http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012 ... spagne.phpEurope : l'Irlande veut être traitée comme l'Espagne
L'Europe a proposé une aide bancaire à l'Espagne, sans imposer au gouvernement de nouvelles mesures de rigueur. En Irlande, c'est l'État qui avait reçu 85 milliards d'euros, en échange d'une austérité draconienne.
Le traitement de l'Espagne par l'Europe suscite déjà un sentiment d'injustice. L'Irlande, dès hier soir lors de la téléconférence de l'Eurogroupe, a soulevé sa volonté de renégocier son propre plan d'aide obtenu en novembre 2010 et «d'obtenir rétroactivement un accord similaire à celui de l'Espagne», selon une source gouvernementale européenne citée par l'Agence France-Presse.
Comme en Espagne, l'explosion de la bulle immobilière a anéanti le système bancaire irlandais. L'Irlande avait d'abord demandé une aide pour sauver ses banques, sans passer par l'État. Mais alors que le chaos du système bancaire plombait les finances publiques irlandaises, saines jusqu'alors, les 85 milliards d'euros ont finalement été alloués par le FMI et l'Union européenne à l'État irlandais, à un taux de 5,8%, en contrepartie de mesures d'austérité impopulaires: hausse de la TVA à 23%, 25.000 fonctionnaires en moins, départ en retraite retardé...
Pas d'impact sur la société
Ce qui a été proposé par l'Europe à l'Espagne est en effet inédit. Le système bancaire espagnol devrait recevoir un gros chèque (jusqu'à 100 milliards d'euros sont évoqués) de la part du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et du Mécanisme européen de stabilité (MES). Ce prêt sera négocié directement avec les banques espagnoles en difficulté: taux, durée, conditions, etc. Autrement dit, l'État espagnol n'est pas concerné par cette aide, contrairement aux formules proposées précédemment pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal, destinées à assainir les comptes publics respectifs. Leurs prêts ont été accordés sous condition de rigueur budgétaire avec des objectifs de réduction des déficits publics précis, et sûrement trop ambitieux, au regard de la contestation sociale dans ces pays.
«Les conditions seront imposées aux banques, et non à la société espagnole», a assuré le ministre espagnol de l'Économie Luis de Guindos, samedi soir. Le premier ministre, Mariano Rajoy, qui va tenir une conférence de presse ce dimanche midi, va pouvoir adresser un message populaire: les Espagnols, qui sont déjà sous le coup d'une austérité drastique et d'une économie balayée par la crise immobilière, ne seront pas impactés par le sauvetage bancaire. En effet, les fonds du FESF et du MES ne sont pas alimentés par les États membres: ils lèvent des fonds sur les marchés financiers. Les États de l'eurozone garantissent ces deux programmes de financement d'urgence, mais ils sont tous deux notés AAA.
Et oui,et la Grèce aussi.
