Coûts et avantages sociétaux de l'énergie nucléaire : le jeu

Vous souhaitez parler des problèmes d'écologie, c'est ici
Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 04 mars 2011, 14:27:00

http://www.developpementdurable.com/pol ... -et-avanta…
Coûts et avantages sociétaux de l'énergie nucléaire : le jeu en vaut-il la chandelle ?

L'énergie nucléaire, présentée comme une solution rentable et efficace pour lutter contre le réchauffement climatique, est depuis longtemps LE choix de la France. Mais avons-nous bien conscience des coûts environnementaux, sanitaires et financiers de l'atome ? Le risque d'accident est-il véritablement considéré ? L'eurodéputée Corinne Lepage, présidente du parti écologiste Cap21, ancienne ministre de l'Environnement (1995-1997), et avocate spécialisée en droit de l’environnement, avance des pistes de réflexions...

L'industrie nucléaire présente incontestablement des avantages : la production d'une électricité en continu, pour un coût jusqu'à présent relativement modeste, avec une très faible émission de gaz à effet de serre. Elle constituerait donc un rempart contre le changement climatique.

L'industrie nucléaire représente un secteur très important en France, elle draine de nombreux sous-traitants même si des installations elles-mêmes emploient relativement peu de personnel. Le nombre d’emplois reste stable : 40 000 emplois existants en 2006 pour l’exploitation du parc nucléaire et les contributions des sous-traitants. Il y faut ajouter 5 000 à 6 000 emplois générés par le chantier de construction d’un EPR, puis quelque deux cents autres pour la gestion de cette nouvelle unité (1). Au total, EDF exprime donc un besoin de recrutement évalué à 500 ingénieurs par an jusqu’en 2015. De 2006 à 2012, AREVA envisageait 40 000 embauches au niveau international, dont 400 ingénieurs par an.

L'industrie nucléaire française est exportatrice, même si les exportations d'électricité ont considérablement réduit au cours des dernières années et que les contrats de vente d’EPR ne rencontrent guère de succès. Pour ses promoteurs, le nucléaire assurerait notre indépendance énergétique alors que nous sommes dénués de pétrole.

Ces arguments sont-ils solides et les coûts ne sont-ils pas sans aucune mesure avec ces avantages ?

Des arguments sujets à caution

L’emploi : la création d’emplois dans le secteur du nucléaire est très inférieure à celle que permettent les EnR. Si, par exemple, on investissait les 3,3 milliards d’euros affectés initialement à la construction de l’EPR dans un programme éolien, cela permettrait de produire deux fois plus d’électricité (24 térawattheures éolien, contre 10 TWh pour l’EPR) et conduirait à la création de deux à cinq fois plus d’emplois sur une période d’exploitation de quarante ans, selon les études Éole ou Pluton. A fortiori avec un coût de 5mds qui ne crée ni plus d’emplois ni plus d’électricité ! Le scenario Negawatt évaluait le nombre d’emplois crées dans les EnR à 190 000 en 2010, 295 000 en 2030 et 610 000 en 2050 à la condition qu’une politique volontariste soit mise en place. Rapporté à un programme éolien équivalent, la création d’emplois générés par la construction et le fonctionnement d’un EPR est 4,7 fois moins grande : respectivement 630 339 emplois pour l’éolien contre 133 477 pour l’EPR. L’exemple allemand est édifiant : le secteur des énergies renouvelables a créé 130 000 emplois (40 000 dans l’éolien, 50 000 dans la biomasse, 18 000 dans le solaire) en seulement dix ans (2). Selon les évaluations les plus favorables, non corroborées et datant de 1999, la totalité du secteur nucléaire en France, sous traitants inclus, auraient employé 120 000 personnes, à son apogée. Rien d’étonnant pour une filière fortement capitalistique, qui génère de toute manière peu d’emplois en comparaison de toutes les autres filières (électriques, fossiles ou renouvelables), le taux d’emploi d’EDF plafonnant à 35/TWh/an.

