La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

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Papibilou
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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Papibilou » 06 nov. 2020, 10:18:05

https://www.armenews.com/spip.php?page= ... icle=71462
Cet article semble laisser entendre que l'Otan pourrait laisser tomber la Turquie . J'avoue que je n'y crois guère, mais, si Biden est élu, il sera intéressant de voir si les USA haussent le ton alors que la Russie risque de devenir à nouveau l'ennemi numéro 1 avec Biden.

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Yakiv
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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 10 nov. 2020, 21:24:59

Le JDD a écrit :
Accord dans le Haut-Karabagh : les gains de l'Azerbaïdjan consacrés, l'Arménie en colère

12h28 , le 10 novembre 2020, modifié à 16h03
Par Mathilde Durand


Un cessez-le-feu entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, signé sous l'égide de la Russie, est entré en vigueur lundi, à 21 heures. L'accord de paix entérine les gains de l'armée de Bakou dans le Haut-Karabagh, provoquant la colère d'Erevan.

Cessez-le-feu. Après six semaines de combats dans la région du Haut-Karabagh (ou Haut-Karabakh, ou Nagorny-Karabakh), l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé un accord de fin des hostilités, entré en vigueur lundi à 21 heures. Le conflit dans cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a fait sécession de l'Azerbaïdjan entraînant une guerre dans les années 1990, a causé la mort d'au moins 1.300 personnes depuis le 27 septembre, selon des bilans partiels. Plusieurs trêves humanitaires avaient été négociées au cours du mois d'octobre, sans succès.

Une victoire de l'Azerbaïdjan.
Cet accord entérine les conquêtes de l'armée de Bakou. Les Azéris reprennent la ville historique de Choucha, point stratégique entre la capitale de l'enclave, Stepanakert, et l'Arménie. Ils reprennent également sept districts du "glacis sécuritaire", créé par les séparatistes dans les années 1990. Ces derniers ont jusqu'au 1er décembre pour se retirer des districts restant. Si l'Azerbaïdjan n'a pas réussi à reprendre totalement le contrôle de la province perdue, le président Ilham Aliev s'est réjoui à la télévision de la "capitulation" ennemie. La Turquie a également félicité son allié pour "ses gains importants". Les territoires encore sous contrôle d'Erevan le restent et seront reliés au pays par le corridor de Latchin. Des échanges de prisonniers et de corps ont également été actés.

L'intervention de la Russie.
L'accord de cessez-le-feu a été signé par le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, sous l'égide du président russe Vladimir Poutine, également signataire. Près de 2.000 soldats russes pour le maintien de la paix vont être déployés dans les prochains jours le long de l'ancien front entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, ainsi qu'en parallèle du retrait arménien. Au total, 90 blindés et 380 véhicules militaires seront mobilisés. Les forces militaires seront notamment chargées d'assurer la sécurité du corridor. La Russie est l'alliée de l'Arménie, mais entretient également de bonnes relations avec l'Azerbaïdjan. Le groupe de Minsk de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), coprésidé par la France, les Etats-Unis et la Russie, médiateur historique du conflit, n'est pas mentionné dans l'accord.

Colère en Arménie.
Le Haut-Karabagh survit, mais est désormais très affaibli par cette offensive de l'Azerbaïdjan. Sur Facebook, le Premier ministre arménien, arrivé au pouvoir en 2018 à la suite d'une révolution populaire, a expliqué que la signature de l'accord avait été "incroyablement douloureuse" mais nécessaire au vue de l'avancée militaire du camp adverse. En Arménie, la nouvelle a été très mal accueillie. A Erevan des manifestants en colère se sont rassemblés aux abords du siège du gouvernement et du Parlement, qualifiant le Premier ministre de "traître" et demandant sa démission. Nikol Pachinian a démenti les rumeurs d'une fuite sur les réseaux sociaux.

Les deux principales formations d’opposition ont ainsi demandé à Pachinian de venir s’expliquer devant les députés. 17 autres partis, dont celui de l’ancien président Serge Sarkissian, mais aussi des vétérans de la guerre des années 1990 ont appelé à sa démission. Le chef de l’exécutif, qui compte encore des appuis au sein de l’armée et au ministère de la Défense, a pour l’instant exclu tout départ même s’il a affirmé sur Facebook que personne "n’échappera à ses responsabilités", y compris lui. Pachinian paie notamment le fait d’avoir menti sur la réalité de la situation militaire pendant les quarante jours de conflit.

