Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

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merlin
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par merlin » 09 oct. 2012, 20:49:13

mps a écrit :
merlin a écrit :Il me semble au contraire qu'il y a beaucoup moins de pauvres ....
Tout est relatif. Le pays le plus riche du monde voit son PIB dégringoler depuis 2009, quand celui des pays voisin grimpe partout.

Comment y a-t-il moins de pauvres ? Pas parce que les pauvres sont plus aisés, mais parce que le revenu médian diminue.

Dans un village africain où le revenu d'une famille est d'un euro par jour, celui qui a 1,50 euros est un gros rupin ... mais ça ne remplit toujours pas la casserole ...
arrête donc de nous bassiner avec tes petits africains richissimes avec 1,5$ par jour et lis donc la prose de tes camarades de jeux :

etude belge

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El Fredo
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par El Fredo » 09 oct. 2012, 21:33:09

Je sais pas vous, mais moi ça fait longtemps que je ne perds plus mon précieux temps à fact-checker les propos de mps.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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mps
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par mps » 09 oct. 2012, 22:37:06

merlin a écrit :
mps a écrit :
merlin a écrit :Il me semble au contraire qu'il y a beaucoup moins de pauvres ....
Tout est relatif. Le pays le plus riche du monde voit son PIB dégringoler depuis 2009, quand celui des pays voisin grimpe partout.

Comment y a-t-il moins de pauvres ? Pas parce que les pauvres sont plus aisés, mais parce que le revenu médian diminue.

Dans un village africain où le revenu d'une famille est d'un euro par jour, celui qui a 1,50 euros est un gros rupin ... mais ça ne remplit toujours pas la casserole ...
arrête donc de nous bassiner avec tes petits africains richissimes avec 1,5$ par jour et lis donc la prose de tes camarades de jeux :

etude belge
icon_biggrin icon_biggrin icon_biggrin Tu as bien choisi ta source ! Pour le PTB, Cuba, Chaves et la Corée du Nord sont les paradis sur terre, d'autant plus quils écrivent bien au chaud dans un sale pays capitaliste !

Note qu'en les associant aux communistes et autres EG, cela donne le score historique de ..; 1,5 %


les différents mouvements et partis de l'extrême gauche qui s'étaient lancés dans la bataille électorale ont cependant pu atteindre un niveau certes modeste mais néanmoins historique. En doublant largement le score de 2003 et avec près d'1,5 % des voix au niveau du pays, ils ont effectué le score le plus élevé depuis les élections législatives de 1987
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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merlin
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par merlin » 09 oct. 2012, 23:06:26

En attendant, il y a des chiffres .... (j'ai pris le premier truc qui me tombe sous la main, enfin sous gogol, et je te le répète, je me fous de la belgique, donc je ne connais pas les partis, les trucs et les machins)

Mais va y , je t'en prie donne moi des chiffres sourcés et pas les divagations de ta concierge.

poésietoute
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par poésietoute » 13 oct. 2012, 08:54:42

Une victoire
Thierry Deronne | venezuelainfos.wordpress.com | lundi 8 octobre 2012


Le choix fait par les vénézuéliens, le 7 octobre 2012, du programme socialiste, écologique et participatif de Hugo Chávez avec 55 % des voix, face au programme néo-libéral du candidat Henrique Capriles qui a obtenu 44 % des voix, est d’autant plus significatif qu’il a suscité une forte participation citoyenne (80 %).

Depuis quelques années des candidats progressistes rassemblent systématiquement le même niveau de suffrages (Rafael Correa en Equateur, Evo Morales en Bolivie, Daniel Ortega au Nicaragua, Dilma Roussef au Brésil..). C’est la première évidence que les médias en guerre depuis 13 ans contre le Venezuela devraient tenter de comprendre. Ce qui se passe en Amérique Latine, c’est tout simplement que des majorités sociales deviennent, grâce à la démocratie retrouvée, des majorités politiques. Au Venezuela, l’éminence grise de Simon Bolivar, le philosophe Simón Rodriguez avait déjà pour idée maîtresse l’intégration des exclus de la société coloniale : les noirs, les indigènes, les « pardos », « morenos ».. qui composaient 60 % de la population.

Cette victoire appelle à mon sens deux autres réflexions.

