Avec les pays du Maghreb, la France a renoncé à poursuivre dans la voie de la fermeté

[Kadavre]

Xavier Driencourt : «Avec les pays du Maghreb, la France a renoncé à poursuivre dans la voie de la fermeté»

L’ancien ambassadeur à Alger Xavier Driencourt analyse le revirement de l’exécutif sur l’octroi de visas.

LE FIGARO. - Lors d’un déplacement en Algérie, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé dimanche la fin de la réduction de l’octroi de visas par la France aux ressortissants de ce pays. Comment expliquez-vous ce revirement ?

Xavier DRIENCOURT. - Notons que la décision de Gérald Darmanin n’est pas isolée, car, il y a quinze jours, à Tunis, le président Emmanuel Macron a ­annoncé la même mesure pour la Tunisie, puis jeudi dernier, à Rabat, c’est ­Catherine Colonna qui a annoncé le retour à une relation consulaire normale avec le Maroc. Dimanche, le plat de résistance, si je puis dire, l’Algérie, c’est le ministre de l’Intérieur qui s’y attaque. Le cas algérien n’est donc pas isolé, c’est un changement profond de la politique annoncée il y a dix-huit mois, la fin de la réduction significative (50 % pour l’Algérie et le Maroc, 30 % pour la Tunisie) de la délivrance des visas. On nous expliquera qu’Alger et Rabat ont repris la délivrance des laissez-passer consulaires, ont fait un geste. J’en doute fort.

LE FIGARO. - Dans le contexte de l’affaire de l’Ocean Viking et de polémiques à répétition sur des crimes et délits commis par des immigrés algériens sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), cela est-il d’autant plus surprenant ?

Oui, ce revirement, sans contrepartie connue de la part des trois États concernés, est surprenant. S’il y avait reprise des laissez-passer consulaires, le gouvernement français le clamerait haut et fort. Or, ni à Rabat ni à Alger il n’y a eu d’annonce à ce sujet, c’est très surprenant dans le contexte que vous décrivez. La presse algérienne ne dit pas un mot sur les OQTF, elle parle seulement de « la fin de la crise des visas ».

LE FIGARO. - Gérald Darmanin n’a pas annoncé de contreparties, mais l’Algérie est un producteur de gaz important, considéré par l’Union européenne comme une alternative à une partie de la production russe. Cela a-t-il un lien avec cette normalisation des relations entre la France et l’Algérie ?

Personnellement, je ne vois pas de lien évident entre les visas et le gaz. Le ­Maroc et la Tunisie ne fournissent pas de gaz. J’y vois plutôt la volonté du président de « normaliser », tourner la page dans nos relations avec ces pays, d’être celui qui réconciliera France et Algérie, fût-ce au prix de concessions importantes.

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/x ... e-20221220

Encore un revirement de Macron qui n'a décidément aucune ligne politique constante et fait preuve de laxisme et d'incohérence, au moment même où le gouvernement sort un projet de loi sur l'immigration censé séduire LR...

[johanono]

Macron n'a jamais eu une ligne politique, il gère à la petite semaine, au gré des circonstances. On touche là aux limites du "en même temps".

Quant à cette histoire de délivrances de visas avec les pays du Maghreb, elle reste assez mystérieuse. Quel est l'intérêt de la France à renoncer à toute politique de fermeté, si dans le même temps, les pays du Maghreb ne font aucun effort pour les laisser-passer consulaires ? Pour l'Algérie, on peut éventuellement comprendre : nous avons besoin du gaz algérien. Mais le Maroc et la Tunisie n'ont pas de gaz...