Syrie: "El-Assad est en train de franchir la ligne rouge"
En Syrie, après la répression meurtrière de manifestations hostiles au régime de Bachar el-Assad, treize personnes ont été tuées lors de funérailles samedi. Joint par leJDD.fr, Axel Poniatowski, président UMP de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, "cette situation d'une extrême violence doit être condamnée".
Samedi, le décompte macabre du mouvement de contestation en Syrie continuait. Après la violente répression de manifestations hostiles au régime du président Bachar el-Assad, vendredi, treize personnes ont été tuées par balles lors des funérailles d'un manifestant, samedi. De leur côté, des associations de défense des droits de l'Homme ont publié un premier bilan de la répression de vendredi: au moins 80 morts.
En France, Alain Juppé a condamné "la répression aveugle et brutale" du régime et a appelé les autorités syriennes "à renoncer à l'usage de la violence". Sans évoquer de sanctions, pourtant demandées par l'opposition de gauche. Interrogé par leJDD.fr, Axel Poniatowski, président UMP de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, dénonce une situation "d'une violence extrême" mais balaie "toute idée d'intervention".
Comment expliquez-vous la brusque montée des tensions en Syrie?
Cela faisait déjà quelques temps que Bachar el-Assad était au bord de la ligne rouge. Il est désormais en train de la franchir. Comme dans tous les pays arabes où des révoltes se sont produites ces derniers mois, la situation est complexe. L'encadrement musclé des manifestations en Syrie relevait du maintien de l'ordre. Mais maintenant que nous avons la confirmation que des civils ont été tués alors qu'ils voulaient seulement s'exprimer, la situation, d'une violence extrême contre la population, est devenue intolérable. De toute évidence, Bachar el-Assad ne parvient plus à contrôler un climat politique stable dans son pays. Son gouvernement applique donc des mesures de coercition intolérables.
Samedi, l'opposition socialiste et communiste ont appelé le gouvernement français à décider des sanctions. Alain Juppé, lui, a éludé la question...
Il faut avant tout mettre de côté toute idée d'intervention. La France est suffisamment engagée ailleurs. Nous intervenons en Libye et sommes présents en Afghanistan et en Côte d'Ivoire. La situation doit bien sûr être condamnée, mais il faut passer par les canaux traditionnels de la diplomatie.
Jean-Christophe Cambadélis, chargé des relations internationales au PS, estime que "les déclarations de condamnation ne suffisent pas"...
Reste qu'une déclaration de condamnation des Nations unies pèse un certain poids. Il faut que la France porte le dossier au Conseil de sécurité de l'ONU, réclamant une résolution dans laquelle des mesures fermes doivent être envisagées. Avant de sortir l'artillerie lourde, il existe un éventail efficace de sanctions économiques mais aussi personnelles contre les dirigeants syriens. Si Bachar el-Assad voit ses avoirs gelés et ses déplacements limités, il consentira peut-être à s'ouvrir au dialogue. Dans la Jordanie voisine, la situation a été moins tendue que dans d'autres pays [Egypte, Tunisie, Yémen..., Ndlr] car le pouvoir monarchique a fait des concessions. Au président syrien d'en prendre exemple.
Ca ne s'arrêtera plus,mais on ne va pas pouvoir aller partout non plus.