L'insolent bonheur des Suédois

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Cobalt

L'insolent bonheur des Suédois

Message non lu par Cobalt » 03 oct. 2011, 17:45:51

L'insolent bonheur des Suédois

Le pays scandinave prospère. Enquête sur le nouveau modèle suédois.


Berlin, 25 mai. Fredrik Reinfeldt, Premier ministre conservateur suédois depuis 2006, reçoit des mains de la chancelière Angela Merkel la médaille d'or Ludwig-Erhard, du nom d'un ancien chef de gouvernement chrétien-démocrate. Une distinction qui récompense la performance et la compétitivité des entreprises. Certes, on est entre gens de bonne compagnie, c'est-à-dire de même sensibilité. Mais le fait est là : c'est bien l'exception suédoise que l'on consacre à cette occasion. Celle d'un pays dont la santé économique fascine, malgré une légère érosion due à la crise mondiale : une croissance insolente de l'ordre de 4,1 %, une dette publique tombée à 30 % du PNB et un excédent budgétaire dont la courbe, d'une pureté toute scandinave, épate le reste de l'Europe qui patauge dans la morosité.

(...)

Double crise
"Depuis 2005, nous avons une croissance moyenne de 42 % par an, explique Johan Ohman, le P-DG de Net Entertainment. Quand j'ai démarré ici, en 2003, nous étions 13. Aujourd'hui, nous sommes 300 et il a fallu récupérer le deuxième étage, car nous continuons à grandir." L'entreprise, créée en 1997, a été au bord de la faillite quand la bulle internet a éclaté. Une époque où la Suède semblait vivre dans un monde virtuel insensé tant elle était à la pointe de ce développement technologique.

Beaucoup d'entreprises ont disparu. "Mais beaucoup d'autres s'en sont sorties, souligne Johan Ohman. Nous avons appris l'endurance et l'importance d'être leader avec ses produits. Il n'y a pas de place pour le deuxième." C'est là où, selon lui, le contexte suédois a fait la différence. "Nous bénéficions d'une administration efficace, de structures qui favorisent l'entrepreneuriat, de la possibilité de tester du personnel à moindre coût et bien formé."

Cette génération d'entrepreneurs a appris de ses erreurs passées et on peut en dire autant de la Suède. Au début des années 90, le royaume a traversé une double crise, financière et bancaire, qui l'a mis à genoux. "C'était dur, mais ce que beaucoup de pays européens doivent faire maintenant, nous l'avons fait à cette époque", raconte Maud Olofsson, ministre de l'Économie et présidente du Parti du centre, l'une des quatre formations de l'actuelle coalition dite bourgeoise, mais qui, de 1994 à 2006, a gouverné avec les sociaux-démocrates.

"Nous avons avancé prudemment et réformé les domaines qui en avaient besoin, comme les assurances sociales. Quand le contexte était favorable, le gouvernement suédois remplissait son bas de laine. Et quand l'économie fléchissait, nous avions les ressources nécessaires pour investir dans les infrastructures ou auprès des communes." Et ce sentiment du travail bien fait, si délicieusement luthérien...

Premiers de la classe
Les Suédois peuvent en tirer une légitime fierté. Leur côté premier de la classe, qui va donner des leçons de gouvernance, agace, mais les faits sont têtus. Cette belle santé ne repose évidemment pas que sur la solidité de la Net-économie. Car il y a aussi du lourd, du palpable, des matières premières dont le pays regorge, qu'il s'agisse de minerais ou de forêts. Sans parler du savoir-faire.

LKAB, formidable machine à transformer le fer en or, en est sans doute la plus belle illustration. Là-haut, en Laponie, cette compagnie publique extrait un minerai de fer d'une qualité telle que le monde entier se l'arrache. Ce pactole a indirectement donné naissance à une industrie mécanique qui produit des machines performantes et présentes sur tous les marchés.

"Les Français n'apprécient pas encore le royaume à sa juste valeur", regrette Bruno Lanternier, directeur de la mission économique de l'ambassade de France à Stockholm. (...)

Aujourd'hui, avec 40 000 emplois et 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires, la France est son septième partenaire, aussi bien comme fournisseur que comme client, pour des implantations lourdes comme Pernod Ricard, Alstom, Renault, Danone ou L'Oréal.

Inutile, toutefois, de se voiler la face : la tonicité de la Suède s'explique aussi par sa position hors de la zone euro. D'autant que sa monnaie, la couronne, n'est pas indexée à l'euro et n'en subit donc pas les turbulences. Au début de la crise financière, en 2008, elle s'est considérablement affaiblie face à la monnaie européenne ; du pain bénit pour ce pays qui dépend tellement des exportations de ses nombreuses multinationales. Maintenant que la couronne s'est raffermie, les exportations se tassent et la croissance avec. "Certains y gagnent à un moment, y perdent plus tard. Certains exportent plus quand la couronne est faible, mais, quand elle est forte, ils importent moins cher.
(...)

Syndicats amoindris
De même, le gouvernement rogne discrètement le pouvoir des puissants syndicats. À l'étranger, le Premier ministre vante les vertus du modèle suédois. Mais, à domicile, il n'hésite pas à l'amputer, augmentant les cotisations de l'assurance-chômage et des affiliations syndicales. Trois salariés sur quatre sont encore syndiqués, mais, depuis quelques années, des centaines de milliers d'adhérents ont quitté les fédérations. Qu'importe cette contradiction, estime-t-on à Stockholm, pourvu que la gestion des affaires publiques reste rigoureuse. C'est sur ce constat de sérieux que l'équipe de Fredrik Reinfeldt a été reconduite à l'issue des élections législatives de l'automne 2010.

Bien sûr, les Suédois ne sont pas naïfs au point de croire que cette insolente prospérité est acquise. Car des nuages s'annoncent : une croissance qui devrait se tasser en 2012, des grandes entreprises qui engrangent des bénéfices, mais ne créent plus d'emploi, un chômage en baisse, mais qui reste à un niveau élevé pour le pays, de l'ordre de 8 %.

Les Suédois croient pourtant à leur bonne étoile... loin de l'euro. Depuis le non au référendum de 2003, le débat sur la monnaie unique est clos. "Aujourd'hui, je voterais non à l'euro, comme je l'ai fait à l'époque, affirme Maud Olofsson, la ministre de l'Économie. Je veux d'abord voir si les pays de la zone euro sont capables de mettre de l'ordre dans leurs finances publiques." Elle risque d'attendre un certain temps.

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Ilikeyourstyle
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Re: L'insolent bonheur des Suédois

Message non lu par Ilikeyourstyle » 04 oct. 2011, 01:24:52

Beaucoup à regarder chez les scandinaves certes. Ceci dit, il ne fait pas si bon vivre en Suède.

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mps
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Re: L'insolent bonheur des Suédois

Message non lu par mps » 04 oct. 2011, 08:43:14

Le succès de la Suède est dû essentiellement à sa culture protestante et au contrôle social rigoureux.
Une couronne investie doit l'être avec profit.

La fraude sociale, la fraude fiscale, sont quasi inexistantes.

L'Etat ne prend pas en charge les enfants avant qu'ils ne sachent lire et écrire.

Tout chômeur est pris sous tutelle dès le premier jour, et doit jusitifier hebdommadairement de tous ses efforts pour retrouver du travail.

Tout citoyen perd ses droits médicaux s'il ne se soumet pas à des examens réguliers, y compris dentaires, consignés dans un livret, genre "contrôle technique"

Il en résulte un pays économe, très cadré, mais où un café et un sandwich coûtent 25 euros !

Pour construire ce genre de pays, il faut une population qui l'accepte ou de demande.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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