Allemagne: "Laissons l’euro aux pays du Sud"

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politicien
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Message non lu par politicien » 13 déc. 2010, 18:30:00

Bonjour,


L’ex-président du patronat allemand, Hans-Olaf Henkel, veut voir son pays sortir de la monnaie unique.   C’est l’homme qui crée le débat en Allemagne, où il divise les élites. Hans-Olaf Henkel, 70 ans, est l’ancien président du patronat allemand et l’ex-PDG d’IBM Europe, Moyen-Orient et Afrique. Dans un livre à succès outre-Rhin (Sauvez notre argent, l’Allemagne est bradée), il plaide pour que son pays sorte de l’euro et crée une nouvelle union avec les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche et la Finlande.
Vous étiez un grand défenseur de l’euro, vous souhaitez aujourd’hui que l’Allemagne le quitte. Que s’est-il passé?
C’est vrai, je me suis battu pour la monnaie unique. J’ai défendu sa création contre l’opposition de certains patrons allemands et d’une grande partie de l’opinion. Mais j’ai changé d’avis car les politiques n’ont pas tenu leur promesse. Ils s’étaient engagés à respecter les critères de convergence, ils ne l’ont pas fait. Chirac et Schröder ont accru les déficits, ont fait pression sur leurs partenaires pour échapper aux sanctions. La zone euro a même intégré la Grèce alors que ce pays ne respectait pas les critères, même avec des chiffres truqués!
Que proposez-vous exactement?
Regardons les alternatives. Nous pouvons passer d’une union monétaire à une union de transferts, comme c’est le cas aujourd’hui. La France et l’Allemagne deviennent financièrement responsables des politiques de leurs voisins. Mais ce n’est pas le projet pour lequel les Français et le Bundestag avaient voté! L’autre solution, que je soutiens, c’est de laisser l’euro aux pays du sud de l’Europe avec la création d’euro-obligations que beaucoup réclament. Les pays du Nord auraient une autre monnaie. Chaque devise refléterait la réalité économique de sa zone.

Ce serait la création d’une zone mark. Quels effets positifs en attendez-vous pour votre pays?
Un tel choix comporte des risques. La monnaie de la zone Nord subira une réévaluation. L’Allemagne aura davantage de difficultés à exporter. Mais notre pays sait vivre avec une monnaie forte, il a déjà connu 17 réévaluations avant l’euro. L’avantage est de maintenir l’industrie sous pression, en l’incitant à innover sans cesse et à faire des gains de productivité.

Et pour les autres?
Ils auront une dévaluation. Elle ne peut qu’être bénéfique vu l’état de leurs économies. L’Espagne, le Portugal ou la Grèce perdent leurs industries et ne connaîtront plus jamais la croissance si cette situation perdure. L’euro a contribué à leur malheur, en leur faisant profiter de taux d’intérêt artificiellement bas.

La France est-elle digne de participer à votre euro-mark?
C’est une question difficile. Si la France continue de refuser l’idée des euro-obligations, elle peut rester dans la zone Nord. Mais je connais bien votre pays, où j’ai vécu onze ans. Et j’ai du mal à croire à sa position pro-allemande. Sarkozy s’est opposé à Merkel quand elle a voulu exclure la Grèce de la zone euro, quand elle a proposé l’automaticité des actions disciplinaires à l’encontre des pays défaillants et quand elle a voulu les priver de droits de vote. Nous étions amis avant l’euro, nous pouvons le rester après.

Comment réagissent vos homologues français? Et dans votre pays?
J’en ai parlé à mon ami Thierry Breton, PDG d’Atos Origin et ancien ministre de l’Economie. Il partage mon analyse, pas mes conclusions! En Allemagne, je suis devenu politiquement incorrect. Pas un journal ne me soutient. Mais je reçois beaucoup de messages de lecteurs. Il y a un grand écart entre les élites et la réalité.

Qu'en pensez vous ?

A plus tard,
 
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Golgoth
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Message non lu par Golgoth » 13 déc. 2010, 18:59:00

Je vois bien l'Allemagne dans une zone où elle serait toute seule. icon_biggrin
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 13 déc. 2010, 20:23:00

Ou comment rescinder l'Europe et potentiellement s'exposer à de nouveaux conflits armés.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 13 déc. 2010, 21:15:00

Pas forcément, on peut distinguer l'union monétaire de l'union tout court, c'est le cas avec les pays hors zone euro qui s'en sortent plutôt bien (cf Pologne).
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Message non lu par Nombrilist » 13 déc. 2010, 21:25:00

El Fredo, si il n'y a plus d'union monétaire, il n'y a plus d'union tout court. La Pologne s'en sort bien car l'Europe a mis le paquet sur elle en aides. Et l'Europe compte bien la faire entrer dans l'euro. C'est donc une politique à vision unitariste à moyen terme. Là, il s'agit de se rediviser, avec derrière une idée évidente: cesser toute solidarité entre pays. A partir du moment où on abandonne à nouveau la solidarité entre les pays, à mon avis, ça ne peut déboucher que sur de nouvelles guerres à la prochaine grosse crise.

