Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

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Yakiv
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Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 10 févr. 2017, 22:18:25

Je lance ce sujet à l'approche des élections présidentielles russes qui doivent se tenir en 2018.

Le contexte est le suivant. Poutine est venu au pouvoir en 2000, adoubé par Boris Eltsine. Il remporte au premier tour les élections de 2000 et de 2004. La constitution russe l'empêchant de briguer plus de 2 mandats d'affilé, il décidera de détourner la constitution plutôt que de la modifier comme peuvent le faire nombre de dirigeants africains ou autres accrochés au pouvoir. Il décide ainsi de se présenter en ticket avec Medvedev qui lui prête allégeance et qui le nomme premier ministre en 2008. Une fois passée cette intermède de 4 ans, il peut à nouveau se représenter sans contredire la constitution et remporte, toujours au premier tour, l'élection de 2012, tout en renvoyant l'ascenseur à Medvedev qui retrouve la maison blanche. Voilà où nous en sommes pour 2018, Poutine va donc briguer son "second, second" mandat.

Pas de suspens pour l'année prochaine, Poutine remportera l'élection, ce qui va le porter au pouvoir jusqu'à 23 ans minimum.
Restait une inconnue, comment il allait gagner cette élection présidentielle. Allait-il autoriser son seul concurrent sérieux à se présenter pour enfin donner à une de ses élections un semblant de légitimité ou n'allait-il prendre aucun risque et choisir, comme pour les élections précédentes, des opposants de figuration. Ce candidat sérieux, le seul qui est en mesure de dépasser les 20% des voix, c'est Alexei Navalny, une sorte de Macron à la russe si j'ose dire. Certes, il y a d'autres personnalités politiques tout à fait compétentes, Kasparov (le champion du monde d'échec), Kassianov (ancien premier ministre), Iavlinski (éternel opposant libéral), Ryjkov (républicain), le regretté Nemtsov (assassiné par le pouvoir), mais aucun ne rassemble de larges intentions de vote.

En tout cas, Poutine semble avoir choisi la seconde option, celle de ne pas laisser le moindre opposant crédible lui faire concurrence.
Le Monde a écrit :
La candidature de l’opposant Navalny à l’élection présidentielle russe est compromise
L’avocat, qui dénonce la corruption du pouvoir, a été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds. Il a fait appel et dénonce un procès politique.

LE MONDE | 08.02.2017 à 15h25 • Mis à jour le 09.02.2017 à 14h55 |

La chronique politique russe retiendra peut-être que c’est dans la petite pièce d’un tribunal de province, semblable à une salle de classe – n’eussent été trois petites cages métalliques derrière lesquelles comparaissent habituellement les prévenus –, que s’est joué le sort du dernier opposant médiatique au Kremlin depuis Boris Nemstov, assassiné il y a tout juste deux ans.

Arrivé libre, Alexeï Navalny, 40 ans, candidat à l’élection présidentielle de 2018 en Russie, est reparti de la même façon, mais avec une condamnation à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds, au terme d’un énième procès. Cette décision, rendue mercredi 8 février, par la cour de justice de Kirov, à 800 kilomètres de Moscou, entraîne, en théorie, son inéligibilité.

« Nous allons continuer notre campagne, indépendamment de ce qui se passe ici ! », s’est exclamé à l’issue du jugement M. Navalny, en s’appuyant sur la Constitution russe, qui exclut uniquement de la course à l’élection présidentielle les personnes placées en détention.

La voie est néanmoins étroite, car le verdict, lu pendant de très longues minutes d’une voix quasi inaudible par le juge Alexeï Vtiourine, a fait référence à l’article 160 du code pénal, qui définit les « délits graves ». Or, ces derniers sont cités comme un motif d’inéligibilité selon la loi électorale…

« Ce verdict, c’est un télégramme du Kremlin », a ironisé l’opposant, en dénonçant une affaire fabriquée de toutes pièces pour l’écarter du jeu politique. Pour ce remuant avocat, qui s’est fait une spécialité depuis quelques années de dénoncer la corruption du pouvoir en Russie, c’est surtout un retour à la case départ.

Navalny, un habitué des prétoires

En concluant à sa culpabilité dans l’affaire Kirovles, du nom d’une société d’exploitation forestière, le tribunal de Kirov a en effet quasiment repris mot à mot un précédent jugement rendu en 2013 dans la même affaire, mais annulé depuis.

Conseiller du gouverneur de la région de Kirov en 2009, Alexeï Navalny avait été par la suite accusé d’avoir détourné 400 000 euros au détriment de cette compagnie. Condamné une première fois à cinq ans de colonie pénitentiaire et 500 000 roubles (8 000 euros) d’amende en juillet 2013, en même temps que son associé Piotr Ofitserov, également présent mercredi, l’opposant avait vu sa peine maintenue trois mois plus tard en appel, mais commuée en sursis.

En février 2016, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg, constatant que les droits des accusés pour « un procès équitable avaient été bafoués », avait infligé à la Russie le versement de 79 000 euros de dommages et compensations à Alexeï Navalny et à son associé. La Cour suprême russe avait alors cassé le jugement et ordonné aussitôt l’ouverture d’un nouveau procès. Kirovles 2 a ainsi commencé, avant de s’achever exactement comme Kirovles 1.

Marié et père de deux enfants, Alexeï Navalny est un habitué des prétoires, mais pas dans ses habits d’avocat en droit civil dont il a fait profession. Sept fois condamné à des peines administratives pour avoir participé à des manifestations, placé un an en résidence surveillée, il a également été condamné à trois ans et demi de colonie pénitentiaire avec sursis pour détournement de fonds au détriment de la filiale russe du groupe de cosmétiques français Yves Rocher. Dans cette affaire, son frère Oleg Navalny a été condamné à la même peine, ferme cette fois, qu’il purge actuellement dans la région d’Orel, à 360 kilomètres au sud-ouest de Moscou.

Ce tir de barrage juridique ne semble pas décourager Alexeï Navalny, qui publie sur son site Internet des vidéos dévastatrices sur les biens somptueux des ministres et des hauts fonctionnaires, tout en livrant ses commentaires argumentés sur leur enrichissement.

Fondateur en 2011 du Fonds de lutte contre la corruption, il a vu son audience grandir progressivement. Au point qu’en septembre 2013, en pleine affaire Kirovles 1 déjà, Alexeï Navalny avait créé la surprise en se hissant à la deuxième place pour l’élection du maire de Moscou avec un peu plus de 27 % des voix.

Un opposant déterminé de Poutine

Issu des rangs nationalistes, l’homme s’affiche aujourd’hui comme un indépendant et un opposant déterminé de Vladimir Poutine. Le 13 décembre 2016, dans une vidéo d’un peu plus de trois minutes diffusée sur son propre site de campagne, troquant ses chemises à carreaux pour un costume et une cravate sombres, il avait annoncé sa candidature à la présidentielle en promettant d’aborder « les sujets tus par tout le monde ».

« Il n’y a pas eu de véritables élections en Russie depuis 1996, ajoutait Alexeï Navalny, ceux qui sont au pouvoir depuis dix-sept ans ne réagissent plus à aucune critique, trop occupés à résoudre leurs propres problèmes financiers. Ils ne permettent aucune concurrence. »

Le lendemain cependant, sur Radio Echo de Moscou, le croisé de la corruption en Russie faisait une proposition surprenante : « Je pense que l’immunité doit être garantie à Poutine et à sa famille. » Soit la même « garantie » offerte, officieusement, par Vladimir Poutine à Boris Eltsine, lors de la passation de pouvoir entre les deux hommes, en 1999…

« Oui, j’ai dit que si Poutine était d’accord avec une transition de pouvoir pacifique, il faudrait lui accorder l’immunité, a répondu au Monde l’opposant entre deux interruptions d’audience à Kirov, le 1er février. C’est une décision désagréable pour qui connaît sa corruption, et elle l’est doublement pour moi parce que mon frère est en prison, mais il faut parfois savoir mettre de côté ses émotions… » L’amnistie ainsi proposée suffira-t-elle à infléchir le Kremlin pour le laisser concourir ?

