Chili : 3 mois de grève des étudiants, grève générale depuis

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pwalagratter
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Chili : 3 mois de grève des étudiants, grève générale depuis

Message non lu par pwalagratter » 25 août 2011, 14:57:31

Les étudiants se mobilisent depuis plus de 3 mois. Une grève générale de soutien à leur mouvement a été décidée et la première journée a fait 36 blessés et quelques centaines d'arrestations.

Le cas du Chili est intéressant car il s'agit DU laboratoire d'expérimentation économique de toutes les politiques néo libérales imaginées par les Chicago Boys, mises en application directement et sans contestation (pour cause) par la dictature de Pinochet.
Tout aurait dû être au mieux dans le meilleur des mondes libéraux où les idées de gauche finissaient par ne plus rencontrer grand intérêt.

Mais voilà, la jeunesse qui pourtant ne demandait qu'à vivre de produits de consommation comme on leur avait appris, s'aperçoit qu' à part avoir les moyens de se payer des études, elle n'a plus qu'à finir comme main d'oeuvre bon marché pour satisfaire les marchés.

Article du Monde Diplomatique sur ce sujet :
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet ... 8-24-Chili
mercredi 24 août 2011
En finir (vraiment) avec l’ère Pinochet

Des centaines de milliers de personnes dans les rues des grandes villes du pays (1), et ce depuis plusieurs mois ; un maire, celui de Santiago, qui suggère de faire appel à l’armée pour éviter que la commémoration du 11 septembre 1973 (date du coup d’Etat contre le président Salvador Allende) ne fasse l’objet de débordements : le Chili vit une période inédite.

(...)


Ce jour-là, les étudiants des établissements publics et privés dénoncent le niveau d’endettement qu’implique l’accès à l’éducation supérieure. Dans un pays où le salaire minimum s’établit à 182 000 pesos (moins de 300 euros) et le salaire moyen à 512 000 pesos (moins de 800 euros), les jeunes (et leurs familles) déboursent entre 170 000 et 400 000 pesos (entre 250 et 600 euros) par mois pour suivre un cursus universitaire. En conséquence, 70 % des étudiants s’endettent, et 65 % des plus pauvres interrompent leurs études pour des raisons financières (4).

Réunissant 8 000 personnes, cette première manifestation ne semble pas, a priori, promise à un quelconque avenir. Elle vient néanmoins gonfler un peu plus le fleuve de la protestation sociale, déjà nourri par diverses mobilisations à travers le pays : en faveur d’une meilleure redistribution des profits liés à l’extraction du cuivre à Calama, du maintien du prix du gaz à Magallanes, de l’indemnisation des victimes du tremblement de terre de janvier 2010 sur la côte, du respect des Indiens Mapuches dans le sud (5), ou encore de la diversité sexuelle à Santiago. Au mois de mars, le projet HidroAysén avait lui aussi participé à unir un peu plus les Chiliens – contre lui.

Piloté par la multinationale italienne Endesa-Enel, associée au groupe chilien Colbún, et soutenu par le gouvernement, les partis de droite et certains dirigeants de la Concertación (6) (centre-gauche), ce projet de construction de cinq immenses barrages en Patagonie avait été approuvé sans la moindre consultation citoyenne. Devant l’ampleur de la mobilisation (plus de trente mille personnes à travers le pays), le gouvernement se trouve dans une situation compliquée.

En juin, la mobilisation étudiante atteint sa vitesse de croisière : le 16 se produit la première manifestation de 200 000 personnes – la plus grande depuis la période de la dictature. Organisant des grèves massives et bloquant des lycées, les manifestants dénoncent la « marchandisation de l’éducation » et exigent « un enseignement gratuit et de qualité » : une revendication qui remet en cause les fondations mêmes du « modèle chilien », hérité de la dictature (lire dans cette page « Un héritage encombrant »).

(...)

Car si le Chili de Pinochet a constitué un « laboratoire » pour les politiques néolibérales, c’est aussi dans le domaine de l’éducation. Le rêve que l’économiste monétariste Milton Friedman formulait en 1984, les généraux y avaient travaillé dès leur prise du pouvoir.


Rares en 1973, les écoles privées accueillent désormais 60 % des élèves dans le primaire et le secondaire. Moins de 25 % du système éducatif est financé par l’Etat, les budgets des établissements dépendent, en moyenne, à 75 % des frais d’inscriptions. D’ailleurs, l’Etat chilien ne consacre que 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) à l’enseignement, bien moins que les 7 % recommandés par l’Unesco. Dans le domaine de l’université – cas unique en Amérique latine –, il n’existe dans le pays aucun établissement public gratuit. Selon le sociologue Mario Garcés, les réformes Pinochet – maintenues et approfondies par les différents gouvernements depuis la chute de la dictature – ont perverti la mission du système éducatif : il visait à l’origine à favoriser la mobilité sociale ; il assure désormais la reproduction des inégalités (7).

