L'agro-écologie peut doubler la production alimentaire mondiale en 10 ans, selon l'ONU
Développer l'agro-écologie peut permettre d'améliorer les rendements tout en étant plus adaptée au changement climatique, estime un rapport de l'ONU en vantant le potentiel de ces techniques qui excluent les intrants.
Passer d'une agriculture intensive, à une agro-écologie pour aider à nourrir la planète et sauver le climat, c'est possible, affirme le Rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter dans un rapport présenté le mardi 8 mars au Haut-commissariat aux droits de l'homme, à Genève.
L'agro-écologie associe le développement de l'agriculture à la ''protection-régénération'' de l'environnement naturel. Les techniques agro-écologiques incluent le contrôle biologique (lutte contre les maladies et les indésirables par des prédateurs naturels), l'agroforesterie (arbres et cultures sur les mêmes parcelles de terre), le stockage naturel de l'eau, les cultures intercalaires, l'utilisation de fumier biologique ou encore le mélange culture-bétail. Toutes ces techniques ont pour caractéristique commune le faible- voire zéro- recours aux intrants extérieurs (engrais chimiques et pesticides). Ces techniques culturales, comme le semis direct, permettent notamment de renouveler les sols en encourageant l'usage de phytosanitaires naturels (neem, caelcedra, cassia amara, cendres de bois…). Ces méthodes favorisent aussi une fertilisation organique, la constitution de haies vives abritant la biodiversité ou encore le reboisement des surfaces.
Concilier productivisme agricole et performance environnementale permet ''d'obtenir des rendements beaucoup plus importants que l'agriculture conventionnelle'', assure le rapporteur de l'ONU. Une position depuis longtemps fervemment défendue par le mouvement paysan Via Campesina ou encore l'agriculteur et penseur Pierre Rabhi.
Des techniques à ''haut rendement'' contre les crises alimentaires et climatiques…
Ces méthodes sont ''plus efficaces que le recours aux engrais chimiques pour stimuler la production alimentaire dans les régions difficiles où se concentre la faim'' tout en "facilitant l'adaptation au changement climatique'', explique Olivier De Schutter, auteur du rapport, en s'appuyant sur plusieurs études scientifiques réalisées sur les approches agro-écologiques et des rapports onusiens (FAO, PNUE).
Parmi ces études, celle pilotée par l'Université d'Essex (Royaume-Uni) qui a analysé 286 projets menés dans 57 pays en développement et couvrant une surface totale de 37 millions d'hectares. Résultats : les projets agro-écologiques ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80% dans les 57 pays, ''avec une augmentation moyenne de 116% pour tous les projets africains", souligne l'expert de l'ONU. D'autant que les récents projets développés dans une vingtaine de pays d'Afrique ont permis ''un doublement des rendements des cultures sur une période de 3 à 10 ans''.
Par exemple, dans les provinces occidentales de Shinyanga et Tabora, en Tanzani, ''le recours aux techniques d'agroforesterie et la participation paysanne ont permis de réhabiliter 350.000 hectares de terres en à peine 20 ans. Les bénéfices par ménage ont augmenté de 500 dollars US par an'', explique Olivier De Schutter. L'agroforesterie est aussi utilisée au Malawi depuis 2005, bénéficiant à plus de 1,3 millions de petits producteurs ''avec des rendements de maïs passant de plus de 1 tonne par hectare à 2-3 tonnes / ha'', ajoute l'expert de l'ONU. Le rapport cite également des projets asiatiques développés en Indonésie, au Vietnam et au Bangladesh qui ont enregistré une diminution de 35 % à 92 % de l'emploi d'insecticides dans la culture du riz.
''Il est prouvé que ce type de technique à faible utilisation d'intrants externes, qui préserve les ressources, peut accroître considérablement les rendements tout en fournissant de l'emploi rural et en réduisant le coût des traitements'', affirme M. De Schutter.
Le rapport souligne le rôle clé des fermes-écoles dans le développement des formations dédiées à l'agro-écologie. ''Les pesticides et engrais étant remplacés par le savoir'', renchérit-il. ''Ce fut un pari gagnant, et des résultats comparables abondent dans d'autres pays africains, asiatiques et latino-américains''. L'agro-écologie gagne aussi du terrain dans les pays développés comme les Etats-Unis, l'Allemagne et la France, ajoute l'auteur.