Trublion imprévisible

La porte n’est peut-être pas tout à fait fermée, mais Alexeï Navalny est surtout considéré aux yeux du pouvoir comme un trublion imprévisible. Ses critiques, féroces, alimentent les réseaux sociaux. Et ses multiples procès n’ont pas suffi à entacher sa réputation aux yeux de ses partisans. Plusieurs dizaines d’entre eux, jeunes pour la plupart, se sont pressés aux portes de son premier QG de campagne ouvert à Saint-Pétersbourg, le 4 février. Plus de soixante-dix autres QG sont prévus dans tout le pays, assure son ami et directeur de campagne, Léonid Volkov.

D’un autre côté, le Kremlin aimerait bien trouver un adversaire capable de crédibiliser l’élection présidentielle de 2018 – pour laquelle Vladimir Poutine n’a pas encore fait officiellement acte de candidature – en attirant vers les urnes une population de plus en plus absente des scrutins. Les dernières élections législatives de septembre 2016 l’ont prouvé avec, pour la première fois, une participation inférieure à 50 %.

En 2012, lors de la réélection de Vladimir Poutine, perturbée alors par d’importantes manifestations de protestation, l’homme d’affaires milliardaire Mikhaïl Prokhorov s’était prêté au jeu, obtenant 8 % des suffrages, sur la troisième marche du podium.

Sauf qu’aujourd’hui, Alexeï Navalny, même si ses chances de concurrencer le chef de l’Etat russe apparaissent quasi nulles dans les sondages, est loin de présenter le profil idéal du compétiteur… Réagissant au procès de Kirov, mercredi, l’ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, réfugié en Europe après avoir passé dix ans dans une colonie pénitentiaire pour fraudes, a anticipé la réponse : « Le pouvoir a décidé qu’il ne voulait pas une ombre de problème aux “élections” ».
http://www.lemonde.fr/international/art ... _3210.html

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Antichrist
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Antichrist » 10 févr. 2017, 23:40:06

-alexi navalny en principe...ses 30% à moscou en fond le l'opposant principal en russie

pb...son seul programme c'est : "poutine est pourri..."
c'est pas avec cela qu'il peut aller trés loin.

juste un avocat blogeur...

-plus serieux...vladimir ryjkov...enfin plus serieux...c'est vite dit.
en cheville avec le miliardaire lebedev.
politiquement...dans la ligne valls (ps reformateur)

-l'inoxidable communiste russe...ziouganov.
enfin si il est pas trop vieux.

-serguei mironov...ps (tendance hamon)
cration de poutine...et sa marionette.

-kasparov en cheville avec l'ancien 1er ministre kassianov.
bon aucun programme...juste du "poutine dehors...poutine despote"

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Yakiv
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 11 févr. 2017, 00:30:24

En démocratie, le programme devrait être primordial je crois.
Mais comme la Russie n'est pas une démocratie, l'opposition se concentre nécessairement sur le rejet de l'autocrate.
Mironov est effectivement le larbin de Poutine, l'idiot utile censé représenté "l'opposition de centre-gauche" en Russie. Malheureusement, ce courant politique a toujours fini phagocyté par Poutine (Loujkov / Primakov en 2000, puis Glaziev / Rogozine en 2005).

