L’ours polaire, espèce menacée. L’affirmation semble une évidence. Le réchauffement climatique provoque la fonte des glaces, qui prive l’espèce d’une bonne partie de son habitat. Dans la revue PLoS One du 27 octobre, une équipe de l’université d’Alberta va nettement plus loin. Dates et chiffres à l’appui, elle annonce que si rien n’est fait d’ici à la fin du siècle, l’ensemble de la population de cet animal culte pourrait franchir un « point de non-retour » qui conduira à son extinction.
Sur la banquise, le colosse à fourrure blanche n’épargne personne. Du poisson au caribou, du morse au narval, rien de ce qui vit sur la glace ou dans l’eau n’est à l’abri de son instinct prédateur. Mais son énergie, l’ours la tire en réalité d’une source essentielle, presque unique : le phoque. Et plus particulièrement de la graisse du mammifère marin, beaucoup plus riche en calories que la viande. « Sans elle, il lui est impossible de vivre dans les conditions extrêmes du Grand Nord », explique le biologiste Stephen Hamilton, premier signataire de l’étude.
« Le phoque n’est pas idiot »
Entre les deux espèces, le petit jeu est bien établi. Pour éviter l’ours, le phoque plonge sous la banquise. Pour attraper le phoque, l’ours attend qu’il remonte à la surface respirer dans les trous. Que ces derniers s’élargissent, deviennent des lacs, et le phoque triomphe. « Il n’est pas idiot : il va là où l’ours ne peut pas l’attraper », sourit le professeur Andrew Derocher, cosignataire de l’étude et spécialiste mondial de l’animal.
Or c’est bien de cela qu’il s’agit : de la proportion et de l’épaisseur de la glace de mer dans le Grand Nord. Les chercheurs se sont penchés sur l’archipel arctique canadien. Un territoire rassemblant un quart des quelque 25 000 individus estimés dans le monde, et jusqu’ici considéré comme le plus à l’abri de l’évolution climatique. Cette immense « réserve », ils l’ont scindée en sept zones, elles-mêmes découpées en « pixels ». Puis ils ont fait tourner les modèles climatiques.
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