Qu'en pensez vous ?Relancer la croissance
C'est le sujet le plus brûlant, à court terme : alors que l'Europe est sur le point de plonger en récession, que les États-Unis et la Chine donnent des signes de ralentissement, comment relancer l'économie mondiale ? La question se pose au G20 de Cannes, comme elle s'était posée lors du premier sommet, à Londres en avril 2008. Sauf que cette fois-ci, la crise de la dette souveraine empêche les pays de faire de la relance.
La présidence française espère toutefois du sommet un «geste politique fort et une démonstration de cohésion» pour rassurer les marchés et leur montrer que tout sera fait pour soutenir l'activité. Mais plutôt qu'un plan global, c'est une somme d'engagements nationaux qui est attendue : chacun fera selon ses capacités. Chaque pays membre présentera aux autres deux ou trois mesures qu'il envisage pour soutenir la confiance. Ce qui divisera le G20 en trois groupes. Les pays tels l'Angleterre, l'Italie, les États-Unis ou la France qui promettront davantage d'efforts pour restaurer leurs budgets
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Réformer le système monétaire international
De loin le sujet le plus important et qui s'annonce le plus conflictuel. Le G20 étudiera en premier lieu un cadre réglementaire pouvant permettre aux pays victimes de spéculation d'imposer des limites aux mouvements des capitaux. Mais le gros des discussions portera sur une flexibilisation accrue des moyens d'intervention du Fonds monétaire international avec, en ligne de mire, la question de l'accroissement de ses ressources disponibles. Sur ce point précis, il existe une forte réticence de la part de la plupart des pays membres pour augmenter les quotes-parts, c'est-à-dire les moyens alloués directement au FMI. Mais certains groupes de pays pourraient accepter de participer à un financement complémentaire du FMI en finançant un fonds spécial (Special Purpose Vehicle), qui pourrait intervenir rapidement en cas d'urgence et soulager les pays faisant face à des problèmes ponctuels de liquidité ou de refinancement sur le marché.
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Lutter contre la volatilité des denrées agricoles
Outre la régulation des matières premières agricoles qui sera abordée dans le cadre plus global des marchés financiers , les ministres de l'Agriculture feront un point sur chacun des quatre engagements qu'ils avaient pris en juin à Paris lors du G20 agricole. C'est sur la constitution d'une base mondiale de données, Amis (Agricultural Market Information System), hébergée à la FAO, que les travaux ont été le plus loin. Cet instrument de lutte contre la volatilité des prix agricoles, grâce à une meilleure transparence de l'état des marchés physiques, a pris forme à la rentrée.
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Quant au quatrième engagement, son principe doit être élargi à l'OMC. Les grands pays exportateurs ne doivent pas imposer de restrictions, même en cas de moratoire comme en août 2010 en Russie pour le blé, aux 80 pays du Programme alimentaire mondial. L'enjeu de ces mesures est de taille : assurer la sécurité alimentaire pour les 9 milliards d'hommes d'ici à 2050. E. L. C.
Réguler les marchés financiers
L'objectif principal est de lutter contre la volatilité des prix des matières premières, produits agricoles, énergie et métaux, ce qui passe par plus de régulation. «Régulation, cela ne veut pas dire contrôle, cela ne veut pas dire protectionnisme, cela ne veut même pas dire fixer des prix administrativement. Mais sans règle, il n'y a pas de marché », déclarait en juin dernier Nicolas Sarkozy. En ligne de mire, les marchés financiers, qui brassent des volumes dix fois supérieurs aux marchés physiques, ainsi que l'opacité de ces marchés, en particulier des produits dérivés.
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Par ailleurs, la question de la régulation des banques sera aussi abordée. Le G20 veut insister sur la surveillance des établissements financiers les plus fragiles, présentant un risque systémique, afin que chaque pays les surveille de manière plus attentive. Il se penchera aussi sur une limitation du shadow banking pour éviter que les risques ne se portent du secteur bancaire vers les secteurs moins régulés.
Financer l'aide au développement
Cette nouvelle priorité de lutte contre la pauvreté repose sur quatre défis : renforcer les infrastructures - selon la Banque mondiale, les investissements en Afrique couvrent moins de la moitié des besoins annuels, estimés à 93 milliards de dollars -, assurer la sécurité alimentaire avec l'impératif d'augmenter la production agricole de 70 % d'ici à 2050 pour nourrir 9 milliards d'individus, étendre la protection sociale, sachant que seuls 20 % de la population mondiale bénéficient d'une couverture globale, et mobiliser de nouvelles ressources.
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De son côté, la France, soutenue par l'Allemagne, pousse le projet de taxe sur les transactions financières, avec une assiette très large et un taux très faible. Si l'idée d'une taxe globale a peu de chances d'aboutir à Cannes face à l'opposition de la Grande-Bretagne et de la Suède en Europe, ainsi que des États-Unis et de la Chine, Paris vise un groupe de pionniers, emmené par quelques pays européens et le Brésil, pour initier le mouvement. Sachant que plusieurs États appliquent déjà des taxes similaires.
Réformer la gouvernance mondiale
Vaste chantier et grandes ambitions. Comment utiliser au mieux les grandes institutions internationales pour réguler le monde du XXI e siècle et une économie en mutation permanente ? Créé en 1999 à la suite de la crise financière asiatique, le G20, qui regroupe 85 % du PIB mondial, est passé d'une simple réunion de ministre des Finances à des sommets entre chefs d'État en 2008.
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Il s'agit également de faciliter la coopération entre les différentes organisations internationales : FMI, Banque mondiale, FAO - institution clé sur la question de sécurité alimentaire. «Il y a urgence à agir dans le domaine de l'environnement, estime la présidence française, où il existe un défaut évident de gouvernance compte tenu de la dispersion des moyens et des normes.» Pour consolider le G20, faciliter son fonctionnement et l'organisation des sommets, assurée uniquement par le pays qui le préside, l'une des pistes pourrait être de créer un secrétariat permanent
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