"Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

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Yakiv
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"Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 09:09:20

On a appris tout à tour cette semaine la mort puis 24 heures plus tard la réapparition d'Arkadi Babtchenko, un journaliste de nationalité russe, opposant de la première heure de V. Poutine, qui a fait l'objet d'une tentative d'assassinat en Ukraine et d'une mise en scène de sa mort par le SBU (services secrets ukrainiens) afin de remonter la piste des organisateurs, voire des commanditaires, de ce projet criminel.

Je pose un article d'introduction pour présenter qui était ce journaliste.
Qui est Arkadi Babchenko, le journaliste russe faussement assassiné en Ukraine ?

30 mai 2018, 17:40:21

Après avoir participé aux deux guerres de Tchétchénie, le journaliste Arkadi Babchenko, dont la mort a été mise en scène par les services secrets ukrainiens mardi, est devenu écrivain et correspondant…

Image

Soldat, écrivain, correspondant de guerre, journaliste d'opposition... La vie d'Arkadi Babchenko n'a pas manqué de rebondissements, mais c'est un nouveau chapitre rocambolesque qu'elle a traversée, mardi 29 mai, avec la mise en scène de son propre assassinat, qu'il a souvent dit craindre.

Après être passé pour mort pendant moins de 24 heures, le journaliste a réapparu mercredi à la surprise générale, devant les caméras, aux côtés des services de sécurité ukrainiens qui ont expliqué avoir trompé la presse et le public pour déjouer un assassinat commandité par la Russie.

"Un véritable artiste, un écrivain"

"Totalement direct, totalement honnête. Un véritable artiste, un écrivain pour lequel il était plus important de se positionner que de simplement décrire ce qu'il se passe", le qualifiait, dans un éditorial paru au moment où les journalistes le pensaient mort, la rédaction du prestigieux journal d'opposition russe Novaïa Gazeta, auquel il avait collaboré.

En Russie, Arkadi Babchenko s'est d'abord fait connaître grâce à ses récits crus des deux sanglantes guerres de Tchétchénie, auxquelles il a participé en tant que soldat, jeune conscrit de 18 ans pour la première (1994-1996), volontaire pour la seconde (1999-2003). Dans un livre publié en France sous le titre "La couleur de la guerre", il raconte sans fard son expérience du conflit : la violence, les atrocités, l'alcoolisme, la faim, la corruption.

Après avoir quitté l'armée, et un diplôme en droit international en poche, il commence à travailler comme correspondant de guerre pour des médias russes, dont Novaïa Gazeta, pour qui il couvre le conflit-éclair entre la Russie et la Géorgie en 2008.

Opposé au Kremlin

Il couvre également, dans des articles remarqués en Ukraine, le soulèvement pro-européen du Maïdan à Kiev, à l'hiver 2014, puis le conflit avec les séparatistes prorusses dans l'est de ce pays, où il dénonce le rôle de la Russie, appuyant la thèse de Kiev et des Occidentaux selon laquelle Moscou soutient militairement les rebelles, ce que le Kremlin a toujours démenti.

Résolument opposé à la politique de Poutine, il fait entendre sa voix en critiquant régulièrement l'intervention de l'armée russe à partir de 2015 en Syrie, jusqu'à un texte diffusé sur Facebook sur le crash en mer Noire d'un avion militaire, fin 2016. C’est ce message, dans lequel il évoque les bombardements russes dans le nord de la Syrie et qualifie son pays d'"agresseur", qui lui vaut un torrent de menaces.

Disant à plusieurs reprises craindre pour sa vie, il quitte la Russie en 2017 avec sa famille. "Si quelqu'un jure de vous tuer, faites-lui confiance", écrit-il sur Facebook.

En Ukraine, Arkadi Babchenko animait depuis un an une émission sur la chaîne de télévision privée ATR, porte-voix de la communauté des Tatars de Crimée, fermée l'an dernier par les autorités dans cette péninsule annexée par Moscou en 2014.

Avec AFP

Article complet sur http://www.france24.com/fr/20180530-por ... n-opposant
Modifié en dernier par Yakiv le 02 juin 2018, 23:34:13, modifié 1 fois.