Vers une paix durable?
Si Vladimir Poutine a indiqué souhaiter que cet accord puisse mener "à la création des conditions nécessaires pour un règlement durable" du conflit, de nouvelles négociations ne sont pas prévues dans le cessez-le-feu signé par les deux parties. En attendant un règlement définitif de la situation, le Haut-Karabagh reste une république autoproclamée sans reconnaissance internationale. Mardi, Emmanuel Macron a demandé de travailler "à un "règlement politique durable" qui "préserve les intérêts de l'Arménie" et "demande fermement à la Turquie de mettre fin à ses provocations" dans ce conflit, tout en se félicitant de l'arrêt des affrontements.
https://www.lejdd.fr/International/acco ... re-4004643

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 11 nov. 2020, 06:48:00

Voici quelle était la situation avant la guerre de 2020.
Les zones vertes et vertes claires sous contrôle des pro-Arméniens.
Haut-Karabakh-2012.png
Haut-Karabakh-2012.png (148.77 Kio) Vu 1725 fois
Et voici la situation après signature de l'accord.
Les gains territoriaux azéris sont en bleu turquoise.
On s’aperçoit que les Azéris ont percé au Sud.
Et ils sont allés prendre la petite ville de Chouchi (que j'ai entouré en blanc), ville symbolique, haut lieu culturel, mais surtout cette ville se situe sur la route M-12 qui relie la capitale du Haut-Karabakh (Stépanakert, juste au-dessus de Chouchi) avec l'Arménie, en passant par ce qu'on appelle le "corridor de Latchine".
Autrement dit, les Azéris ont réussi à couper la principale route et voie d'approvisionnement de Stepanakert.
Il faudra voir comment se passe la suite mais je crains que des difficultés logistiques s'annoncent pour les Arméniens du Haut-Karabakh.
Il existe une seconde route (M-11) par le Nord pour relier l'Arménie mais c'est beauuuuucoup plus long.
WarHK.jpg
WarHK.jpg (486.46 Kio) Vu 1722 fois

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 11 nov. 2020, 12:59:39

En fin de compte, l'Arménie perd beaucoup dans l'accord du 10 novembre :
la région de Kelbédjer à partir du 15 novembre,
la région d'Aghdam à partir du 20 novembre,
la région de Latchine à partir du 1er décembre.
Les séparatistes pro-arméniens ne conserveront que le cœur du Haut-Karabakh (en bleu sur cette carte), dont la capitale Stepanakert (55 000 habitants).
Haut Karabagh.jpg
Haut Karabagh.jpg (415.62 Kio) Vu 1704 fois
Seul point de salut pour les Arméniens garanti par les Russes, le maintien du corridor de Latchine (cordon ombilical avec l'Arménie).
Mais comme la ville de Chouchi est perdu pour les pro-Arméniens, l'accord prévoit :
Déclaration de cessez-le-feu au Haut-Karabakh du 10 novembre 2020 a écrit :Le corridor de Latchin (5 km de large), qui assurera la liaison entre le Haut-Karabagh et l'Arménie, et ne touchera pas la ville de Choucha, passe sous le contrôle du contingent russe de maintien de la paix. Selon l'accord, un projet de construction d'une nouvelle route sur le couloir de Latchine, qui assurera la communication entre le Haut-Karabagh et l'Arménie pour les trois prochaines années, sera déterminé et il est donc prévue la future relocalisation du contingent russe de maintien de la paix pour la protection de cet itinéraire. La République d'Azerbaïdjan garantit la sécurité de la circulation des citoyens, des véhicules et des marchandises dans les deux sens le long du couloir de Latchin.
Donc la Russie a vraiment assuré le service minimum vis-à-vis de son alliée. Je dirais même qu'elle a été très sévère avec l'Arménie, se contenant de siffler la fin de partie et d'arbitrer en faveur de l'Azerbaïdjan (alors que dans les derniers jours, l'Azerbaïdjan avait abattu un hélicoptère russe Mi-24 par erreur...).
Je pense que c'est lié à l'accession au pouvoir de Pachinian, un journaliste de tendance plutôt démocratique qui avait réussi à sortir l'ancienne direction oligarchique en 2018.
Modifié en dernier par Yakiv le 12 nov. 2020, 18:51:52, modifié 1 fois.