Mais – interrogent les étudiants, auxquels n’ont pas échappé les discours satisfaits sur le « développement » de l’économie chilienne (lui ayant ouvert les portes de l’OCDE en décembre 2009) – si l’éducation était gratuite il y a quarante ans, alors que le pays était pauvre, pourquoi devrait-elle être payante aujourd’hui, alors qu’il est devenu (plus) riche ? Une question qui suffit à faire basculer tout une logique cul par-dessus tête, et dont la portée dépasse évidemment le domaine de l’éducation. Comme les revendications étudiantes : tenue d’une Assemblée constituante pour promouvoir une véritable démocratie, la renationalisation du cuivre (8) ou encore la réforme fiscale ; il s’agit, au bout du compte, « d’en finir avec l’ère Pinochet ». Suspicieux face à des dirigeants politiques qui ne leur inspirent plus confiance, les manifestants exigent que l’avenir du système éducatif soit soumis à un référendum (pourtant interdit par la Constitution).

(...)

Alors, pourquoi maintenant ? Certes, le Chili a déjà connu des mobilisations étudiantes, notamment la « révolution des pingouins » (10), en 2006, sous la présidence de Mme Michelle Bachelet (centre-gauche). Toutefois, jamais les manifestations n’attirèrent autant de monde : pendant deux décennies, les gouvernements de centre-gauche de la Concertación parvinrent à administrer l’héritage de la dictature tout en réduisant la pauvreté. Mais en accentuant les inégalités : à l’heure actuelle, le Chili figure au nombre des quinze pays les plus inégaux de la planète (11). Peu à peu, les espoirs de transformation liés à la chute de la dictature ont été douchés, cependant que s’accumulaient les dettes des étudiants.

L’injustice du système est peut-être apparue sous un jour plus cru avec l’arrivée au pouvoir de M. Piñera, lequel s’est vite donné pour mission de renforcer – encore – les logiques de marché au sein du système éducatif. Les conflits d’intérêts au sein du cabinet ont par ailleurs mis en évidence certaines dérives : le ministre de l’éducation de M. Piñera, M. Joaquín Lavín, était également fondateur et actionnaire de l’Université du développement, un établissement privé (12).

La réponse du gouvernement, pour l’heure, consiste à tenter de criminaliser les manifestants. La presse ne manque pas de souligner les exactions de fractions violentes, parfois infiltrées par des policiers en civil (comme l’ont démontré de nombreuses vidéos et photographies (13)). Le 4 août, estimant qu’il y a « une limite à tout », M. Piñera faisait interdire une manifestation sur l’avenue Alameda (choisie par les étudiants parce qu’évoquée par Allende dans son ultime discours) : la répression y fut systématique, avec plus de 870 interpellations. Mais la violence policière n’a fait qu’accroître le soutien populaire aux manifestants. Le soir même, les cacerolazos (manifestations au cours desquelles chacun maltraite une casserole) retentissaient à travers le pays : l’intransigeance gouvernementale avait transformé le défilé en « protestation nationale », terme utilisé pour décrire… les rassemblements en faveur de la démocratie à l’époque de la dictature.

Les étudiants demeurent mobilisés. Avec l’ensemble de leurs soutiens – qui ne ne se cantonnent plus aux classes moyennes –, ils se joindront à une grève générale les 24 et 25 août, dans l’espoir d’élargir la brèche ouverte.

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mps
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Re: Chili : 3 mois de grève des étudiants, grève générale de

Message non lu par mps » 26 août 2011, 08:19:58

Oui, on ne regrettrera jamais assez Allende, son inflation à 500 %, ses manifestations des "casseroles vides" du peuple qu'il affame, sa redoutable police secrète, et le pays en ruine qu'il laisse après lui ...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Salvador_Allende

Pour les études, il faut compter environ 1.000 à 2.000 euros/an, fractionnables, avec les prêts à taux zéro ou des bourses.

C'est infiniment peu dans la culture américaine, où le contribuable ne doit pas investir plus sur un étudiant qu'il n'est prêt à parier sur lui-même. Aux USA, ce serait 20.000 euros ..., ced qui n'a jamais empêché personne de faire des études.


http://www.worldstudent.com/etranger/chili/2b.shtml
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

Nico37
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Re: Chili : 3 mois de grève des étudiants, grève générale depuis

Message non lu par Nico37 » 16 déc. 2013, 23:33:15

Réélue présidente du Chili, Michelle Bachelet promet de réformer Anthony Esposito 16/12

Au lendemain de sa large victoire électorale au second tour de l'élection présidentielle chilienne, Michelle Bachelet, candidate de la gauche et déjà chef d'Etat entre 2006 et 2010, a réitéré lundi ses promesses de réformer la fiscalité et l'éducation.
Sans surprise, Michelle Bachelet a été réélue dimanche à la tête de l'Etat avec 62% des suffrages, soit la proportion de voix la plus élevée recueillie par un candidat à la présidence depuis 1989, date à laquelle le Chili est redevenu démocratique à la suite du départ du pouvoir du général Augusto Pinochet.

(...)

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