1. Il est temps de comprendre l’Histoire du peuple du Venezuela, qui a trop vécu, trop lutté, trop retenu ses larmes, trop appris, trop compris. Dans cette société fondée dans la violence du maître et de l’esclave, dans la castration continue du sujet, la rage de l’humiliation s’est souvent accumulée au point de faire sauter toutes les barrières. L’échec de la deuxième république (1814) était due en grande partie au caudillisme de Boves qui transforma la rage collective en instinct de destruction. Il a fallu que Simón Bolivar (1783-1830) élimine ce danger, reprenne cette rage à zéro, et fasse de son armée d’esclaves le ferment d’une république et l’outil de l’émancipation du reste de l’Amérique Latine.

A la fin du vingtième siècle, le Venezuela pétrolier aurait pu retomber facilement « dans les griffes de Boves ». La colère de l’immense pauvreté, l’arrogance de l’élite, tout y conduisait. Ce qui a évité au Venezuela de devenir une deuxième Colombie ou un deuxième Mexique, c’est l’élection de Hugo Chávez, militaire qui avait refusé la répression comme réponse aux problèmes sociaux, et construit un programme « bolivarien » transformant la violence en force de construction : assemblée constituante (1999) puis démocratie participative (2002-2012).

C’est tout le paradoxe de cette histoire incomprise : il a fallu au peuple élire en 1998 un leader bolivarien venu des forces armées pour reprendre l’Histoire, exorciser la rage, la peur, pour être soi, mais surtout « être plus » comme dit Paulo Freire, c’est-à-dire dialoguer avec le reste du monde, se reconnaître peu à peu dans les autres.

Quand Chávez parle longuement à la population, en pédagogue des droits humains, de l’économie socialiste, des droits inscrits dans la nouvelle Constitution, de l’Histoire censurée du Venezuela, c’est tout le contraire d’un embrigadement. Il travaille pour que le processus ne dépende plus d’un seul homme, et il le fait inlassablement. En 2012, la sédimentation de la démocratie participative, avec ses 40.000 conseils communaux, a déjà rompu avec le paternalisme endémique et la paix sociale achetée par les régimes antérieurs.

Pour arriver à cela, Chávez ne fait que reprendre la manière du chanteur Ali Primera qui enseigna aux Vénézuéliens qu’il existait un passé et un dehors. Le chantre des casas de cartón, du haut de sa voix rauque et de ses notes blessées, racontait qu’il y a autant de morts en Haïti que le colibri bat d’ailes en un siècle. Primera refusa de vendre son chant ou d’apparaître dans une télévision qui au Venezuela n’admettait que les blancs, préférant l’abrazo de foules grandissantes, jusqu’à sa mort. En parlant avec humour à ceux à qui jamais on ne parlait, Ali Primera ou Hugo Chávez réveillent un peuple et lui communiquent le sentiment d’exister.

Exister. Dignité. Ces mots expriment le corps brun, noir, pauvre sorti de l’ombre et qui vous cherche, vous saisit par le bras, jusque sous la pluie, et ce visage trop présent soudain qui vous parle, vous parle de ce qu’il refuse à présent de perdre, dans le rire souverain, là où se dressent chaque matin les échoppes des vendeurs de rue, là où la jeune femme brune lève un bras musclé et pose sa question en reposant son enfant par terre. Mains noires plongées dans la terre noire, qui ne demandent qu’à nourrir les corps décharnés de Haiti, la république soeur : la pensée resurgit dans la lutte, dans le temps, lentement, devenant université, musique, pensée, sentiments, Petrocaribe, Alba…

On rappelle parfois que les idées de Rousseau débarquèrent ici dans les caisses de machines à imprimer traînées sur le sable par les généraux de Bolivar, on oublie qu’elles ont dû coexister très tôt avec l’imaginaire, bien enraciné dans la moëlle, du « cumbe », cette commune libre ou les esclaves en fuite réinventaient le monde. L’imprimerie allait bientôt tomber aux mains d’une élite post-bolivarienne comme outil de distinction contre la « plèbe analphabète » ? Mais la révolution bolivarienne rend deux siècles plus tard au peuple ces livres à des prix symboliques. Le Venezuela est devenu en 2012 le troisième pays d’Amérique Latine en nombre de lecteurs.

2. Cette victoire est aussi la défaite des grands médias qui aujourd’hui « pensent » la gauche occidentale. Tête basse, celle-ci n’ose plus parler une autre langue. Elle comprendra peut-être un jour que son refus de démocratiser et de pluraliser en profondeur le champ médiatique, la condamne non seulement à ne plus comprendre le monde, mais à ne plus y être entendue et, à terme, à disparaître elle-même. Car réduire le monde à un journal télévisé, c’est finalement cesser d’exister soi-même.

Le cliché : « Ah ! quel dommage que Chávez soit trop primaire pour comprendre que les ennemis de ses ennemis ne sont pas forcément des amis » exprime la difficulté, voire le refus de s’informer et d’admettre que l’Autre est capable de penser subtilement, d’avoir une stratégie à long terme et une Histoire assez dense pour qu’on ne le définisse pas en creux.

Comment ignorer encore, en 2012, le mouvement profond d’une diplomatie qui procède en droite ligne de Simón Bolivar et de son projet de réunir “les trois quarts de l’Humanité” lors du Congrès de Panama (1826) pour bâtir « l’équilibre du Monde » ? Rêve multipolaire saboté par les grandes puissances de l’époque mais souvent repris depuis par les nations du Sud (Bandoeng 1955) ? Au-delà des contingences de qui gouverne chacun des États (combien de despotes ici ou là à l’époque de Bolivar, à l’époque de Bandoeng, aujourd’hui ?), cette multipolarité – un des cinq objectifs pour lesquels Hugo Chávez vient d’ètre réélu – consiste à préparer, par des accords d’État à État, le jour où comme en Amérique Latine, et peut-être sous son influence, l’intelligence collective des peuples permettra de démocratiser les institutions politiques et de construire des relations internationales sur les principes de souveraineté, d’égalité, de respect et de coopération. C’est dans ce sens que Caracas resserre ses liens avec l’Afrique et l’Asie, et accueillera le sommet des non-alignés en 2015.

http://venezuelainfos.wordpress.com/201 ... -victoire/

poésietoute
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par poésietoute » 13 oct. 2012, 08:56:56

Hugo Chávez, un homme diffamé
Jean-Luc Mélenchon & Ignacio Ramonet | lemonde.fr | jeudi 4 octobre 2012



Hugo Chávez est sans doute le chef d’Etat le plus diffamé du monde. À l’approche de l’élection présidentielle au Venezuela, le 7 octobre, ces diffamations redoublent d’ignominie. Tant à Caracas qu’en France. Elles témoignent du désespoir des adversaires de la révolution bolivarienne devant la perspective (que les sondages semblent confirmer) d’une nouvelle victoire électorale de Chávez. Un dirigeant politique doit être jugé sur ses actes, et non sur les rumeurs colportées contre lui. Les candidats font des promesses pour se faire élire ; rares sont ceux qui, une fois élus, les tiennent. Dès le début, la promesse électorale de Chávez a été claire : travailler au profit de ceux, majoritaires dans son pays, qui vivaient dans la pauvreté. Et il a tenu parole.


C’est le moment de rappeler ce qui est vraiment en jeu dans cette élection au moment où le peuple vénézuélien va voter. Le Venezuela est un pays très riche en raison des fabuleux trésors de son sous-sol, en particulier les hydrocarbures. Mais presque toutes ces richesses étaient accaparées par les élites dirigeantes et des entreprises multinationales. Jusqu’en 1999, le peuple n’en recevait que des miettes. Les gouvernements successifs, démocrates-chrétiens ou sociaux-démocrates, corrompus et soumis aux marchés, privatisaient à tout va. Plus de la moitié des Vénézuéliens vivait sous le seuil de pauvreté (70,8% en 1996). Chávez a placé la volonté politique au poste de commande. Il a mis les marchés au pas et stoppé l’offensive néolibérale puis, grâce à l’implication populaire, il a permis à l’Etat de se réapproprier les secteurs stratégiques de l’économie. Il a recouvré la souveraineté nationale. Et a ensuite procédé à une redistribution de la richesse au profit des services publics et des laissés pour compte.

