Légalité/Légitimité

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 02 oct. 2009, 21:05:00

Voici un topic que je voulais ouvrir depuis fort longtemps, je le dédie tout particulièrement au plus normatif d'entre nous :

Définitions :

Légalité :


         Caractère de ce qui est conforme à la loi : La légalité d'une mesure
         Ensemble des actions qui sont conformes à la loi, qui ne la transgressent pas : Rester dans la légalité.


         Est légal ce qui est conforme au droit positif.
         Le droit positif est l'ensemble des lois instituées d'une société donnée.

Légitimité :


         Qualité de ce qui est équitable, juste.


         Est légitime ce qui est conforme à la justice comme norme du droit.
         La justice comme norme du droit est un ensemble de valeurs fondamentales auxquelles toute législation est supposée se conformer en principe.

Légalisme :


         Attitude qui consiste à s'en tenir à la lettre de la loi au mépris de l'équité. (cf. normativité)

Équité :
        

         Justice qui tient compte de la particularité des individus et des contextes. Il s'ensuit qu'un jugement d'équité n'est pas une application stricte de la lettre de la loi. Il vise la   légitimité au-delà de la stricte légalité.


Il faut bien distinguer deux notions philosophique :

Le droit positif : L'ensemble les règles juridiques en vigueur dans un État, quel que soit d'ailleurs leur caractère particulier, constitutions, lois, décrets, ordonnances, coutumes, jurisprudence.

Le droit positif est dicté par les autorités politiques, et se suffit à lui-même. Le droit et la justice, sont identifiés à la loi. Le droit positif est l'expression de la société, c'est un phénomène social à rechercher en observant la société.

Le droit positif a pour caractéristique d'être conventionnel et de varier d'un état à un autre.


Et le droit naturel : L'ensemble des normes prenant en considération la  nature de l'homme et sa finalité dans le monde.


Au sens large, le droit naturel désigne toute recherche objective de  normes de droit en fonction des seules caractéristiques propres à l'être humain, indépendamment des conceptions du droit déjà en vigueur dans les sociétés humaines.


L'expression droit naturel est susceptible d'acceptions légèrement différentes :
  • Recherche du juste par une analyse rationnelle et concrète des réalités sociales dans leur contexte mondial, orientée par la considération de la finalité de l'homme dans l'Univers.
  • Principes immuables, découverts par la raison, permettant d'éprouver la valeur des règles de conduite admises par le droit objectif, qui dérivent du comportement «naturel» (instinctif) des êtres.[/list:u]En quelque sorte le droit qui ne dépend pas de la culture.

    Certains se réfèreront probablement au contrat social de Hobbes, à la critique du droit positif de Rousseau, au positivisme juridique ou encore au jusnaturaliste.

    Problématique :

    Les notions de légalité et de légitimité possèdent une racine commune, qui est la notion de loi. Cependant, la légitimité semble s’étendre au-delà de la simple conformité à la loi qu’exprime la légalité. Sur la base de cette dissymétrie, on peut se demander si le légal est nécessairement légitime.
    Or, si le questionnement se porte d’abord sur les concepts de légalité et de légitimité, à leurs renvois respectifs au domaine du droit positif et du politique pour l’un et à l’idée de justice et à l’éthique pour l’autre, la réflexion se doit d’envisager les conséquences pratiques d’une exigence de légitimité.
    Si le pouvoir politique s’exerce via la loi, exiger de lui une légitimité quant à son exercice, revient à le circonscrire, sinon à le limiter. Or, qui est susceptible d’exprimer une telle exigence et de l’appliquer ? Le pouvoir légal lui-même ? La conscience politique des citoyens ? Quoi qu’il en soit, c’est le fondement de l’édifice politique qui se trouve mis en question par l’exigence de légitimité.