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par johanono » 11 nov. 2020, 13:17:40

Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par johanono » 11 nov. 2020, 13:29:17

Yakiv a écrit :
31 oct. 2020, 06:41:52
Nombrilist a écrit :
30 oct. 2020, 23:11:41
La France ne peut pas intervenir partout.
La réponse est un peu facile, mais il est vrai que là où la Russie aurait pour le coup un peu de légitimité à intervenir, elle ne le fait pas.
Certes, nous avons une certaine proximité historique et culturelle avec l'Arménie. Il y a également des tensions avec la Turquie. Tout ceci nous fait pencher davantage vers l'Arménie.

Mais une fois qu'on a dressé ce constat, que faire ?

Fondamentalement, malgré notre sympathie pour l'Arménie, ce conflit ne nous concerne guère. Faut-il envoyer des soldats là-bas pour un tel conflit, sachant en plus que les Russes eux-mêmes se contentent du service minimum ?

Et si on envoie des soldats, est-ce qu'on y va seuls ou bien avec d'autres pays européens qu'il faudra prier pour cela ?

Reste l'hypothèse de sanctions contre la Turquie pour l'ensemble de son œuvre. Mais d'ici à ce que les Européens se mettent d'accord, il s'écoulera bien plusieurs mois...

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 11 nov. 2020, 14:15:56

johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:17:40
Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?
  • Pour commencer, la Russie n'a pas d'intérêts ethniques dans ces 2 pays.
Les Arméniens ne sont ni des "grands Russes", ni des "petits Russes" (surnom donné aux Ukrainiens par les Russes), ils ne font même pas partie du groupe slave en fait (ce qui veut dire que les Tchèques sont culturellement plus proches des Russes que les Arméniens). C'est vraiment un groupe culturel à part (on le voit par exemple à leur alphabet très spécifique).
Les azéris quant à eux sont un peuple turc (turcique).
Et contrairement au cas de la Géorgie, il n'y a aucune région séparatiste voulant rejoindre la Russie dans ces pays (d'ailleurs l'Arménie n'a pas de frontière avec la Russie).
  • Sur le plan géopolitique.
L'Arménie est un allié de la Russie +/+.
Pour l'Azerbaïdjan, c'est très ambigu. Elle a tenté de s'en distancer en rejoignant un groupe hostile aux intérêts russes composé de l'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie, mais elle n'a finalement jamais coupé les ponts avec elle. Les relations commerciales et militaires entre Moscou et Bakou sont restées importantes. On va dire que c'est un partenaire +/-.
  • Mais comme je le disais, je pense que c'est sur le plan de la politique intérieure que ça s'est joué.
L'Azerbaïdjan est aux mains d'une dynastie qui date de l'époque soviétique. Je me suis rendu compte que le père du président actuel, Heydar Aliyev, était déjà premier secrétaire du PC azerbaïdjanais (donc dirigeant de facto de l'Azerbaïdjan soviétique) à partir de 1969 (!!!)
L'Arménie par contre a connu une petite révolution démocratique en 2018 à mettre au crédit du président actuel (Nikol Pachinian). Mais ça le Kremlin n'aime pas. Et je pense qu'il le lui fait payer aujourd'hui.
johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:29:17
Reste l'hypothèse de sanctions contre la Turquie pour l'ensemble de son œuvre.
Je pense aussi que c'est ce qu'il fallait privilégier.
Car ce qui a donné l'avantage à l'Azerbaïdjan, c'est qu'elle a reçu bien plus de soutien de la Turquie que l'Arménie n'en a reçu de la Russie.

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 12 nov. 2020, 19:53:43

La carte du Parisien s'étant révélée un peu fausse ou du moins équivoque, par souci d'exactitude je publie une nouvelle carte plus précise et plus juste tenant compte de l'accord du 10 novembre (ainsi le Nord du Haut-Karabakh reste pro-arménien).
HK.jpg
HK.jpg (287.81 Kio) Vu 1653 fois
Donc l'essentiel du Haut-Karabakh autoproclamé est tout de même conservé.
Ce qui est perdu pour les pro-arméniens, c'est surtout ce qu'on appelle "le glacis sécuritaire", ce sont des zones qui ne sont pas revendiquées en tant que "Haut-Karabakh" (république d'Artsakh) mais qui avaient été annexées par les Arméniens depuis 1994 et permettaient de faire la liaison entre l'Arménie et le Haut-Karabakh bien au-delà du petit corridor de Latchine (en gros, les principales régions que les Arméniens doivent "évacuer" selon l'accord).