L'argument d'un remplacement de la capacité technique et du savoir-faire de la filière nucléaire, qui a servi à justifier le lancement anticipé des EPR, ne paraît malheureusement pas pouvoir être justifié dans la réalité. D’abord, il apparaît peu probable que l’essentiel de ces embauches se focalisent sur des ingénieurs ou scientifiques nucléaires. Ensuite, les instituts de formation (INSTN et autres écoles) ne produisent pas assez de diplômés, moins d’une centaine par an, sans compter qu’ils peuvent également rejoindre d’autres secteurs professionnels. Le renouvellement des compétences n’est donc pas assuré pour les acteurs du nucléaire, et la fermeture des compétences de ce marché ne devrait rien arranger.

Enfin, la question de la sous-traitance doit être abordée. Non seulement, la sûreté des centrales est mise à mal par le recours à des personnels mal ou pas formés aux questions de sûreté, mais encore ces personnes ne font l’objet d’aucun suivi médical. Chaque année, entre 20 000 et 30 000 travailleurs, intervenant en sous-traitance dans l’industrie nucléaire, sont directement affectés aux travaux sous rayonnements (3). L’ASN a reconnu les problèmes posés par la maintenance (rapport annuel de 2008) d’autant plus angoissants que les contrats sont de 3 ans et qu'EDF ne privilégie pas les entreprises les plus qualifiées.

L’indépendance énergétique est très discutable. D’une part, l’uranium est importé à 100 % du Canada et du Niger, ce qui crée un risque considérable que nous mesurons avec les événements récents. De plus, selon les données du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), les réserves d’uranium dans le monde seraient de 2 528 milliers de tonnes, ce qui « représente soixante ans de combustible en l’absence de développement nucléaire » (EDF). Par ailleurs, la France est aussi dépendante du pétrole que ses voisins européens, voire davantage. Ainsi, une récente étude de Global Chance compare la France et l'Allemagne. La France affiche un taux d'indépendance énergétique de 51 % contre 41 % pour l'Allemagne en 2009, mais si l'on prend en compte l'importation de l'uranium, les taux d'indépendance respectifs sont de 9 % pour la France et 30 % pour l'Allemagne, et la consommation énergétique finale de produits pétroliers par habitant est supérieure de 5 % en France. 76 % de l'électricité française est d'origine nucléaire alors que l'Allemagne dispose d'un mix énergétique très diversifié : 40 % charbon, 23 % nucléaires, 18 % renouvelables, 13 % gaz. Ces chiffres établissent une dépendance considérable pour notre pays à l'égard de l'uranium.

L’intérêt économique avancé est loin d’être prouvé. Ainsi, le solde des échanges exportations/importations a diminué régulièrement en France depuis 2002 et singulièrement en 2008 et 2009. Pour la première fois, la France était importatrice nette électricité sur un mois entier en 2009. Le solde des échanges a nettement baissé est devenu négatif en 2008 et 2009 avec l'Allemagne et la Belgique. Il est resté positif clairement avec l'Italie et la Suisse très faiblement avec l'Espagne et la Grande-Bretagne.

De plus, l’avantage global n'est guère établi dans la mesure où la filière nucléaire n'est pas utilisée dans un mix énergétique conçu pour maximiser l'intérêt économique d'ensemble mais il est conçu pour permettre à la filière nucléaire d'écraser les autres filières. Il est facile de le prouver. La feuille de route française est jugée modeste par « Roadmap (voir Roadmap 2020 report for France » (4) avec un objectif de 5,4 GW installés en 2020 pour le photovoltaïque - dont on sait aujourd’hui de surplus qu’il est totalement hors d‘atteinte. A titre de comparaison, l’exemple belge est frappant. La Fédération de l'Energie d'Origine Renouvelable et Alternative (EDORA) prévoit 17,8 % d’EnR dans le bilan énergétique 2020, avec une part d’électricité verte d’environ 28 % alimentée notamment par 3,5 GW de photovoltaïque. Ce potentiel représente 3,5 GW soit 65 % de l’objectif français pour l’électricité solaire, pour un pays 6 fois moins peuplé et 15 fois plus petit ! Si nous avions le même objectif, nous viserions 30GW en 2020 !