    Pensez-vous que ce qui est légale est nécessairement légitime ?
    Privilégiez-vous une société basé sur la normativité, sur le jusnaturalisme, ou sur le positivisme légale  ?
    Pensez que le droit français est davantage basé sur l'équité, sur le légalisme ou sur un mélange des deux ?
    Quelles seront les tendances à venir du droit en France ?

    sources wikipédia, ac grenoble, devoir de philosophie.

worldpeace
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Message non lu par worldpeace » 02 oct. 2009, 23:01:00

Bonjour cher Libre penseur,

Je voudrais faire part de ma définition de la légitimité qui est légèrement différente de la tienne. A voir après dans quelle mesure cela peut "altérer" la discussion.

Je considère personnellement que la légitimité est le fait que les gens aient choisi. Par exemple, le pouvoir dans une démocratie affirme être légitime parce que choisi par le peuple. En clair, ce qui est légitime est ce qui choisi par la majorité. Selon cette définition, ce n'est pas forcément la justice réelle (c'est-à-dire suivant le principe d'équité).
Pensez-vous que ce qui est légale est nécessairement légitime ?
Non, aussi bien avec ton acception qu'avec mon acception de la légitimité.
Privilégiez-vous une société basé sur la normativité, sur le jusnaturalisme, ou sur le positivisme légale ?
A mon avis, le droit positif devrait s'appuyer sur la légitimité (selon mon acception du terme). La légitimité elle-même devrait suivre le principe d'équité et sur le droit naturel.
Pensez que le droit français est davantage basé sur l'équité, sur le légalisme ou sur un mélange des deux ?
Ni sur l'un ni sur l'autre, mais plus sur le deuxième que le premier.
Quelles seront les tendances à venir du droit en France ?
Trop de paramètres.

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 03 oct. 2009, 10:34:00

Bonjour cher worldpeace,
Je considère personnellement que la légitimité est le fait que les gens aient choisi. Par exemple, le pouvoir dans une démocratie affirme être légitime parce que choisi par le peuple. En clair, ce qui est légitime est ce qui choisi par la majorité. Selon cette définition, ce n'est pas forcément la justice réelle (c'est-à-dire suivant le principe d'équité).
Ma définition de la légitimité était : qualité de qui est équitable, juste.
Mais je suis d'accord, le peuple n'est pas la voie de la raison, c'est pour cela que le principe de souveraineté populaire est critiquable (cf. Suisse), cela dit le principe d'équité n'est pas plus respecté par l'autorité politique, pour un droit purement légitime, on devrait être gouverner par des sages qui plus est juste, ce qui est loin d'être le cas.
Le problème qui se pose c'est la vision de la légitimité accordé par chaque individu, pour un droit applicable pour tous, je pense donc que l'on doit se baser tout d'abord sur le droit naturel, car universel.
Non, aussi bien avec ton acception qu'avec mon acception de la légitimité
De même. D'ailleurs je me base sur un principe simple qui est souvent bafoué par la loi, fait tout ce que tu veux tant que tu ne nuis pas à autrui. Je pense aussi que le droit pénal est basé sur un légalisme excessif, par conséquent le principe d'équité est quasi-inexistant en droit pénal, bien que la France fait preuve de plus de souplesse que d'autres pays (cf. USA).
Sinon, bien évidemment, ce qui est légal n'est pas toujours légitime, je pourrais citer bon nombre de loi qui le prouve. Comble du comble, la justice a parfois un arrière goût d'injustice.
A mon avis, le droit positif devrait s'appuyer sur la légitimité (selon mon acception du terme). La légitimité elle-même devrait suivre le principe d'équité et sur le droit naturel.
Oui, c'est un peu le principe du positivisme légale, on va dire que c'est le juste milieu, je partage ta conception, bien que j'ai une tendance libertaire assez forte, ce qui me rapproche davantage du jusnaturalisme.
Ni sur l'un ni sur l'autre, mais plus sur le deuxième que le premier.
Encore juste, enfin c'est comme ça que je le ressens, le droit est devenu une sorte de normalité technocratique ou on range tout et n'importe quoi. Trop de loi tue la justice.
Trop de paramètres.
Effectivement, pas facile à jauger, mais on ressent un légalisme de plus en plus fort, et le droit civil est aussi devenu une arme pour des non-victimes qui s'en servent comme d'une épée qui frappe le dos d'un prétendu agresseur (expl: Sarko et l'histoire des t-shirt...).
Il y aussi un facteur beaucoup plus inquiétant qui tend à sanctionner de plus en plus les intentions, on pourrait parler de légalisme autoritaire, là c'est la limite du totalitarisme. Je pense notamment aux lois liberticides récemment promulgués en Europe et en France, cette tendance se confirme depuis 2001 sous prétexte de terrorisme et d'insécurité, malheureusement la population n'a pas conscience de cet état du droit actuel, je ne veux pas être pessimiste, mais en terme de droit contemporain, on est mal barré. Je pense par exemple, aux lois Perben 1 et 2. Quand je parle de lois liberticides, j'entends aussi loi anticonstitutionnel, or la constitution se base sur ce que le droit à de plus vertueux, sur un droit naturel universel transcrit sur papier, et considéré comme norme fondamentale d'équité pour un peuple.  En plus de cet accroissement certains des lois liberticide, on constate une impunité vis à vis des classes dirigeantes économique et politique (je pense récemment au non lieu de Chirac par rapport aux emplois fictifs) En claire on sanctionne pénalement et fiscalement les classes moyenne et on laisse courir l'élite tranquillement, donc le droit en plus d'être parfois inéquitable est inégale.

Bon we.

worldpeace
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Message non lu par worldpeace » 03 oct. 2009, 21:05:00

L'issue d'un procès dépend plus de notre statut social que de notre culpabilité. icon_neutral

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racaille
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Message non lu par racaille » 03 oct. 2009, 22:13:00

La question de la légitimité est assez subtile parce qu'il faut bien différencier ce qui est légitime au nom de la société et ce qui est légitime pour chaque individu composant cette société. La première légitimité débouche sur l'écriture du droit, fondée sur le consentement de la majorité qualifiée des individus après le vote de leurs représentants politiques, et donc sur la légalité. La légitimité individuelle est elle fondée sur l'éthique propre de chaque individu. voilà pourquoi on débouche parfois sur des discussions du type : "est-ce que la mère d'un bébé a une quelconque légitimité pour voler la nourriture qu'elle ne peut acheter à son bébé car elle est pauvre ?" on voit bien que sur ce genre de thème on est loin du consensus.

Note sur le droit naturel : il faut se méfier de ce qu'on nomme "nature humaine". On a dit beaucoup de connerie à ce propos dans l'histoire des idées, de la philosophie, du comportementalisme et de la psycho-sociologie. Heureusement depuis les travaux de Laborit on sait désormais à quoi s'en tenir quant à cette prétendue nature humaine. Elle est désormais réduite à sa portion la plus congrue et il serait bien délicat de fonder un droit dessus. Parce que s'il s'agit de constater que tout individu a besoin de boire, manger, dormir et ch..., on ne va pas aller bien loin ;)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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Libre penseur
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Message non lu par Libre penseur » 04 oct. 2009, 00:31:00

Note sur le droit naturel : il faut se méfier de ce qu'on nomme "nature humaine". On a dit beaucoup de connerie à ce propos dans l'histoire des idées, de la philosophie, du comportementalisme et de la psycho-sociologie. Heureusement depuis les travaux de Laborit on sait désormais à quoi s'en tenir quant à cette prétendue nature humaine. Elle est désormais réduite à sa portion la plus congrue et il serait bien délicat de fonder un droit dessus. Parce que s'il s'agit de constater que tout individu a besoin de boire, manger, dormir et ch..., on ne va pas aller bien loin ;)
Sans vouloir t'offenser mon cher racaille, je pense que ta définition du droit naturel est légèrement erroné,  le droit naturel est un droit immuable et universel, qui est fondé sur des principes d'équité pour le bien être de tous, pour moi c'est la source même du droit, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, préambule de la constitution, en est largement inspiré. Le droit naturel est primauté de toutes les autres formes de droit. La suprématie du droit naturel est nécessaire pour un droit positif légitime.
La légitimité individuelle est elle fondée sur l'éthique propre de chaque individu. voilà pourquoi on débouche parfois sur des discussions du type : "est-ce que la mère d'un bébé a une quelconque légitimité pour voler la nourriture qu'elle ne peut acheter à son bébé car elle est pauvre ?" on voit bien que sur ce genre de thème on est loin du consensus.
Exemple intéressant, en droit, dans ce cas précis, on parle de circonstance atténuante, des causes ont déterminés  ce choix, pour moi, cette mère a des raisons juste de voler, d'où la nécessité d'une justice malléable, et non un légalisme figé.
La question de la légitimité est assez subtile parce qu'il faut bien différencier ce qui est légitime au nom de la société et ce qui est légitime pour chaque individu Imagecomposant cette société. La première légitimité débouche sur l'écriture du droit, fondée sur le consentement de la majorité qualifiée des individus après le vote de leurs représentants politiques, et donc sur la légalité.
Je ne suis pas d'accord, le droit ne doit pas dépendre de la majorité, il doit seulement dépendre du principe de justice, et d'équité universel. La légitimité n'est pas une notion que l'on peut restreindre à des choix de société. 

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racaille
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Message non lu par racaille » 04 oct. 2009, 01:11:00

Le gros problème que je pointe c'est que ceux qui ont écrit le droit naturel ne connaissaient rien de notre nature la plus profonde. Un peu ennuyeux non ? ;)

Pour moi la DDHC est un brûlot libéral qui donne la part belle au commerce sans jamais se soucier de justice sociale, de solidarité et de fraternité. Et puis de toute manière, quoi que l'on pense de cette déclaration, rien n'est naturel là-dedans ou presque ! La DDHC inclut par exemple la notion de propriété dans ces fameux droits naturels. Pourtant on sait pertinemment depuis plus de 50 ans que la propriété privée n'est pas un instinct au même titre que celui de fuir le danger ou de manger quand on a faim. Rien dans notre nature ne justifie le choix de la propriété privée au détriment de la propriété collective.

On voit donc que la DDHC est une déclaration politique avant d'être un document philosophique. Elle est considérablement influencée par une doxa qui est aussi subjective que ses critères ne le sont. Pour moi cela n'a rien d'une vérité universelle comme devrait pourtant l'être un droit qui se prétend naturel.
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Message non lu par Libre penseur » 04 oct. 2009, 01:27:00

Pour la propriété, il faut se remettre dans le contexte de l'époque, les terres appartenaient en grande partie à la monarchie, à la noblesse. Mais je suis d'accord ce n'est pas un principe du droit naturel, même si dans le contexte de l'époque c'était une revendication légitime (surtout pour les bourgeois, je te l'accorde)

Sinon, je te rappelle quelques articles de la DDHC qui sont propre au droit naturel :

Article 3
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Article 4
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Article 9
Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.

Article 11
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme: tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Article 15
La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Article 12
La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique: cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

Il serait bon de rappeler ces principes de base à nos classes dirigeantes, je le redis, le droit naturel est la primauté du droit positif.

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Message non lu par racaille » 04 oct. 2009, 01:53:00

L'article 12 est mensonger ("nécessaire"), il fait l'impasse sur la piste de l'auto-organisation et de la démocratie directe déjà lancée publiquement par des individus tels que Sylvain Maréchal et son manifeste des égaux. En gravant ce genre de truc dans le marbre on se condamne à voter pour des gens qui ne pensent qu'à s'en foutre plein les poches (j'exagère à peine en ce qui concerne la France en tout cas). Et encore, si l'on conserve la capacité de voter.

