L'intérêt général

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 10 août 2010, 19:42:00

Qu'est ce que l'intérêt général ? Comment le définissez-vous et comment peut-on l'identifier (c'est à dire, comment peut-on dire que telle mesure va effectivement dans le sens de l'intérêt général) ?

Conscience

Message non lu par Conscience » 10 août 2010, 20:19:00

.
En réalité comme tu le dis ce serait satisfaire le plus grand nombre quitte que ce soit au détriment de ceux moins nombreux.

logan
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Message non lu par logan » 10 août 2010, 20:22:00

Ce n'est pas une question de satisfaction, c'est faire ce qui est juste pour tout le monde.

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Nombrilist
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Message non lu par Nombrilist » 10 août 2010, 20:23:00

Et comment peut-on identifier ce qui est juste, de manière objective ?

Et deuxième question, si c'est n'est pas une question de satisfaire les gens, il est question de quoi, alors ?

logan
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Message non lu par logan » 10 août 2010, 20:27:00

Tu ne peux pas c'est une question de point de vue, mais comme j'ai expliqué dans un autre fil, nous avons heureusement notre expérience passée sur laquelle nous appuyer, des faits concrets pour éliminer certaines idées et savoir ce qui est réellement juste ou pas.

Pour savoir de manière objective ce qui est juste il faudrait être omniscient et omnipotent, il faudrait pouvoir connaitre à l'avance toutes les conséquences que cela entrainerait sur un temps infini.

Et puis évidemment ça dépend de tes valeurs.

Pour répondre à ta deuxième question, faut simplement se dire que chacun n'a pas forcément conscience de ce qui est bien pour lui-même ni de ce qui est son intérêt personnel, en réalité son intérêt personnel est indissociable de l'intérêt général, vu que tout le monde est interdépendant.

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artragis
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Message non lu par artragis » 10 août 2010, 20:42:00

 
 c'est faire ce qui est juste pour tout le monde
Juste, dans le sens de justesse? de justice? Eh oui, si tu prends le premier mot, c'est impossible que ça soit juste pour tout le monde, dans le second, soit c'est juste pour tout le monde, soit c'est injuste pour tout le monde. Donc non, je ne pense pas que ça soit une question de "faire ce qui est juste".
Sans compter, que dans "intérêt général", il y a "intérêt".
C'est à dire qu'il faut qu'il y ait une idée de progrès, ou, du moins de projection vers du meilleur.
Maintenant, qu'est-ce que "général" (puisque c'est ce qui est le plus complexe à définir en fait)?
Tout le monde? nous sommes tellement différents, nos expériences sont tellement disjointes que la probabilité que "tout le monde" soit intéressé dans une décision est presque nulle.
La majorité? Peut être, mais l'intérêt de cette majorité s'élève-t-il (injustement) au dessus des faiblesses de la minorités?
Joseph Conrad a écrit :Toutes les ambitions sont légitimes, excepté celles qui s'élèvent sur les misères ou les crédulités de l'humanité.
Ce sont les misères qui m'inquiète ici.
Ce qui est en fait génant dans l'intérêt général, c'est que celui-ci veut se poser comme supérieur à l'intérêt particulier. L'être de base agit pour son intérêt particulier, mais les têtes de la société, eux ont l'intérêt général. Est-ce pour ça qu'on a l'imperssion que quelque soit la mouvance politique au pouvoir, les hommes politiques sont éloignés des réalités?
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Golgoth
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Message non lu par Golgoth » 10 août 2010, 21:06:00

Je ne suis pas d'accord sur le " satisfaire le plus grand nombre". En fait une mesure d'intérêt général fait en général râler le plus grand nombre, qui invoque souvent les libertés individuelles pour se justifier, c'est d'ailleurs à ça qu'on la reconnait.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

logan
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Message non lu par logan » 10 août 2010, 21:09:00

La justice découle de la morale, ce qui est juste est ce qui est conforme à la morale. Ici bien sur je parle d'une morale philosophique. Je ne parle pas de religion.

Par définition, notre intérêt personnel se confond avec l'intérêt général vu que nous sommes interdépendants et que nous vivons par et pour nous même mais aussi par et pour les autres. En réalité l'intérêt personnel, l'intérêt général, se confondent tout simplement avec l'existence.

Donc il y a la plupart du temps une divergence entre notre véritable intérêt personnel, qui est toujours l'intérêt général, et la conscience que l'on peut avoir de ce qu'est notre intérêt personnel ou l'intérêt général.

Un choix peut être bon ou mauvais, pour nous, et/ou pour les autres, ou n'avoir en fait aucune incidence.

Le et/ou dépend de l'interdépendance qui nous lie et qui interfère avec ce choix.

Ce qui est juste est donc ce qui est bon pour nous et pour les autres.

Cela dépend donc effectivement de nos valeurs.

Mais heureusement tout n'es pas subjectif vu que nous avons la possibilité de voir quelles conséquences ont pu avoir nos choix passés dans plus ou moins les mêmes circonstances et à plus ou moins long terme.

De cette expérience humaine on en tire donc des leçons qui nous permettent de dissiper une large partie de cette subjectivité.

logan
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Message non lu par logan » 10 août 2010, 21:14:00

Golgoth a écrit : Je ne suis pas d'accord sur le " satisfaire le plus grand nombre". En fait une mesure d'intérêt général fait en général râler le plus grand nombre, qui invoque souvent les libertés individuelles pour se justifier, c'est d'ailleurs à ça qu'on la reconnait.
C'est faux, statistiquement quand cela fait raller le plus grand nombre, c'est bien plus souvent parce que c'est injuste et donc non conforme à l'intérêt général.

Conscience

Message non lu par Conscience » 10 août 2010, 21:22:00

.
Golgoth,oui et non les mesures contre le tabac ou l alcool au volant,la vitesse ce sont des mesures qui en embêtent beaucoup,pour les excés de vitesse je dirai tous et on admet que c est une bonne chose,c est l intérêt général,en fait partout ou il justifie la protection des gens  même contre eux même,tous ce qui vise à la protection de l être.Même si ce n est pas le plus grand nombre dans ce cas.

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El Fredo
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Message non lu par El Fredo » 10 août 2010, 22:01:00

Ah, l'intérêt général, vaste question, presque aussi vieille que la philosophie icon_cheesygrin

Tout d'abord, définissons ce que n'est pas l'intérêt général.

L'intérêt général n'est pas la somme des intérêts particuliers. C'est une idée assez répandue à droite, où traditionnellement la vision part de l'individu pour aller au monde, contrairement à la gauche qui part du monde pour aller à l'individu (cf. Gilles Deleuze).

L'intérêt général n'est pas non plus celui qui satisfait la majorité. Contre-exemple typique : l'impôt sur le revenu. Ceux qui s'en acquittent ont pour intérêt d'en payer le moins possible, ceux qui y échappent de continuer à en être exonéré. Or l'intérêt général est d'en maximiser le produit au profit de l'ensemble de la communauté. Quelle que soit la catégorie majoritaire, son intérêt va à l'encontre de l'intérêt général.

Maintenant, ce qu'il peut être.

Dans la tradition de la philosophie libérale, on définit l'intérêt général comme allant dans le sens de la maximisation du bonheur des membres de la communauté. Les utilitaristes comme Jeremy Bentham et John Stuart Mill considèrent qu'une condition essentielle à l'accomplissement du bonheur est la possibilité pour les individus d'exercer leur liberté dans le respect du principe de non-nuisance, autrement dit, où les individus vivent comme ils l'entendent sans causer de nuisance à autrui. L'intérêt général doit donc aller dans le sens d'une liberté accrue, condition nécessaire au bonheur, et pour ce faire admet certains sacrifices dans la poursuite de ce but (par exemple la conscription permet de lever une armée en cas d'agression, au péril de la vie des soldats). Au contraire, les partisans du droit naturel comme Kant considèrent que la poursuite de l'intérêt général ne justifie pas le sacrifice de quelques-un ou la violation de leurs droits naturels.

C'est le vieux débat entre éthiques utilitaristes (Bentham, Mill) et déontologistes (Kant), et la définition qu'on a de l'intérêt général dépend nécessairement de quel côté on se place. Ainsi, les vieux dilemmes moraux suivant :

- peut-on torturer quelqu'un qu'on soupçonne d'être un terroriste afin qu'il avoue où se trouve une bombe sur le point d'exploser ?
La plupart d'entre vous répondraient non.

- peut-on torturer quelqu'un dont on a la certitude qu'il est un terroriste, qu'il connait des informations sur cette bombe, que celle-ci est sur le point d'exploser, qu'elle fera des centaines de morts innocents ?
Déjà plus difficile...

- peut-ont le torturer si on a la certitude absolue que cela empêchera l'attentat ?
On a du mal à voir la différence avec la question précédente. Cependant elle est essentielle : c'est la certitude du succès. Peu probable dans le cas de l'usage de la torture sur un terroriste ? Alors changeons de contexte ! Voici une liste de dilemmes moraux classiques (le fameux cas du Tramway fou qui fonce sur un groupe de personnes) :

http://julien.dutant.free.fr/blog/index ... concours-d…
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Message non lu par mps » 10 août 2010, 22:35:00

En fait, l'intérêt général est une notion de Droit Public.

La sécurité, la distribution d'eau potable, d'électricité, l'égoutage, la scolarité, les soins de santé, l'accès à la  Justice, la défense du territoire e.a en sont les  thèmes les plus évidents. 

Puis viennent des cas plus locaux : ne pas craicher par terre, éviter de déranger les passagers d'un vol de nuit, ou de chahuter dans un cinéma ...

Pour les cas ou dilemmes exposés par El Fredo, ils sont à mon avis assez simples : privilégier l'intérêt d'un grand nombre,plutôt que celui d'un individu, quand le risque pour le grand nombre est majeur.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

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Message non lu par El Fredo » 10 août 2010, 23:37:00

Simple que tu crois : une des expériences scientifiques menées au sujet de ces dilemmes impliquait dans l'un des cas de précipiter une personne sur la voie pour stopper le tramway sans freins et sauver ses passagers. Une interprétation de l'intérêt général dicte de sacrifier la vie de cette personne pour en sauver plusieurs, pourtant quasiment aucun des cobayes n'a retenu cette option. Et pour cause : elle est contraire à l'éthique déontologiste. En revanche quand il s'agit d'un présumé terroriste le résultat est totalement différent et c'est l'éthique utilitariste qui s'exprime majoritairement. Comme tu le vois, rien n'est simple.
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Message non lu par Nombrilist » 10 août 2010, 23:40:00

"Une interprétation de l'intérêt général dicte de sacrifier la vie de cette personne pour en sauver plusieurs"

Oui, car on peut estimer que chaque vie a une valeur infinie (n'a pas de prix). Et qu'il n'y a alors pas de raison de sacrifier quelqu'un qui n'a rien à voir dans l'histoire pour sauver les autres. En revanche, le terroriste potentiel est impliqué dans la mort des gens à sauver.

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Message non lu par El Fredo » 10 août 2010, 23:59:00

Oui, sauf s'il n'est que présumé terroriste. Cas de la grande majorité des prisonniers de Guantanamo, qui ont été torturés pour soutirer des informations alors qu'ils étaient totalement étrangers à Al Qaeda. De plus, dans le cas de vrais terroristes il y a toujours le risque d'obtenir de fausses informations qui feraient perdre du temps aux enquêteurs et risqueraient d'entrainer l'explosion de la bombe de toute façon. Dans tous les cas notre propension à suivre la logique utilitariste ou déontologiste dépend, en plus de notre sensibilité personnelle (Jack Bauer est 100% utilitariste), de la fiabilité et de l'étendue des informations dont on dispose sur la personne à sacrifier. Dans le cas du tramway, jeter une personne anonyme sur la voie soulève plus de questionnements éthiques que si on connait la nature de cette personne.

Autre exemple : l'ordinateur HAL9000 dans "2001: l'odyssée de l'espace" est 100% utilitariste, car il considère que la réussite de sa mission est d'un intérêt supérieur à la vie des passages, qu'il choisit d'éliminer quand il réalise qu'ils sont la principale source d'incertitude, notamment quand il comprend que l'équipage envisage de le mettre en veille. Dans "2010: odyssée deux" il choisit de se sacrifier car une fois reprogrammé il réalise la valeur de la vie humaine par rapport à sa propre existence.
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