johanono a écrit : ↑10 oct. 2018, 18:49:34
Je sais bien que tous les défenseurs de la cause animale ne sont pas des casseurs. Je conteste leur philosophie. Plus précisément, j'ai du mal avec cette idée que les animaux auraient les mêmes droits que les êtres humains. En effet, cette idée peut conduire à des aberrations.
Par exemple, elle peut conduire au refus de tuer des animaux pour les manger. C'est ridicule, pour au moins quatre raisons :
- historiquement, l'être humain a toujours mangé des animaux, il n'y a pas de raison valable pour que ça change,
- il est probablement potentiellement possible de se passer de viande, beaucoup de végétariens le font, mais c'est quand même compliqué à gérer, il y a des risques de carences alimentaires chez beaucoup de gens,
- les animaux eux-mêmes se tuent entre eux pour se nourrir, pourquoi l'être humain ne pourrait-il pas tuer des animaux pour se nourrir,
- la plupart des animaux tués par l'être humains sont des animaux domestiques, c'est-à-dire élevés par l'être humain pour les besoins de la cause, et qui, s'ils étaient laissés à l'état sauvage, seraient incapables de subvenir eux-mêmes à leurs besoins, seraient condamnés à la famine et donc à une mort certaine.
Bon, tous ces arguments peuvent être démontés rapidement mais je n'ai pas la motivation. Je te renvoie au site Vegan Pratique tenu par L214 si ça t'intéresse :
https://vegan-pratique.fr/pourquoi-deve ... es-recues/
Pour le reste, les défenseurs de la cause animale se divisent en deux catégories :
- les "welfaristes" qui, comme leur nom l'indique, visent à améliorer le bien-être animal, en bannissant son usage dans les activités récréatives (cirques, corrida...) ou pour des usages dont on pourrait se passer (fourrure), sans pour autant plaider pour la fin de l'alimentation de produits carnés, ni changer de philosophie. Ils veulent simplement que l'animal soit "respecté" durant sa vie et au moment de sa mise à mort. Typiquement, ce sont ceux qui débattent inlassablement sur l'abattage halal pour savoir s'il provoque plus de souffrances qu'un abattage après étourdissement (la plupart des études confirment que c'est le cas, soit dit en passant). Bref, on retrouve dans ce lot des associations comme la SPA.
- les "antispécistes" qui estiment que le caractère humain ou non d'un animal n'est pas pertinent pour déterminer la prétendue supériorité de l'un sur l'autre. Il ne s'agit pas vraiment de faire l'humain l'égal de l'animal, en lui accordant les mêmes droits, mais de refuser à l'homme le droit inné de vie et de mort sur un animal. Ce n'est pas une école homogène : Aymeric Caron, même s'il est vegan, a par exemple une position nuancée sur le sujet. Ils n'exigent pas tant que l'homme cesse de se fournir en produits animaux mais souhaiterait que chacun s'assure que l'acte d'achat qu'il réalise n'engendre pas la mort d'un autre être (par exemple, la consommation de miel, de laine...). C'est plus une philosophie avec laquelle je suis en adéquation. Pour cette position, Aymeric Caron s'est attiré les foudres de quelques vegans.
Le gouvernement ne connaît absolument rien de ces distinctions et Castaner l'a montré au Sénat quand il s'est exprimé sur le sujet. Il adopte la position beauf, qui mélange tout, qui amalgame végétaliens, vegans, antispécistes.
Pour quelqu'un qui vise le ministère de l'Intérieur, c'est très inquiétant.
Concernant l'avenir de cette pétition, je ne sais pas trop... La pression populaire s'accentuera probablement au fil des ans, et la Commission européenne comme les députés européens seront tôt ou tard obligés d'y répondre. La grande distribution devra également répondre à cette demande, et on a déjà vu que certaines enseignes ne vendent plus d’œufs de poules élevées en cage. Alors ça prendra le temps que ça prendra, mais mon intuition est que, peut-être dans 30 ou 40 ans, les élevages hors-sol auront disparu. Et malgré tout le mal que je pense de la construction européenne, sur cette question-là, je fais davantage confiance à la Commission européenne et au Parlement européen qu'au gouvernement français et aux députés français, qui vivent sous la pression des syndicats agricoles dans leurs circonscriptions respectives.
Je dis souvent de la cause que je défends qu'elle est perdue d'avance ou qu'elle ne sera gagnée que dans plusieurs siècles. La réalité finira par s'imposer si nous ne mettons rien en oeuvre pour l'environnement et contre la surpopulation. On ne pourra pas nourrir tout le monde avec de la viande, sauf à la faire pousser dans des boîtes à Pétri, et encore.
Si l'Union Européenne survit d'ici 30-40 ans, pourquoi pas, mais j'espère sincèrement qu'on aura fait davantage de chemin que juste l'interdiction des élevages hors-sol. Cette pratique est vraiment indéfendable.
Pour le reste, je suis d'accord avec toi et c'est pour ça que je ne suis pas un adversaire farouche de l'UE. J'ai beaucoup de mépris pour les institutions françaises, que j'estime condamnées à l'immobilisme sur ce sujet. Sous prétexte de défendre le terroir, on ne fait aucun progrès dans la pensée politique et malgré tous les reproches que je peux lui adresser, l'UE a obligé la France à faire des progrès sur le sujet qu'elle n'aurait jamais faits seule.
Nombrilist a écrit : ↑10 oct. 2018, 21:13:26
La Commission ne pouvait pas accepter la fin de l'expérimentation animale. Déjà, l'avoir banni des cosmétiques est d'une débilité profonde, car nul ne sait dire aujourd'hui si les cosmétiques sont dangereux ou pas pour les femmes qui les utilisent. Alors imaginez les médicaments...
C'est un sujet sur lequel je ne parviens pas à me prononcer car il est très technique. Je peux admettre l'expérimentation animale dès lors qu'il n'y a pas de souffrances. J'espérais que la Commission se penche sur des méthodes alternatives mais ça ne fait pas partie de son agenda.