Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Vous souhaitez parler des problèmes d'écologie, c'est ici
Avatar du membre
El Fredo
Messages : 26459
Enregistré le : 17 févr. 2010, 00:00:00
Parti Politique : En Marche (EM)
Localisation : Roazhon
Contact :

Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par El Fredo » 10 févr. 2012, 11:53:27

http://www.telerama.fr/monde/revolution ... ,77602.php
Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Zéro atome, zéro pétrole à l'horizon 2030 ! Grâce à l'inventivité et la pugnacité de ses habitants, le pays du Mené, en Bretagne, s'est lancé dans une révolution verte aux résultats probants.

Nous sommes en 2012 ; toute la France est envahie par le nucléaire. Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Bretons résiste encore grâce à une arme redoutable : la potion verte. Même si l'image agace ces irréductibles, il y a bien une pointe d'Astérix dans ce coin de Bretagne, devenu en une dizaine d'années une référence en matière énergétique. Dans les vertes collines du pays du Mené, dans les Côtes-d'Armor, sept villages de granit réussissent une révolution douce et de bon sens, faite de chaudières à bois, d'éoliennes, d'huilerie de colza ou d'usine de méthanisation. Avec, en ligne de mire pour 2030, une autonomie énergétique totale. Zéro atome, zéro pétrole... et sans retour à la bougie.

Comment ce projet culotté, à rebours du modèle nucléaire dominant, a-t-il germé là, dans ce pays longtemps défavorisé par ses sols pauvres et son relief accidenté ? Sans doute parce que l'énergie, avant de devenir un projet économique et écologique collectif, fut d'abord celui d'une poignée d'individus à forte tête, quelques agriculteurs-pionniers-explorateurs portés par l'envie de sauver leur pays.

« Soit on se prenait en main, soit notre territoire allait mourir, car on cumulait les handicaps », résume Dominique Rocaboy, le défricheur, l'un des premiers agriculteurs en France à s'être équipés de panneaux photovoltaïques, pdg de l'usine de méthanisation Géotexia. Non seulement Le M­ené dépendait d'une monoactivité – le centre d'abattage Kermené, qui emploie près de la moitié des six mille cinq cents habitants –, mais il devait affronter une urgence : la pollution des sols, due aux excédents de lisiers de porcs. « Le déclic a eu lieu en 1995, au Salon des fourrages de Plessala, un vrai laboratoire d'idées qui a accueilli quarante-trois mille personnes. »

Réunis au sein du MIR (Mené initiatives rurales), qui regroupe élus, agriculteurs et associations, nos aventuriers multiplient alors les voyages d'études en Europe. Et notamment à Güssing, bourgade déshéritée de l'Autriche rurale qu'un maire visionnaire décida d'affranchir du p­étrole et du déclin, il y a vingt ans, et devenue le premier village vert d'Europe, 100 % autonome grâce aux énergies renouvelables.

Les pionniers du Mené en reviennent convaincus, ils utiliseront ce qu'ils ont sous leurs pieds avant de chercher ailleurs : les déjections de porcs et les boues issues de l'industrie agroalimentaire. Ils choisissent un procédé encore peu utilisé en France : la méthanisation, qui consiste à laisser fermenter les déchets sans oxygène pour en tirer des biogaz (surtout du méthane et du CO2) et produire de l'électricité ! En activité depuis la mi-décembre, Géotexia, qui est détenue à 34 % par une trentaine d'agriculteurs, traite 75 000 tonnes de lisiers et de produits agroalimentaires, et produit entre 12 et 15 gigawattheures par an, l'équivalent de la consommation électrique domestique du Mené pour une même période.

Chemin faisant, l'énergie verte gagne les esprits, sur l'impulsion de quelques élus. Et les initiatives fleurissent, toutes adossées aux ressour­ces du territoire. A Saint-Gouéno, un autre pionnier, l'agriculteur et maire Jacky Aignel, se plonge dans « les anciens manuels de M. Diesel, qui a tout inventé à partir de l'huile de ricin ! ». Il crée l'huilerie Menergol, qui propose une alternative au pétrole par la pressurisation à froid des graines de colza. « C'est interdit en France pour les voitures individuelles, à la différence de l'Allemagne. Mais on peut alimenter plus de trois mille tracteurs, soit trois fois nos équipements sur la communauté de communes. Et avec les déchets des graines, on produit des tourteaux de colza pour nourrir les bêtes. Résultat : on n'importe plus de soja brésilien, on se réapproprie les moyens de production, on diminue la longueur des circuits de distribution et nos émissions de CO2 ! »

Des chaudières collectives, alimentées avec du bois produit localement, chauffent logements et bâtiments publics. Ajoutez des panneaux photovoltaïques, des éoliennes. « Les énergies renouvelables couvrent 25 % des besoins de la communauté de communes ; on vise les 75 % pour 2020 et les 100 % pour 2030 grâce également aux économies d'énergie, sourit Marc Théry derrière sa belle moustache blanche. Avec le seul éolien, nous pourrions produire assez d'électricité pour alimenter les habitants de Saint-Brieuc ! » Si le projet du Mené s'est épanoui, c'est aussi grâce à lui : polytechnicien, ex-pdg de Rowenta et Somfy, et devenu, par le hasard d'une maison achetée dans la région, chargé de mission énergie du Mené !

