Message non lu
par DonaldDuck007 » 03 mars 2019, 10:11:35
Sur l'Algérie, en France, on porte quand même un regard qui néglige la capacité d'action politique du peuple algérien, non ?
On oublie que c'est juste un peuple, comme partout ailleurs, qui peut avoir une conscience politique. Pour moi, la contestation demande à mieux la comprendre, sans s'arrêter aux idées préconçues (pas forcément fausses en soi, mais biaisées dans la démarche).
C'est super prégnant quand les réactions se focalisent sur les conséquences migratoires qui en résulteraient en France (Bourdin, 28 minutes, BFM) ou sur l'éventuelle percée des islamistes...
Déjà, je trouve que le terme d'islamisme dissimule plusieurs réalités et permet d'avoir un épouvantail à peu de frais au bénéfice de celles et ceux qui sont considéré-e-s comme des remparts. Les mots valises, c'est le propre de la rhétorique politicienne pour se faire plus facilement entendre et capter l'ownership sur un sujet pour se légitimer.
Là nous sommes dans une société algérienne où il s'agit d'un Islam d'Etat, officiel, castrateur et qui empêche la réflexion sur un dogme, il me semble. Ca fige une émulation intellectuelle. Et c'est un leg colonial, d'ailleurs. Le ministère des Affaires religieuses cadenasse tout et donne le là en matière religieuse.
Mettre un couvercle sur une cocotte minute, ça la fait fumer, pas disparaître. C'est pas une réponse, c'est une incessante fuite en avant, à mon sens. Et la presse joue le jeu, puisque, si je ne m'abuse, il y a une télé censée retranscrire l'idéologie d'Etat en matière religieuse.
Super pour la liberté, la réflexion progressiste...
Et cette doctrine d'Etat n'empêche aucunement les travers d'une société (comme peut-être toutes les sociétés du monde) sexiste. il a fallu attendre 2015 pour qu'une loi criminalise les violences faites aux femmes. Et encore, elle intègre le pardon de la victime. Super, le rempart ! Et le régime successoral est du même acabit. D'ailleurs ce régime est souvent dénoncé par la presse algérienne, El Watan en tête.
Ce qui peut rendre une société explosive et prête à la scission avec celles et ceux qui gouvernent, ou même tout simplement ce qui peut les faire perdre en légitimité (donc conduire l'électorat à aller voir ailleurs), c'est notamment l'économie de rente. L'accaparement. Economie très présente en Algérie. Ca te sclérose une société civile. Et l'enquête sur les réseaux de pouvoir et le copinage, réalisée par le CREAD continue de révéler la réalité d'une société hermétique. On parle de péril islamiste, mais si péril il y a et si on arrive vraiment à le définir, pour moi, il s'abreuve à cette source. Et il n'y a aucun rempart, seulement des contre-feux hypocrites et transitoires en l'absence de changements de fond.
Après sur les exemple du Shah d'Iran, de Kadhafi, de Moubarak ou encore de Ben Ali, franchement, les comparaisons oublient qu'aucun d'eux n'a été un rempart, au même titre que Bouteflika. Et les histoires sont différentes. Il y a beaucoup à dire sur chacun... Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas quelque chose, qu'elle n'existe pas, il y a des questions de perspective, de l'endroit où on regarde et ce que l'on regarde. Et les failles de chaque pays ont été des terreaux fertiles pour la contestation sous toutes ces formes.