Sinon, certains s'inquiètent aussi de l'article 9 de l'accord.
Par accord des parties, la construction des nouvelles communications de transport reliant la République autonome du Nakhtchivan et les régions occidentales de l'Azerbaïdjan sera assurée.
Il s'agit de la double flèche verte au bas de la carte. On est là en plein territoire arménien (souverain).
Ce corridor qui servirait (aux Azéris) à relier l'enclave du Nakhitchevan du reste de l'Azerbaïdjan permettrait ainsi à la sphère turque d'avoir un passage terrestre (certes un peu étriqué et sous surveillance russe dans la partie arménienne) entre la mer Caspienne et les mers Noire et Méditerranée.

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Papibilou » 13 nov. 2020, 08:42:53

johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:17:40
Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?
Ce sont eux qui décident de siffler la fin de la récréation, en excluant du processus un Erdogan qui avait tout fait pour s'immiscer dans cette affaire.

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par johanono » 13 nov. 2020, 09:58:17

Papibilou a écrit :
13 nov. 2020, 08:42:53
johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:17:40
Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?
Ce sont eux qui décident de siffler la fin de la récréation, en excluant du processus un Erdogan qui avait tout fait pour s'immiscer dans cette affaire.
Sauf que l'accord signé est plutôt favorable à l'Azerbaïdjan, donc à Erdogan, non ? :zinzin:

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 13 nov. 2020, 12:01:59

johanono a écrit :
13 nov. 2020, 09:58:17
Papibilou a écrit :
13 nov. 2020, 08:42:53
johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:17:40
Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?
Ce sont eux qui décident de siffler la fin de la récréation, en excluant du processus un Erdogan qui avait tout fait pour s'immiscer dans cette affaire.
Sauf que l'accord signé est plutôt favorable à l'Azerbaïdjan, donc à Erdogan, non ? :zinzin:
Et puis les Turcs ne pouvaient pas jouer les arbitres puisqu'ils étaient partie prenante dans le conflit.
Les Russes, eux, ont plutôt été neutres pour le coup (et n'ont pas fait jouer leur lien fort avec l'Arménie).

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Papibilou » 14 nov. 2020, 10:32:35

johanono a écrit :
13 nov. 2020, 09:58:17
Papibilou a écrit :
13 nov. 2020, 08:42:53
johanono a écrit :
11 nov. 2020, 13:17:40
Je n'ai pas tout compris dans cette affaire. Quels sont les intérêts des Russes vis-à-vis de ces deux pays ?
Ce sont eux qui décident de siffler la fin de la récréation, en excluant du processus un Erdogan qui avait tout fait pour s'immiscer dans cette affaire.
Sauf que l'accord signé est plutôt favorable à l'Azerbaïdjan, donc à Erdogan, non ? :zinzin:
Oui, et non. La Russie a de bonnes relations avec l'Azerbaïdjan et c'est même un bon client des russes commercialement parlant . Et le premier ministre arménien énervait Poutine, ai-je lu, depuis un moment (" Un coup de semonce pour le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, issu de la révolution de velours de 2018, dont les velléïtés d'échapper à l'orbite russe n'avaient pas vraiment plu au Kremlin." ). De toutes façons j'imagine mal que la Russie se soit tirée une balle dans le pied. Dans ce coin, elle est trop puissante pour ne pas faire ce qu'elle veut.
Néanmoins, vous n'avez pas tort non plus, dans le sens ou la Turquie apparaît comme fort soutien d'un pays vainqueur, pays musulman contre pays chrétien. Dans tous les cas l'Arménie est le perdant, c'est clair.

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 14 nov. 2020, 10:56:56

Un article qui vient plutôt confirmer nos analyses.
France24 a écrit :
Haut-Karabakh : "Vladimir Poutine reprend le contrôle de l'Arménie"

Texte par : Romain HOUEIX
Publié le : 11/11/2020 - 17:49


Le cessez-le-feu signé entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh sous l’égide de Moscou a rappelé l'omniprésence de la Russie au Caucase du Sud, tout en consacrant l'émergence de la Turquie d'Erdogan.

Moscou a sifflé la fin de la partie au Haut-Karabakh. Depuis la fin du mois de septembre, la région séparatiste était le théâtre de combats sanglants entre les indépendantistes arméniens et l'armée azerbaïdjanaise. Las, l'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé, mardi 9 novembre, sous l'égide de la Russie, un accord de fin des hostilités. Un arbitrage qui rappelle l'importance capitale de Moscou dans toute médiation au Caucase du Sud et qui sonne comme un abandon de l'Arménie, alliée traditionnelle de la Russie.