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albert
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par albert » 02 juin 2018, 11:16:33

Voilà un bel exemple de fake news.

S'il s'agissait d'une manipulation de la Russie, les indignations pleuvraient.

Mais c'est l'Ukraine, donc ça devient le « sauvetage » d'un journaliste. Tout est dans l'art de présenter les choses...
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Yakiv
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 11:26:22

albert a écrit :
02 juin 2018, 11:16:33
Voilà un bel exemple de fake news.

S'il s'agissait d'une manipulation de la Russie, les indignations pleuvraient.

Mais c'est l'Ukraine, donc ça devient le « sauvetage » d'un journaliste. Tout est dans l'art de présenter les choses...
Je vais essayer de t'expliquer la différence Albert.

Quand la Russie ment depuis 4 ans en niant son implication dans le crash de l'avions de la Malaysia Airlines qui a coûté la vie a 300 personnes, ou quand elle ment depuis aussi longtemps sur son implication dans la guerre du Donbass (qui fait des milliers de morts), on peut parler de "fake news".

Quand l'Ukraine ment pendant moins de 24 heures pour révéler elle-même la vérité, ce qu'elle avait prévu de faire dès le commencement de cette manœuvre, dans le but de sauver la vie d'un journaliste et d'identifier les commanditaires d'un assassinat politique, alors on ne peut pas parler de "fake news".

Autrement dit : la durée, l'objectif, les conséquences et la révélation de la vérité font la différence entre une "fake news" et ce qui n'est pas une "fake news".

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albert
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par albert » 02 juin 2018, 11:33:46

Il y a les bonnes fake news et les mauvaises. Et les bonnes, du coup, ne sont plus des fake news !
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Yakiv
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 11:57:27

albert a écrit :
02 juin 2018, 11:33:46
Il y a les bonnes fake news et les mauvaises. Et les bonnes, du coup, ne sont plus des fake news !
C'est vraiment tout ce que tu as à répondre (pour défendre coûte que coûte le Kremlin) ?

J'ai oublié de dire que la "victime" de cette opération est bien contente de ce qui s'est passé, j'y reviendrai plus tard.

Savais-tu d'ailleurs que la France s'est aussi livrée à cette technique ?
Fausse mort d'Arkadi Babtchenko : l'histoire de Virgil Tanase, "tué" par les services secrets français en 1982

Image

FRANCE - Trente-six ans avant la mise en scène de la fausse mort du journaliste ukrainien Arkadi Babtchenko pour déjouer une tentative d'assassinat présumée, la France vivait un précédent historique. En 1982, l'affaire Virgil Tanase témoigne du même mode opératoire.

2018-05-31T13:09:00.000Z - La rédaction de LCI

"Le 20 mai 1982, à la sortie de son domicile parisien, Virgil Tanase est enlevé. Sa femme, inquiète, sans nouvelles, téléphone à la DST", décrivent Jacques-Marie Bourget et Yvan Stefanovitch, auteurs du documentaire "Des affaires très spéciales". "Elle ne sait pas ce qu'est devenu son mari et qu'une grande comédie est en train de se jouer".  Les Français racontent la rocambolesque affaire de Virgil Tanase : un réfugié roumain annoncé mort par les services de renseignements, aujourd'hui regroupés sous le groupe de la DGSE, pour le protéger des services secrets roumains qui voulaient l'éliminer. 

Une grande mystification est décidée : il s'agit de faire croire à la mort de Virgil Tanase. Jacques-Marie Bourget et Yvan Stefanovitc, auteurs de "Des affaires très spéciales".

Un coup monté après un article à charge contre Ceaucescu

Virgil Tanase était une cible de la Securitate après la publication, dans le magazine Actuel, d'un article très critique contre le dictateur roumain Nicolae Ceaucescu. Ce dernier charge alors l'un de ses agents en France d'éliminer l'écrivain et auteur dramatique, réfugié en France trois ans auparavant et naturalisé français. 

Pour le protéger, la DST prend alors une décision inédite : celle de faire croire au décès de l'écrivain roumain. "Une grande mystification est décidée : il s'agit de faire croire à la mort de Virgil Tanase et de Paul Goma" (un autre opposant roumain visé par le régime de Bucarest)" détaillent les deux auteurs de "Des affaires très spéciales." 

Les services secrets français mettront Virgil Tanase au vert pendant trois mois dans une "maison sûre" en Bretagne et laissé accuser la Securitate d'avoir organisé son assassinat. Le 30 août de la même année, la supercherie est révélée par le quotidien "Le matin de Paris" et, peu après, Virgil Tanase réapparaît dans les locaux du magazine Actuel, dirigé par son ami Jean-François Bizot, et donne une conférence de presse. 

Des conséquences diplomatiques

"Aux yeux du contre-espionnage français, l'affaire apparaît comme un succès", écrivent Jacques-Marie Bourget et Yvan Stefanovitch. A la suite de cette affaire, le président français François Mitterrand annule une visite prévue à Bucarest.  Virgil Tanase, âgé aujourd'hui de 72 ans, a poursuivi une carrière de romancier, dramaturge et metteur en scène en France. 

Arkadi Batchenko a, lui, présenté ses excuses ce mercredi à sa femme "pour l'enfer qu'elle a vécu pendant deux jours". Les forces de sécurité ukrainiennes ont cependant assuré que sa famille était au courant de l'opération, qui visait à déjouer une tentative d'assassinat pour laquelle un homme présenté comme l'"organisateur" a été arrêté.

La rédaction de LCI

Article complet sur https://www.lci.fr/france/fausse-mort-d ... 88951.html

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El Fredo
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par El Fredo » 02 juin 2018, 12:14:15

Ce ne sont des fake news dans aucun des deux cas mentionnés (MH17 et ce faux assassinat). C'est de la propagande tout simplement. Les fake news c'est autre chose. Et d'ailleurs la reprise de cette "information" fabriquée par tous les médias ne rentre pas dans la catégorie des fake news, car tous les organes de presse ont vérifié et croisé leurs sources. Il s'avère que les sources en question viennent de perdre toute crédibilité.

La fake news canonique c'est quand quelqu'un qui se fait passer pour un journaliste ou un enquêteur indépendant (et plus il s'affirme comme indépendant plus il gagne en crédit auprès du public complotiste) emballe entre deux infos parfaitement exactes et vérifiables une info qu'il sait fausse ou trompeuse afin d'en accréditer la véracité. Pour reprendre deux exemples emblématiques, à savoir le MH17 ou la guerre en Syrie, on peut citer tous les sites qui pour illustrer leurs articles utilisent des images réelles qui n'ont rien à voir avec l'article en question, ou qui parfois font appel à des photomontages au milieu d'autres informations réelles. Je me rappelle par exemple avoir vu circuler une photo du cadavre d'Oussama Ben Laden abattu par les SEALS au Pakistan, il s'agissait en fait de la photo réelle d'un insurgé irakien sur laquelle on avait incrusté la trombine d'OSB.

Il y a un gros problème en France sur le terme "fake news", qu'on traduit souvent par "fausse nouvelle". Or "fake" veut dire "fabriqué, truqué", pas "faux", ça ce serait "false". Ce faux assassinat est donc une fausse nouvelle communiquée par le gouvernement ukrainien, mais pas une nouvelle fabriquée dans le sens où la parfaite mise en scène de cet assassinat est en soi une réalité observable. Si personne n'avait vu le "cadavre" du journaliste baignant dans une mare de sang avec des impacts de balle, ni pu confirmer son transfert à la morgue, ni pu interroger sa femme qui n'était pas au courant, alors on aurait pu parler de fake news car les journalistes n'auraient eu aucun moyen de vérifier ces points et auraient pu donc douter de leur véracité (au mieux en utilisant le conditionnel en cas de confirmation partielle).
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 12:21:27

El Fredo, quand les Russes réalisent des montages photo et diffusent de fausses informations visant à faire croire au monde que les Ukrainiens peuvent avoir une responsabilité dans le crash de l'avion de la Malaysia Airlines, c'est donc bien une "fake news" au sens que tu as donné. En fait, les fake news servent souvent d'après moi à alimenter une politique plus globale de propagande.