UN ÎLOT DE RESISTANCE DE GAUCHE AU NEOLIBERALISME


Politiques sociales, investissements publics, nationalisations, réforme agraire, plein emploi, salaire minimum, impératifs écologiques, accès au logement, droit à la santé, à l’éducation, à la retraite... Chávez s’est également attaché à la construction d’un Etat moderne. Il a mis sur pied une ambitieuse politique d’aménagement du territoire : routes, chemins de fer, ports, barrages, gazoducs, oléoducs. En matière de politique étrangère, il a misé sur l’intégration latino-américaine et privilégié les axes Sud-Sud, tout en imposant aux Etats-Unis des relations fondées sur le respect mutuel... L’élan du Venezuela a entrainé une véritable vague de révolutions progressistes en Amérique latine, faisant désormais de ce continent un exemplaire îlot de résistance de gauche contre les ravages du néolibéralisme. Un tel ouragan de changements a complètement chamboulé les structures traditionnelles de pouvoir au Venezuela et entrainé la refondation d’une société jusqu’alors hiérarchique, verticale, élitaire. Cela ne pouvait lui valoir que la haine des classes dominantes, convaincues d’être les propriétaires légitimes du pays. Avec leurs amis protecteurs de Washington, ce sont elles qui financent les grandes campagnes de diffamation contre Chávez. Elles sont allé jusqu’à organiser - en alliance avec les grands médias qu’elles possèdent - un coup d’Etat le 11 avril 2002. Ces campagnes se poursuivent aujourd’hui et certains secteurs politiques et médiatiques européens les reprennent en chœur. La répétition étant - hélas - considérée comme une démonstration, des esprits simples en viennent à croire que Hugo Chávez incarnerait "un régime dictatorial où il n’y a pas de liberté d’expression".

Mais les faits sont têtus. A-t-on déjà vu un " régime dictatorial " élargir le périmètre de la démocratie au lieu de le restreindre ? Et donner le droit de vote à des millions de personnes dépourvues jusque là de carte d’électeur ? Les élections au Venezuela n’avaient lieu que tous les quatre ans, Chávez en organise plus d’une par an (14 en 13 ans). Dans des conditions de légalité démocratique reconnues par l’ONU, l’Union européenne, l’Organisation des Etats américains, le Centre Carter, etc. Chávez démontre qu’on peut construire le socialisme dans la liberté et la démocratie. Il en fait même une condition du processus de transformation sociale. Il a prouvé son respect du verdict populaire en renonçant à une réforme constitutionnelle refusée par les électeurs lors d’un référendum en 2007. Ce n’est pas un hasard si la Foundation for Democratic Advancement (FDA), du Canada, dans une étude publiée en 2011, situe désormais le Venezuela en tête du classement des pays qui respectent la justice électorale . Le gouvernement d’Hugo Chávez consacre 43,2% du budget aux politiques sociales. Résultat : le taux de mortalité infantile a été divisé par deux. L’analphabétisme éradiqué. Le nombre de professeurs des écoles multiplié par cinq (de 65 000 à 350 000). Le pays détient le coefficient de Gini (qui mesure les inégalités) le plus performant d’Amérique latine. Dans son rapport de janvier 2012, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC, un organisme de l’ONU) établit que le Venezuela est le pays sud-américain - avec l’Equateur -, qui, entre 1996 et 2010, a le plus réduit le taux de pauvreté. Enfin l’institut américain de sondages Gallup classe le pays d’Hugo Chávez, 6e nation "la plus heureuse du monde".

