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par politicien » 09 nov. 2016, 20:20:23
La plupart des observateurs étaient catégoriques, ou presque : Hillary Clinton allait être élue présidente des Etats-Unis le mardi 8 novembre. Et pourtant, c’est bien Donald Trump qui l’a emporté, avec une large avance qui plus est. Comment expliquer l’erreur des observateurs, aussi bien du côté des sondeurs que des médias, en grande majorité incapables d’anticiper un tel scénario ? Tentative d’explications.
Un mode de scrutin particulier
Pour la présidentielle française, le candidat élu doit remporter la majorité des suffrages face à son adversaire du second tour. Aux Etats-Unis, un candidat doit empocher la majorité des 538 grands électeurs, élus Etat par Etat, pour l’emporter. Et 48 des 50 Etats appliquent la règle du « Winner Take All » : le candidat en tête empoche l’intégralité des votes, les deux autres incluant une dose de proportionnelle.
Cette spécificité complique l’analyse préélectorale, puisqu’il faut prendre le pouls de l’opinion Etat par Etat et pas seulement au niveau du pays.
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Les intentions de vote n’étaient de toute façon pas le principal indicateur utilisé pour prédire une victoire de Hillary Clinton. Les prévisionnistes des grands médias américains ont surtout fait des projections du candidat en tête Etat par Etat pour imaginer à quoi pourrait ressembler le résultat en termes de grands électeurs (le seul chiffre qui compte à la fin).
Chacun à sa propre méthodologie, plus ou moins fine, mais il s’agit en général de classer les Etats par groupes :
Ceux qui sont considérés comme « acquis » à un camp du fait d’un grand écart dans les sondages ;
Ceux qui penchent plutôt vers un candidat ;
Ceux qui sont indécis.
La plupart des estimations dans les jours qui ont précédé le scrutin donnaient Hillary Clinton gagnante, souvent avec un peu plus de 300 grands électeurs (il en faut 270 pour être élu). Le site FiveThirtyEight.com estimait par exemple en fin de campagne qu’elle avait 71,4 % de chances de l’emporter (il était néanmoins l’un des plus prudents, notant qu’il y avait de fortes incertitudes sur l’élection, plus fortes qu’en 2012).
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Les limites des sondages
Viennent ensuite les nombreuses limites des sondages souvent évoquées ici. Le choc du vote en faveur du Brexit en juin (bien que les sondages étaient en réalité beaucoup moins catégoriques dans l’exemple américain) en était d’ailleurs déjà une illustration. Voici plusieurs biais récurrents :
1. Des interprétations hâtives. Peu importe l’étude et sa supposée fiabilité, il faut interpréter les sondages avec mesure. Un sondage est une photographie de l’opinion à un instant t, pas une prédiction.
2. Les intentions de votes ne sont pas figées. Les écarts en termes d’intentions de vote entre Hillary Clinton et Donald Trump étaient, en fin de campagne, de l’ordre de 1 à 4 points. Derrière ce chiffre se cachait aussi un mouvement favorable au candidat républicain au cours des dernières semaines (+3 points en moins d’un mois environ, selon la moyenne du New York Times). Quand on retrace l’évolution des intentions de vote au niveau national au cours des derniers mois, on s’aperçoit d’ailleurs qu’elles ont beaucoup fluctué. Début octobre encore, Donald Trump était présenté comme loin dernière sa rivale. Mais sa poussée au cours des dernières semaines a semble-t-il été sous-estimée.
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http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/art ... 55770.html
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