Qu'en pensez vous ?Le 23 avril 2010, le premier ministre grec se résignait à demander l'aide financière de l'UE et du FMI. Un an plus tard, le premier maillon faible de la zone euro a réduit son déficit mais est loin d'être tiré d'affaire. Bilan. Il y a un an, le premier ministre Georges Papandréou se rendait la tête basse à l'île de Kastelorizo pour reconnaître que la Grèce était incapable de se financer sur les marchés et pour appeler solennellement au secours ses partenaires européens. Le 2 mai, la zone euro et le FMI débloquaient un prêt de 110 milliards d'euros dans le cadre du tout nouveau fonds de secours . En échange, le pays s'est lancé dans une politique d'austérité drastique pour rendre son économie plus compétitive. Ou en est-on un an plus tard?
Une austérité draconienne
Le gouvernement grec a non seulement tenu ses promesses en matière d'effort budgétaire mais il les a même dépassées : Après avoir réalisé 9 milliards d'économie en 2010, les économies inscrites dans le budget 2011 s'élèvent à 14,3 milliards d'euros, contre 8,2 milliards d'euros prévus dans la feuille de route de rigueur imposée par l'UE et le FMI. Coupes salariales chez les fonctionnaires, réforme des retraites, hausse des taxes, refonte des collectivités locales...Tous les moyens sont bons pour tenter de ramener le déficit à 7,4% cette année. Et ce n'est pas fini. Le gouvernement a annoncé la semaine dernière un paquet de mesures supplémentaires d'économies de 26 milliards d'euros d'ici 2015. Il s'accompagne notamment d'un plan de privatisations partielles et totales visant à lever 50 milliards d'euros d'ici 2015. Une grève générale est prévue le 11 mai pour protester contre les nouvelles mesures d'austérité qui doivent être approuvées quelques jours après au Parlement.
Qui enfonce le pays dans la récession
Rigueur oblige, l'économie reste dans un état critique. Les mesures d'austérité ont un effet dépressif fort sur la demande intérieure. Le taux de chômage dépasse les 15%, la Banque centrale prévoit une contraction d'au moins 3% de l'activité en 2011. Il s'agit de la troisième année consécutive de recul du PIB. La croissance ne devrait pas revenir dans la péninsule hellénique avant 2012. Il faut dire que le plan "d'aide" international n'a pas fait de cadeaux à la Grèce. Même s'il est inférieur au prix exigé par les marchés, le taux d'intérêt du prêt européen reste très lourd pour la Grèce. Les dirigeants européens ont néanmoins récemment fait un geste en le réduisant de 5,2 à 4,2%.
Pour des résultats mitigés
Le déficit a baissé de 6 points en 2010, de 15,4% à 9,4%. Mais les recettes sont deux fois plus faibles que ce que visait initialement le gouvernement. De fait, les mesures d'économie ne faisant qu'enfoncer les pays dans la récession, cela a plombé les recettes fiscales censées réduire le déficit. La dette, elle, a mécaniquement gonflé. Elle s'élève à 340 milliards d'euros, soit plus de 150% du PIB. Elle ne devrait pas refluer avant 2012. Surtout, si les mesures de rigueur sont censées rassurer les marchés de manière à y retourner début 2012, on peut dire que c'est raté.
En début de semaine, les taux à 10 ans des obligations ont franchi un seuil inédit depuis la mise en place de l'euro pour atteindre 14%, soit 600 points de bases de plus que lorsque le pays a demandé de l'aide. Et les taux ont atteint jeudi 14,7% sur des nouvelles rumeurs de restructuration de la dette grecque alimentée par un courriel émanant vraisemblablement de la banque américaine Citigroup. Preuve de la pression exercée par les marchés, la tension était encore plus flagrante sur les taux courts --à deux ans-- qui s'envolaient à 22%, soit dix fois plus que ce que paye l'Allemagne. D'ordinaire, plus la période de remboursement est courte, plus le taux est bas. Les agences de notation ne s'y trompent pas. Moody's a de nouveau dégradé en mars la note de la Grèce, la reléguant dans la catégorie des pays dits à risque.
Une restructuration inévitable ?
Officiellement, la dette grecque est "viable". Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou l'a répété mercredi devant la presse, insistant que l'objectif d'Athènes est de "revenir sur les marchés début 2012" pour emprunter à un "taux d'intérêt logique". Mais l'envolée des taux obligataires montre bien que les investisseurs n'y croient pas. En clair, ils estiment que la Grèce va restructurer sa dette et n'aura pas la politesse d'attendre mi 2013 que le mécanisme de restructuration européen soit en place pour le faire. Selon plusieurs journaux grecs et étrangers, la Grèce serait d'ores et déjà en train de chercher à négocier en coulisse une telle restructuration.
La contagion n'a pas été évitée
Malgré la création d'un Fonds de secours qui inscrit dans le marbre la solidarité financière, les marchés ne se sont pas privés d'attaquer les autres "maillons faibles" de l'Europe. Après la Grèce, l'Irlande a obtenu une aide de 85 milliards d'euros à l'automne. Et il y a deux semaines, c'est Lisbonne qui a appelé au secours. Son plan de sauvetage, encore en négociations, devrait être bouclé à la mi-mai. D'autres pays à la situation budgétaire ou d'endettement délicate, comme l'Espagne, voire la Belgique, pourraient tomber dans la ligne de mire des marchés. Et le FMI vient de mettre en garde contre la "vulnérabilité" des banques européennes. http://lexpansion.lexpress.fr/economie/ ... 53609.html
A plus tard,