L'Homme prédateur de lui-même ?

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pierre30
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par pierre30 » 18 mars 2012, 10:40:56

La société actuelle reste collaborative essentiellement. L'économie a pour principe majeur de permettre à des gens de produire des biens et de les consommer ou de les échanger contre la production des autres personnes.

Les gens, les médias, focalisent souvent sur les abus et ce qui peut apparaître comme des abus. Ils oublient souvent de souligner ce qui est bénéfique à l'ensemble.

Je crois que les citoyens doivent s'efforcer à prendre du recul afin de bien distinguer le négatif et le positif et ainsi prendre les orientations adéquates.

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racaille
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par racaille » 18 mars 2012, 13:28:26

Je vais peut-être jouer sur les mots et je m'en excuse par avance. Ca me permet de préciser ce que j'avais à dire^^

Personnellement j'ai un peu de mal avec l'idée de soif de pouvoir. Je préfère parler de puissance plutôt que de pouvoir car ce dernier terme est connoté politiquement ; dans le langage courant le pouvoir est synonyme d'autorité et renvoie à l'utilisation de la violence (légitime ou non) par une institution sur les individus. Dans la société, le pouvoir c'est ce qui a toujours le dernier mot. Alors que le terme de puissance est plus neutre et, philosophiquement, il renvoie plutôt à la nature de toute chose qui est de persévérer mécaniquement dans son être, à la volonté de puissance de Schopenhauer, Nietzsche, Spinoza, Guyau, Bakounine, etc. (chacun ayant son propre terme pour définir cet élan vital inhérent à chaque être).

Et puis l'idée de soif désigne un manque. Or la puissance ce n'est pas un manque, c'est au contraire une sorte de trop-plein qui nous pousse sans cesse à nous étendre vers l'extérieur (et là je te rejoins Pierre30 lorsque tu dis que chez l'homme cela peut entre autre se traduire par la volonté d'imposer ses idées aux autres). Il est par exemple dans la nature d'une plante de croitre : à son sujet nous ne parlons pas de soif de pouvoir et à mon sens il n'y aucune différence entre la plante qui pousse et l'individu qui exprime sa puissance par tous les moyens que son corps lui permet.

Rien à dire sur ton second commentaire, je suis entièrement d'accord. C'est d'ailleurs valable pour tout le règne animal ; par définition une société c'est essentiellement de la coopération - même si des tensions peuvent parfois la traverser. Une société anomique ça n'existe que le temps de sa destruction. Après on passe à autre chose.
Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial. K M

pierre30
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par pierre30 » 18 mars 2012, 17:19:39

Je crois qu'on peut rester sur le mot pouvoir : il me semble que le pouvoir (ou la puissance si tu préfères) n'est pas le but premier. Il est seulement le moyen d'orienter la société dans la direction conforme à l'idée que se fait l'individu de son intérêt (le sien et son large entourage).

Le pouvoir comme but en soi n'est peut-être qu'une apparence; comme peut l'être l'argent.
D'autres phénomènes interviennent : le confort qu'offfre la société peut amener l'individu à se chercher des buts qui n'ont d'autre intérêt que de tromper l'ennui.

Je n'ai pas lu tous les philosophes et il ne s'agit que d'impressons personnelles.

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racaille
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par racaille » 18 mars 2012, 19:43:48

La puissance individuelle n'est pas nécessairement tournée vers la société ou autrui. Elle est aussi centrée sur soi, comme lorsque nous nous cultivons ou que nous apprenons à peindre et à sculpter. Ou alors elle est tournée contre les éléments, comme lorsqu'un marin navigue seul en transatlantique. La puissance dont je parle n'est pas un autre mot pour parler du commandement ou de l'autorité, c'est quelque chose de plus vaste que ce qui détermine les rapports sociaux. Comme par exemple la puissance d'un caillou qui lui permet de résister à un coup de pied mais peut-être pas au phénomène d'érosion. Sa puissance est inhérente à sa nature. Le pouvoir politique, le pouvoir des lobbies, le pouvoir des travailleurs de faire grève, ce ne sont effectivement que des moyens, pas tant d'imposer son point de vue aux autres que pour toutes les composantes de ces forces sociales de manifester leur propre puissance individuelle en résistance à l'altérité du monde extérieur.

Je te rassure, moi aussi il ne s'agit que d'impressions personnelles ! Même si je confesse avoir un petit penchant pour les auteurs matérialistes parce que j'ai l'impression d'arriver à établir un lien entre la pensée de la puissance des philosophes sus-cités (que je ne connais qu'en dilettante) et la biologie moderne. J'ai tendance à voir la société comme un agrégat d'amibes douées d'imagination, dont les objectifs sont : 1. la recherche de conditions facilitant la conservation de leur intégrité physique et 2. l'augmentation de la puissance résultant de cette intégrité physique.
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Ayahuasca
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par Ayahuasca » 19 mars 2012, 12:19:56

Très intéressant comme sujet.
Il y a un séminaire le 14 avril en Sorbonne intitulé "Hobbes et le statut de la liberté" (oui les universitaires aussi savent être drôles à leurs heures perdues). L'une des interventions posera la question du rapprochement de Hobbes et Spinoza justement.

Bref, apparté terminé, j'ai vraiment du mal avec la perception de la société collaborative sans contraintes. Personnellement, je pencherais au mieux pour une approche progressiste kantienne avec "l'insociable sociabilité" de l'Homme comme résolution de l'aporie entre tendances "naturelles" à la concurrence et société. Mais à vrai dire, je suis encore plus marquée des perceptions abdéritistes, voire terroristes-rousseauistes, même si je ne partage pas toute la philosophie de l'Histoire de ce dernier).
Je pense du coup que la collaboration ou la coopération sont au contraire des contraintes, nécessaires, mais des contraintes quand même.
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Re: L'Homme prédateur de lui-même ?

Message non lu par racaille » 21 mars 2012, 19:54:23

Je ne suis pas certain que la grande tendance individuelle soit à la concurrence. A mon sens la leçon à tirer du dilemme du prisonnier c'est que la concurrence surgit là où le manque d'information se fait sentir (puisque les prisonniers ont un grand intérêt à collaborer mais qu'ils ignorent quel sera le "jeu" de l'autre prisonnier). Or, dans une situation plus classique d'associations d'individus autour d'un intérêt commun, il n'y a pas cette incommunicabilité qui pousse invariablement les associés à se planter des couteaux dans le dos.

Je reste convaincu que l'individu maîtrise toutes les stratégies permettant de réaliser son intérêt personnel, qu'elles soient coopératives ou concurrentielles. La mise en pratique de telle ou telle stratégie est directement déterminée par le contexte.

Une société qui se dirigerait vers toujours plus de coopération entre ses citoyens - afin de maximiser les gains de tous - ferait en sorte de faciliter les moyens de réaliser notre intérêt personnel à travers l'intérêt d'autrui, et non contre lui. Manifestement l'époque n'est pas à la coopération, puisque nous avons subi au moins dix années ininterrompues de cette pression gouvernementale nous incitant à nous diviser les uns contre les autres.

A ce sujet je recommande la lecture du tout petit bouquin de Peter Singer, Une Gauche darwinienne : évolution, coopération et politique : http://fr.wikipedia.org/wiki/Une_gauche_darwinienne (Si seulement tous les philosophes pouvaient être aussi clairs que singer !)
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