Que gagnons nous à travailler ?

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lancelot
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par lancelot » 31 janv. 2012, 23:30:34

Décidément , tu va me faire passer pour plus bête que je ne le suis ....

Ce n'est pas ce que j'avais compris ....

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Gis
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par Gis » 31 janv. 2012, 23:33:35

ah non.. c'est sans doute moi qui me suis mal exprimée icon_neutral

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lucifer
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par lucifer » 01 févr. 2012, 00:33:11

Non, moi, j'avais compris correctement !!!
Maintenant que j'habite en province, je suis devenu peace and love. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ( surtout les descendants d'immigrés des cités que j'adore dorénavant )

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racaille
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par racaille » 01 févr. 2012, 23:39:05

Un texte que je cite souvent parce qu'il a le mérite de revenir à la racine du problème posé par le travail. C'est assez court, ça se lit vite et bien :

"Détruisons le travail !" par Alfredo Bonnano : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=362

Et tant qu'on y est, un autre du même tonneau :

"Abolition du travail. Travailler, moi ? Jamais" par Bob black : http://infokiosques.net/lire.php?id_article=380

Note : ces deux textes savent faire la différence fondamentale entre le travail et l'activité humaine. Bonne lecture ! :)
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

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politicien
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par politicien » 18 juin 2012, 10:40:07

Bonjour,

Aujourd'hui a eu lieu l'épreuve de philo pour le BAC et dans la série L, la question était :
- Que gagne-t-on en travaillant ?
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par El Fredo » 18 juin 2012, 10:42:55

De l'argent dont on se sert pour acheter des trucs pour compenser le temps qu'on perd à travailler icon_mrgreen
If the radiance of a thousand suns were to burst into the sky, that would be like the splendor of the Mighty One— I am become Death, the shatterer of Worlds.

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GIBET
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par GIBET » 27 juin 2012, 21:27:50

Ma petite pierre à l'édifice. Un travail personnel un peu ancien ...mais qui ne se démode pas!

"Le travail a longtemps été considéré comme une valeur de notre société.

Dans notre construction républicaine, la notion de puissance publique couvre l'obligation de fournir du travail. Et pourtant on peut aujourd'hui se demander quel est le statut du travail dans notre société humaine.

D'abord il faut faire une distinction entre le travail et le travail rémunéré. Puis il faut faire une différence entre le travail rémunéré valorisant et celui qui ne l'est pas. Enfin il faut redonner la place sociale au travail en tenant compte des réalités humaines au 21ème siècle.

Travail et travail rémunéré


Faut-il rappeler notre culture originelle empruntée à des livres anciens qui prétendent que Dieu a créé l'homme pour qu'il le contemple. L'image du paradis terrestre est une image d'oisiveté. C'est la sanction de la désobéissance qui a plongé l'homme dans l'obligation de quitter les avantages du paradis terrestre avec son désagrément: l'obligation dorénavant de se nourrir.

Au delà de cette image simpliste d'ADAM et EVE on retrouve en ABEL, CAIN et TUBALCAIN les symboles de la ville et de la campagne; les oppositions entre les bâtisseurs et les éleveurs. On retrouve les opposés entre les utilisateurs du feu et les exploitants de la terre. Déjà donc, il semble que s'opposent, à travers une approche initiatique, les intérêts de corporations.

Le travail passe alors bien vite de l'obligation de se nourrir à l'obligation de s'organiser en métier. Ce n'est sans doute pas tant la nécessité de préserver le gain attendu du travail que de préserver la connaissance qui est ainsi protégé. Certains métiers affrontent des interdits et doivent se cacher de la colère des hommes qui condamnent ces transgressions. Les charbonniers qui brûlent la terre seront longtemps condamnés de même que tous ceux qui touchent au feu. Il faudra bien admettre pourtant des exceptions pour les brûleurs de verre. Qu'à cela ne tienne leur métier sera quasiment anobli puisqu'ils servent Dieu à travers les vitraux des cathédrales.

Le métier devient une organisation jurée du travail, organisation pratiquement familiale et presque toujours initiatique. On y devient artisan c'est à dire ouvrier ayant acquis la capacité de reproduire à la perfection les gestes appris et qui jamais ne s'en éloigne. Jamais il ne viendrait à l'idée d'un artisan de modifier un élément de l’apprentissage acquis d'un maître.

Cette approche du travail introduit déjà une subtile nuance dans l'idée de salaire. On paie l’ouvrier à la tâche mais l’initié reçoit un salaire lié à sa connaissance.

On retrouve jusqu'à l'après guerre des générations pour qui le travail est autant une occupation qu'un métier. LA FONTAINE et son laboureur donne ses lettres de noblesse au travail, l'or et le trésor du pauvre.