…et pour un ''réinvestissement" dans l'agriculture durable
L'agro-écologie permet aussi ''une meilleure adaptation au changement climatique'', souligne encore l'expert onusien via notamment une réduction des émissions de GES, la gestion des sols permettant "un meilleur stockage du carbone", plaide-t-il. Les méthodes de culture agro-écologique seraient aussi ''mieux à même'' de supporter des épisodes de sécheresse et d'inondations. Le programme d'agroforesterie mis en place au Malawi a ainsi ''permis d'améliorer l'infiltration du sol'', indique-t-il. Les expériences réalisées sur des exploitations en Éthiopie, en Inde et aux Pays-Bas ''ont démontré que les propriétés physiques des sols cultivés biologiquement amélioraient la résistance des cultures à la sécheresse'', ajoute le responsable onusien dans son rapport.
Mais, "peu d'attention a été accordée aux méthodes agro-écologiques qui ont pourtant prouvé leur capacité", déplore l'expert de l'ONU alors que pour accroître la production alimentaire, les efforts se concentrent actuellement ''sur les investissements à grande échelle : semences améliorées, fertilisants chimiques et recours aux machine''.
Le rapport vise donc à encourager ''la transition mondiale'' vers l'agro-écologie ''pour nourrir 9 milliards d'êtres humains en 2050''. Le rapporteur onusien appelle les Etats à réinvestir dans une agriculture ''durable", après la crise des prix alimentaires de 2008 qui ont battu un nouveau record en février. Pour l'expert, le problème de la faim dans le monde et du changement climatique ''ne se résoudront pas avec l'établissement de grandes fermes industrielles mais avec la mise en œuvre de projets écologiques adaptés aux petits producteurs''.
Olivier De Schutter appelle les Etats à faire plus de place à l'agro-écologie dans leurs stratégies de développement et aller au-delà du stade expérimental. ''Tout ce qu'il faut pour cela, c'est la volonté politique. C'est elle qui permettra de faire passer ces projets pilotes au stade de politiques nationales'', selon lui .
D'autant que l'agriculture est déjà directement responsable de 14 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre totales (33% en incluant le CO2 produit par la déforestation pour l'expansion de la culture ou des pâturages), et que ''ces émissions pourraient augmenter de 40% d'ici 2030'', rappelle-t-il, ''sans un changement important dans les politiques mises en œuvre''. ''Nous devons faire vite si nous voulons éviter des catastrophes alimentaires et climatiques au 21e siècle'', a-t-il prévenu.
Rachida Boughriet
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Oui, tout ça c'est très bien pour les pays pauvres (souvent tropicaux), dont les gens n'ont pas de tracteurs, ni d'argent pour acheter de quoi faire de l'intensif. Ils optimisent la production d'une autre façon. Malheureusement, aucune chance que ces méthodes arrivent chez nous: on fait du 20 t/ha en maïs, en passant 5 ou 6 fois le tracteur dans le champ maximum dans l'année. Alors on ne reviendra pas à 3t/ha, tout en décuplant la quantité de travail.
Bien sûr que si on peut y revenir, en sucrant les aides contreproductives et en faisant payer les coûts externes. C'est notre modèle qu'il faut changer : ceux qui veulent de la bouffe de me... qui a nécessité de polluer les nappes phréatiques et les cours d'eau, et d'épuiser nos ressources (eau, sol, et pétrole aussi) doivent en payer le juste prix. Quand on cache les coûts c'est facile d'apparaître moins cher.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
D'alleurs, dans un des articles d'El Fredo :
Les agriculteurs qui souhaitaient se lancer dans la pratique étaient confrontés à de nombreuses difficultés. Ils n'avaient pas droit aux aides directes agricoles ni aux aides pour la plantation d'arbre, parce qu'ils se situaient en dessous des seuils fixés en densité ou simplement parce que la présence des cultures était incompatible. Le statut fiscal foncier n'était pas clairement défini non plus. Ce flou juridique a été un véritable frein au développement de l'agroforesterie en France.
Tu vois, pour avoir du cash il fallait être un gros pollueur. Le monde à l'envers.Aujourd'hui, ce problème est quasiment résolu. Une parcelle agroforestière est désormais éligible aux aides directes (DPU)*, quelle que soit sa densité d'arbres. Elle peut également bénéficier de la mesure de soutien à l'investissement prévue dans le cadre du règlement de développement rural 2007-2013 (chapitre ''pratiques environnementales'')**. Cette mesure a été déclinée en droit français en mai dernier. Depuis sa traduction en droit national, c'est un vrai succès. Près de 10.000 hectares devraient être concernés d'ici 2013 alors que les estimations portaient sur 3.000 ha au départ.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
Il ne s'agit pas de revenir au biologique, qui n'est pas forcément un gage d'efficacité, mais vers des formes d'agriculture durable qui respectent l'environnement tout en assurant une belle productivité. Jadis, le militant agriculteur André Pochon avait mis au point des systèmes d'élevage des vaches à l'herbe et d'élevage des cochons sur la paille qui remplaçaient avantageusement le maïs et les élevages hors-sol. Avec ces pratiques, la productivité est au rendez-vous et l'environnement est respecté.
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Golgoth, juste pour reprendre l'exemple de l'article, le jour où les Européens et les américains décident de passer de 9 t/ha à 3 t/ha en maïs, c'est la famine du millénaire qui s'installe. OK, je suis d'accord que l'agriculture intensive a un coût écologique gigantesque et ça me fait bien ch... aussi. Mais si on va vers l'agro-écologie comme ils disent, il faut bien avoir en tête les conséquences que ça aura, car elles seront dramatiques.
Ce que l'article explique, c'est qu'en gros on commence à réussir à apprendre aux pays en développement à optimiser leur agriculture avec les moyens du bord.
Ce que l'article explique, c'est qu'en gros on commence à réussir à apprendre aux pays en développement à optimiser leur agriculture avec les moyens du bord.
Si la transition est progressive on peut y passer. Personne ne parle de supprimer l'intensif en 2 ans... C'est tout un modèle à revoir. Je suis dans une AMAP et j'ai toujours eu à manger, et pour un prix identique à la grande distribution, y compris de la viande en élevage extensif.
Par ailleurs il faudrait commencer à protéger les terres agricoles comme on le fait pour les espaces naturels, je pense particulièrement à mon département.
Par ailleurs il faudrait commencer à protéger les terres agricoles comme on le fait pour les espaces naturels, je pense particulièrement à mon département.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
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Déjà en mangeant moins de viande et de pop corn. Ensuite tu ne comptes que le régression en production pas les gains dans ces pays et en récupérant des espaces agricoles. Par ailleurs avec du biologique optimisée il y a une marge entre 3t et 9t de l'hectare. Mais à ton tour explique moi comme on fera du maïs quand on aura fini d'épuiser les sols et notre pétrole ?
Notre système actuel fonctionne bien car l'agriculteur applique des méthodes bêtes sans avoir besoin de se casser le bol. Et le résultat est celui attendu, pour ungain financier ridicule par contre. Faire tourner une exploitation bio ça demande plus de boulot, plus de réflexion.
Notre système actuel fonctionne bien car l'agriculteur applique des méthodes bêtes sans avoir besoin de se casser le bol. Et le résultat est celui attendu, pour ungain financier ridicule par contre. Faire tourner une exploitation bio ça demande plus de boulot, plus de réflexion.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
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"Déjà en mangeant moins de viande"
Tout à fait exact. Mais ça ne suffirait pas à compenser 400 millions de tonnes de maïs. Loin de là.
"Mais à ton tour explique moi comme on fera du maïs quand on aura fini d'épuiser les sols et notre pétrole ?"
Les sols sont épuisés depuis belle lurette. Sans pétrole ? A la place des engrais chimiques, je suppose que l'on épandra davantage de lisier de porc et de vache. Ce qui serait une bonne chose. Mais le manque de pétrole n'empêchera pas la production de pesticides.
"Ensuite tu ne comptes que le régression en production pas les gains dans ces pays et en récupérant des espaces agricoles."
D'après moi, les gains dans ces pays ne servent qu'à combler la malnutrition de 800 millions de personnes qui de toute façon n'ont pas accès au maïs américain, européen, russe ou chinois. Par conséquent, ces gains n'entrent pas dans l'équation.