Le plus scandaleux, dans l’actuelle campagne de diffamation, c’est de prétendre que la liberté d’expression serait bridée au Venezuela. La vérité c’est que le secteur privé, hostile à Chávez, y contrôle largement les médias. Chacun peut le vérifier. Sur 111 chaînes de télévision, 61 sont privées, 37 communautaires et 13 publiques. Avec cette particularité que la part d’audience des chaînes publiques n’est que de 5,4%, celle des privées dépassant les 61% ... Même chose pour la radio. Et 80% de la presse écrite sont contrôlés par l’opposition ; les deux quotidiens les plus influents - El Universal, El Nacional - étant hostiles au gouvernement. Tout est, certes, loin d’être parfait dans le Venezuela bolivarien. Où existe-t-il un régime parfait ? Mais rien ne justifie ces campagnes de mensonges et de haine. Le nouveau Venezuela est la pointe avancée de la vague démocratique qui a balayé les régimes oligarchique de neuf pays dès le lendemain de la chute du mur de Berlin quand d’aucuns annonçait "la fin de l’histoire" et "le choc des civilisations" comme seuls horizons pour l’humanité. Le Venezuela bolivarien est une source d’inspiration où nous puisons sans aveuglement ni naïveté. Mais avec la fierté d’être du bon côté de la barricade et de réserver nos coups à l’empire malfaisant des Etats Unis et de ses vitrines si chèrement protégées au Proche-Orient et partout où règnent l’argent et les privilèges. Pourquoi ses adversaires en veulent-ils tant à Chávez ? Sans doute parce que, tel Bolivar, il a su arracher son peuple à la résignation. Et lui donner l’appétit de l’impossible.

Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, député européen ; Ignacio Ramonet, président de l’association Mémoire des luttes, président d’honneur d’Attac.

Jean-Luc Mélenchon, député européen ; Ignacio Ramonet, essayiste et journaliste

http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html

poésietoute
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par poésietoute » 13 oct. 2012, 08:59:08

Un antimodèle à gauche
Marc Saint-Upéry | lemonde.fr | jeudi 4 octobre 2012


LE MONDE | 04.10.2012 à 16h19 • Mis à jour le 04.10.2012 à 16h19

Par Marc Saint-Upéry, essayiste et traducteur


Présenter aujourd’hui l’expérience chaviste comme une inspiration pour la gauche européenne est tout simplement une escroquerie intellectuelle. Si l’on prétend débattre du Venezuela, mieux vaut ne pas substituer à une analyse sérieuse des demi-vérités propagandistes glanées lors de visites guidées dans les villages Potemkine du cirque bolivarien.

Observateur et militant sur le terrain des processus politiques et sociaux sud-américains depuis quinze ans, je suis aussi électeur du Front de gauche. C’est à ce double titre que je souhaite apporter mon point de vue.

Bénéficiaire de la plus abondante manne pétrolière de son histoire, le Venezuela a engagé à partir de fin de l’année 2003 une politique de réduction de la pauvreté méritoire mais très problématique dans ses méthodes comme dans sa substance.

Elle se heurte depuis cinq ans à des limites intrinsèques tandis que persistent ou s’aggravent des problèmes aigus d’insécurité, d’inflation, de logement et de sous-emploi. Quant à la marche vers le "socialisme", signalons simplement que la part du secteur privé dans la formation du PIB vénézuélien a en fait augmenté sous les mandats d’Hugo Chávez.

Parallèlement à la décadence avérée des "missions" bolivariennes - brièvement revitalisées à coups de pétrodollars avant chaque élection -, ce qui fait défaut, c’est une véritable politique sociale articulée à une réforme cohérente de l’appareil d’Etat. Le social, au Venezuela, ce sont des opérations de commando extra-institutionnelles, sans horizon soutenable défini, parfois militarisées, ou bien directement gérées par un Etat étranger en échange de cadeaux pétroliers.

Nul besoin de prêter l’oreille à la propagande de la droite locale pour comprendre comment cette politique velléitaire s’inscrit dans la logique perverse du pétro-Etat vénézuélien. Dans un document datant de 2011, le Parti communiste vénézuélien, allié discrètement réticent d’Hugo Chávez, signale que non seulement "le modèle de capitalisme dépendant rentier et improductif dominant dans notre pays se perpétue, mais qu’il se renforce".

On ne constate "aucun progrès en matière de diversification de l’économie" mais au contraire un grave approfondissement de sa dépendance - technologique et alimentaire en particulier - et le triomphe d’une bourgeoisie importatrice parasitaire.

Les communistes vénézuéliens soulignent en outre que les initiatives économiques de type coopérative ou "entreprise de production sociale" promues marginalement par le régime ont "très

peu de succès"

- un euphémisme poli vu les désastres observables sur le terrain.