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Message non lu par El Fredo » 13 déc. 2010, 21:32:00

Peut-être, mais la crise actuelle des dettes souveraines prouve que sans monnaie commune il n'y aurait pas besoin d'une telle solidarité. Les pays disposant de leur propre monnaie (Islande, Royaume-Uni, Pologne) s'en sortent mieux que ceux de l'Euroland à niveau de dette égale, car ils peuvent utiliser l'outil de la dévaluation qui est certainement la meilleure solution dans ce genre de cas. Rappelons-nous l'Argentine : leurs problèmes ont commencé à empirer avec la parité unilatérale dollar-peso, et se sont nettement améliorés une fois la flottabilité rétablie. De plus le particularisme allemand (fortes exportations intra-euroland) disparaîtrait s'ils sortaient de l'Euro, et avec elle leur prospérité économique acquise aux dépends de leurs partenaires. On ne peut franchement pas parler de solidarité dans ce cas précis.
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racaille
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Message non lu par racaille » 13 déc. 2010, 23:30:00

Ca c'est pas surtout du à l'orthodoxie de la BCE et de l'impuissance du parlement européen à faire jouer un tel levier inflationniste au niveau européen ? Désolé si je n'utilise pas les bons termes, l'idée c'est que le repli national n'est peut-être pas le seul moyen de renouer avec une vraie politique économique volontariste ?
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Message non lu par El Fredo » 13 déc. 2010, 23:40:00

C'est vrai, mais même avec une BCE compétente il faudrait des taux d'inflation (ou de dévaluation) différenciés selon les pays, ce qui n'est pas possible avec une monnaie unique. Dans ce dernier cas la seule solution pour les pays fortement endettés réside dans une désinflation compétitive violente et douloureuse à base de baisses de salaires, comme en Grèce, avec les risques sociaux que ça implique.

Paul Krugman avait dressé un parallèle entre l'Eurozone et les USA, deux zones ayant une monnaie unique et de fortes disparités régionales. Il remarquait que contrairement à l'Europe, les USA arrivent très bien à s'en sortir en cas de crise du fait de la mobilité inter-états. Alors qu'en Europe, frontières linguistiques et culturelles oblige, les travailleurs restent dans leurs pays plutôt que de déménager vers des zones plus dynamiques. Autrement dit la monnaie unique qui est un atout considérable pour les USA peut être un boulet pour l'Eurozone dans la situation actuelle.
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Message non lu par racaille » 14 déc. 2010, 12:31:00

Hmm c'est pas très réjouissant pour l'avenir ça :(
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Message non lu par avatabanana » 14 déc. 2010, 18:19:00

Pas évident, l'Europe a existé avant l'euro. D'ailleurs en ce moment même certains pays et non des moindres ne sont pas dans l'euro.


La remarque allemande laisse apparaître qu'il est délicat d'avoir une monnaie unique alors qu'il y a plusieurs politiques économiques et financières (et sociales).


Comme sil semble impossible a court terme de s'orienter vers un gouvernement unique de l'Europe icon_mrgreen , la solution préconisée par l'article n'est pas aberrante.


Il ne peut y avoir durablement de monnaie commune qu'entre des pays qui ont des comportements économiques communs. Les pays qui n'ont pas la possibilité d'avoir une gestion équilibrée de leurs finances du fait des pressions de leurs peuples devraient avoir une monnaie flottante vis à vis d'un noyau dur plus rigoureux.
Une autre solution serait de constituer un groupe européen des chefs d'état (ou de gouv) doté de pouvoirs spéciaux (équipes de contrôleurs de gestion s'assurant de la validité des chiffres nationaux, palette de décisions contraignantes allant jusqu'à l'exclusion des pays déviants). En résumé un euro-groupe musclé (ches d'état avec pouvoirs européens). Sarko avait lancé cette idée à l'issue de son mandat de président de l'UE (les français obtus avait crié à la mégalomanie).