C'est d'ailleurs Vladimir Poutine qui en a fait lui-même l'annonce, vers minuit, dans la nuit de lundi à mardi : "Le 9 novembre, le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, le Premier ministre de l'Arménie, Nikol Pachinian, et le président de la Fédération de Russie ont signé une déclaration de cessez-le-feu total et d'arrêt des opérations militaires dans la zone de conflit du Haut-Karabakh, à compter du 10 novembre 2020, 00 h 00."

Pour garantir le respect de cet accord, la Russie a commencé à déployer quelque 2 000 soldats dès l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Selon le traité signé entre Erevan, Bakou et Moscou, ils seront déployés à mesure que les forces arméniennes quittent les territoires repassant sous contrôle de l'Azerbaïdjan, soit sept districts et une petite partie du Haut-Karabakh. La république autoproclamée, amoindrie et affaiblie, survivra sous la protection des soldats russes qui seront déployés sur le front. L'armée russe protègera tout particulièrement le corridor de Latchin, seule voie d'approvisionnement reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie.

L'Azerbaïdjan, vainqueur avec la bénédiction de Poutine ?

Sur le terrain, l'Azerbaïdjan apparaît donc comme le grand vainqueur du conflit avec son voisin. Il conserve l'ensemble des territoires reconquis au Haut-Karabakh proprement dit, à commencer par la ville historique et stratégique de Chouchi, qui est située sur la route reliant l'Arménie à la capitale séparatiste Stepanakert. Preuve d'un accord consacrant ses victoires militaires, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev s'est félicité d'une "capitulation" de l'Arménie.

"J'avais dit qu'on chasserait (les Arméniens) de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait", a-t-il dit, traitant aussi le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, de "lâche" pour ne pas avoir signé la déclaration commune devant des caméras.


Pour Galia Ackerman, essayiste et historienne, auteure du "Régiment Immortel. La Guerre sacrée de Poutine", aux éditions Premier Parallèle, l'Azerbaïdjan a bénéficié de la bienveillance de Vladimir Poutine et d'un aval "tacite" :

"Le Haut-Karabakh, qu'il soit sous contrôle azéri ou arménien, n'est pas une priorité pour Vladimir Poutine", explique l'historienne sur France 24. "Pour le président russe, laisser cette guerre suivre son cours était un moyen de se débarrasser de Pachinian et de renverser la situation en Arménie."

La Russie lâche l'Arménie

"Nikol Pachinian a été élu suite à un soulèvement populaire et commençait à se sentir un peu trop indépendant aux yeux des Russes. Il a notamment remplacé quelques personnes de ses services de sécurité pro-Moscou", poursuit Galia Ackerman. Pourquoi [l'Azerbaïdjan a-t-il attaqué] maintenant ? Je pense que c'était un projet de Vladimir Poutine."

"L'Arménie fait partie de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). S'il avait voulu intervenir, Poutine avait la possibilité de le faire et renverser le cours des évènements", rappelle Galia Ackerman, or ce dernier a préféré arguer que la sécurité de l'Arménie en elle-même n'était pas en jeu. Le Kremlin a préféré voir son allié sombrer tout en continuant à vendre des armes à l'Azerbaïdjan.

Preuve de la dureté des conditions du cessez-le-feu, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a parlé sur sa page Facebok d'une décision "incroyablement douloureuse pour [lui] et pour [son] peuple". Il ressort très affaibli de cette guerre alors que des manifestations éclatent, dénonçant sa "trahison".

Exit le groupe de Minsk

La Russie, la France et les États-Unis coprésident le groupe de Minsk, théoriquement en première ligne sur le dossier du Haut-Karabakh. Mais ni Washington, ni Paris n'ont été décisifs cette fois. Le groupe de Minsk n'est même pas mentionné dans l'accord, laissant la Russie seule au centre du jeu.

"Ce qui est très important pour le Kremlin est le rôle décroissant de l'Ouest", constate Alexander Gabuev, interrogé par l'AFP, évoquant en particulier le peu d'intérêt pour la question caucasienne du président américain sortant, Donald Trump.