Dénonçant les dégâts de l’hyperprésidentialisme et l’absence totale "d’instances de direction collective ", ils décrivent l’Etat bolivarien comme "hautement inefficace", constatent une "intensification de la corruption" et déplorent, à côté d’avancées sociales partielles et fragiles, une véritable "régression

en matière de planification, de coordination et de prestation d’une série de services publics fondamentaux"

. Conclusion : "On ne peut plus occulter le fossé entre le discours "socialiste" de certains acteurs gouvernementaux et la pratique concrète du gouvernement, et la tension qui en résulte atteint un point critique."

C’est le même diagnostic qu’émettent les nombreuses organisations politiques et sociales de gauche et les dizaines de milliers de militants progressistes honnêtes qui, ces dernières années, ont pris leurs distances à l’égard du processus bolivarien. Aussitôt traités de "traîtres" et d’"agents de l’Empire" par les sbires du régime, ils ont pourtant cent fois raison de dénoncer ses contradictions criantes et la culture politique ultra-autoritaire constamment réaffirmée par la voix de son maître : "J’exige la loyauté absolue envers mon leadership. Je ne suis pas un individu, je suis un peuple... Unité, discussion libre et ouverte, mais loyauté... Tout le reste est trahison." (Hugo Chávez, janvier 2010.)

Résumons. Sur le plan social, aux efforts redistributifs des années 2004-2006 - passablement erratiques mais ayant eu le mérite de mettre la question sociale au centre du débat politique - a succédé une phase de stagnation liée aux gravissimes dysfonctions d’un Etat rentier colonisé par la boliburguesía (la "bourgeoisie bolivarienne").

Sur le plan économique, on constate l’approfondissement vertigineux d’un modèle parasitaire, dépendant et corrompu que Chávez n’a pas inventé, mais dont il a porté à l’extrême tous les traits les plus néfastes. Sur le plan international, il y a longtemps que tout le monde sait en Amérique latine que, du fait de ses incohérences et de son histrionisme stérile, Chávez a perdu la bataille du leadership régional.

Le discours "anti-impérialiste" du régime, dont les relations pétrocommerciales avec les Etats-Unis sont excellentes, se résume à un soutien indéfectible et tonitruant à Mouammar Kadhafi, Bachar Al-Assad, Mahmoud Ahmadinejad ou Alexandre Loukachenko. Qui plus est, Chávez est pathétiquement dépendant des multinationales brésiliennes et mange dans la main de son "meilleur ami", le président colombien Juan Manuel Santos, allié crucial de Washington.

Au niveau des pratiques institutionnelles, le gouvernement de Chávez n’est certes pas une dictature, mais, pour prendre une comparaison européenne, sur un gradient d’autoritarisme manipulateur qui irait de Silvio Berlusconi à Vladimir Poutine, il est très proche dans ses méthodes et son esprit d’un régime comme celui de Viktor Orban en Hongrie.

Justice aux ordres, criminalisation des mouvements sociaux et du syndicalisme de lutte (les "affaires Tarnac" de Chávez se comptent par dizaines), incarcérations arbitraires, interdictions professionnelles, confusion systématique du parti et de l’Etat, mépris des mécanismes et des garanties définis par la Constitution bolivarienne, tolérance complice de la corruption dans les rangs du pouvoir et protection éhontée des nouveaux riches au service du régime, la liste des abus et des violations est copieuse.

Enfin, en termes d’éthique militante, Chávez et son parti croupion incarnent un modèle hyper-caudilliste caractérisé par ses tendances mafieuses et son charlatanisme idéologique.

Malgré une érosion électorale constante depuis 2007, Chávez conserve suffisamment de capital charismatique pour gagner les élections, et les Vénézuéliens ont le droit de choisir leurs dirigeants sans ingérences extérieures ni campagnes de diabolisation. Mais sur le fond, le "modèle" bolivarien est exactement le contraire de ce à quoi devrait aspirer une gauche digne de ce nom.

© Marc Saint-Upéry

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Vincendix
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Re: Aujourd'hui, élection présidentielle au Vénézuela.

Message non lu par Vincendix » 13 oct. 2012, 09:11:55

Les dictateurs de gauche sont aussi nuisibles que ceux de droite, c'est évident, les exemples ne manquent pas.
Comme un collier de joyaux rares dont le fil rompu laisse lentement tomber des gouttes de lumière, la vie égrène nos jours.Georges Clemenceau

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