Les réseaux intelligents (smart grids) ne sont pas considérés comme intéressants pour la France… Ainsi, l’objectif de 23 % d’EnR en 2020 ne sera évidemment pas atteint alors qu’il tablait sur la création de 200 000 emplois. La feuille de route allemande faite par le BEE (Bundesverband Erneuerbare Energie) vise plus de 28 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique allemand 2020, avec près de 47 % d’électricité verte et plus de 25 % de chaleur renouvelable, soit plus que l’objectif assigné par la Directive. Pour l’électricité verte, le BEE considère que 55 GW d’éolien et près de 40 GW de photovoltaïque alimenteront le réseau en 2020, sans compter le solaire thermique… C’est 3 fois plus ambitieux que l’objectif français…

La lutte contre le changement climatique

Les effets du changement climatique et du réchauffement fragilisent les centrales. Entre les inondations qui ont conduit à mettre en péril le Blayais et la canicule qui a provoqué un état de surchauffe de Fessenheim, avec un arrosage à la lance d’incendie du toit de la centrale pour la refroidir, les incidents témoignent d’une véritable fragilité des installations qui n’ont pas été conçues avec ces paramètres. De plus, si les émissions de CO2 par habitant en France sont plus faibles qu'en Allemagne, l’écart s’est très largement resserré du fait d'une amélioration plus importante de la performance de l'industrie allemande (19 %) contre 16 % pour l’industrie française. Les émissions par habitant des transports étaient 4 % supérieures à celles de la France en 1991 ; elles leur sont inférieures de 4 % en 2009 (source Global Chance) ; la réduction dans le secteur résidentiel est de 17 % sur la période en Allemagne et seulement 13 % en France. Mais, si l'on prend les gaz à effet de serre dans leur globalité et en particulier les émissions de méthane, les émissions allemandes étaient supérieures de 40 % aux émissions françaises en 1991 ; elles leur sont aujourd'hui de 27 % inférieurs. Or, le méthane est infiniment plus producteur du gaz à effet de serre que le CO2.

Ainsi, si des atouts existent, ils doivent être singulièrement nuancés. Ils doivent l’être d’autant plus que le but inavoué de l’industrie nucléaire est de devenir le pourvoyeur de toute l’Europe en électricité nucléaire, en acceptant par là même de devenir sa poubelle nucléaire et de détruire par des lignes THT les vallées alpines et pyrénéennes. Or, les citoyens français ont peut-être implicitement accepté le nucléaire pour assurer leur électricité ; ils ne sont pas prêts à prendre tous les risques pour qu’EDF ou Suez fournissent de l’électricité nucléaire à toute l’Europe. Il existe donc un vrai sujet de démocratie élémentaire puisque le débat n’a jamais eu lieu.

Une sous-évaluation systématique de tous les inconvénients sociétaux

En laissant de côté toute la question purement financière et économique, qui est largement abordée par ailleurs, les coûts du nucléaire sont colossaux.

La sécurité nucléaire est de plus en plus périlleuse :
- Sur le plan géopolitique, la prolifération nucléaire représente un risque majeur pour le monde, les risques terroristes étant toujours latents avec cette technologie. Entre les risques liés à une chute d’avion sur une centrale et les trafics de matières fissiles permettant les bombes sales, une gamme de risques existe contre lesquels il est très difficile de lutter.
- Les zones d’exploitation des mines se situent dans des zones à fort déficit démocratique, où les populations locales sont opprimées, et exposées à de nombreux risques sanitaires (voir les cas du Mali et du Niger).
- Les impératifs de rentabilité accroissent les risques d’accident dans nos sociétés : recours massif à la sous-traitance, réduction des règles de sûreté. La preuve en est qu’en France, les incidents ont augmenté de 17 % en un an.
- Enfin, les annonces récentes de construction avec la Chine des nouveaux réacteurs et la coopération avec la Chine pour les questions de sécurité nucléaire ainsi que l'entrée directe dans la construction et l'exploitation centrale nucléaire du secteur privé transforment la donne. Personne ne peut en effet penser que la rentabilité ne primera pas sur la sécurité.

La couverture en cas d'accident est inexistante

Malgré un accroissement des risques, le plafond de responsabilité en cas d’accident reste ridicule. Bien que la limitation de la responsabilité des opérateurs ait été revue et modifiée à plusieurs reprises, en cas d’accident nucléaire, le plafond initial avait été fixé à 91 millions d’euro, EDF ne couvrant que 31 millions d’euro par le biais d’assurances, et les 60 millions restant sur ses propres provisions. En cas de dépassement des coûts suite à un accident, les frais devaient être pris en charge par l’Etat et un fonds alimenté par les membres de la Convention sur la responsabilité civile dans le domaine de l’énergie nucléaire. En 2004, la limite de responsabilité de l’exploitant a été portée à 700 millions d’euros, 500 millions d’euros pour le niveau d’intervention de l’Etat, et la couverture supplémentaire par d’autres parties à 300 millions d’euros, soit un total de 1,5 milliard d’euros.

Tout d’abord, il est peu vraisemblable qu’EDF dispose d’une telle somme en réserve, et en cas d’accident de l’ampleur de celui de Tchernobyl en France, les coûts s’élèveraient plus de l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros. Qui paierait alors les conséquences d’une telle catastrophe ?

Il est vrai qu’assurer l’ensemble de ces centrales obligerait EDF à une nécessaire hausse remarquée des prix... le triple du coût de production actuel. Cela signifie simplement que la collectivité nationale accepte de couvrir le risque, puisque l’Etat n’aurait pas les moyens de payer. De toute façon, s’est-on simplement posé la question du sort de l’économie française, axée sur l’agro-alimentaire et le tourisme en cas d’accident ?

Enfin, l'entrée dans la course du secteur privé pose la question des assurances et impose de contraindre les entreprises à s'assurer convenablement pour le risque nucléaire qu'elles créeront.

La question de l’aval du cycle est toujours en suspens

La question de l’aval du cycle n’est toujours pas réglée par l’industrie qui est en passe de se décharger du problème sur la société, sur un plan financier comme sur un plan physique puisqu’elle est dans l’impossibilité de le régler. En effet, non seulement les déchets s‘accumulent sans solution, mais les expédients auxquels l’industrie recourt sont de plus en plus problématiques.

- Le centre de stockage de déchets de faible et moyenne activité de Soulaines produit des fuites de tritium de telle sorte que cette installation qui ne disposait d’aucune autorisation de rejet a du faire l’objet, en catastrophe d’une transformation en installation nucléaire de base permettant les rejets.
- Le dosage maximal admissible dans les produits de remblais a été augmenté pour permettre d’intégrer dans ces produits des déchets très faiblement radioactifs. Le magazine « Pièces à conviction », en 2009, avait mis en exergue les lacunes entourant la gestion des déchets des anciennes mines d’uranium : 166 millions de tonnes de « stériles » (roches à trop faible teneur en uranium pour être exploitées), 50 millions de tonnes de résidus issus des usines d'extraction, stockés sur 17 sites miniers. De plus, un très discret arrêté signé en mai 2010 fixe les modalités de dérogation aux normes sévères de protection des consommateurs contre la présence de radionucléides (éléments qui émettent des rayonnements ionisants) dans les aliments, les biens de consommation et les matériaux de construction. Ces dispositions laxistes, contestées devant le Conseil d’Etat, permettront en particulier aux gravats issus du démantèlement de centrales nucléaires d’être réutilisés dans des matériaux de construction, à grande échelle, sans possibilité de traçabilité. Et le pire est à venir avec les chantiers futurs de démantèlement des centrales dont nombre de matériaux pourraient être jugés « valorisables », donc pas considérés comme des déchets au sens de la loi de 2006 sur les déchets radioactifs
- Les déchets issus du retraitement de La Hague et qui ne sont pas renvoyées aux clients de COGEMA ont été durant des années envoyées en Russie dans des conditions de stockage aléatoire, grâce à un tour de passe-passe juridique déclassant ces produits de la catégorie des déchets à celle de produits. Le motif de ce tour de prestidigitation tient à ce que, stockés pour pouvoir un jour éventuellement faire l'objet d'un traitement, ils ne sont pas abandonnés au sens juridique du terme. Même si la Convention de Bâle sur les déchets dangereux ne s'applique pas aux déchets nucléaires, en application du principe planétaire de dérogation au droit commun du droit nucléaire, il s'agit d'un contournement pur et simple des conventions sur le transfert de déchets dangereux. La France cumule aujourd'hui par habitant 10 fois plus de déchets de cette activité vie courte, neuf fois plus de déchets de faible activité est longue, et quatre fois plus de déchets à haute activité que l'Allemagne.
- Le retraitement des déchets qui était un choix de nature militaire à l'origine n'a plus de justification, la production de MOX (combustible fabriqué à partir de plutonium et d'uranium issus du retraitement) n'ayant de justification que parce qu'il existe une usine de retraitement et qu'il faut bien en justifier l'existence. Mais, la plupart des états nucléaires ont aujourd'hui abandonné l'idée du retraitement et EDF combat régulièrement pour réduire la part de ses déchets à retraiter, même si récemment elle a été obligée de l'augmenter pour des raisons financières liées à la survie d'AREVA.

Enfin, et surtout, la question des déchets à vie longue n’est toujours pas réglée. De manière très légitime, les collectivités locales, sauf celle de Bure (avec une très forte opposition de la population à laquelle le référendum a été refusé), s'opposent à recevoir un site d'enfouissement sur leur territoire. Compte tenu du coût qui serait passé de 15 milliards à 35 milliards, EDF et AREVA souhaiterait remplacer le site d'enfouissement qui devrait succéder au laboratoire de Bure par le recours à l'enfouissement dans des mines de sel ce qui est une solution encore bien pire que celle de l'enfouissement. On rappellera simplement que c'est le choix qu'avait fait l'Allemagne et que la pollution radioactive de la nappe phréatique est désormais un fait acquis.

L’ensemble de ces sujets est évidemment très préoccupant car s’agissant d’un sujet si structurant pour toute la société, pour la dette à long terme qu’elle soit financière ou physique, pour la santé publique, pour l’organisation économique.


(1) Les besoins sur la période 2008-2013 ont été publiés dans « Courrier Cadres - Octobre 2009. EDF prévoit un renouvellement des compétences pour pallier les 40 % de départs de cadres et d’ingénieurs d’ici 2015 (production, ingénierie et R&D), soit un peu plus de 4000 personnes à recruter sur 7 ans. Pour le développement d’EPR dans le monde d’ici 2020 (à la condition que des EPR soient commandés), EDF sollicite 700 ingénieurs supplémentaires

(2) Une étude détaillée du ministère de l’Environnement évalue en Allemagne à 340 000 personnes qui doivent leur travail à la filière renouvelable (les branches solaire, éolien et biomasse)… soit le double de 2004, et un des secteurs les plus employeurs de l’économie allemande. Avec la volonté du gouvernement de tirer 80 % de l’électricité du pays de sources renouvelables d’ici 2050, le raz-de-marée n’est pas terminé. L’engagement de l’industrie EnR allemande est de créer 500 000 nouveaux emplois d’ici 2020.