L'autre gagnant de la crise au Haut-Karabakh se nomme Recep Tayyip Erdogan. La Turquie, grand soutien de l'Azerbaïdjan, sort renforcé de ce dénouement et contrôlera avec la Russie l'application du cessez-le-feu au Haut-Karabakh depuis un centre conjoint d'observation, selon la présidence turque.

Ce centre d'observation russo-turc "sera basé sur le territoire de l'Azerbaïdjan" et "n'a rien à voir" avec les forces de maintien de la paix qui seront déployées au Haut-Karabakh, a assuré pour sa part la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors d'une intervention télévisée.


"Le renforcement de la présence d'Ankara dans la région est un processus en cours depuis des années et Moscou le voit comme la conséquence inévitable du nouvel ordre", explique sur Twitter Alexander Gabuev, chercheur à Moscou de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

Haut-Karabakh : "La Russie d'abord été sonnée par l'irruption de la Turquie dans le jeu caucasien"

"La Russie a d'abord été sonnée par l'irruption de la Turquie dans le jeu caucasien. Ankara a participé sur tous les plans, notamment sur le plan militaire, ce qui a fait la différence", note Gaïdz Minassian, spécialiste de l'Arménie et chercheur au Groupe d'analyse politique-défense relations internationales sécurité (GAPDRIS) sur l'antenne de France 24. "On s'aperçoit aujourd'hui que Bakou accorde plus d'importance à Ankara qu'à Moscou."

"La Turquie en sort renforcée, mais en réalité la guerre a profité à tous les partis du conflit à l'exception de l'Arménie. La Russie reprend le contrôle de l'Arménie et remet le pied au Haut-Karabakh. La Turquie renforce ses liens avec l'Azerbaïdjan. Et l'Azerbaïdjan jubile car il récupère des territoires occupés depuis trente ans", conclut Galia Ackerman.
https://www.france24.com/fr/europe/2020 ... m%C3%A9nie

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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 14 nov. 2020, 17:42:46

Ouest France a écrit :
Haut-Karabakh : les Arméniens brûlent leurs maisons avant l’arrivée des forces d’Azerbaïdjan
HK.jpg
HK.jpg (87.4 Kio) Vu 1570 fois
Alors qu’un accord de paix parrainé par la Russie a été trouvé pour le conflit pour le contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh, les populations arméniennes brûlent leurs maisons dans les villages qui doivent être rétrocédés à l’Azerbaïdjan ce week-end.

Une grande partie du Haut-Karabakh doit être restituée à l’Azerbaïdjan dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu la semaine dernière sous l’égide de Moscou, qui a consacré la victoire militaire des forces de Bakou après six mois de combats dans l’enclave séparatiste arménienne. Les Arméniens de Charektar détruisent leur village avant de partir.

Ouest-France
avec AFP et Reuters.
Publié le 14/11/2020 à 17h29


Quelques jours après le cessez-le-feu au Nagorny Karabakh et alors que l’Arménie compte ses morts, les populations arméniennes brûlent leurs maisons avant de partir. Une grande partie du Haut-Karabakh doit être restituée à l’Azerbaïdjan dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu conclu la semaine dernière sous l’égide de Moscou, qui a consacré la victoire militaire des forces de Bakou après six mois de combats dans l’enclave séparatiste arménienne.

Les populations arméniennes préfèrent réduire à néant leurs habitations, après avoir pris toutes les affaires qu’ils peuvent, plutôt que de les voir tomber aux mains des forces azerbaïdjanaises. Ils ont jusqu’à minuit ce samedi pour déserter les lieux.

La politique de la terre brûlée

Comme un symbole de ce revers humiliant, les habitants d’origine arménienne, furieux de ce qu’ils vivent comme une « trahison », préfèrent réduire à néant leurs habitations, après avoir pris toutes les affaires qu’ils peuvent, plutôt que de la voir tomber aux mains des forces azerbaïdjanaises.

Un journaliste de l’AFP a vu des habitants incendier leurs demeures ce samedi matin dans le village de Charektar, dans la zone frontalière avec le Nagorny Karabakh. Selon un autre journaliste, de Reuters, la moitié des maisons du village ont déjà été incendiées dans ce village perché dans les montagnes. Officiellement situé en territoire azerbaïdjanais mais dans les faits habités par les seuls Arméniens depuis la fin du conflit des années 1990, Charektar repassera dimanche sous administration azerbaïdjanaise.