Tout à fait exact. Mais ça ne suffirait pas à compenser 400 millions de tonnes de maïs. Loin de là.
"Mais à ton tour explique moi comme on fera du maïs quand on aura fini d'épuiser les sols et notre pétrole ?"
Les sols sont épuisés depuis belle lurette. Sans pétrole ? A la place des engrais chimiques, je suppose que l'on épandra davantage de lisier de porc et de vache. Ce qui serait une bonne chose. Mais le manque de pétrole n'empêchera pas la production de pesticides.
"Ensuite tu ne comptes que le régression en production pas les gains dans ces pays et en récupérant des espaces agricoles."
D'après moi, les gains dans ces pays ne servent qu'à combler la malnutrition de 800 millions de personnes qui de toute façon n'ont pas accès au maïs américain, européen, russe ou chinois. Par conséquent, ces gains n'entrent pas dans l'équation.
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J'ai lu l'article et la discussion mais je n'ai rien d'intelligent à dire sur les questions techniques vu que je n'y connais rien.
Ce qui est clair c'est que notre système intensif de production agricole est particulièrement aliénant, aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs. Sans même parler de l'environnement.
Hier soir j'écoutais un débat chez Taddéi où certains intervenants expliquaient que la peur était devenue une culture à part entière chez nous, et qu'elle générait toujours un immobilisme de la société. C'est peut-être vrai mais la peur n'est pas le seul élément de paralysie de la société et ce topic l'illustre à merveille.
La proposition d'une agriculture saine, (peut-être) suffisante, délivrée des lobbies et du système injuste des subventions, reconstructrice de l'environnement ne devrait que nous allécher. Et pourtant je suis persuadé qu'elle ne peut que susciter les levées de bouclier, par méfiance du "trop beau pour être vrai" mais aussi par soucis de conserver une méthode - présumée - fonctionnelle qui nous permet encore de manger à peu près à notre faim en France, et ce malgré tous les effets pervers dont nous sommes coutumiers.
J'aurais tendance à conclure que notre société est éminemment conservatrice, qu'elle n'accepte le changement que lorsqu'il s'agit d'un gadget techno ou web 2.0, qu'elle censure systématiquement ses désirs de progrès par ce qu'elle présume être la raison - et même si cette raison implique toute une série de contraintes stupides.
Je me retrouve de plus en plus dans le discours de ceux qui tiennent l'Europe pour privée d'avenir.
Ce qui est clair c'est que notre système intensif de production agricole est particulièrement aliénant, aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs. Sans même parler de l'environnement.
Hier soir j'écoutais un débat chez Taddéi où certains intervenants expliquaient que la peur était devenue une culture à part entière chez nous, et qu'elle générait toujours un immobilisme de la société. C'est peut-être vrai mais la peur n'est pas le seul élément de paralysie de la société et ce topic l'illustre à merveille.
La proposition d'une agriculture saine, (peut-être) suffisante, délivrée des lobbies et du système injuste des subventions, reconstructrice de l'environnement ne devrait que nous allécher. Et pourtant je suis persuadé qu'elle ne peut que susciter les levées de bouclier, par méfiance du "trop beau pour être vrai" mais aussi par soucis de conserver une méthode - présumée - fonctionnelle qui nous permet encore de manger à peu près à notre faim en France, et ce malgré tous les effets pervers dont nous sommes coutumiers.
J'aurais tendance à conclure que notre société est éminemment conservatrice, qu'elle n'accepte le changement que lorsqu'il s'agit d'un gadget techno ou web 2.0, qu'elle censure systématiquement ses désirs de progrès par ce qu'elle présume être la raison - et même si cette raison implique toute une série de contraintes stupides.
Je me retrouve de plus en plus dans le discours de ceux qui tiennent l'Europe pour privée d'avenir.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M
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L'Homme a toujours eu peur du changement. Un vestige d'instinct animal, probablement. On sait ce qu'on a, on sait ce qu'on perd, mais on ne sait pas ce qu'on va avoir. Ce que je sais, c'est que si on enlève le protectionnisme européen, notre agriculture est morte. Et alors on n'aura droit qu'à des produits importés 50 fois plus traités que les nôtres, avec parfois des produits que nous avons banni en Europe depuis des lustres.
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