(3) Ces travailleurs dont la situation est très bien décrite dans l’ouvrage « la centrale » et que certains, surnommés « les viandes à rem », supportent l’essentiel des tâches de maintenance des centrales et plus de 80 % de la dose collective annuelle d’irradiation reçues dans le parc nucléaire français. Le volume de maintenance sous-traitée est passé en 5 ans de 20 à 80 % et les salariés qui osent s’exprimer soulignent la baisse de qualité de la maintenance notamment par rapport à la Belgique. Cyril Bouché, qui travaille au tricastin après avoir travaillé dans la centrale belge de Tihange explique : « Pour un arrêt planifié, EDF perd environ 1 million d'euros par jour... Avant, il fallait deux mois pour réaliser le rechargement du combustible contre trois ou quatre semaines maintenant ».

(4) La Commission européenne finance le projet REPAP 2020 - Renewable Energy Policy Action Paving the way towards 2020 - pour faciliter l’élaboration de feuilles de route EnR « alternatives », à la fois réalistes et ambitieuses.


Corinne Lepage
Voilà un article qui résume parfaitement ma pensée et qui montre que la remise en cause du choix de l'énergie nucléaire est une question de fond, avec des arguments solides et chiffrés, et pas un simple combat de bobos gauchistes comme on aime à le caricaturer.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Avatar du membre
Ilikeyourstyle
Messages : 4387
Enregistré le : 06 déc. 2010, 00:00:00
Localisation : La Perle
Contact :

Message non lu par Ilikeyourstyle » 06 mars 2011, 10:51:00

Prout  icon_mrgreen

Avatar du membre
Gis
Messages : 4939
Enregistré le : 13 oct. 2008, 00:00:00
Localisation : Loire-Atlantique

Message non lu par Gis » 07 mars 2011, 21:22:00

C'est tout ce que ce texte t'inspire ? Je trouve étonnant que le texte ne parle pas des recherches justement sur le traitement des déchets.. à moins qu'il en n'existe aucune ?
 

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 07 mars 2011, 21:27:00

Elles sont toutes au point mort, ça n'intéresse plus personne. La gestion des déchets se fait essentiellement par enfouissement ou entreposage.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

lancelot
Messages : 8370
Enregistré le : 19 mai 2009, 00:00:00

Message non lu par lancelot » 07 mars 2011, 23:27:00

La gestion des déchêts à une cout qui obère fortement la rentabilité du nucléaire. l'enfouir a un gros avantage .... on n'en parle pas.

Et ici, en bretagne, pays fier et peuplé d'êtres bourrus , on sait de quoi on parle.On a été région pilote pour le développement des centrales, puis on est devenu région pilote pour le démantèlement des centrales et la réhabilitation des sites. (encore un cout caché).

Le résultat du premier test, tout le monde connait. Celui du second ... beaucoup moins ... et pour cause, on est entrain de battre un record : celui de mettre plus de temps que de construire et de bouffer plus d'argent que la centrale a pu en rapporter.

ça laisse rêveur ...  quand même.

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 07 mars 2011, 23:36:00

Je connais Brennilis, mais quelle est la seconde ?
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

lancelot
Messages : 8370
Enregistré le : 19 mai 2009, 00:00:00

Message non lu par lancelot » 07 mars 2011, 23:41:00

Brennilis ... aussi.

Avatar du membre
johanono
Messages : 37489
Enregistré le : 14 août 2010, 00:00:00

Message non lu par johanono » 08 mars 2011, 00:16:00

Le coût global de l'industrie nucléaire est en effet très difficile à calculer, car il faut intégrer le coût du retraitement des déchets ainsi que le coût du démantèlement des centrales, et nous manquons de données à ce sujet. Alors le nucléaire est-il plus économique que d'autres modes de production d'électricité ? On peut en débattre, il n'y a pas de réponse affirmative à ce sujet. Ce qui est certain, c'est qu'il demeure le mode de production le plus efficace. Car la réalité, c'est qu'il faut près de 5000 éoliennes pour produire autant qu'une centrale nucléaire, et que l'énergie solaire aura toujours une efficacité très limitée en France compte tenu du faible ensoleillement, notamment dans le nord du pays, et que les centrales à charbon et à gaz rejettent des gaz à effet de serre. Ce qui est certain également, c'est que s'il y avait une centrale nucléaire à Plogoff, la Bretagne ne connaîtrait pas les problèmes d'approvisionnement en électricité qu'elle connaît chaque hiver depuis quelques années. 