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Cheshire cat
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Cheshire cat » 11 févr. 2017, 10:14:38

Poutine n'a sans doute pas besoin de bidonner les élections pour les gagner, mais il veut tuer dans l’œuf tout opposition sérieuse.
“On commence par se tromper soi-même ; et ensuite on trompe les autres. ”
Oscar Wilde

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mordred
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par mordred » 11 févr. 2017, 10:50:03

Urgence d'instaurer une monarchie constitutionnelle.
"La mer était très forte. Je pense qu'il était bien trop vieux pour aller à la pêche aux maquereaux".
Feu Dédé la fleur; bien souffrant (Ouessant) et Yann Tiersen (mondialement connu).

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Yakiv
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 06 juil. 2017, 08:52:20

Les efforts du pouvoir visant à empêcher Navalny de se présenter à la présidentielle russe 2018 se poursuivent.
Présidentielle russe: l'opposant Navalny déclaré inéligible

Image
L'opposant russe Alexeï Navalny, le 16 juin 2017, lors d'une audience au tribunal à Moscou-AFP/Archives/Andrey BORODULIN

Les ambitions présidentielles du principal opposant au Kremlin, Alexeï Navalny, ont été refroidies vendredi par la commission électorale centrale, qui l'a jugé inapte à se présenter contre Vladimir Poutine en mars prochain en raison d'une condamnation de justice.

L'opposant de 41 ans, qui a organisé fin mars et mi-juin deux manifestations anticorruption mobilisant surtout des jeunes, reste déterminé à défier le président russe et mène campagne dans toute la Russie malgré de nombreux obstacles, voire des agressions visant ses partisans.

Dans une déclaration publiée sur son site internet, la Commission électorale a tenu à préciser que cet avis ne s'inscrivait pas dans le cadre de la campagne électorale puisque le dépôt officiel des candidatures n'interviendrait pas avant décembre.

Elle a donné sa position concernant le statut juridique de l'opposant, actuellement en détention. "Actuellement, Alexeï Navalny n'a pas le droit d'être élu" en raison de sa condamnation à cinq ans avec sursis pour détournement dans une affaire remontant à 2009.

La présidente de la commission électorale, Ella Pamfilova, avait déjà affirmé en juin que la candidature de M. Navalny n'avait "aucune chance d'être enregistré aux élections en raison de sa condamnation".

Elle n'avait toutefois pas exclu que l'opposant puisse "se pourvoir en cassation".

L'avenir politique de l'opposant dépend de l'interprétation de la Constitution et de la loi électorale, la première stipulant que quiconque peut être candidat s'il n'est pas en détention, la seconde que tout candidat doit avoir purgé sa peine, qu'elle soit ferme ou avec sursis.

"La Constitution n'interdit pas à Alexeï Navalny de se présenter aux élections. La commission électorale essaie par ses annonces de perturber la campagne", a déclaré à l'AFP Nikolaï Liaskine, l'un des membres de l'équipe de campagne de M. Navalny.

"C'est le seul candidat qui mène une campagne. Ils en ont extrêmement peur et essaient de faire en sorte que les gens ne viennent pas s'inscrire" pour soutenir la campagne de l'opposant, a-t-il estimé.


- 'Arbitraire' -

M. Navalny, qui fait figure de principal opposant au président Vladimir Poutine, a été reconnu coupable début février du détournement en 2009 de quelque 400.000 euros au détriment d'une société publique d'exploitation forestière alors qu'il était consultant du gouverneur libéral de la région de Kirov.

Le blogueur, avocat de formation, qui dénonce une affaire montée de toutes pièces par le Kremlin pour l'éloigner de la politique, avait déjà été condamné en 2013 à la même peine dans cette affaire. Mais en février 2016, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) avait jugé cette décision "arbitraire", estimant qu'on pouvait "fortement craindre" que les poursuites contre les accusés et leur condamnation aient été "de nature politique".

La Cour suprême russe a ensuite annulé en novembre cette condamnation et renvoyé l'affaire devant le tribunal, qui l'a de nouveau condamné.

