Qu'en pensez vous ?"Un moment de vérité", "un vrai test" : à quelques heures de l'ouverture de la conférence environnementale qui se tiendra les 14 et 15 septembre à Paris, François Hollande et Jean-Marc Ayrault sont attendus au tournant. Ce premier grand rendez-vous écologique du quinquennat "permettra de juger si le gouvernement a une ambition à la hauteur des enjeux qui sont aujourd'hui les nôtres", estime Nicolas Hulot dans "Le Monde". Promise pendant la campagne par le candidat Hollande et programmée cinq ans après le Grenelle, la conférence est censé relancer un dialogue environnemental au point mort entre Etat, ONG, entreprises, syndicats et élus. Elle doit aussi aboutir à une feuille de route pour les années à venir.
L’heure n’est plus à l’écologie fraîche et joyeuse du Grenelle. La crise économique a relégué l'environnement au second plan et interdit toute ambition démesurée. Le gouvernement n’en fait pas mystère. Depuis l’éviction de Nicole Bricq du ministère de l’Environnement jusqu’au "nucléaire, filière d’avenir" d’Arnaud Montebourg, en passant par le soutien de Delphine Batho au très contesté projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes, "il n'y a ni vision ni détermination", juge Nicolas Hulot. Les cinq tables rondes thématiques, auxquelles participeront 14 ministres, prouveront-elles le contraire ?
La plus en vue : la transition énergétique
Delphine Batho la présidera, Arnaud Montebourg en sera… Les enjeux énergétiques tiendront sans aucun doute le haut du pavé. Car une fois promise la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique – de 75 à 50% d'ici 2025 – comment fait-on ? La table ronde doit préparer le débat national sur l’énergie qui s'ouvrira en octobre et se poursuivra jusqu'en 2013 (calendrier, pilotage…).
Sujets sensibles au menu : les forages pétroliers offshore, notamment ceux de Guyane qui ont coûté son poste à Nicole Bricq ; les gaz de schiste, eldorado énergétique pour les industriels et désastre écologique pour les ONG, auxquels Delphine Batho a opportunément rappelé son opposition à la veille de la conférence ; le chantier pharaonique de la rénovation thermique des logements anciens (8 milliards d’euros au bas mot) pour lequel des réponses sont attendues lors de la conférence ; les énergies renouvelables, pénalisées par l’instabilité tarifaire, par une réglementation compliquée et par une concurrence chinoise massive.
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La plus stratégique : la fiscalité écologique
Nombre de secteurs bénéficient d'une fiscalité réduite sur les carburants, comme l'aviation, la pêche ou le transport routier. Rien ne devrait changer pour l'aviation qui doit désormais acheter des quotas d'émissions de CO2 au niveau européen. Mais pour les autres ? Des ONG réclament la suppression de l’exonération de taxes sur le diesel pour les flottes d’entreprises. Au-delà, Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, et Jérôme Cahuzac au Budget, sauront-ils remettre au goût du jour la "taxe carbone" (ou "contribution climat-énergie") enterrée en 2010 ? Elle présente le double avantage de modifier les comportements et de créer de nouvelles ressources pour un Etat aux abois. Mais la loi qui devait l’instaurer en 2010 s’est heurtée à la censure du Conseil constitutionnel pour rupture d’égalité devant l’impôt, avant d’être jugée trop dangereuse pour la compétitivité des entreprises françaises.
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La plus méthodologique : la gouvernance
Comment impliquer davantage les citoyens dans les décisions environnementales ? La conférence doit permettre de mieux cadrer le dialogue en la matière, au niveau des collectivités, des entreprises, mais aussi des citoyens : "Chaque mairie pourrait organiser des débats sur des thèmes locaux – énergie, biomasse… - et que les résultats remontent à la Commission nationale du débat public. Cela donnerait lieu à des scénarios sur lesquels le gouvernement s’appuierait", imagine Patrick Pierron, secrétaire national à la CFDT en charge du développement durable.
Reste la question du financement de la transition écologique. Un point qui traversera toutes les tables rondes et qui pourra faire la différence avec les vœux pieux du Grenelle : "On ne veut plus de bonnes intentions tous azimuts sans financement, insiste Patrick Pierron. Il faut qu’à la fin de la conférence, les priorités d’investissements et leurs modalités, public, privé ou mixte, soient fixées". Le rôle majeur que pourrait jouer la Banque publique d’investissement, dont les contours ne sont pas encore totalement définis, est dans tous les esprits. Sera-t-elle la grande banque de la transition écologique ?
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