En résumé à mon sens pas de monnaie commune sans politique commune. Mais attention ça va loin (politique économique/politique sociale).

Dans ce groupe de gestionnaires sérieux, la France n'a évidement pas sa place (l'interlocuteur allemand à la politesse de ne pas le dire mais en listant les pays capables d'avoir une monnaie commune faire il nous exclut explicitement). Elle ne pourrait pas l'avoir avant au moins dix ans  de profondes réformes et de rigoureuses gestions (autant dire jamais...)

pierre30
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Message non lu par pierre30 » 28 déc. 2010, 16:35:00

Je partage ce point de vue. Mais je pense que la création de 2 zones ne réglera pas le problème.
A court terme, la zone qui dévalue verra le poids de sa dette en ancien euro exploser : il faudra donc "ré-échelonner", c'est à dire effacer une partie de cette dette. C'est possible mais pas facile à négocier.
A long terme une zone composée de la France et de la Grêce est presque aussi étérogène que la zone euro actuelle. On pourrait dire la même chose d'une zone Allemagne - Belgique. Donc on ne résout rien si on ne crée pas une politique commune pour chaque zone.

A mon avis il ne sert à rien de chambouler (avec les coûts que ça implique) si on ne traite pas le problème de base : la coordination économique et fiscale.

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avatabanana
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Message non lu par avatabanana » 11 janv. 2011, 11:16:00

pierre30 a écrit : Je partage ce point de vue. Mais je pense que la création de 2 zones ne réglera pas le problème.
A court terme, la zone qui dévalue verra le poids de sa dette en ancien euro exploser : il faudra donc "ré-échelonner", c'est à dire effacer une partie de cette dette. C'est possible mais pas facile à négocier.
A long terme une zone composée de la France et de la Grêce est presque aussi étérogène que la zone euro actuelle. On pourrait dire la même chose d'une zone Allemagne - Belgique. Donc on ne résout rien si on ne crée pas une politique commune pour chaque zone.

A mon avis il ne sert à rien de chambouler (avec les coûts que ça implique) si on ne traite pas le problème de base : la coordination économique et fiscale.
En effet je ne pesne pas viable deux zones.

Une zone euro pour les pays capables d'harmoniser leur politiques économiques et sociales.

Les autres pays reprendraient leurs anciennes monnaies ce qui leur permettrait, chacun indépendamment des autres, de faire fluctuer la valeur de leur monnaie.

Ainsi par exemple la Grèce aurait sa propre dynamique, la France aussi.

Certes des mesures de transition seraient peut-être à prendre, la zone euro pourrait aider les pays quittant l'euro à financer en partie les remboursements accru du fait de la séparation du pays de la zone euro (sur la base du principe que leurs emprunts n'aurient peut-être pas été fait à un taux supérieur, par ailleurs les pays demeurant dans la zone euro (renforcée par le départ de certains canard boiteux) y gagneraient probablement en voyant les taux de ses emprunts baisser)

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Message non lu par El Fredo » 11 janv. 2011, 11:22:00

Ça a zéro chance de se passer comme ça. Pourquoi ? Parce que les pays de la zone Euro "centrale" (Allemagne, France, etc) sont les principaux créanciers des pays "périphériques" (Grèce etc), à travers leurs banques, et qu'un départ de ces derniers de la zone signifierait pour les premiers des pertes financières conséquences à cause des dévaluations.
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Message non lu par pierre30 » 11 janv. 2011, 13:50:00

L'hypothèse me semble plausible. Elle pourrait se réaliser "naturellement", c'est à dire par la force des choses.
Si l'Espagne et d'autres pays venaient à se trouver en difficultés, les autres pays pourraient ne pas être en mesure de les refinancer. Dans ce cas les pays en difficultés seraient poussés hors de l'euro. Quant à ceux qui resteraient dans la zone euro, l'harmonisation des politiques économiques et fiscales serait facilitée par ces départs : les écarts entre membres de l'euro se réduisant et la nécessité de ces harmonisations devenant impérieuse.

Encore une fois, l'Europe avancerait sous la contrainte et sans demender leur avis aux populations.

Cobalt

Message non lu par Cobalt » 11 janv. 2011, 15:14:00

En fait ce que m'inspire ce post c'est qu'on ne peut décidemment avoir aucune certitude sans les remettre en question régulièrement,la seule que l'on peut poser comme telle c'est de vouloir un monde juste et de militer inlassablement pour défendre les mal nés,les faibles,et de remettre un un tuteur solide aux valeurs qui disparaissent sous la pression mercantile.

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