Alexeï Navalny purge actuellement une peine de 25 jours de prison pour avoir organisé le 12 juin dans les rues de Moscou et de plusieurs autres villes russes une manifestation anticorruption non autorisée, qui a rassemblé des milliers de ses partisans. Il doit retrouver la liberté le 7 juillet.

Cette manifestation, tout comme la précédente fin mars, pour laquelle M. Navalny avait déjà écopé de 15 jours de prison, a été marquée par des centaines d'arrestations.

Le bras droit de l'opposant, Leonid Volkov, a été condamné jeudi à cinq jours de détention pour avoir appelé à manifester sur YouTube le 12 juin.

"Ils peuvent lui interdire de se présenter aux élections, ils peuvent l'arrêter, ne pas accepter de prendre les documents pour sa candidature ou les perdre", affirme Nikolaï Liaskine. "Mais nous continuerons de nous appuyer sur la Constitution. (...) Nous sommes sûrs qu'Alexeï Navalny sera en mesure de prendre part au scrutin", prévu pour mars 2018.

Article complet sur https://www.challenges.fr/monde/preside ... ble_482512

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signora
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par signora » 06 juil. 2017, 09:04:38

Le titre de ton topic m'a inspiré une réflexion immédiate :

Le pauvre, il va pas faire de vieux os ...

Excuse-moi car la question posée mérite une réponse approfondie !
Mais là je n'ai que 5 minutes ... :oops:
"Dans la profondeur de l'hiver, j'ai finalement appris qu'il y avait en moi un soleil invincible."
Albert Camus

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Yakiv
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 08 juil. 2017, 00:37:05

L’opposant russe Alexeï Navalny libéré, ses QG de campagne sont perquisitionnés

07 juil. 2017, 00:00:00

Le principal détracteur de Poutine avait été condamné à une peine de vingt-cinq jours pour avoir appelé des milliers de Russes à descendre dans la rue.

Image

Le Monde | 07.07.2017 à 14h06 • Mis à jour le 07.07.2017 à 15h39 | Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)

Au même moment, des sièges de campagne « Navalny 2018 » à Ekaterinbourg et à Kazan faisaient de nouveau l’objet de perquisitions. Depuis quelques jours, les QG de l’opposant, ouverts un peu partout dans le pays – le 60e a été inauguré jeudi dans l’enclave russe de Kaliningrad – sont la cible d’un véritable harcèlement.

Candidat à l’élection présidentielle de mars 2018, le pourfendeur des élites poutiniennes n’a pourtant quasiment aucune chance de concourir, du fait de sa condamnation à cinq ans et de demi de prison avec sursis pour « détournement de fonds » dans une affaire que l’intéressé dénonce comme fabriquée. La Commission centrale électorale l’a mise en garde à ce sujet. Sans décourager le moins du monde Alexeï Navalny qui continue à tisser son réseau dans toute la Russie.

Le 4 juillet, plusieurs dizaines de personnes, la plupart retraitées, ont envahi son QG de Krasnodar, dans le sud de la Russie. Devant des jeunes militants pro-Navalny médusés qui ont filmé la scène, la foule a consciencieusement piétiné et détruit les affiches, aux cris de « traîtres ! » et « fascistes ! ».


« Appels à violer l’ordre public »

Le lendemain, à Orel, à 350 kilomètres au sud-ouest de Moscou, c’est la police qui a embarqué tout le matériel de campagne, à la recherche de traces « d’extrémisme ». À Novossibirsk, en Sibérie, les « volontaires » de Navalny – ceux qui se sont engagés à ses côtés – ont tenté de sortir les tracts par les fenêtres avant qu’ils ne soient saisis…

Le 6 juillet, d’autres perquisitions ont visé le site de Vologda, une ville au nord-est de la capitale russe. Cette fois, la police pensait y trouver des « calomnies et insultes contre les autorités » et des « appels à violer l’ordre public ». À Moscou, le même jour, les OMON (forces anti-émeutes) se sont présentés à 5 heures du matin, au motif que le propriétaire des lieux aurait porté plainte contre son locataire pour un impayé. Le permanencier de garde, ayant refusé « d’obtempérer », une prise de sambo eut tôt fait de l’expédier à l’hôpital pour contrôle avant qu’il ne soit présenté au tribunal.

Là encore, tout le matériel a été saisi, dont « 573 tee-shirts et 950 sacs Navalny 2018 », aux dires du directeur de campagne, Leonid Volkov, qui évalue à 1,33 million de roubles (20 000 euros environ) la valeur des biens confisqués.

Cette offensive tous azimuts ne doit sans doute rien au hasard. Avant même la sortie de prison de leur chef de file, les partisans d’Alexeï Navalny commençaient à mettre sur pied une opération de mobilisation de tous les QG baptisée « soubotnik de campagne », les 8 et 9 juillet. Le soubotnik renvoie au « samedi communiste », bien connu durant la période soviétique, au cours duquel les citoyens se devaient d’effectuer des travaux collectifs d’utilité publique dans leurs quartiers.

En parallèle aux déboires de l’improbable candidat, les préparatifs pour la réélection de Vladimir Poutine – qui n’a toujours pas fait part de ses intentions – semblent s’accélérer. Selon le site RBK, qui cite plusieurs sources anonymes proches du Kremlin, le président russe se présenterait comme « candidat indépendant », hors de l’étiquette du parti au pouvoir Russie unie, comme lors de ses deux premiers mandats, en 2000 et 2004. La campagne officielle débutera au mois de décembre.

Article complet sur http://www.lemonde.fr/international/art ... _3210.html

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mordred
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par mordred » 08 juil. 2017, 10:42:59

Personne dans la famille impériale pour balayer le KGB ? C'est comme en France; des nazillons et tradi-cathos soutiennent X princes; mais aucun ne bouge. L'ancien comte de Paris avait pourtant écrit un livre très "social" dans le temps. Ils doivent avoir peur de leurs "soutiens".
"La mer était très forte. Je pense qu'il était bien trop vieux pour aller à la pêche aux maquereaux".
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 09 juil. 2017, 07:51:03

Le pire, c'est que c'est vrai. Une monarchie aurait peut-être évité à la Russie ses errements actuels.

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Jeff Van Planet
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Jeff Van Planet » 09 juil. 2017, 09:41:42

Yakiv a écrit :
10 févr. 2017, 22:18:25
Je lance ce sujet à l'approche des élections présidentielles russes qui doivent se tenir en 2018.

Le contexte est le suivant. Poutine est venu au pouvoir en 2000, adoubé par Boris Eltsine. Il remporte au premier tour les élections de 2000 et de 2004. La constitution russe l'empêchant de briguer plus de 2 mandats d'affilé, il décidera de détourner la constitution plutôt que de la modifier comme peuvent le faire nombre de dirigeants africains ou autres accrochés au pouvoir. Il décide ainsi de se présenter en ticket avec Medvedev qui lui prête allégeance et qui le nomme premier ministre en 2008. Une fois passée cette intermède de 4 ans, il peut à nouveau se représenter sans contredire la constitution et remporte, toujours au premier tour, l'élection de 2012, tout en renvoyant l'ascenseur à Medvedev qui retrouve la maison blanche. Voilà où nous en sommes pour 2018, Poutine va donc briguer son "second, second" mandat.
2000-04 ça fait 4 ans.
04-08 ça fait 4 ans.
08-12 ça fait 4 ans
12-18 ça fait 6 ans.
il s'est passé quoi? :gratte:
Le grand problème de notre système démocratique c'est qu'il permet de faire démocratiquement des choses non démocratiques.
J.Saramago

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wesker
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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par wesker » 09 juil. 2017, 14:41:29

Au vu de notre système électoral et de la réalité politique de notre pays, je me garderais de tout commentaire rapide, présenté par des journaux dont la ligne éditoriale est clairement peu favorable à la Russie...Je n'ai pas le sentiment que nous soyons en situation de porter un jugement sur la réalité et le fonctionnement des institutions russes. Pas davantage que nous aurions pû en porter à l'égard de l'élection présidentielle américaine qui a vu un Président, avec lequel nous partagions de nombreuses divergences l'emporter.