« C’est pire qu’un cauchemar »
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Les villageois du Haut-Karabakh ont mis le feu à leurs maisons avant de fuir vers l’Arménie. | AFP / ALEXANDER NEMENOV

« On attendait pour être fixé. Mais quand ils ont commencé à démonter la station hydro-électrique, on a compris », indique un habitant du village. « Tout le monde va brûler sa maison aujourd’hui […] On nous a donné jusqu’à minuit pour partir ». Parmi eux, il y a Arsen. Toujours vêtu de l’uniforme avec lequel il a combattu les forces azerbaïdjanaises jusqu’à la semaine dernière, cet Arménien du Haut-Karabakh a ainsi mis le feu à la maison de sa sœur.

« Ils seront là demain matin. Les Azerbaïdjanais. Qu’ils viennent donc vivre ici, s’ils le peuvent », enrage l’ancien combattant en regardant les flammes engloutir la maison. « Ils devront tout reconstruire » , s’emporte ensuite Arsen, qui n’a pas voulu donner son nom de famille. Pour cet Arménien âgé de 35 ans, ses compatriotes n’ont pas d’autre solution que partir vers l’Arménie pour échapper à la mort. « Avez-vous déjà vu des Arméniens et des Azéris vivrent ensemble ? », demande-t-il. « Nous laissons derrière nous les tombes de nos ancêtres. C’est pire qu’un cauchemar. »

Une seule voie d’accès

Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu au Haut-Karabakh, les forces de maintien de la paix russes sont déployées depuis vendredi. Au total, près de 2 000 soldats de Moscou doivent être mobilisés avec des engins blindés et des véhicules spéciaux.
Vendredi, les forces de maintien de la paix russes ont fait leur entrée à Stepanakert, la capitale du Nagorny Karabakh, et en contrôlaient les abords et la ligne de front toute proche. Au total, près de 2 000 soldats de Moscou doivent être mobilisés avec des engins blindés et des véhicules spéciaux.

En attendant le déploiement complet des forces russes, et la réouverture du corridor de Latchin, cordon ombilical reliant l’Arménie à l’enclave, la seule voie d’accès au Nagorny Karabakh est la route passant par le nord de l’enclave, par le district de Kalbajar, qui doit rétrocéder dimanche à l’Azerbaïdjan.
https://www.ouest-france.fr/europe/azer ... an-7051761

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Yakiv
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Re: La guerre au Haut-Karabakh va-t-elle reprendre ?

Message non lu par Yakiv » 29 nov. 2020, 14:18:53

Le Sénat a cru bon voter une résolution pour reconnaître le Haut-Karabakh.
Bien que je regrette que les Arméniens aient tant perdu dans cette agression azerbaïdjanaise, je trouve que les sénateurs y ont répondu d'une bien mauvaise manière.
Regrettant que la France n'ait pas levé le moindre petit doigt pour soutenir les Arméniens, les sénateurs de tous les partis, hors LREM, sur l'initiative de la droite, se sont sentis obligés de pousser le gouvernement à reconnaître la république séparatiste du Haut-Karabakh.
Alors évidemment le gouvernement ne va pas suivre.
Mais on ne devrait pas reconnaître des autorités séparatistes sur un geste d'humeur.
Je trouve que les sénateurs ont là fait preuve d'une grande irresponsabilité.
Il aurait mieux valu apporter une aide concrète et responsable (humanitaire / logistique / militaire) qu'un soutien symbolique mais irresponsable.
Public Sénat a écrit :
Le Sénat vote en faveur de la reconnaissance du Haut-Karabagh

Le Sénat a voté une proposition de résolution pour la reconnaissance de la République du Haut-Karabagh après l’écrasante défaite de l’Arménie face à l’Azerbaïdjan. Cette mesure symbolique a remporté un soutien transpartisan ou presque, seule la majorité présidentielle s’y est opposée.

LE 25 NOV 2020
Par Héléna Berkaoui


« Monsieur le ministre, passez à l’action ! », a appelé le président de la commission des affaires étrangères lors de l’examen de la proposition de résolution sur la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh. La proposition de résolution a été adoptée par 305 contre 1. Un vote accueilli par les applaudissements des sénateurs, qui se sont tous levés dans l’hémicycle. Un consensus écrasant auquel s’est soustraite la majorité présidentielle, très minoritaire au Sénat.
(...)
https://www.publicsenat.fr/article/parl ... agh-185812
http://www.senat.fr/leg/ppr20-145.html

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