Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?

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Golgoth
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Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?

Message non lu par Golgoth » 25 sept. 2012, 10:49:21

Je ne suis pas d'accord sur un point, ce n'est pas grâce à Charlie Hebdo que des écoles sont fermées, mais grâce à une bande de tarés extrémistes.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI. :mrgreen2:

Nico37
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Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?

Message non lu par Nico37 » 26 sept. 2012, 01:56:14

Charlie Hebdo, les « musulmans » (1) et la liberté d’expression : faux débats et vraies questions 24/09

« Si on insulte Mahomet, c’est comme si on insulte ma mère. » (Un audi­teur, lors d’un débat sur Radio Tropic FM, le 20 sep­tem­bre 2012.)

Tout a com­mencé par les extraits d’une vidéo imbé­cile postée sur le Net. Puis l’inter­ven­tion d’un heb­do­ma­daire sati­ri­que français, “Charlie Hebdo”, qui s’est tou­jours caractérisé par son mau­vais goût, son machisme reven­di­qué, sa gros­sièreté censée être comi­que et popu­laire, et sa ten­dance à faire d’une cer­taine forme dou­teuse d’anti­ra­cisme son fonds de com­merce.

“Charlie Hebdo” : « un des rares exem­ples de la presse libre en France » (?)

Cet anti­ra­cisme fran­chouillard a une par­ti­cu­la­rité : il véhi­cule tous les préjugés racis­tes ou antisé­mites sous prét­exte de s’atta­quer aux… racis­tes. Cette posi­tion rend son humour le plus sou­vent par­fai­te­ment accep­ta­ble à des gens d’extrême droite. Un exem­ple : la cou­ver­ture du der­nier “Charlie Hebdo” représ­entait un juif tra­di­tio­na­liste por­tant un grand cha­peau et pous­sant une chaise rou­lante dans laquelle était assis un musul­man (ou Mahomet ?), avec pour sous-titre « Intouchables 2 » titre d’un film français qui a rem­porté un grand succès popu­laire. Une lec­ture au pre­mier degré incite le lec­teur à penser que les juifs et les musul­mans seraient exemptés de toute cri­ti­que en France, ce qui évid­emment sous-entend :

– que les catho­li­ques (reli­gion ultra­ma­jo­ri­taire et cultu­rel­le­ment domi­nante en France) seraient, EUX, beau­coup plus tolérants face au blas­phème que les par­ti­sans des deux autres reli­gions du Livre,

– que les juifs et les Juifs français, même s’ils sont ultra­mi­no­ri­tai­res, for­me­raient un « lobby » puis­sant (ce fut d’ailleurs la réflexion sui­vante de l’audi­teur cité en exer­gue),

– et enfin que les « musul­mans » feraient régner la ter­reur en France par leur ter­ro­risme intel­lec­tuel, leurs mena­ces phy­si­ques, voire leurs atten­tats. En réalité, “Charlie Hebdo” n’a fait que sauter sur l’occa­sion offerte par la dif­fu­sion de “L’inno­cence des musul­mans” pour ren­for­cer la « cri­ti­que » qui tend à prés­enter TOUS les musul­mans comme des fana­ti­ques ou des poseurs de bombes en puis­sance.

Il y a une quin­zaine d’années, le jour­nal “Charlie Hebdo” était considéré par la gauche alter­mon­dia­liste, comme l’un des rares exem­ples de la « presse libre » (dixit à l’époque Serge Halimi, direc­teur du men­suel de la gauche alter­mon­dia­liste Le Monde diplo­ma­ti­que). Quand cet heb­do­ma­daire passa sous la direc­tion d’un ex-comi­que et auteur de café-théâtre (Philippe Val), devenu phi­lo­so­phe de cour (… côté comp­toir) proche de Sarkozy, évid­emment les mili­tants de gauche et d’extrême gauche trouvèrent que cette publi­ca­tion n’était plus fréqu­en­table.

Et ce d’autant plus qu’une fémin­iste réf­orm­iste, Caroline Fourest, y cri­ti­quait toutes les reli­gions, tous les intégr­ismes, y com­pris donc l’intégr­isme musul­man, mais aussi Tariq Ramadan, icône de l’alter­mon­dia­lisme et d’une partie de l’extrême gauche.

Les plai­san­te­ries antisé­mites du des­si­na­teur Siné (qui n’en était pour­tant pas à son coup d’essai) ont permis à un pre­mier faux débat de s’ins­tau­rer entre les par­ti­sans de Siné (censés être à gauche et à l’extrême gauche) et les par­ti­sans de Philippe Val, ou les lec­teurs de “Charlie Hebdo”, censés être tous sar­ko­zys­tes et « isla­mo­pho­bes » . Les termes de ce débat étaient tru­qués puisqu’aucun des deux camps ne s’oppo­sait vrai­ment À LA FOIS à l’antisé­mit­isme (2) (y com­pris sous sa forme anti­sio­niste réacti­onn­aire) et au racisme anti-Arabes, fusse-t-il camou­flé sous les habits de la cri­ti­que de l’Islam. Finalement, Siné fut licen­cié de “Charlie Hebdo” et créa son propre men­suel sati­ri­que, Val alla diri­ger une radio publi­que, où il s’illus­tra aus­sitôt en licen­ciant deux comi­ques anti­sar­ko­zys­tes (Didier Porte et Stephane Guillon), et “Charlie Hebdo” conti­nua ses com­men­tai­res vaseux sur toute sorte de sujets.

