La nouvelle théologie de la gauche radicale

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Hector

La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par Hector » 11 févr. 2018, 11:27:11

La nouvelle théologie de la gauche radicale

08 févr. 2018, 04:45:01

Malgré les démentis des faits, on peut faire confiance aux adeptes de la nouvelle théologie de la gauche radicale pour continuer à disséminer la bonne parole à propos de l’avènement tout proche du…

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Par Fabio Rafael Fiallo.


Tâche ingrate, cher lecteur, que celle de passer son temps à essayer de carrer le cercle, pariant que la réalité viendra corroborer nos plus chères convictions, pour constater à chaque fois que cette réalité s’obstine à les contredire. Et c’est justement dans cette situation inconfortable que se trouve la gauche dite « révolutionnaire », celle des admirateurs de Che Guevara, du castrochavisme et autres Mélenchon.

La crise du capitalisme se fait attendre


Car cette gauche n’a cessé de soutenir, depuis déjà plus d’un siècle, que le capitalisme est entré dans sa crise finale ; que le socialisme est mieux à même de promouvoir la base matérielle et technologique (les « forces productives » dans le jargon marxiste) de la société ; que le socialisme enfantera un « homme nouveau » (comme le Che le nomma), délesté de motivations individualistes, pécuniaires, et engagé corps et âme à la promotion du « bien commun ».


À son grand regret, elle se voit obligée de reconnaître que le capitalisme parvient à surmonter chacune de ses crises ; que le socialisme s’est avéré être un fiasco partout où il s’est imposé ; que depuis Staline jusqu’à Maduro, en passant par Mengistu, Mao Tse-Tung et les frères Castro, les régimes socialistes ne gardent le pouvoir qu’au moyen d’une répression brutale ; que, au lieu de la recherche du bien commun par un prétendu homme nouveau, ce qui motive les gens subissant le socialisme, c’est le « sauve qui peut ».

 Comment continuer à s’illusionner


Ce n’est pas pour autant que les « révolutionnaires » acceptent de remettre en question leurs croyances. Cela équivaudrait à renier le combat censé donner du sens à leur vie. Aussi préfèrent-ils partir à la recherche de subterfuges leur permettant de continuer à miser sur leurs idées flétries et leurs projets ratés.


Nombreux sont donc ceux qui répètent à l’envi : « peu importe si ce sacré capitalisme vient à bout de chacune de ses crises ; peu importe si les régimes socialistes ont jusqu’ici échoué ; peu importe si l’homme nouveau tarde à naître ; peu importe tout cela, car je demeure malgré tout persuadé du triomphe inéluctable de la Révolution ».


À partir de là, l’esprit critique disparaît, la lucidité vide les lieux, les croyances se transforment en dogmes de foi.

George W. Bush et l’opium de la révolution


Ironie de l’histoire : nos révolutionnaires, ceux-là mêmes qui avaient reproché à George W. Bush, et non sans raison, le divorce entre la théorie et les faits à propos de la fausse existence d’armes de destruction massive en Irak, tournent, eux aussi, le dos à la réalité. Dans leur cas, ils persistent à croire, malgré les faits opiniâtres, à la mort supposée imminente du capitalisme et à la fausse supériorité du socialisme. Aveuglement idéologique, quand tu nous tiens.


Ironie de l’histoire, surtout : le marxisme, qui avait défini la religion comme « l’opium des peuples », s’accroche aujourd’hui à une foi quasi magique qui, à l’instar d’une drogue, sert à entretenir le mirage de la victoire prochaine d’une « révolution » qui ne réussit nulle part.


Dans ce recours à la foi comme ultime moyen de continuer à croire en la révolution socialiste, le palmarès revient à des prêtres autoqualifiés de « révolutionnaires », anciens porte-étendards ou sympathisants de la soi-disant « théologie de la libération », laquelle, prétendant allier marxisme et religion chrétienne, parvint à exercer une influence non négligeable sur les cercles de la gauche radicale de l’Amérique latine  au cours des années 70 et 80 du siècle dernier.


On dirait que, habitués à la spéculation théologique, il leur est facile, pour ne pas dire naturel, de s’accrocher à la foi pour tenter de sauver leurs convictions politiques en déperdition.

Peu importe les faits


C’est ainsi que personne n’a assumé plus explicitement, et non sans une certaine fierté, son mépris de l’évidence empirique que le théologien révolutionnaire Juan José Tamayo.


Pour faire comprendre que les faits observés n’ont guère, ou n’ont pas, de prise sur ses idées, Tamayo a fait sienne, la citant à plus d’une occasion, la phrase du philosophe marxiste allemand du début du XXe siècle Ernst Bloch (reprise en fait de Hegel) : « si une théorie ne correspond pas aux faits, tant pis pour les faits ».

Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là


Dans un même ordre d’idées, personne n’a montré ces temps-ci plus d’entrain que le célèbre représentant de la « théologie de la libération »Leonardo Boff pour affirmer que le capitalisme est entré dans sa crise finale.


En 2011, au moment de la Grande Récession qui frappait l’économie mondiale, Boff affirme que « la crise actuelle du capitalisme est plus que cyclique ou structurelle ; elle est terminale ». Il avoue être « conscient que peu de monde soutient cette thèse », mais une telle solitude intellectuelle semble plutôt le conforter.


Or, la Grande Récession est aujourd’hui derrière nous. Tous les indicateurs économiques montrent que la croissance est de retour au niveau mondial. Mais Leonardo Boff persiste et signe et proclame en 2015, et à nouveau en 2018, que l’ordre capitaliste est en train de s’effondrer – ajoutant toutefois qu’il s’agit de simples hypothèses.

Les dérèglements de la terre


Pour conserver intacte cette foi en « l’hypothèse » de la crise finale, Boff précise que « la crise est terminale parce que nous tous, mais tout particulièrement le capitalisme, avons dépassé les limites de la terre ».


L’argument selon lequel l’écroulement du capitalisme aura pour cause un dérèglement de la Terre produit par ce même capitalisme n’a rien de nouveau. On nous l’avait déjà servi dans les années 70 du siècle dernier, avec le Club de Rome et son fameux rapport Halte à la croissance, lequel prédisait l’épuisement de ressources naturelles (pétrole et autres), et donc l’arrêt de la croissance, à cause d’un capitalisme « prédateur » et « débridé ».


Et pourtant, grâce au progrès technologique (fruit du sacré capitalisme) menant à la découverte de nouveaux gisements et à l’invention de nouvelles techniques d’exploitation – entre autres l’exploitation du gaz de schiste –, la disponibilité de ressources naturelles, loin de s’épuiser, n’a cessé d’augmenter.


Aujourd’hui, la catastrophe écologique qu’on nous annonce est d’un autre type : cette fois-ci elle aurait trait, non pas à un hypothétique épuisement de ressources naturelles, mais au réchauffement de la Terre.

Camarades, ayez foi en la crise finale, attendez encore un peu


Avec cet expédient, les anticapitalistes ont trouvé une mine inépuisable pour claironner à tout moment, et autant de fois qu’il faudra, l’arrivée de leur chère crise finale. Car la fameuse apocalypse écologique due au réchauffement planétaire n’est pas annoncée pour demain ; elle est censée prendre un temps mesuré en décennies (si tant est qu’elle ait vraiment lieu) – d’autant que des estimations scientifiques publiées récemment dans la prestigieuse revue Nature indiquent que le réchauffement climatique est moins prononcé, et donc moins rapide, qu’on nous avait dit.


En conséquence, si, comme depuis plus d’un siècle, leur chère crise finale du capitalisme peine à se concrétiser, les tenants de la nouvelle théologie de la révolution pourront toujours alléguer que la crise est là, mais qu’il faut donner du temps au temps.


Ajoutons à cela que le progrès technologique (rendu possible, encore une fois, par le capitalisme démoniaque) est en train de développer ce qu’on appelle la géoingénierie, c’est-à-dire des techniques visant à s’attaquer à des problèmes écologiques. Et n’en déplaise aux anticapitalistes et aux écolos, il est de plus en plus admis que la géoingénierie aura une place majeure dans la lutte contre le réchauffement climatique. Aussi, au lieu de signifier la mort du capitalisme, le réchauffement climatique aurait-il mené le capitalisme honni à occuper de nouvelles niches et à produire de nouvelles innovations technologiques.

N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !


Malgré toutes ces déconvenues, malgré tous les démentis portés par les faits opiniâtres, malgré toutes les percées technologiques accomplies par le capitalisme, on peut faire confiance aux adeptes de la nouvelle théologie de la gauche radicale pour continuer à disséminer la bonne parole à propos de l’avènement tout proche du Grand Soir de leur Révolution.



Article complet sur https://www.contrepoints.org/2018/02/08 ... e-radicale
« si une théorie ne correspond pas aux faits, tant pis pour les faits » : c'est tout à fait cela la gauche gauchiste actuelle. Le marxisme est un fiasco, la social-démocratie est un autre fiasco mais le capitalisme est en phase terminale selon les gauchistes extrémistes.

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Baltorupec
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par Baltorupec » 11 févr. 2018, 11:37:17

Oui, enfin ça, c'est le gauchisme vieille école, il y a un nouveau type de gauchisme qui émerge, c'est le gauchisme SJW (social justice warrior) :
Le marxisme rêve d'une société sans classe, sans hiérarchie, sans différenciation économique. C'est un gauchisme de la grève, de la manifestation et de la révolution.

Le gauchisme SJW se concentre moins sur l'aspect économique pour souhaiter une société sans identité sexuelle masculine ou féminine, non patriarcale (déjà qu'on ne peut plus affirmer que la société soit patriarcale aujourd'hui), bref l'ennemi est l'homme blanc hétérosexuel qui ne pense pas être une femme.
C'est le gauchisme qui multiplie les minorités raciales, sexuelles, identitaires, ect et se base principalement sur la plainte.

Au final, les deux idéologies fantasment sur un paradis sur terre induite par une société où les différences n'existent plus. Elles se basent sur des boucs émissaires (d'un côté les classes supérieurs, de l'autre l'hétérosexuel blanc chrétien ou athée qui n'a pas de problème d'identité sexuel (bref un homme qui pense être un homme ou une femme qui pense être une femme).

Le gauchisme que décrit l'auteur est pour la nouvelle génération gauchiste plus un gauchiste à la "Papa".
“Tout ce que tu peux régler pacifiquement, n’essaie pas de le régler par une guerre ou un procès.” Jules Mazarin

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racaille
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par racaille » 27 févr. 2018, 19:16:10

Salut à tous !

Avec un titre pareil ce topic est un aimant à racailles. C'est trop difficile de résister.

Je me contente de commenter deux-trois thèmes :

- Padamalgam ! Tous les gauchistes ne sont pas socialistes ou, pire, mélenchonistes. Essentialiser le gauchisme revient à mettre tous les moustachus dans le même sac.

- Je n'ai pas compris la pertinence de l'opposition entre le capitalisme et le socialisme de "Staline jusqu’à Maduro, en passant par Mengistu, Mao Tse-Tung et les frères Castro" (je cite).
Tous les socialismes cités ont conservé le mode de production capitaliste, propriété privée exceptée, mais avec le salariat et ses échelles de salaires, les classe sociales, le travail abstrait, le temps de l'horloge (de l'atelier), l'échange de marchandise médiatisé par l'argent, etc. L'économie capitaliste la plus ardente, championne du libre-échange, est d'ailleurs la très socialiste République de Chine (économie socialiste de marché).
D'autre part, le capitalisme contemporain (dit néo-libéral) est lui-aussi, à l'instar du socialisme réel, un constructivisme social sécrétant un Homme nouveau - dont nous pourrions parler ultérieurement s'il faut développer.

- L'auteur de cet article semble être très satisfait que le capitalisme soit en crise tous les 7-8 ans et qu'il faille toute la générosité des contribuables pour le remettre en selle jusqu'à la prochaine crise, toujours plus coûteuse que la précédente. A mon humble avis il n'y a pas vraiment de quoi la ramener sur ce point.
D'autant qu'il ne faut "jamais dire jamais" : le capitalisme est une structure historique, en tant que tel il a nécessairement un début et une fin. (Personnellement je n'ai aucune idée de la date, par contre j'ai l'impression que sa fin ne sera pas due au climat mais à la crise structurelle qu'il traverse depuis les années 70 avec la fin du compromis fordiste. Enfin faut voir, la course est serrée.)
Et n'oublions pas que le capitaliste est né d'un rapport de force entre classes sociales. Il est certain qu'il continuera sur sa lancée - du moins jusqu'à sa fin - tant que ce rapport de force persistera (pour la faire courte on est mal barrés, il va falloir qu'on en crève tous pour que tout s'arrête).

- A propos de ce que commente Baltorupec : Je découvre ce truc de SJW. Pour l'instant je me dis que ça correspond bien à l'époque. C'est un gauchisme de consommateurs qui ne sait pas penser en-dehors des catégories capitalistes (identité, droit, loi, moraline). Mais bon j'ai sans douté raté quelque chose.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

pierre30
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par pierre30 » 28 févr. 2018, 22:01:28

Ce que j'ai raté, c'est ce qu'est le gauchisme. Mais j'ai compris ce qu'il n'est pas.
L'homme nouveau ? C'est peu précis.

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racaille
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par racaille » 09 avr. 2018, 17:24:09

Salut Salut

Historiquement le gauchisme c'est tout ce qui est à gauche de Lénine. Même l'Opposition Ouvrière au sein du parti bolchevique était dite "gauchiste".
De nos jours un gauchiste c'est un mélenchoniste - même si Mélenchon dit lui-même que son programme est moins "radical" que celui de Mitterand en 1981 ; mais bon, la France de 2018 est bien à droite-toute et les mots ne signifient plus rien désormais.

Quant à cette histoire d'homme nouveau, l'article posté par Hector y fait référence dans sa version socialiste, mais sans l'expliquer. En gros il s'agit de dire que la société "communiste" sauce Lénine, Staline & Co serait tellement super et harmonieuse que surgirait un Homme capable de se débarrasser du négatif. Plus de délinquance, plus de vices, plus de passions tristes, bref le paradis sur Terre.

Le fascisme aussi a eu sa version de l'Homme nouveau, le nazisme aussi, certains anarchistes s'y sont intéressés, enfin toutes les idéologies y sont passées vu que c'était un truc tendance au XIXème et au début du XXème. Le libéralisme fabrique patiemment son Homme nouveau et peu importe que ce soit à l'américaine ou à la chinoise vu que seules les méthodes de gouvernance diffèrent (je m'y réfère souvent mais pour avoir un aperçu de l'Homme nouveau libéral, il faut lire "Vivre et penser comme des porcs" de Gilles Châtelet ; c'est bien vu et plutôt drôle).
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albert
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par albert » 09 avr. 2018, 17:39:04

Historiquement, le gauchisme, c'est un terme péjoratif inventé par Lénine pour disqualifier ses opposants de gauche. Le terme a ensuite été utilisé par le PC contre les trotskystes, puis contre les maoïstes. C'est plus une injure qu'autre chose.
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par El Fredo » 09 avr. 2018, 17:40:38

Homme nouveau et libéralisme pour moi c'est un oxymore, vu que le libéralisme n'est pas une utopie et que les libéraux prennent les hommes tels qu'ils sont et non tels qu'ils voudraient qu'ils soient (ce qui serait de l'oppression contraire aux principes libéraux).
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par racaille » 09 avr. 2018, 18:36:31

Salut El Fredo !

Content de te voir toujours actif sur le forum.

Doublement pas d'accord avec toi sur ce coup.

L'idéologie libérale prône le marché et la concurrence qui va avec. Cette dernière est une sur-détermination, par nature oppressive, s’exerçant sur l'ensemble des agents. De nos jours le marché s'étend à toutes les relations sociales, l'oppression concurrentielle est totalisante.

Mais pour en rester au libéralisme tel qu'il est pratiqué à peu près partout sur la planète, sa nouveauté réside dans son constructivisme. Il renonce à son ancienne croyance des agents rationnels et entend les rendre rationnels - donc prévisibles car c'est bon pour le marché et les techniciens chargés de veiller à son entretien. Si c'est pas une utopie ça... :)
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par pierre30 » 09 avr. 2018, 18:49:55

Je lis des critiques sur le gauchisme, sur les libéraux, mais personne ne prend la peine de définir ces termes. Je crois même que personne n'en est capable aujourd'hui.
Le Marxisme je vois à peu près ce que c'est. Le communisme aussi. Quoi que je suis certain qu'on pourrait en débattre longtemps.
Mais aujourd'hui marxisme et communisme paraissent d'un autre temps et le gauchisme est devenu un mot valise qui est utilisé pour les ultra-gauches violents et aussi pour les philosophes fumeux. 2 populations qui n'ont pas grand chose en commun.
Pour le libéralisme c'est la même chose. On utilise le terme pour parler des tenants du capitalisme (comme tu viens de le faire), mais également pour qualifier les régimes démocratiques qui essayent de garantir les libertés individuelles, et bien d'autres choses encore comme le libertarisme, voire l'égoïsme.
Au final on discute mais on ne parle pas du tout de la même chose.

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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par pierre30 » 09 avr. 2018, 18:55:04

Mais pour en rester au libéralisme tel qu'il est pratiqué à peu près partout sur la planète, sa nouveauté réside dans son constructivisme. Il renonce à son ancienne croyance des agents rationnels et entend les rendre rationnels - donc prévisibles car c'est bon pour le marché et les techniciens chargés de veiller à son entretien. Si c'est pas une utopie ça... :)
Rendre les agents prévisibles, c'est les contrôler ou les encadrer. Cela n'a rien de libéral.
Et ça montre bien que les régimes dont tu parles n'ont pas grand chose de libéral.
Une dictature, ça n'a rien de libéral : que celle ci soit de droite ou de gauche n'y change rien.

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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par racaille » 09 avr. 2018, 21:33:07

Pourtant contrôler et encadrer ça fait partie des outils standards de la gouvernance libérale contemporaine, telle qu'elle est pratiquée dans toutes les sociétés de marché ou presque, à des degrés divers et variés.

Partout des régulations, des normes, des contrôles et des contrôles des régulateurs, des lois, des jurisprudences et des tribunaux arbitraux. Tous cette bureaucratie publique ou privée, c'est autant de tuyaux qui canalisent les activités des agents. De l'OPA jusqu'au contrat de mariage. Comme sur des rails avec des aiguillages de temps à autres.

Mais il y a aussi des mécanismes incitatifs, des subventions et des amendes. Des coupons réduction, des images de cancéreux sur les paquets de clopes. Ca ne marche pas toujours mais c'est l'intention qui compte.

On parle maintenant de l'exploitation des big-datas par une aide décisionnelle comme nouvel outil de gouvernance des populations (de citoyens ou de clients). Le social engineering, le neuro-management, les bulles d'information, des trucs techno-science super.

Vraiment, le "libéralisme réel" déploie à toutes les échelles des efforts considérables afin de rendre les populations dociles et prévisibles. Son Homme Nouveau est un Homme domestiqué.

PS : J'avais oublié de préciser que "gouvernance" ça ne veut pas dire "le gouvernement" dans le sens du gouvernement Edouard Philippe. C'est (selon Foucault, mais lui il dit plutôt "gouvernementalité") : tout ce qui conduit la conduite des hommes. Une idée qui prend corps avec le libéralisme. Ca peut-être une politique de sensibilisation d'origine associative, l’urbanisme dans les cités, la gestion des files d'attentes à Euro Disney, la politique familiale, etc.
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par El Fredo » 09 avr. 2018, 23:48:57

Mais justement si on doit contrôler et encadrer c'est qu'on est très loin d'un quelconque "homme nouveau" tellement fondu dans le système que de tels contrôles et cadres en deviennent superflus. L'homme conserve son libre arbitre avec son corollaire, le système judiciaire.
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par pierre30 » 10 avr. 2018, 10:37:16

@racaille De fait ces sociétés ne sont pas libérales. Elles sont pragmatiques et sociales, c'est à dire qu'elles définissent les règles qu'elles souhaitent s'appliquer à elles mêmes ("qui décide" est aussi une de ces règles).
Le capitalisme n'est pas à associer au libéralisme. Le premier est une modèle économique qui se constate plus qu'il ne se décide, tandis que le deuxième est un modèle social qui ne se constate nulle part. On peut seulement s'en inspirer.

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albert
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par albert » 10 avr. 2018, 10:46:49

"Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père" disait Jésus Christ. De même, il y a plusieurs demeures dans ce qu’on nomme le libéralisme. Il y a des utopistes qui croient en la main invisible du marché, des répressifs comme Pinochet, des néolibéraux qui, comme le dit Racaille, encadrent et contrôlent au point de vouloir formater les esprits et uniformiser les comportements.
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Re: La nouvelle théologie de la gauche radicale

Message non lu par pierre30 » 10 avr. 2018, 11:03:52

La définition du libéralisme a toujours été floue. La gauche utilise souvent ce terme pour désigner le système économique existant dans les pays occidentaux. Dans ce cas c'est un terme assez péjoratif qui met l'accent sur l'idée de marché libre et de capitalisme.

La réalité économique est très éloignée du marché libre et de cette idée de libéralisme. Simplement la gauche voudrait s'en éloigner encore davantage.
Ceux qui se disaient libéraux il y a 10 ans faisaient également référence à l'économie et prônaient davantage de marché libre.

De plus en plus on parle de libéralisme pour les modèles de société qui garantissent les libertés individuelles, liberté de la presse et toutes les libertés qu'on dit essentielles au fonctionnement du modèle républicain.
On y oppose les démocratures qu'on dit non libérales. Dans ce cas il ne s'agit pas d'économie mais de modèle social.

Cette définition du libéralisme me semble plus riche dans le sens qu'elle s'applique à un domaine distinct de celui de l'économie.
Dans ce dernier cas libéralisme s'entend comme un principe qui met en avant les libertés sociales et individuelles.

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