Ils n'avaient pas de conscience de classe comme diront Marx et Lénine mais nos parents avaient tout à fait conscience de leur origine: le monde où l’on travaille pour se nourrir.

Travail rémunéré et travail valorisant


Lorsque l'analyse marxiste positionnera le travail comme un produit négociable en contrepartie d'une juste rémunération celui-ci deviendra une valeur marchande introduisant un rapport de force. Il n'y aura pas un lien direct entre la connaissance et le salaire puisque la rémunération sera le fruit d’un équilibre fragile entre l'offre et la demande de travail.
C'est un grand changement pour le travailleur car, avec les crises de l’offre il va être progressivement dépossédé du statut social de son travail individuel. Dans un monde en crise où la sélection ne se fait pas encore par la technologie, l’offre est souvent plus nombreuse que la demande. C’est la solidarité qui donnera dorénavant sa valeur au travail. cette valeur imposera cependant que le travailleur soit géré collectivement. On découvre alors qu'il n'est plus nécessaire d'être un merveilleux artisan car ce n'est plus l'art qui est payé. C'est plutôt une nouvelle règle collective qui respecte l'ancienneté dans les combats ou l’art dans le commandement des équipes. Le travail individuel n'est plus que rarement valorisé.

Les syndicats ont besoin de travailleurs donc il ne faut pas perdre l'idéal du travail. On continue à prôner les valeurs de courage, on récompense les travailleurs par des diplômes ou des médailles. On jette l'anathème sur ceux qui ne s'impliquent pas assez dans le travail ou qui défendent l'effort individualiste.
Les patrons, eux, dans une telle économie ont besoin du chômage qui rend l'offre de travail moins onéreuse.

Avec la généralisation de l’école et la sélection par le diplôme le travail va devenir la conséquence non plus de l'apprentissage mais de l’enseignement. On n'est pas initié aux commandement des hommes comme on était initié au métier artisanal, on gagne dorénavant le droit de commander si on possède le diplôme que la société reconnaît comme suffisant.

A travers l’enseignement républicain, fidèle à notre patrimoine culturel, les grands problèmes du travail vont se cristalliser:

* Fils d'industriel le travail est vécu à travers l'outil de production et donc le droit de propriété. Ce sont tous les droits de filiation qui se trouvent alors posés et d'une manière générale tous les droits civils.

* Fils de profession libérale ou de fonctionnaire (c’est la même chose jusqu’au 19è) la valeur du travail est vécu à travers l’école. Le père a réussi, le rejeton ne peut pas faillir. Et puis l’école de la République offre son temps à ceux qui ne sont pas obligés de travailler pour vivre. La valeur du travail passe dans ce cas par l'objectif d'acquérir un statut social s'inscrivant dans la continuité du père.

* fils d'ouvrier et ouvrier lui-même il a compris qu'il possède un bien négociable à condition de n'être pas chômeur. Il a acquis des droits au travail dont il a pu négocier la transformation d'une part en droit aux loisirs. Ceci est nouveau. La valeur du travail se modifie également. La valeur économique que va constituer le tourisme va poser le repos comme un droit. Le travail est réduit au moyen de gagner de l'argent pour vivre.

Mais n'est-ce pas là la vocation normale du travail? N'a-t-on pas anormalement donné au travail dans nos sociétés une valeur qu'il n'aurait jamais dû avoir?

En fait ce n'est sans doute plus le travail mais l'emploi qui est aujourd'hui transcendé. C'est vraisemblablement ce qu'il aura appris, lui, le fils de chômeur. Du travail il peut en trouver. Mais il s'agit souvent d'un travail qui ne constitue pas un emploi. Seul l'emploi donne à son possesseur un statut social. Le courageux chômeur qui s'emploie dans son jardin, qui produit des œuvres d'art ou qui est un génie du bricolage artisanal reste aux yeux des autres comme aux siens: un chômeur.

N'est-ce pas la raison notamment qui rend difficilement acceptable l'idée même de partage du travail? Il s'agit en fait de partager son statut social ce qui, dans le contexte de nos sociétés, est sans doute plus grave que de partager son salaire.

Partager: obligation collective ou liberté individuelle?

Le droit au travail doit passer par la revalorisation des valeurs du travail. Il y a là place aussi bien à des valeurs collectives qu’à des choix individuels.

Au niveau des valeurs collectives le travail doit être une fin en soi car c’est la manifestation de ce que chaque individu apporte à la construction collective. Le travail apporte ainsi le statut d’existence même de l’intégration dans la société.