Sinon, il est évident que certains de ces articles sont de bonne facture et permettent théoriquement l'application de procédures permettant une liberté relative au sein de la société. Loin de moi l'idée de revenir sur la liberté d'expression garantie par cette déclaration par exemple.

a part ça, je vois surtout la déification du droit, la sacralisation de principes subjectifs et axiomatiques comme autant de principes universels, et enfin une déclaration rédigée "en présence et sous les auspices de l'Etre Suprême". Tous les ingrédients sont déjà là pour nous tondre dans les règles de l'art, le citoyen ordinaire ne faisant pas le droit lui-même et se contentant de le subir.

Dans la pratique, cette déclaration a justifié a fortiori la mise en application (entre autres) de :

- la loi Le Chapelier interdisant les organisations ouvrières
- La non-taxation du grain au profit des propriétaires - et initiant une nouvelle famine partiellement contrée plus tard par la loi sur l'accaparement en 1793 -,
- Du crime de "lèse-Nation".
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Message non lu par Libre penseur » 04 oct. 2009, 02:19:00

Certainement, bien que la DDHC fut un véritable progrès social pour les hommes de l'époque.

J'ai une question, Comment prétendre à un droit légitime en faisant appel au peuple ? Tu sais comme moi qu'un peuple n'a pas un sens inné de l'équité, des lois inique peuvent en découler.

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Message non lu par racaille » 04 oct. 2009, 02:33:00

Ben pour moi l'échelle nationale est inadaptée à l'épanouissement d'une société. Cela nécessite trop de compromis et, au final, on a beau se déclarer "civilisation", on n'en est pas moins réduit à croquer des anti-dépresseurs pour ne pas craquer comme les salariés de France Télécom. Ca n'a pas de sens. Observe-t-on les mêmes symptômes dans les sociétés tribales de celles qui vivent en Amazonie ?

Donc je suis mal positionné pour répondre à ta question car son cadre ne correspond pas au mien, tout du moins quand on aborde ce genre de question théorique. Dans le cadre national tel que nous le connaissons, il n'y a que le droit écrit qui peut être le garant de la cohésion sociale. il y a trop de monde dans une nation, trop d'occasions de frictions entre deux particules. On ne peut pas s'associer uniquement par affinité, nous n'en avons pas la liberté. Nous sommes condamné à devoir côtoyer des gens que nous n'apprécions pas. Evidemment qu'il faut la loi pour administrer tout ce petit monde !

Ceci étant dit, je précise que cette conception sommaire du droit n'implique aucunement de le qualifier de naturel. Il est concerté, il est subjectif, il est axiomatique. Le droit ne sait pas tout dire et il ne peut pas tout. Il doit constament se réadapter à la société, il vit toujours dans le passé en attendant d'être amendé ou abrogé. Mais il n'a jamais rien de naturel.
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Message non lu par Libre penseur » 04 oct. 2009, 03:57:00

Je m'attendais à une réponse de ce style, au vu des précédentes discussions que l'on a pu avoir (micro-société autogérée, prise de décision collective...etc..)
Mais, dis toi que quoi qu'il arrive des règles très probablement écrite seront établies dans ce genre de micro-société, certainement par le vote proportionnel majoritaire, finalement ça se rapproche de la souveraineté populaire version miniature...
Ceci étant dit, je précise que cette conception sommaire du droit n'implique aucunement de le qualifier de naturel. Il est concerté, il est subjectif, il est axiomatique. Le droit ne sait pas tout dire et il ne peut pas tout. Il doit constament se réadapter à la société, il vit toujours dans le passé en attendant d'être amendé ou abrogé. Mais il n'a jamais rien de naturel.
Honnêtement, j'avoue que l'utilisation du terme naturel est ambigu, mais avant naturel, y a droit, et la liaison de ces deux mots renvoie à la nécessité d'équité dans les rapport humains, en claire ce n'est pas la loi de la nature, la loi du talion, oeil pour oeil, dent pour dent. Cela dit, je comprends ta réticence, tu entends en ce terme que l'équité serait inné à la nature, à l'homme, or ce n'est pas le cas.

Selon moi, le droit naturel est applicable de la même façon dans toute société; la concertation du droit naturel se fait par la recherche de légitimité dans les lois universelles; subjectif, je ne pense pas, quoi de plus objectif que de trancher sur une loi commune au bien être de tous, l'ambivalence de l'idée générale d'une loi universelle est improbable, cette loi universelle se concrétisera par le biais du droit positif et son application; axiomatique, pas nécessairement puisque la bienveillance et la recherche d'équité n'est pas raison évidente pour tout homme.

Pour conclure, le droit naturel n'est que le socle du droit positif, en gros les principes généraux d'équité qui fondent la justice. Après il est bien évident que le droit positif a de multiple spécificité, et que les lois sont aussi adaptés aux valeurs d'une société.
En fait, j'insiste sur la primauté du droit naturel pour éviter les déviances du droit positif, promulgation de lois illégitimes, liberticides, légalisme excessif.

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racaille
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Message non lu par racaille » 06 oct. 2009, 01:03:00

Je n'ai rien contre les règle et la loi, l'anarchisme n'a jamais affirmé pouvoir se réaliser sans. Par contre dans son cas il s'agit de règles consenties par ceux qui y sont soumis, ce qui n'est absolument pas le cas pour nous dans la pratique.

La démocratie directe c'est la souveraineté populaire absolu, je ne le nie pas. Cependant l'échelle de la nation me semble mal adaptée dans le quotidien à l'administration collective de la "chose publique".

A propos du droit naturel. Je rappelle qu'il est toujours élaboré par des gens qui ignorent tout de la nature humaine. Fonder un droit sur ces postulats arbitraires sans rapport avec cette nature humaine est par conséquent tout-à-fait idiot. L'exemple le plus connu étant le fameux "instinct" de propriété privée dont la DDHC nous dit qu'il est inhérent à ce que nous sommes. C'est surtout là où se situent mes réticences. Par contre, si au nom du droit naturel on passait à 3 heures de travail par jour pour les salariés - en vertu de ce que nous savons désormais sur le stress, l'angoisse et les pathologies graves qui leurs sont liées -, je serais déjà nettement plus emballé :)

Edit : J'abuse un peu en fait en disant que le droit naturel est toujours pensé n'importe comment. Des gens sérieux se penchent encore sur la question et avec les dernières percées scientifiques sur la connaissance du fonctionnement de notre système nerveux, on comme à entr'apercevoir des perspectives au niveau politique et social. J'ai d'ailleurs lu un bouquin de ce genre l'année dernière qui plaide en faveur d'un darwinisme de gauche et qui est écrit par l'utilitariste Peter Singer. Ca prouve au moins qu'il existe des conceptions modernes du droit naturel.
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Message non lu par Libre penseur » 06 oct. 2009, 01:47:00

C'est marrant, pour le coup, j'ai l'impression qu'on a une logique totalement inversé, tu considères que le droit est le fait d'une société, d'un peuple, qu'il serait donc différent pour chaque communauté, qu'il serait régit uniquement par le contexte social, historique, tout ça est vrais dans la pratique, mais cela voudrait dire que le droit est le seul fait du déterminisme culturelle.

En fait, pour faire simple, je pense un peu prêt exactement l'inverse, par essence c'est la nature qui détermine le droit. La raison de l'homme a permis son innéité, la sociabilité en est une résultante. Plus j'y pense, plus ça me parait évident...

Je comprends tes objections venant de la DDHC, le capitalisme désavouerai le principe de droit naturel. C'est discutable.
Ce que je comprend pas dans ton raisonnement, c'est le fait que tu exclus les vertus du droit naturel sur le droit positif, et que finalement, si on suit ta logique, le droit positif serait la seule alternative, car fondé par la conformité d'une communauté, d'une société.

Eureka, au fil de cette discussion, je commence à comprendre ce qui nous distingue catégoriquement sur la question, tu as une analyse libertaire, et j'ai un raisonnement de libertarien. Ceci explique nos approches différentes sur la question, les libertariens prônent une société où les individus consentent librement, suivant le Droit naturel et l'axiome de non-agression, contrairement au libertaire qui sont pour une société collectiviste, et donc pour un droit positif établi pour l'ensemble d'une communauté.

En fait, ça me rassure pas trop, ça voudrait dire que je suis spontanément libéral... :|  
C'est dingue ce qu'on peut apprendre en philosophant... :D

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racaille
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Message non lu par racaille » 08 oct. 2009, 09:06:00

D'après ce que l'on sait désormais à propos de notre corps, la seule part innée nous constituant réside dans nos gènes. Tout le reste est acquis par l'expérience socio-culturelle. Jusqu'ici nous n'avons pas encore trouvé de gène du droit.

Je m'étonne que tu acceptes les faits montrant la grande diversité de la notion de droit dans les sociétés humaines mais que tu les rejettes sous des raisons théoriques qui me semblent loin d'être tenues pour acquises.

La sociabilité n'est pas non plus une affaire de raison, c'est uniquement une affaire de survie. C'est non seulement un instinct mais aussi un besoin organique ancré au plus profond de notre cerveau le plus reptilien. L'individu n'étant pas autonome dans son environnement il est tenu naturellement de s'associer pour survivre. Nul besoin de raison pour pratiquer la survie. Et une fois de plus on voit à quel point le contexte est important, l'association entre individus est d'autant plus nécessaire que ces individus tentent de survivre dans un milieu hostile. Les sociétés nomades n'ont pas le même rapport à l'individualité que nous, surtout depuis que nous avons construit théoriquement l'individu moderne (Nietzsche, Dostoïevski, Freud, etc.)

Je soutiens effectivement que le comportement humain est dans sa plus grande partie conditionné par l'expérience socio-culturelle, par "un engrammage du cerveau acquis par l'expérience" comme dit Laborit. C'est une conception radicalement matérialiste certes mais elle semble être confirmée par la recherche sur notre système nerveux. Elle découle d'une longue tradition philosophique qui démarre avec Démocrite pour aboutir enfin par une confirmation scientifique de notre absolu déterminisme.

Je précise que je ne sors pas l'argument massue de la science uniquement pour me la péter. J'ai toujours eu l'intuition de ce que j'écris ici - je ne suis pas le seul car en ce domaine je n'ai pas inventé la poudre - et j'ai été enchanté de savoir que cela avait été confirmé. Cela ne l'aurait pas été, ou si l'on avait confirmé une thèse inverse, j'aurais aussitôt révisé mes positions. Je m'intéresse plus à la réalité qu'à la théorie en fin de compte, la théorie n'est qu'un moyen et non une finalité en soi. Ce qui m'intéresse, c'est de percer la nature des choses afin d'en tirer des enseignements afin d'affiner le fonctionnement de notre système social, le tout en vue de l'émancipation individuelle.

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Tu as un peu raison dans ton analyse à la fin de ton commentaire. J'ai aussi trouvé que tu avais une conception très libérale des rapports sociaux, fondée principalement sur le droit. Les libertaires ont tendance à reléguer le droit au rôle d'un simple instrument dont on ne se sert que lorsque cela est nécessaire - donc en dernier recours. Les libertaires s'appuient aussi sur le contrat librement consenti suivant l'enseignement d'Epicure mais sa condition formelle, juridique, importe peu. C'est quelque chose de très secondaire par rapport au sentiment d'affinité qui peut lier des individus qui s'associent.

Ca s'explique facilement, l'anarchie c'est de dire qu'il n'existe pas de principe premier : ni Dieu, ni maître, ni même de droit. Tout est soumis à l'homme et non le contraire. Par conséquent la notion même de droit naturel est suspecte car elle implique que l'individu devrait se soumettre à ce droit en l'acceptant comme transcendant à lui-même. C'est inacceptable pour qui pense que tout est immanent.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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