« L'enjeu énergétique est au cœur des territoires, résume-t-il, mais les collectivités ont peu de moyens et pas de grand pouvoir légal. Mais la détermination de certains élus et, de plus en plus, de certains citoyens y supplée. L'avenir est à une énergie décentralisée et démocratisée. » Cent quarante familles, mini-entrepreneurs énergétiques, viennent d'investir ensemble dans le prochain défi du Mené : un site de six éoliennes. Le pouvoir (et l'électricité) au peuple, en somme.

« Nous refusons de rester atomisés, dans les deux sens du terme », lance le maire, Jacky Aignel, qui énumère les autres projets à venir, la construction de logements énergétiquement autonomes, une ZAC consacrée aux énergies renouvelables. Avec Dominique Rocaboy, il vient de se remettre à l'anglais pour animer un réseau européen de petites communes rurales pour la neutralité énergétique. Pas question d'« opposer le local au global, mais si on n'est pas costaud dans le local, on ne sera rien dans le global ». La potion verte pourrait bien irriguer le reste de la France.
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 10 févr. 2012, 11:59:33

Très intéressant. J'ai une question: est-ce que la boucle colza-tracteur permet un gain ou au moins d'être neutre en émission de CO2 ?

Avatar du membre
Ilikeyourstyle
Messages : 4387
Enregistré le : 06 déc. 2010, 00:00:00
Localisation : La Perle
Contact :

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Ilikeyourstyle » 10 févr. 2012, 18:48:46

Moi çà me va, aussi longtemps qu'on ne leur donne pas de subventions.

Avatar du membre
Golgoth
Messages : 22140
Enregistré le : 15 mars 2010, 00:00:00
Localisation : Chez moi

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Golgoth » 10 févr. 2012, 20:34:49

Très intéressant. J'ai une question: est-ce que la boucle colza-tracteur permet un gain ou au moins d'être neutre en émission de CO2 ?
A priori c'est possible d'être neutre. A "l'équilibre" l'équivalent de CO2 rejeté par la combustion de l'huile est absorbé par le colza planté et la loi de Lavoisier s'applique. Par contre faut voir en terme de surface utilisée.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 10 févr. 2012, 20:54:29

Ma question était plutôt de savoir quelle quantité de diester un tracteur devait consommer pour produire 1 tonnes de colza, et quelle quantité de diester fournit une tonne de colza.

Avatar du membre
Golgoth
Messages : 22140
Enregistré le : 15 mars 2010, 00:00:00
Localisation : Chez moi

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Golgoth » 10 févr. 2012, 20:59:15

Ok. En fait tu veux savoir s'ils tournent avec leur seul colza, s'ils en importent ou s'ils exportent des excédents.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 10 févr. 2012, 21:01:59

Oui, on peut le voir comme ça. Bien que je doute que des bretons fassent pousser du colza. Ce qui m'intéresse, c'est le bilan production et CO2.

Avatar du membre
Golgoth
Messages : 22140
Enregistré le : 15 mars 2010, 00:00:00
Localisation : Chez moi

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Golgoth » 10 févr. 2012, 21:04:50

Il faudrait du biocarburant à l'ulve :mrgreen:
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Naudeon
Messages : 1239
Enregistré le : 26 oct. 2011, 20:04:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Naudeon » 11 févr. 2012, 10:37:11

Je crois qu'il faut raisonner en termes de surfaces. Qui dit énergies renouvelables dit énergie tirée du flux rayonné par le soleil. Lequel flux dépend de la surface du capteur. En l'occurrence, le capteur, c'est la surface des végétaux qui poussent au sol en opérant la synthèse chlorophyllienne.
Asinus asinum fricat

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 11 févr. 2012, 10:58:07

Ce que tu dis est correct, mais je ne vois pas le rapport avec ma question. Ma question serait de savoir quelle quantité de colza est produite au litre de diester consommé par un tracteur.

Naudeon
Messages : 1239
Enregistré le : 26 oct. 2011, 20:04:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Naudeon » 11 févr. 2012, 11:04:28

Tu as raison, à cela près que la biomasse n'a pas forcément besoin de l'intervention d'un tracteur pour etre produite et récupérée .
De toutes façons, on sera bien obligé, tôt ou tard, d'aller vers l'équilibre .
Asinus asinum fricat

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 11 févr. 2012, 11:19:18

Le colza nécessite des tracteurs et moissonneuses. Etant donné que le diester est à base de colza, ma question est justifiée.

Avatar du membre
Golgoth
Messages : 22140
Enregistré le : 15 mars 2010, 00:00:00
Localisation : Chez moi

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Golgoth » 11 févr. 2012, 11:23:40

En général, le colza est aussi synonyme d'immenses monocultures bardées de pesticides.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Avatar du membre
Ilikeyourstyle
Messages : 4387
Enregistré le : 06 déc. 2010, 00:00:00
Localisation : La Perle
Contact :

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Ilikeyourstyle » 11 févr. 2012, 12:35:20

Golgoth a écrit :En général, le colza est aussi synonyme d'immenses monocultures bardées de pesticides.
;pleu; et oui, c'est pas si écologique ce colza.

Avatar du membre
Nombrilist
Messages : 63371
Enregistré le : 08 févr. 2010, 00:00:00

Re: Révolution énergétique : des Bretons à la pointe

Message non lu par Nombrilist » 11 févr. 2012, 12:36:34

Hormis une culture qui capture l'azote de l'air ou une culture bio, rien n'est écologique en agronomie.

Répondre

Retourner vers « Ecologie / Environnement / Agriculture »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré