Cancun : un accord fragile

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politicien
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Message non lu par politicien » 13 déc. 2010, 07:13:00

Bonjour,

À défaut de sauver le climat de la planète d'un avenir chahuté, la conférence de Cancún a eu le mérite d'effacer le calamiteux précédent de Copenhague. Sous les ovations, l'accord relance le processus onusien. Le Japon, la Russie, l'Australie qui menaçaient de trucider l'accord de Kyoto signé en 1997, ont finalement laissé les dagues au vestiaire. L'habile présidence mexicaine a su trouver la « formule ambiguë » qui fait que l'on « tentera à Durban » seulement, en Afrique du Sud, dans un an, de rediscuter de Kyoto et de ses suites.    À Cancún, la diplomatie climatique onusienne est sortie de son coma post-traumatique. Les délégués des 194 pays ¯ sauf la turbulente Bolivie ¯ ont applaudi la renaissance de la moribonde. Ouf de soulagement ! Car si le processus de Kyoto avait été mis à mal, c'est tout le château de cartes climatique, patiemment construit depuis le sommet de Rio de Janeiro, en 1992, qui s'écroulait. Près de vingt ans d'efforts et de négociations. L'effondrement d'une telle volonté collective planétaire aurait ébranlé toute l'organisation onusienne et mis à bas le multilatéralisme au profit des égoïsmes nationaux. Concrètement, les mécanismes de transferts de technologies, les aides aux pays les plus pauvres et les plus menacés par le réchauffement de la planète, le sauvetage de la forêt tropicale, coulaient à pic. Au Mexique, au contraire, le principe d'un fonds vert de 100 milliards de dollars a été acté. Le dispositif de lutte contre la déforestation également. Les défenseurs de l'écologie veulent y voir « un élan collectif retrouvé ». La tentation du chacun-pour-soi a été repoussée.  Gare toutefois aux illusions. Édifice fragile. Les financements ne sont pas assurés. L'objectif collectif de limiter à deux degrés maximum l'augmentation de la température moyenne du globe est réaffirmé, mais aucun engagement, pays par pays, n'a été pris. Les accords actuels (Kyoto) sont insuffisants et insuffisamment respectés. Kyoto 2 reste à l'état de projet incertain. Les divergences persistent entre d'un côté les pays riches historiquement les plus pollueurs ; de l'autre les puissants pays émergents, Chine et Inde en tête, et les pays pauvres qui polluent peu, mais sont les plus gravement menacés. La Chine, par exemple, mène un jeu subtil. Elle est favorable à Kyoto, aux contraintes qui pèsent sur les pays du Nord, tant qu'une paroi étanche la soustrait à ces mêmes contraintes. Pas question de régler un tant soi peu la facture historique de la pollution. Ce qui ne l'empêche pas de miser sur les technologies propres qui conforteront, demain, son leadership économique mondial. Rien, enfin, ne peut s'accomplir sans une entrée des États-Unis dans le processus de Kyoto. Mais Barack Obama est ligoté. Le second État le plus pollueur de la planète ne s'est toujours pas doté d'une loi fédérale sur les énergies propres. La Maison Blanche ne dispose plus d'une majorité suffisante pour la faire adopter. Pourra-t-il sortir de cette paralysie avant Durban ? Rien n'est moins sûr.  Les résultats de Cancún se soupèsent donc à l'aune de toutes ces incertitudes. Par contre, la menace climatique, si l'on en croit les dernières observations scientifiques, n'a vraiment rien d'incertain. Elle ne décélère pas, contrairement aux prédictions des climato-sceptiques. Au contraire, elle prospère.  Qu'en pensez vous ?   A plus tard,  
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johanono
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Message non lu par johanono » 13 déc. 2010, 08:29:00

C'est toujours le même problème : sur le principe, on est tous d'accord pour dire qu'il faut préserver l'environnement, mais dès qu'il s'agit de passer aux choses pratiques, plus personne n'est prêt à consentir des efforts, car il y a des intérêts économiques à préserver. C'est triste, mais c'est ainsi. Les échanges sont désormais mondiaux, mais les politiques restent nationales. Forcément, c'est plus compliqué à gérer. Et comme il est illusoire de croire qu'un gouvernement européen ou mondial verra le jour, la seule solution, si on veut vraiment préserver nos normes sociales ou environnementales, réside dans la restauration d'une forme de protectionnisme, par exemple avec une TVA sociale ou écologique.

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racaille
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Message non lu par racaille » 13 déc. 2010, 15:40:00

Wikileaks a publié quelques câbles qui lèvent le voile sur les négociations internationales depuis Copenhague, c'est pas triste. Il est clair que les volontés européennes sont très isolées. Johanono a raison quand il dit que ce sont les préoccupations économiques qui restent prioritaires, mais ce qu'on constate surtout c'est que ces préoccupations sont essentiellement nationales. Selon moi c'est surtout là où réside le principal problème : l'écologie ne connait pas de frontières mais les nations sont incapables de s'entendre sur une question qui dépasse le cadre de leur petit intérêt.

Le site du journal le Monde a publié une photo de la délégation chinoise assez éloquente prise au sommet de Copenhague :

Image
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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 13 déc. 2010, 15:53:00

A leur décharge il y a 10h de décalage horaire entre Pékin et Cancun. icon_mrgreen
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johanono
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Message non lu par johanono » 14 déc. 2010, 08:22:00

D'un autre côté, nous (les Occidentaux) avons accédé au développement économique sans trop nous soucier de l'écologie, qui est une préoccupation très intéressante. Il est assez difficile, aujourd'hui, d'interdire à d'autres pays de vouloir accéder à leur tour au développement économique. Il me semble donc illusoire d'espérer un accord de leur part. D'où la nécessité de restaurer une forme de protectionnisme.

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racaille
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Message non lu par racaille » 14 déc. 2010, 12:41:00

D'après ce que j'ai compris, les pays en voie de développement n'ont pas non envie de polluer autant que nous l'avons fait au siècle dernier. Ce qu'ils veulent c'est de l'aide des occidentaux et des transferts de technologie afin de développer une "croissance propre" dans une optique de "capitalisme vert" (sic). Le problème c'est que dans ce secteur de l'économie verte, la compétition est rude et au lieu d'établir une sorte de coopération à l'échelle mondiale, les Etats se livrent encore et toujours à une bataille idiote en vue de rafler le plus de parts de marché. Y'avait une journaliste qui expliquait ça très bien hier soir chez Taddei. Bref on est encore coincé dans des préoccupations nationales alors que le problème est à échelle mondiale.
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avatabanana
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Message non lu par avatabanana » 14 déc. 2010, 17:59:00

Il est clair que les états ne sont pas tous dans la même situation et que de ce fait une politique commune est illusoire même si les opinions publiques occidentales (bien briffées) l'appelle de leurs vœux.

Reproché à l'occident d'avoir pollué à la fin du XIX et au début du XX reviendrait à reprocher à nos ancêtres de se déplacer à cheval plutôt qu'en avion... Le problème n'était pas d'actualité (et pour certains encore de nos jours il ne l'est toujours pas)

La parade trouvée par les pays en voie de développement (qui refuse de freiner leur croissance ... et on peut les comprendre) consiste à demander un transfert de technologie afin de réduire leur pollution. cette attitude est un peu hypocrite car elle revient à demander aux pays occidentaux d'abandonner leurs derniers avantages tout en ne faisant rien pour limiter les leurs (main d'œuvre quasi gratuite, politique sociale quasi inexistante, grèves quasi interdites... ===> frais quasi nuls)

C'est un piège à C... dans lequel personne ne veut tomber.

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