Que prévoit vraiment le traité d'Aix-la-Chapelle ?
18 janv. 2019, 18:42:37
Le traité ne prévoit ni de céder le siège de la France au conseil de sécurité des Nations Unies ni l'Alsace et la Lorraine à l'Allemagne.
Question posée par le 16/01/2019
Guten Tag,
Votre question porte sur le traité qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel signeront le 22 janvier 2019 à Aix-la-Chapelle, dans l’ouest de l’Allemagne.
Il a fait l’objet d’un fantasme saugrenu au sujet du basculement de l’Alsace et de la Lorraine sous contrôle allemand (
déjà démenti par plusieurs médias) et de critiques notamment de la part de Marine Le Pen. La présidente du Rassemblement national le considère comme un traité surprise, annoncé au dernier moment, au contenu opaque et qui va faire
«s’effondrer la puissance de notre pays», en poussant la
«perte de souveraineté» de la France. À l’occasion de plusieurs interventions télévisées, elle a insisté sur le fait que ce traité
«va détruire ce que le Général de Gaulle avait fait, en envisageant de partager notre siège au Conseil de sécurité de l’ONU avec l’Allemagne !».
Un nouveau traité annoncé dès 2018
Le traité d’Aix-la-Chapelle, du nom de la ville allemande, où il va être signé le 22 janvier 2019, est un traité de coopération franco-allemande. Sa date n’est pas un hasard puisqu’elle correspond à celle du traité de l’Élysée, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer en 1963.
Contrairement à ce que Marine Le Pen avance, la signature de ce nouveau traité n’est pas une surprise (il s’agissait même d’une
promesse non tenue de François Hollande en 2012). Dès son discours de la Sorbonne, le 26 septembre 2017, Emmanuel Macron avait fait le vœu d’un nouveau traité de l’Élysée, espérant même le faire signer à l’occasion de ses 55 ans, le 22 janvier 2018.
Finalement, comme le rappelle à CheckNews la professeure à la Sorbonne d’histoire contemporaine allemande, Hélène Miard-Delacroix,
«l’Allemagne n’a d’abord pas répondu à cet appel de la Sorbonne car elle était trop occupée à mettre en place un gouvernement». Angela Merkel et Emmanuel Macron n’ont donc rien signé pour les 55 ans, mais ils ont indiqué qu’ils comptaient élaborer un nouveau traité. Ainsi une déclaration conjointe
disponible sur le site de l’Elysée depuis janvier 2018, annonce que
«le Président et la Chancelière sont convenus le 19 janvier à Paris d’élaborer au cours de cette année un nouveau Traité de l’Élysée, qui fera progresser la coopération» dans divers points. On trouve aussi, à la même époque, un texte en français sur
site de la diplomatie allemande qui précise que
«l’Assemblée nationale et le Bundestag ont pris la décision inédite d’adopter une même résolution».
Cette loi intitulée
«Pour un nouveau traité de l’Élysée» dessine déjà le traité d’Aix-la-Chapelle puisqu’il prévoit plus de convergences dans différents domaines, tels que l’
«approfondissement de la coopération transfrontalière»,
«l’espace économique franco-allemand et le marché intérieur européen»,
«les droits sociaux en France et en Allemagne», et bien d’autres sujets.
L’annonce de ce futur traité avait d’ailleurs déjà fait réagir Marine Le Pen, qui dénonçait alors
«un germano-centrisme qui contribue à nourrir la méfiance de nos autres partenaires».
Nouveau traité de l’Elysée : «un germano-centrisme qui contribue à nourrir la méfiance de nos autres partenaires», dénonce Marine Le Pen
#FN https://t.co/4u1YZ6cv2V
— Charles Sapin (@csapin)
23 janvier 2018
Manque de transparence autour du traité
Marine Le Pen n’est d’ailleurs pas la seule à s’en prendre à ce traité. Jean-Luc Mélenchon, qui avançait sur France 2 qu’ «
aucun parlementaire n’a lu la moindre trace de ce traité», a par exemple regretté le manque de transparence sur le sujet. Difficile de lui donner tort : le contenu du texte n’est pas facilement accessible pour tout citoyen. Il n’est en effet pas mis en avant sur les sites des ministères, de la Présidence ou de la Chancellerie et les communiqués de presse, le vantant, n’indiquent pas de lien vers son contenu.
Pour se le procurer, CheckNews a contacté les deux ministères des affaires étrangères. Nous avons obtenu rapidement le document en allemand de la part du
Auswärtiges Amt, alors que nous attendons depuis le 16 janvier, son pendant français. Une version en français et correspondant bien au texte allemand, est disponible sur les sites d’informations
Contexte ou
La Tribune.
Sur ce point, Hélène Miard-Delacroix qui a découvert le traité dans la
Tribune considère aussi que
«ça n’est pas très transparent. Il s’agit sans doute d’une erreur de communication. On a l’impression de se rejouer un beau traité historique de l’Élysée, comme en 1963. Sauf que l’époque a changé : on ne peut plus signer les choses d’en haut».
Un traité pour plus de coopération franco-allemande
(...)
Article complet sur https://www.liberation.fr/checknews/201 ... le_1703370