Alain Juppé se prononce pour une Europe fédérale

[Bocian]

L’information n’a pas eu le traitement qu’elle méritait. Pourtant elle est importante. Le numéro 2 du gouvernement et chef de la diplomatie française, Alain Juppé, s’est prononcé, hier, sur France 2 (« Des paroles et des actes »), en faveur d’une « véritable fédération européenne ». C’est la première fois, à ma connaissance, qu’un membre du gouvernement français se rallie publiquement à l’idée fédérale, reconnaissant que cela impliquera des partages de souveraineté supplémentaires, un gouvernement européen et une solidarité financière forte : « on a déjà fait des progrès considérables dans cette direction », a-t-il d’ailleurs remarqué.

(Cf. http://bruxelles.blogs.liberation.fr/co ... enne-.html ).

Sauf que c'est la première fois qu'un officiel français (qui plus est, ministre des affaires étrangères et chef de la diplomatie) parle aussi clairement.

[lancelot]

Une union fédérale selon juppé me fait aussi fantasmer qu'une libéralisation totale des mœurs façon hortefeux.

Pour le coté parler clairement, jupé à oublié un truc. Ce qui lui a mis du plomb dans la tête c'est sa condamnation. IL devrait y réfléchir et éventuellement s'en démarquer. Ne pas le faire revient à trouver cela normal (Cf: le fait qu'il ait été condamné en lieu et place du coupable)

Donc ce mec ... peut dire ce qu'il veut, comme être droit dans ses bottes, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.

[Bocian]

Et sur le fond (politique) de l'affaire, personne pour commenter ?!

[lancelot]

Quel intérêt ?

[politicien]

Enfin le fond du sujet est l'Europe Fédérale je crois, pas Alain Juppé en lui même.

Une Europe Fédérale c'est possible ? Avec quelle(s) conséquence(s) ?

[Nombrilist]

Une Europe fédérale, c'est possible, mais aucun peuple européen n'en veut. Et je n'en veux pas non plus.

[mps]

Une mise en cause personnelle et un réfuznic, c'est peu pour discuter de l'Europe fédérale, dont l'avènement à plus ou moins court terme et progressivement est une évidence incontournable, fort heureusement.

Le fédéralisme viendra petit à petit, et n'a jamais brimé l'autonomie des parties fédérées.

- armée européenne, sous commandement européen. Chaque pays devra fournir un contingent et assurer des missions, ce qui est déjà le cas au sein de l'OTAN. Aucun inconvénient, et sans doute des économies d'échelle.

- examen genre Bac identique pour tous les élèves : ce sera l'homologation des diplômes dans toute l'UE, et facilitera la mobilité, tout en laissant latitude à chaque état d'ajouter des matières spécifiques (histoire, par exemple).

- loi bancaire : mêmes règles pour tous les pays concernant l'interdition faite aux banques de dépôt de s'engager dans du capital à risque, etc.

- code de la route : un tronc commun, des variantes locales (en matière de limitations de vitesse ponctuelles, par exemple).

Bref, ce fédéralisme se construira par petits pas, en laissant une foule de matières "nationales". On voit aux USA des Etats "dry states" et d'autres où l'alcool est autorisé, des Etats appliquant ou non la peine de mort, etc.

Que craignez-vous ?

[Bocian]

L'essence du fédéralisme est dans la répartition négociée (si possible, bien pensée...) des compétences entre échelons de gouvernements, et dans le contrôle démocratiques des dits "échelons".

Instaurer un authentique fédéralisme (i.e : pas d'autosaisine de compétences hors du pacte conclu, et pas de pouvoirs sans contrôle démocratique) est le seul moyen de réduire l'impuissance politique et le déficit démocratique dont souffre aujourd'hui l'Union européenne.

[Nombrilist]

A part l'armée, tout ce que tu as indiqué existe déjà, mps.

[Cobalt]

je suis pour l'Europe fédérale.

[politicien]

Pourquoi tu es pour Cobalt ?

[Cobalt]

Je suis pour la mutualisation des dettes et que l'Europe se dote des outils nécessaire à son développement pour que nous puissions être fort face aux autres continents cela suppose des efforts,je ne suis pas contre mais à certaine condition,tout le monde logé à la même enseigne.

[Bocian]

Pour le fédéralisme, moins pour être fort au dehors que pour maintenir la paix au-dedans (Nb : à ce sujet je pense davantage à certains de nos voisins - notamment des Balkans - qu'à la seule France...).

D'ailleurs certains de nos voisins - géographiquement plus proches de nous que ceux-là (Belgique, Italie, Britanniques, Espagnols...) ne s'y trompent pas : le seul moyen de régler intelligemment la "question nationale" sans tomber dans les déchirements (mais souvent, comme de bien entendu, non sans psychodrame...) c'est accepter une certaine dose de fédéralisme au-dedans.

Ce qui me dérange dans l'actuel processus de "fédéralisation" de l'Union européenne (par le biais économique : la gouvernance économique commune, la planification commune des réformes structurelles, la création de mécanismes de sauvegarde et la mutualisation des dettes, notamment grâce aux "eurobons"...) c'est qu'à force de déficit démocratique (partiellement non traité) et faute de dimension politique et civique, faute d'accompagnement de la part de l'opinion (pour en valider - ou non - les différentes étapes...), il n'est là que mise en oeuvre technocratique de mécanismes économiques.

Ce qui, en cas d'échec, laisse à prévoir bien des remous.

En conséquence de quoi, quoi qu'il se fasse dans l'Union, il faut plus de pouvoirs pour la Commission (face aux comités intergouvernementaux), et - bien entendu - plus de pouvoir de contrôle pour le Parlement (face à la Commission).

[Nombrilist]

La commission a déjà bien trop de pouvoirs. Et les peuples n'accepteront jamais l'Europe néolibérale. Voilà pourquoi aucun peuple n'a voulu du TCE.

[Bocian]

@ Nombrilist : Je ne vois vraiment pas pourquoi l'Europe ne pourrait être que néo-libérale ; et je ne crois pas qu'il n'existerait pas d'alternative au TCE.

Par ailleurs, quand on voit l'ensemble des pouvoirs aujourd'hui concentrés dans les mains de la BCE et des divers Conseils de l'Union (Conseil européen des chefs d'Etats et de gouvernements, Conseil des ministres, Eurogroupe...) sans que ceux-ci soient pour autant directement démocratiquement contrôlés par qui que ce soit... on se dit qu'il serait tout de même bien mieux que l'ensemble de ces pouvoirs soit dans les mains de la Commission, démocratiquement contrôlée par le Parlement européen, elle, au moins (Un parlement européen qui peut même la censurer - voire la renverser, le cas échéant).