http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet ... 0_actu.HtmRupture et Internet ne font pas bon ménage
« Je te quitte. » Sur ces mots, il y a dix ans, on tournait la page, en effaçant le numéro de téléphone de l'autre, en brûlant photos et lettres. On se gavait de musique pop mélancolique, et on finissait, avec un peu de volonté et de temps, par oublier le briseur de coeur. Aujourd'hui, « l'éconduit » doit faire avec les traces laissées par l'ex sur le Net (tweets, commentaires, photos...). La rupture, en plus d'être physique, doit être numérique.
Car nos vies matérielles et virtuelles se rejoignent. « Aujourd'hui, avant d'entretenir une relation avec quelqu'un, on tape son nom dans Google, explique le sociologue Jean-Claude Kaufmann (1). On a une première image de la personne, sans la connaître. Les réseaux sociaux changent les règles du jeu amoureux, pour la rencontre comme pour la rupture. »
« Internet facilite la rupture pour celui qui prend l'initiative et la rend plus difficile pour celui qui subit, résume le sociologue du couple. C'est énorme le nombre de gens qui rompent par mail ou encore par un simple changement de statut sur Facebook (de « en couple » à « célibataire »), avec l'illusion d'être impuni. Surtout ceux qui se sont rencontrés sur la Toile. » En revanche, pour celui ou celle qui se fait larguer, « c'est plus violent et plus lent à cicatriser ».
De plus en plus de ruptures
Marie, 27 ans, raconte le deuxième effet « kiss cool » de Facebook, après la rupture avec son compagnon. « Au début, j'étais collée à sa page Facebook (pense-t-il à moi ? Voit-il déjà quelqu'un d'autre ?). Puis, j'ai compris que si je voulais aller mieux, il fallait le rayer de ma vie, au moins pour un temps. » Marie l'a supprimé de ses amis. Mais cela n'a pas empêché les coups durs, car la jeune femme a continué à voir passer des photos de lui via d'autres amis.
Pour ceux qui ne voudraient pas supprimer l'ex de ses amis Facebook, par fierté, ou pour ne pas paraître puéril, le navigateur Google Chrome a créé « Eternal Sunshine » (du nom du film de Michel Gondry), qui permet de cacher toutes les activités d'un ami indésirable, sans qu'il le sache.
Pour Jean-Claude Kaufmann, il y a plus de ruptures aujourd'hui chez les couples non mariés. « Internet est un incitateur très fort à la rupture. Il y a dix ans, quand il y avait des bas dans un couple, on attendait que ça passe. Aujourd'hui, si l'agacement dure, on est tenté d'aller faire un tour sur la Toile, d'envoyer un petit message à une ancienne connaissance, sans avoir l'impression de trahir. On se confie, car on se livre plus fort et plus vite sur Internet, puis on finit par se donner rendez-vous... »
Nadine BOURSIER.
Voilà qui est bien triste, en effet...
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