Donc malgré tous ses défauts, le nucléaire reste la source de production d'électricité la plus intéressante, car la plus efficace, et ceci sans rejeter de gaz à effets de serre.

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 08 mars 2011, 00:19:00

lancelot a écrit :Brennilis ... aussi.

Oups, bien sûr, j'avais mal lu ta phrase (1er test = exploitation, 2e test = démantèlement)
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Invité

Message non lu par Invité » 14 mars 2011, 22:50:00

non

Avatar du membre
Ilikeyourstyle
Messages : 4387
Enregistré le : 06 déc. 2010, 00:00:00
Localisation : La Perle
Contact :

Message non lu par Ilikeyourstyle » 15 mars 2011, 00:44:00

Prout  icon_biggrin

Avatar du membre
racaille
Messages : 8638
Enregistré le : 15 mars 2009, 00:00:00
Localisation : Lemuria

Message non lu par racaille » 15 mars 2011, 21:24:00

Le problème d'après ce que j'ai pu comprendre, c'est qu'on ne sait toujours pas comment démanteler complètement une centrale. Enfin on "sait" peut-être le faire sur papier ou lors d'une simulation, mais "en vrai" ?
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

Avatar du membre
racaille
Messages : 8638
Enregistré le : 15 mars 2009, 00:00:00
Localisation : Lemuria

Message non lu par racaille » 15 mars 2011, 21:25:00

Ilikeyourstyle a écrit :Prout  icon_mrgreen
J'entends cet argument en boucle depuis hier dans la bouche des pro-nucléaires à la TV. Drôle de coïncidence :)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

Avatar du membre
pwalagratter
Messages : 1901
Enregistré le : 06 avr. 2010, 00:00:00

Message non lu par pwalagratter » 15 mars 2011, 23:07:00

Les coûts sont ils envisagés avec ou sans les pays producteurs d'uranium ?

 
DAKAR, 16 octobre 2007 (IRIN) - Tandis que la demande mondiale en énergie nucléaire grimpe, les vastes réserves d’uranium du Niger ne sont pas un atout pour la population du pays, à en croire les analystes ; au contraire, elles ne font qu’ajouter aux graves problèmes qui pèsent sur la région.
Pays pauvre situé à la lisière sud du désert du Sahara, le Niger dispose de réserves d’uranium – source principale de combustible nucléaire – parmi les plus importantes du monde, mais n’en tire presque aucun avantage.
Au contraire, selon les organisations locales et internationales, l’exploitation de l’uranium par des sociétés principalement étrangères a des conséquences néfastes sur l’environnement et la santé des populations dans l’extrême nord du pays.
Les opérations minières sont aussi à l’origine de tensions politiques nationales : notamment, une des exigences principales du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), une milice armée aux prises avec l’armée nigérienne depuis février, repose sur une répartition plus équitable des revenus générés par l’exploitation de l’uranium.
« Le fait qu’il y ait de (l’uranium au Niger) est plus un mal qu’un bien, pour l’instant », selon Jeremy Keenan, professeur à l’université de Bristol au Royaume-Uni, et autorité reconnue sur le Sahara. « C’est une malédiction pour la région et les populations qui y vivent Cela a tout le potentiel d’une situation tout à fait explosive ».


http://areva.niger.free.fr/index.php?20 ... alediction

Une prémonition ? icon_cheesygrin

Sérieusement il aurait été plus intelligent de lever le pied sur le nucléaire pour  laisser vraiment de la place, consacrer un budget conséquent aux énergies alternatives. peut être même tout simplement à certaines inventions géniales.

Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Message non lu par El Fredo » 15 mars 2011, 23:16:00

C'est pour ça que quand j'entends parler d'indépendance énergétique à propos du nucléaire ça me fait doucement rigoler.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Répondre

Retourner vers « Ecologie / Environnement / Agriculture »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré