture pour la Biélorussie, et encore le gaz et le pétrole pour la Russie.
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Ici encore, Vladimir Poutine doit enrager de voir lui échapper l'Ukraine et ses 45 millions d'habitants. Car si certains évoquent l'idée que Kiev puisse, en adoptant une organisation plus fédérale, permettre à des régions de l'Est de rejoindre l'Union eurasienne, M. Weafer ne croit pas qu'elles prendront ce chemin.
A écouter l'économiste, Kiev a fait le bon choix. Après deux années terribles – le PIB pourrait se contracter de 5 % en 2014 et sursauter mollement de 1 % en 2015 –, la croissance, dopée par les liens resserrés avec l'Union européenne, pourrait friser les 4 % l'an. « Le double de ce que l'Ukraine pouvait espérer avec l'Union eurasienne », indique M. Weafer.
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