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albert
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par albert » 02 juin 2018, 12:28:58

Donc, mettre en scène un faux assassinat, ce n'est pas fabriquer une fausse nouvelle ?

« Ce n'est pas une fake news, c'est de la propagande ». Nous voilà rassurés.
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 12:31:10

albert a écrit :
02 juin 2018, 12:28:58
Donc, mettre en scène un faux assassinat, ce n'est pas fabriquer une fausse nouvelle ?

« Ce n'est pas une fake news, c'est de la propagande ». Nous voilà rassurés.
De la propagande pour faire croire quoi, on peut savoir ?

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asterix
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par asterix » 02 juin 2018, 12:47:06

Je crois de toute façon que, généralement, aujourd'hui, absolument personne, même pas AFP Reuters ou autres, ne soit digne de confiance. Du coup, pour moi, tout ce genre de polémique est une évaporation de salive.
Ce qui est indéniable, c'est que les gens se détachent du système médiatique, y compris des médias internet, tant les fake news sont présentes partout, même sur des feuilles de choux autrefois sérieuses. Et encore, "fake news" est encore un concept "ON/OFF" ou "VRAI/FAUX" absolument sans nuances. Car une info peut être partiellement vraie, et simplement dévoyée, orientée, décontextualisée...
Mon explication à cela, est une assez récente mode sociétale. Normalement, ce que l'on appelait autrefois "professionnalisation", partait d'une idée d’exercer un métier d'abord parce que l'on présentait des prédispositions intellectuelles et physiques pour, et dans un but lucratif (là ça n'a pas changé), et dans un but aussi de valoriser ses capacités propres, dans le stricte cadre de neutralité idéologique qu'exige un métier. On disait toujours: "pas de politique dans les affaires". Certains métiers comme juge, militaire, fonctionnaire, était précisément un modèle sociétal de la relation entre la professionnalisation, la déontologie, la neutralité, l'objectivité (au possible). Et on ne cessait de ressasser ce concept profondément républicain, dans les formations.
Or, que constate t on aujourd'hui? La professionnalisation n'est plus cela. Les gens partent faire des métiers qui correspondent à leur militantisme idéologique, pour infiltrer des milieux stratégiques. Les juges et le "mur des c..." est le triste symbole de ce que je développe, bien qu'il ne soit pas unique.
A mon grand regret, ma propre fille, dont je suis très fier par ailleurs et malgré tout, poursuit une thèse en biologie beaucoup plus en fonction de l'idéologie qu'elle porte en elle, que par passion neutre pour la biotoxicologie, et aptitudes particulières à cela. Qu'elle fasse des découvertes dont la démocratie puisse s'emparer débattre, et utiliser à toute fin utile, sur décision démocratique, c'est très bien. Seulement, ce n'est pas exactement ça, la science devient aussi manipulatrice, par le fait qu'elle oriente ses recherches en fonction de l'idéologie de ses acteurs, et non plus dans un esprit neutre, qui laisse toute place à la décision démocratique. Et, il en est de même pour toutes les professions: je peux développer pareillement sur le plombier. C'est une dérive intellectuelle sociétale que je dénonce, totalement démocraticide, rétrograde en éthique et déontologie. Le professionnalisme, dans un concept intellectuellement conforme, doit être au service de la demande démocratique, or, c'est lui qui est en train de se substituer à la démocratie. Nous avons cru nous débarrasser de la "censure" de l'état en 68, pas du tout: la censure s'est privatisée, professionnalisée.
Quand les experts sont au pouvoir, alors la démocratie n'est plus que l'ombre d'elle même.
Les médias prennent une posture d'experts: "on sait ce que vous devez savoir". Le peuple est en train de comprendre. Il comprend encore mal, car à l'image de Mélanchon et Le Pen qui sautent la dessus pour hurler au "tous pourris" (compris eux), mais il a perçu ce danger insidieux du monde de l'expertise, dont il n'a pas encore trouvé le bon antidote, et donc, par défaut, se poste dans le "dégagisme" total et global des élites. Le peuple a bien compris que la trouille de l'accidentologie routière du tabac et de l'alcool, est une diversion pour qu'il ne s'inquiète pas d'autre chose de considérablement plus grave que sa propre mort.
Du coup, tout cela laisse une belle part aux théories du complot, aux conciliabules profanes sur le zinc... et aux chamailleries sur les forums: moi je crois ce médias, toi tu crois l'autre, mais il s'agit bien de "croire", en totale absence de certitude. Et quand bien même lorsque la certitude arrive, elle donne finalement raison à tout le monde, par sa vérité multiple, composée par des intérêts tous légitimes.
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par El Fredo » 02 juin 2018, 12:48:52

Si la fausse information (propagande gouvernementale par exemple) est diffusés en toute connaissance de cause par un média quelconque (au hasard, RT ou Sputnik), alors elle devient une information fabriquée. Je sais qu'il y a débat là-dessus mais je ne considère pas la propagande officielle comme rentrant dans la catégorie des fake news pour la simple et bonne raison que le gouvernement n'est pas un organe de presse et qu'on est donc dans le cadre de la libre expression et de la communication publique. La faute journalistique est de reprendre les informations officielles sans les vérifier. Là où ça devient une fabrication d'information (=fake news) c'est quand c'est fait sciemment.

Dans ce cas précis l'info a été vérifiée auprès de sources considérées comme crédibles avant d'être diffusée. Si un média contrôlé indirectement par Kiev avait sciemment relayé cette information alors ça rentrerait dans le cadre des fake news, sauf si bien sûr le média en question est tellement aux ordres qu'il en devient une extension du gouvernement et rentre dans la catégorie de la propagande gouvernementale (au hasard, RT ou Sputnik).
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par El Fredo » 02 juin 2018, 12:50:07

asterix a écrit :
02 juin 2018, 12:47:06
Je crois de toute façon que, généralement, aujourd'hui, absolument personne, même pas AFP Reuters ou autres, ne soit digne de confiance.
Pas besoin d'en lire plus pour comprendre que les fake news ont gagné. Leur objectif principal n'est pas de convaincre les gens de la véracité de leurs informations, mais d'arriver à ce que plus personne ne croie plus en rien.
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 02 juin 2018, 23:59:46

Le récit de la fausse mort de Babtchenko, raconté par lui-même.
Sang de porc, médecin complice, morgue : le journaliste russe Arkadi Babtchenko raconte sa fausse mort

Au lendemain de l'annonce de sa fausse mort, le journaliste russe Arkadi Babtchenko a raconté comment les services ukrainiens avaient orchestré l'opération.

Image

La fausse mort d'Arkadi Babtchenko était préparée depuis deux mois par les services secrets ukrainiens (SBU). C'est ce qu'a indiqué jeudi soir le journaliste russe, revenant sur les détails de cette opération, dont seuls le chef de l'Etat et quelques dizaines de personnes avaient connaissance. Grâce à du maquillage, du sang de porc et la complicité d'un médecin notamment, les services secrets ont réussi à cacher pendant près de 24 heures le subterfuge. Suffisant, selon eux, pour remonter la piste d'un vrai tueur et accuser la Russie.

Fausse mort mais vrai tueur à gages

Les services secrets ukrainiens affirment qu'ils étaient au courant d'un projet d'assassinat visant Arkadi Babtchenko. C'est pour suivre "la chaîne du tueur à gages [jusqu'aux] organisateurs et aux commanditaires" qu'ils ont mis en place cette opération rocambolesque, a indiqué le député Anton Guérachtchenko, conseiller du ministre de l'Intérieur.

Arkadi Babtchenko a raconté jeudi qu'il avait été en colère en découvrant les contours de l'opération montée par Kiev, avant de se prendre au jeu en voyant que les comploteurs disposaient d'informations extrêmement détaillées sur lui.

Du maquillage et du sang de porc

"Pour minimiser le danger, on a réfléchi à une légende selon laquelle je m'étais fait une entorse pour ne pas avoir à sortir de chez moi", a expliqué Arkadi Babtchenko. "Ça fait peur d'aller au magasin quand tu sais qu'on peut te zigouiller à tout moment."

(...)
SudOuest a écrit :Mais le jour dit, tout s’est fait dans la précipitation : "Ils commençaient à mettre la pression sur le gars (l’exécutant, ndlr), parce qu’ils lui avaient donné trois semaines pour le meurtre". "Le maquilleur est venu chez moi à six heures (du soir, ndlr). On avait déjà réfléchi à comment ça se passerait, que le meurtre aurait lieu sur mon palier quand j’ouvrirais la porte", explique le journaliste et opposant au Kremlin.

https://www.sudouest.fr/2018/05/31/sang ... 2-4803.php
Mardi vers 18 heures, les préparatifs peuvent commencer. Un maquilleur se rend chez le journaliste. Arkadi met son t-shirt, préalablement troué par balles, et tombe sur le sol. On le recouvre ensuite du sang de porc. "J'en ai pris dans la bouche et recraché, on m'en a mis des caillots dans les trous de balles, dans le nez", a-t-il décrit. C'est alors, paraît-il, qu'a été prise la photo de son "corps" dans une flaque de sang qui a circulé dans des médias et sur les réseaux sociaux.

La découverte de son corps et l'annonce de sa mort

L'opération commence réellement vers 21h. L'épouse du journaliste, Olga, appelle la police et une ambulance. Des policiers, qui ignorent ce qui se passe, font vite le tour de l'appartement en quête du "tueur". Arkadi Babtchenko est transporté dans l'ambulance sur les brancards. Le médecin est au courant. "La tentative de me réanimer s'est avérée infructueuse et je suis mort", résume-t-il.

Parallèlement, un ami et collègue d'Arkadi Babtchenko, Aïder Moujdabaïev, annonce sur Facebook que le journaliste est blessé par balles. Peu après, la police confirme officiellement son décès, provoquant un choc général.

Sa "résurrection" à la morgue

Vers 22 heures, Arkadi Babtchenko arrive à la morgue. "Quand se referme la porte de la morgue derrière moi, ici, j'ai ressuscité", explique le journaliste. "C'est seulement à la morgue que j'ai cessé d'avoir peur", ironise-t-il. "Tous mes vêtements étaient tachés de sang que j'ai lavé comme j'ai pu. On m'a donné un drap, je me suis enveloppé et j'ai regardé les informations (...), il s'avérait que j'étais un chic type".

Le journaliste explique avoir été ensuite évacué de la morgue "dans un lieu sécurisé" pour ne pas être surpris par des journalistes. "Tout s'est terminé à seulement cinq heures du matin. J'ai pu aller dormir."

(avec AFP)

Article complet sur https://www.lejdd.fr/international/euro ... rt-3668954

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asterix
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par asterix » 03 juin 2018, 09:29:14

El Fredo a écrit :
02 juin 2018, 12:50:07
asterix a écrit :
02 juin 2018, 12:47:06
Je crois de toute façon que, généralement, aujourd'hui, absolument personne, même pas AFP Reuters ou autres, ne soit digne de confiance.
Pas besoin d'en lire plus pour comprendre que les fake news ont gagné. Leur objectif principal n'est pas de convaincre les gens de la véracité de leurs informations, mais d'arriver à ce que plus personne ne croie plus en rien.
Mais tout à fait, nous en sommes là, tant le mensonge ou simplement l'information "dirigée" ou "partielle" sont une pratique courante partout, et la France n'est pas épargnée par cette pratique.
Le traitement de l'information sur le conflit syrien, par exemple, a été désastreux en France. Et je peux en parler parce que j'ai des contacts Libanais qui m'ont fait part depuis 2014, des événements tel que eux les perçoivent, et qui ne sont pas la purée pour bébés, conçue pour notre digestion délicate, que nous diffuse France2 comme BFM. Non pas que le journalisme d'investigation soit mort, mais il a tellement la "tête dans le guidon", qu'il ne se soucie que trop peu de la manière dont les rédactions traitent ses sujets. Il suffisait de lire "L'Orient le Jour", déjà simplement, pour comprendre que l'info en France n'est pas traitée honnêtement, parce que trop partiellement.

Et que dire de l'info sur le net: un vrai foutoir. Trop d'info tue l'info.

Donc, à quoi bon débattre? Nous avons tous une idée erronée de tous ces pays dont nous parlons constamment: Russie, Pologne, Ukraine, Turquie, Syrie, Iran... Déjà parce que nos concept européens n'intègre pas qu'il soit possible et légitime de penser différemment. Nous sommes tellement persuadés, et particulièrement en France, d'être la conscience du monde!... au point de toujours être (moins qu'avant tout de même) les détenteurs de l'universalisme. Et lorsqu'on ne parvient pas à le "vendre", on pratique l’ingérence. Parce que blablabla.
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Yakiv
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Re: "Sauvetage" d'un journaliste russe critique de Poutine par le SBU

Message non lu par Yakiv » 03 juin 2018, 10:24:39

asterix a écrit :
03 juin 2018, 09:29:14
Mais tout à fait, nous en sommes là, tant le mensonge ou simplement l'information "dirigée" ou "partielle" sont une pratique courante partout, et la France n'est pas épargnée par cette pratique.
Le traitement de l'information sur le conflit syrien, par exemple, a été désastreux en France. Et je peux en parler parce que j'ai des contacts Libanais qui m'ont fait part depuis 2014, des événements tel que eux les perçoivent, et qui ne sont pas la purée pour bébés, conçue pour notre digestion délicate, que nous diffuse France2 comme BFM. Non pas que le journalisme d'investigation soit mort, mais il a tellement la "tête dans le guidon", qu'il ne se soucie que trop peu de la manière dont les rédactions traitent ses sujets. Il suffisait de lire "L'Orient le Jour", déjà simplement, pour comprendre que l'info en France n'est pas traitée honnêtement, parce que trop partiellement.

Et que dire de l'info sur le net: un vrai foutoir. Trop d'info tue l'info.
Je pense au contraire que nous avons en France une information d'excellente qualité. Par contre, elle a un très gros défaut (lié à sa dépendance à l'économie de marché), c'est la recherche du "buzz". Mais à ta place, je prendrais un peu de recul avec les informations de "contacts" personnels qui pour le coup sont vraiment soumises à subjectivité, ne sont pas nécessairement représentatives, ne sont pas croisées, etc, etc.

Après, pour faire le tri dans les informations, en tant que non journaliste, il y a tout de même quelques principes assez efficaces que tout à chacun peut appliquer :
- tenir compte de la crédibilité des sources
- consulter les quelques sites assez récents d'approfondissement et de décodage des informations
- faire preuve d'esprit critique vis-à-vis des médias partisans ou non indépendants
- consulter (malgré tout) des sources diversifiées d'information.

Avec ça, normalement, on peut disposer d'un niveau pas trop mauvais d'information.
asterix a écrit :
03 juin 2018, 09:29:14
Donc, à quoi bon débattre? Nous avons tous une idée erronée de tous ces pays dont nous parlons constamment: Russie, Pologne, Ukraine, Turquie, Syrie, Iran... Déjà parce que nos concept européens n'intègre pas qu'il soit possible et légitime de penser différemment. Nous sommes tellement persuadés, et particulièrement en France, d'être la conscience du monde!... au point de toujours être (moins qu'avant tout de même) les détenteurs de l'universalisme. Et lorsqu'on ne parvient pas à le "vendre", on pratique l’ingérence. Parce que blablabla.
Là aussi, je pense exactement le contraire, principalement pour 2 raisons (qui se rejoignent en 1 en fait).
La première, c'est que la diplomatie est un enjeu qui concerne les citoyens, elle est abordée dans les programmes électoraux, ce qui veut dire que ce sont les citoyens qui déterminent la politique étrangère de notre pays.
La seconde, c'est que toutes les difficultés que tu présentes au sujet des affaires étrangères, elles se présentent exactement de la même façon pour les sujets économiques ou les sujets sociaux et sociétaux. Car ces domaines là aussi font l'objet d'informations et de contre-informations, de désinformation, de conflits d'intérêts, de problèmes de compétence (maîtrise du sujet), etc, etc.
Ce qui revient à dire que la géopolitique est un sujet politique comme un autre.
Donc plutôt que ne pas en parler, je pense au contraire qu'il faut beaucoup en parler, beaucoup échanger, beaucoup se renseigner.

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