Il s’agit d’un droit qui doit être reconnu comme fondamental afin que la société puisse organiser voire imposer un partage du travail qui satisfasse le plus grand nombre. Rien ne semble pouvoir imposer une raison individuelle suprême qui permettrait au nom du « droit de l’homme » de l’emporter sur l’intérêt vital de la collectivité et interdirait d’agir au profit du plus grand nombre pour partager le travail. Aucune raison liée à l’effort individuel pour trouver du travail, à l’effort scolaire pour obtenir des diplômes , à la liberté d’entreprendre ou de réussir n’est assez fort pour admettre que des hommes puissent être privés du droit de la subsistance fondamentale parce que le travail est mal distribué.

 Les choix individuels peuvent cependant être préservés. Le travail peut être le contraire de l’intérêt de l’homme s’il sacrifie la famille, les conditions de vie voire même le repos. Ces choix individuels imposent que la quantité de travail de chacun reste directement lié aux libertés individuelles.

Ne pas donner de travail à un homme est atteindre aux droits de l’Homme. Donner trop de travail à un homme est atteindre à sa liberté, voire à sa vie.

Il faut respecter à cet égard la sagesse des combats pour les droits et pour les libertés que nos aïeux, hommes de devoir et d’obligation , nous ont légués.

Ne réinventons pas les excès, ni dans un sens ni dans l’autre. Affranchissons nous des dogmatismes du syndicalisme comme nous nous sommes affranchis des pesanteurs de nos croyances spirituelles. Hier on nous interdisait de manger de la viande le vendredi au nom d’une croyance chrétienne dont les textes étaient pourtant muets sur le sujet. Aujourd’hui ne nous interdisons pas de travailler le dimanche ou la nuit au nom de principes tout aussi mécréants si grâce à cela la part du travail à partager augmente. Augmentons la part du partage sans créer la misère dans le travail.

Partager le travail c’est partager une activité qui apporte une plus value que quelqu’un accepte de payer. Il ne faut pas oublier cela. Ceci signifie que l’on doit partager de la réalité économique. On ne peut pas seulement partager une occupation. Peut-on toujours affirmer que le travail que nous produisons est lié à 100% à une activité utile et que l’on est prêt à payer. La « réunionnite » et la « paperasserie » sont mangeuses d’un temps que l’on paie souvent. Peut-on proposer de partager cela? Est ainsi posé la légitimité du travail rémunéré, pour ne pas dire même son utilité. Notre société aura sans doute à faire un retour sur elle même pour savoir si la productivité ne s’est pas faite en ne rémunérant plus des services qui pourtant s’avéreraient aujourd’hui encore constitutifs de plus values, au profit de tâches artificiellement valorisantes mais sans plus values directes. C’est là tout le problème posé par le partage du vrai travail plutôt que le partage de l’emploi. Ce dernier est un statut et non une activité. On peut créer un emploi artificiel sans que ce soit un véritable travail.

Alors la solution serait que la collectivité se mette d’abord d’accord sur le préalable de ce qui doit être partagé et dont elle assurera elle même le paiement si personne ne veut acheter l’activité correspondante.

Ainsi est posé tout le problème du partage du travail qui pourrait rapidement devenir l’aménagement des organisations du travail privant la collectivité d’une partie de l’occupation qu’elle acceptait de rémunérer parce qu’elle avait fait l’économie du diagnostic. Cette économie de l’occupation inutile aboutira à une réduction du gâteau à partager et non à une augmentation. De même le travailleur en place sera mieux placé que le chômeur pour bénéficier du rapport de force créé avec ses représentants syndicaux afin d’améliorer ses conditions de travail. Il ne partagera pas le travail, il partagera les restes de ce qu’il ne voudra plus vraiment faire en se donnant bonne conscience que cela servira l’emploi. Qui voudrait voir là une forme de charité rénovée?

Le vrai partage du travail implique:

soit que la quantité de travail augmente, et donc que les payeurs augmentent aussi, même si les payeurs sont des contribuables,
 soit que le nombre de bénéficiaires de la même quantité de travail augmentent et donc que les bénéficiaires de la rémunération acceptent de diminuer celle-ci a dû quantité du travail qu’ils ont cédés.

C’est ainsi que la partage du travail se pose.

Il ne se pose pas si la solution consiste à dire que tout le monde doit gagner, que l’on créera du travail rémunéré tout en augmentant les salaires de ceux qui travaillent déjà, mais en prenant une part de leurs charges d’activité.

Cette solution ressemble à la parabole biblique de la multiplication des pains et des poissons.

Mais là nous sommes dans le domaine de la croyance et non dans celui de la raison."
Le silence est un ami qui ne trahit jamais

pierre30
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Re: Que gagnons nous à travailler ?

Message non lu par pierre30 » 14 juil. 2012, 11:02:29

Très intéressant travail. Je vais le relire.

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