Le sujet de clivage ne porte pas sur l'état de la démocratie comme en Ukraine, puisque le Bélarus est sous le joug d'un régime plus autoritaire encore que la Russie. Sur le plan politique donc, il n'y a aucun avantage à se trouver au Bélarus plutôt qu'en Russie.
Par contre, c'est au sujet de la souveraineté que ça grince. Jusque là, le Bélarus avait accepté de pousser très très loin sa coopération avec la Russie, notamment sur le plan économique puisque les 2 pays font l'objet d'une union douanière qui n'a pas d'autre équivalent avec la Russie.
Mais depuis l'annexion de la Crimée, Loukachenka a voulu faire entendre une voix un peu différente de celle de la Russie. Et on le comprend dans la mesure où les similitudes culturelles entre le Bélarus et l'Ukraine sont très grandes et que c'est au nom de la similitude culturelle que la Russie est intervenue en Ukraine...
Au-delà de ça, il y a une rumeur qui fait état de la volonté supposée de Poutine d'annexer le Bélarus pour contourner une nouvelle fois la constitution russe et pouvoir ainsi se représenter en 2024. Je n'y crois pas beaucoup quand même, mais bon, on peut presque s'attendre à tout.
Le petit dialogue de sourd qui s'est installé cette semaine entre Poutine et Loukachenka prend alors un certain relief. Loukachenka répondant aux journalistes que la souveraineté du Bélarus est tellement évidente que ce n'est pas un sujet de conversation entre eux, tandis que le président russe répond de son côté que la souveraineté est une notion devenue un peu désuète, que tout est désormais interconnecté, etc...
Le PM russe Medvedev avait déjà inquiété les Bélarusses il y a 2 mois lorsqu'il a annoncé qu'il voulait pousser bien plus loin la coopération avec son voisin...
Du coup, les relations se tendent et le Bélarus n'est plus forcément un allié aussi inconditionnel que la Russie ne le voudrait.
Poutine et Loukachenko skient ensemble à Sotchi, malgré des relations tendues
Publié le mercredi 13 février 2019 à 17h33 à SOTCHI (RUS)
La diplomatie du ski pour apaiser les tensions: Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko se sont affichés ensemble mercredi Gazprom Mountain Resort (sud de la Russie), une sortie moins anodine qu'il n'y parait après plusieurs semaines d'échanges de critiques entre la Russie et le Bélarus.
Publié le mercredi 13 février 2019 à 17h33 à SOTCHI (RUS)
Les présidents des deux pays alliés se sont installés ensemble sur un télésiège avant de descendre quelques pistes du "Gazprom Mountain Resort", une station de ski appartenant au géant russe du gaz et située à quelques kilomètres des sites des JO-2014 de Sotchi.
Échangeant quelques mots avec des touristes présents, Vladimir Poutine, moins à l'aise sur les skis que son homologue biélorusse, n'a pas exclu de se mettre "peut-être la prochaine fois" au snowboard.
Mais cette sortie, organisée alors que les deux chefs d'Etat mènent des discussions bilatérales à Sotchi, intervient après des semaines de tension entre les deux pays et des déclarations virulentes d'Alexandre Loukachenko contre son voisin russe.
La Russie a modifié sa fiscalité d'une manière défavorable pour le Bélarus, qui lui reproche des pressions financières visant à maintenir sa domination politique sur son voisin.
Moscou, de son côté, estime ne pas avoir à subventionner le Bélarus sans contrepartie dans les relations de ces deux étroits partenaires.
Le changement de taxes revient à augmenter le prix des exportations de pétrole russe vers le Bélarus, qui en raffine une grande partie pour le renvoyer vers la Russie ou l'Europe, avec une plus-value.
C'est déjà la troisième rencontre entre les deux présidents depuis le 25 décembre pour résoudre ce différend. Les disputes entre la Russie et le Bélarus au sujet des tarifs de gaz et de pétrole sont fréquentes.
Elles touchent parfois d'autres domaines, à l'image de la "guerre du lait" qui avait fait rage entre les deux pays au printemps 2017, Moscou accusant son voisin de lui livrer des produits de mauvaise qualité.
Si l'économie du Bélarus est extrêmement dépendante de la Russie, Alexandre Loukachenko, l'homme fort du pays depuis 25 ans, tente de prendre ses distances avec Moscou depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014. (Belga)
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