Ce n'est pas comme ça que je vois les choses - et toi non plus manifestement^^. Pour moi il ne s'agit que de dire que tous les choix ne sont pas possibles pour un individu donné. Il ne opérer que les choix qui correspondent à ce qu'il est. Cela ne permet ni de prévoir à l'avance ce que sera sa vie ni même de prévoir exactement ses choix dans telle ou telle situation donnée.
Je l'exprime mal parce que je n'ai pas le vocabulaire adapté (et il se peut que j'utilise le mot "déterminisme" d'une manière impropre). En tant que modeste amateur d'art fractal je constate une analogie tous les jours avec les formules que j'utilise : il s'agit d'ensembles géométriques déterminés par des équations très simples comportant peu de paramètres ; il arrive fréquemment que le comportement de ces ensembles soit malgré tout très erratiques. La connaissance des causes qui déterminent ces ensembles ne permet pas toujours de prévoir leur comportement à l'avance.
C'est dans cette optique (un individu donné ne peut pas tout puisqu'il n'a jamais à sa disposition l'ensemble de tous les choix possibles) que je considérais dans mes précédents messages que l'individu n'est pas forcément responsable de ses actes. C'est aussi pour cela que chaque individu est unique.
EDIT : Je cite un extrait du petit lexique philosophique de l'anarchisme de Daniel Colson, à l'entrée Entéléchie. Ce petit texte résume bien ce que j'ai dit plus haut (en tout cas c'est plus clair) :
C'est cette notion dynamique de l'entéléchie qui empêche de penser le déterminisme comme un fatalisme et le concept de libre-arbitre comme sa seule alternative.Entéléchie : Vieille notion philosophique, reprise par Leibniz puis par Proudhon (voir raison collective), qui permet plus particulièrement de penser les rapports entre force collective, liberté et raison. Employée par Aristote puis par la scolastique, l'entéléchie désignait traditionnellement l'état d'achèvement (donc de perfection) d'un être. Dans cette conception, et à la façon des "causes finales", c'est le "but" du mouvement qui fait passer de la "puissance" à l'"acte". A cette succession statique d'"états" dont l'entéléchie désigne le dernier, Leibniz substitue un modèle dynamique du mouvement. L'entéléchie désigne chez lui une "tendance", présente dès le début, et qui, par "dilatation", "déploiement", conduit tout être à ce dont il est porteur (à ce qu'il peut) dès le début de sa constitution. Ce qui exclue tout "fatalisme". Le "but" (ou "terme") n'est pas ce vers quoi on tend, de façon extérieure, comme finalité externe, en aval de notre action, et en fonction des illusions de la conscience, de la logique ou de la raison, mais ce qui nous fait agir, en amont, comme volonté et comme désir, au plus profond et au plus obscur de nous-même, en fonction de l'agencement qui nous constitue à un moment donné.
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Moi aussi je te remercie d'avoir pris le temps de me répondre en détail et j'ai aussi appris à mieux cerner la question de l'humanisme - même si je dois t'avouer que si ma critique sera désormais plus fine, elle reste bien une critique
En tout cas loin de moi l'idée de crier à l'imposture intellectuelle comme le font les ayatollahs de la pensée. Il est certain que la pensée humaniste s'inscrit intimement dans notre histoire et qu'il a joué un rôle indéniable d'émancipation lors de grands évènements historiques.
Ma position se résumait à dire ici que je vois plus de différence entre les conceptions du monde anarchiste et humaniste que ne j'en vois entre celles de l'humanisme et du christianisme. Ce qui était clairement un hors-sujet de ma part, et ce depuis le début
Quant à ta question initiale, il me semble que tu as su démontrer que le christianisme a largement hérité de l'humanisme et qu'il est bien une branche de ce courant de pensée. Ne serait-ce que par la généalogie des concepts utilisés.