Qu'en pensez vous ?Soulagement pour les étudiants de la rentrée prochaine aux Etats-Unis : le Congrès s'est finalement prononcé contre le doublement des taux d'intérêt appliqués aux prêts destinés à financer les études, renouvelant un statu quo qui coûte annuellement 5,8 milliards de dollars au pays. Le taux d'intérêt de ces prêts, subventionnés par l'Etat et accordés à des millions de jeunes, ne passera donc pas de l'actuel 3,4 % à 6,8 %, comme ce devait être le cas à partir du 1er juillet.
Cette question, qui peut paraître technique et mineure en France, est cruciale aux Etats-Unis, où les étudiants quittent l'université avec, en moyenne, 25 000 dollars de dettes.
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DEUXIÈME POSTE D'ENDETTEMENT DES MÉNAGES
Problème : fraîchement émoulus de leurs universités, les Américains ne parviennent pas à rembourser ces prêts. Au 31 mars, le total des sommes empruntées et encore en souffrance s'élevait à 904 milliards de dollars. Les prêts étudiants sont ainsi devenus le deuxième poste d'endettement des ménages américains en 2010, derrière les emprunts immobiliers, mais devant les emprunts contractés par carte de crédit.
L'endettement atteint un tel point que certains n'hésitent plus à encourager les jeunes à... ne pas faire d'études. "Il faut arrêter de faire des études par automatisme, s'interroger sur leur but. Les études sont devenues une façon d'éviter de se demander ce qu'on veut faire", estime ainsi l'un de ces nouveaux apôtres de l'école de la vie, Peter Thiel, créateur du site de paiement en ligne PayPal. Il n'hésite pas à parler de "bulle" et à comparer cet investissement au secteur immobilier, anéanti par la déflagration des "subprimes" en 2007.
Car avec la crise qui continue de gronder, nombre de jeunes diplômés peinent à trouver un travail à la hauteur de leurs espérances, quand ils n'ont pas tout simplement du mal à trouver un emploi. Le cercle vicieux s'enclenche quand certains décident de prolonger ou de reprendre leurs études en raison de cette même difficulté d'accès à l'emploi.
Selon une étude du cabinet d'offre de crédit Equifax, les arriérés de plus de trois mois ont augmenté de plus de 14 % en 2011 par rapport à l'année précédente. Sur son blog, Equifax va jusqu'à conseiller aux anciens étudiants en état de surendettement de réunir la totalité de leurs dettes, scolaires y compris, via un rachat de crédits et d'attendre une procédure de mise en faillite. "Ce n'est pas l'option la plus morale, mais elle est légale", commente l'auteur du blog. Autre possibilité proposée par le spécialiste, aller travailler dans les Etats où leurs talents seront requis pour diminuer ou effacer leur dette.
"EXAGÉRÉ DE PARLER DE BULLE"
Mais pour Amine Ouazad, maître de conférence à l'Insead, il est "exagéré de parler de bulle : une bulle se caractèrise par des prix qui ne reflètent pas les fondamentaux". Or, pour lui, l'évolution des prêts (avec leur lot d'impayés) va de pair avec l'évolution des frais des universités, lesquels évoluent de concert avec les salaires.
Le calcul est le suivant : entre 1980 et 2010, les universités d'Etat, ou régionales, qui coûtaient aux alentours de 6 000 dollars l'année (sans les frais de logement) sont passées à 14 000 dollars, tandis que les universités privées sont passées de 13 000 à 32 000 dollars. Sur ces même trente ans, le "rendement" des études (la différence entre une paie avec ou sans diplôme) a lui aussi plus que doublé en passant de 15 à 40 %.
Si l'on reprend les chiffres de Suzan Dynarski, chercheuse à l'université du Michigan et qui fait autorité dans le monde de l'économie de l'éducation, le "rendement" d"une vie diplômée aux Etats-Unis est environ de 650 000 dollars. Or, en prenant l'université la plus onéreuse, Harvard (30 000 dollars par an), il y a encore un différentiel de 530 000 dollars pour un parcours de quatre ans. De quoi inciter quelques étudiants à user leurs culottes sur les bancs de la fac.
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