Selon un sondage JDD, 39% des Wallons souhaitent être rattachés à l’Hexagone en cas de scission de leur pays. Reportage à Tournai, près de la frontière.
À deux pas de la gare et du Café de Paris, à quelques encablures de la place Clovis, des Vendéens décédés reposent en paix sous un petit tertre verdoyant. Gloire est rendue à ces "géants du combat" morts le 24 août 1914. Comme toute bonne bourgade française, Tournai ne sacrifie pas à quelques incontournables. Sauf qu’ici, dans cette ville de pavés et de briques, nous sommes en Belgique. Pays du surréalisme, sans gouvernement depuis plus de quatre cents jours.
"Au quotidien, on ne voit pas la différence, explique Étienne Boussemart, historien local. Si on me demande si je veux rester belge, je dis oui. Si on me demande si je veux aller avec la France, ça ne me dérange pas". Devenir français? Rien de choquant pour cet octogénaire qui gravit encore à vive allure les 257 marches d’un beffroi légué par Philippe Auguste. "Au Moyen Âge, Tournai était la quatrième ville française. Ici, on se sent plus proche d’un Français que d’un Flamand".
La tentation du houblon n’est pas la seule raison
À Tournai, dès qu’un rayon de soleil apparaît, la Grand-Place se gorge de Français. Ils sont 5.000 à vivre dans cette commune de 60.000 habitants. Beaucoup d’autres traversent la frontière : Lille n’est qu’à une demi-heure, et la tentation du houblon n’est pas la seule raison de traverser la frontière. Les écoles locales restent très prisées, à tel point que certaines ont instauré des quotas pour limiter le nombre d’Hexagonaux. Tournai, la plus française des villes belges, où le zèle local va jusqu’à célébrer, chaque 21 janvier, la mort de Louis XVI, dans la grande cathédrale aux cinq clochers.
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"Si les Belges ne s’entendent pas, lui et sa famille seront au chômage", raille Patrick de Craeye, fonctionnaire et par ailleurs guide de la ville. "Aucun de mes collègues ne peut me citer de chanteur flamand". Lui regarde TF1 ou "Antenne 2" pour les "variétés" quand sa femme écoute Florent Pagny. "Lorsqu’un couple ne s’entend plus, comme les
Wallons et les Flamands, il faut se séparer. Quitte à se remarier avec quelqu’un d’autre", explique ce solide gaillard, Wallon aux cheveux blonds mais aux origines flamandes. Alors un rattachement à la France, "franchement, oui!", dit-il.
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En ville, à côté d’une affiche pour un chanteur local, une autre annonce les concerts de Zazie ou de Noah. Il y a dix jours, c’est Patrick Juvet qui donnait de la voix pour les festivités du 21 juillet. "Tournai est une ville qui bouge", s’emballe Christian Massy, le bourgmestre. Dans son bureau, drapeaux français et belge se côtoient. S’il trouve que Tournai a "l’allure d’une ville française" et il rêve d’accueillir le Tour de France en 2012, il assure que "la Belgique doit rester la Belgique".
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