Quel est selon ce fameux mal français qui ronge notre pays .

[Baltorupec]

Bonjour,

beaucoup de français en sont persuadés, il me semble, qu'il existe un mal français. Il arrive qu'un journal britannique ou américain s'y intéresse, en général pour promouvoir la politique à l'anglo-saxonne. Quel est selon vous ce fameux mal français ?

Personnellement, j'en ai déjà parlé sur le forum, mais à mon sens de très très loin, le mal français est son négativisme forcené. Notre pays a des défauts : centralisme exacerbé mélangé avec un peu d'autoritarisme de Paris, bureaucratie qui ferait passer un roman de Franz Kafka pour un conte pour enfant mais de très très loin, je citerais ce négativisme extrème que semble exprimé les français. Entre l'optimisme béat que l'on pourrait retrouver chez nos cousins d'Amérique et notre pessimisme, il y a à mon sens un équilibre. Il me semble que le français s'est fait une spécialité de s'auto dénigrer, de tout voir sous son angle le plus sombre et par conséquent de totalement manquer de confiance en l'avenir ou en toute autre action.

[johanono]

Le "Mal français", c'était le titre d'un bouquin d'Alain Peyreffitte, paru dans les années 70. Ce bouquin était axé sur l'économie, et grosso modo, croyait déceler une mentalité assez négative néfaste au développement économique. Je songe aussi aux travaux de Max Weber sur l'éthique du protestantisme, qui nous expliquent que les sociétés de culture protestante ont une mentalité davantage favorable au développement économique que les pays catholiques. Plus ça va, plus je crois à la dimension anthropologique du développement économique, c'est-à-dire que le développement économique serait d'abord une affaire de culture, de mentalités : les sociétés économiquement les plus développées sont celles où les gens ont une appétence plus forte pour les échanges économiques, le travail, l'ordre public, etc.

Cette mentalité négative qui règne au sein de la population française contribue probablement à expliquer en partie pourquoi la situation économique de notre pays est moins bonne que celle de nos voisins d'Europe du Nord.

En élargissant le débat au-delà du strict cadre économique, je crois aussi qu'il y a une forme de négativisme forcené chez beaucoup de Français : haine de son propre pays, jalousies les uns envers les autres, mentalité d'assistés qui consiste à toujours tout attendre de l'Etat et des pouvoirs publics, etc. Alain Peyreffitte, encore lui, avait aussi constaté une forme de "société de défiance" en France là où il faudrait une "société de confiance".

Mais en disant cela, peut-être que je fais moi-même partie de ces Français négatifs...

Je sais aussi que beaucoup de Français qui ont eu la possibilité de vivre dans des pays anglo-saxons (États-Unis et Australie, notamment) ont constaté que les mentalités sont plus positives là-bas.

Mais que faire contre cela ? Car c'est bien connu, on ne change pas une société par décrets...

[Narbonne]

Il faudrait que l'Etat se fixe des objectifs clairs et nets et dire ce qu'il va faire pour y arriver (avec un référendum). Créer un tableau de bord, mis à jour chaque trimestre et consultable par tout le monde. Les réformes à la petite semaine et la navigation à vue c'est usant et désespérant.

[El Fredo]

Tout à fait d'accord avec Balto, j'ai d'ailleurs déjà écrit un peu la même chose à plusieurs reprises.