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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 09 juil. 2017, 15:11:04

Jeff Van Planet a écrit :
09 juil. 2017, 09:41:42
2000-04 ça fait 4 ans.
04-08 ça fait 4 ans.
08-12 ça fait 4 ans
12-18 ça fait 6 ans.
il s'est passé quoi? :gratte:
Le mandat présidentiel a été étendu de 4 à 6 ans sous la présidence Medvedev (2008) avec application pour la prochaine élection (celle de 2012 où Poutine s'est représenté).
Russie : un mandat présidentiel de 6 ans

30 déc. 2008, 00:00:00

Le président russe Dimitri Medvedev a promulgué la loi prolongeant le mandat présidentiel de quatre à six ans, a annoncé le Kremlin aujourd'hui. Les détracteurs de Vladimir Poutine le soupçonnent d'espérer ainsi reprendre la tête du pays après 2012.
Ce texte avait été approuvé sans encombre par les deux chambres du Parlement russe ainsi que par les 83 parlements provinciaux. Il ne s'appliquera pas au mandat présidentiel actuel de M. Medvedev, qui s'achève en 2012.

Selon les détracteurs du régime en place, ce projet de loi devait être adopté afin de préparer le terrain pour le Premier ministre Vladimir Poutine, qui devrait chercher à briguer une nouvelle fois la présidence. Il l'a tenue de 2000 à 2008. M. Poutine étant empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat successif, c'est son protégé Dimitri Medvedev qui a été triomphalement élu à la présidence.

Vladimir Poutine a affirmé que le changement n'avait pas été taillé pour lui, et permettrait de stimuler la démocratie. Mais ce choix d'amender la Constitution seulement quelques mois après l'élection présidentielle alimente des spéculations sur le fait que le mandat de M. Medvedev pourrait être raccourci pour permettre à M. Poutine de revenir au Kremlin.

Certains experts estiment que Vladimir Poutine devra agir rapidement s'il veut être réélu à la présidence, car sa popularité pourrait être érodée par la crise financière.

Article complet sur http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2008/ ... de-ans.php

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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par Yakiv » 09 juil. 2017, 15:14:30

wesker a écrit :
09 juil. 2017, 14:41:29
Au vu de notre système électoral et de la réalité politique de notre pays, je me garderais de tout commentaire rapide, présenté par des journaux dont la ligne éditoriale est clairement peu favorable à la Russie...Je n'ai pas le sentiment que nous soyons en situation de porter un jugement sur la réalité et le fonctionnement des institutions russes. Pas davantage que nous aurions pû en porter à l'égard de l'élection présidentielle américaine qui a vu un Président, avec lequel nous partagions de nombreuses divergences l'emporter.
"Ô rage ! Ô désespoir !"

Dans ce cas là, ne parlons d'aucun sujet international pour être sûr de ne critiquer personne.

Ne voudrais pas tu demander à l'administrateur la fermeture de l'espace "actualité étrangère" s'il te plaît ?

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Re: Poutine aura-t-il un opposant à la présidentielle ?

Message non lu par wesker » 09 juil. 2017, 17:04:03

Il y a une différence entre se montrer critique à l'égard de tel ou tel régime, de telle ou telle décision qui engage l'avenir comme ce fut le cas sur le retrait des accords de Paris, de la part des Etats Unis, comme" ce fut le cas en matière de provocation de la Corée du Nord en matière de lancement de missile intercontinentaux et se focaliser uniquement sur la critique à l'encontre d'un seul pays, Yakiv.

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