Il est évident que la sortie d’un nou­veau numéro de “Charlie Hebdo” consa­cré à des cari­ca­tu­res de Mahomet et des musul­mans (le pré­cédent numéro sur le même sujet lui avait valu un atten­tat, la pro­tec­tion de la police et des procès pour « isla­mo­pho­bie ») avait pour prin­ci­pal objec­tif de créer le buzz et de faire vendre cet heb­do­ma­daire en pro­fi­tant du climat créé par les réactions face à la dif­fu­sion de “L’inno­cence des musul­mans”.

La « liberté d’expres­sion » n’a rien à voir avec cette pro­vo­ca­tion.

De plus, depuis quel­ques années, en France comme en Europe, on sait que l’extrême droite cache ses idées racis­tes et fas­ci­san­tes sous le dra­peau com­mode de la déf­ense de la liberté d’expres­sion, la dén­onc­iation de la « dic­ta­ture du poli­ti­que­ment cor­rect », de la « bien-pen­sance », etc. Donc il faut faire atten­tion à cette mar­chan­dise fre­latée que devient sou­vent la liberté d’expres­sion entre cer­tai­nes mains.

En même temps, un nombre minus­cule de musul­mans sont tombés dans le piège en vou­lant orga­ni­ser des mani­fes­ta­tions, aus­sitôt inter­di­tes par le pou­voir socia­liste.

De son côté, Marine Le Pen, la nou­velle chef du Front natio­nal, en a pro­fité pour réc­lamer l’inter­dic­tion des hijabs et des kippas dans les rues.

Faux débats et diver­sions

Bref, un nou­veau faux débat a été lancé par les médias, ampli­fié par les radios et les médias com­mu­nau­tai­res, où chacun est sommé de pren­dre parti : soit pour les « musul­mans » toutes orien­ta­tions confon­dues (musul­mans dont les représ­entants offi­ciels ont d’ailleurs appelé à igno­rer la pro­vo­ca­tion et à ne pas mani­fes­ter, consi­gne bien res­pectée jusqu’ici), soit pour “Charlie Hebdo” censé être le prin­ci­pal porte-parole de l’isla­mo­pho­bie de gauche.

Il y a pour­tant plét­hore de sujets plus impor­tants en ce moment que de dis­cu­ter de l’oppor­tu­nité de publier des cari­ca­tu­res d’un pro­phète-guer­rier mort il y a 15 siècles. La vague des licen­cie­ments col­lec­tifs, la montée du chômage, le manque de pro­fes­seurs dans les écoles, la répr­ession contre les sans-papiers, les contrôles au faciès, le fli­cage de tous ceux qui reç­oivent des aides socia­les, l’aug­men­ta­tion de la pro­duc­ti­vité et des acci­dents du tra­vail, l’accrois­se­ment des sui­ci­des liés à la dég­ra­dation des condi­tions de tra­vail, le harcè­lement mené par les chefs et les patrons, etc., tous ces sujets méri­teraient des cen­tai­nes d’arti­cles, des dizai­nes d’émissions de radio et de télé­vision, et des mil­liers de débats.

Mais les médias pré­fèrent orga­ni­ser des faux débats avec des intel­lec­tuels confus, isla­mo­phi­les ou isla­mo­pho­bes, pra­ti­que­ment jamais athées ou ratio­na­lis­tes, ou avec leurs audi­teurs pour dis­cu­ter gra­ve­ment du seul sujet qui les intér­esse : la liberté d’expres­sion.

C’est quoi exac­te­ment, la « liberté d’expres­sion » ?

Les propos de l’audi­teur dont la cita­tion com­mence cet arti­cle, et bien d’autres com­men­tai­res sur Internet, tém­oignent par­fai­te­ment de la confu­sion idéo­lo­gique actuelle. Les insul­tes per­son­nel­les contre les indi­vi­dus relèvent pour le moment de la jus­tice bour­geoise. C’est aux per­son­nes insultées à porter plainte si elles s’esti­ment dif­famées. Et il existe tout un arse­nal juri­di­que à cet effet. Inutile d’en rajou­ter.

On peut éga­lement enga­ger une solu­tion expé­di­tive, comme sem­blait le suggérer cet audi­teur (en clair, aller casser la figure à celui qui a insulté votre mère ou votre reli­gion) mais est-ce vrai­ment la meilleure des solu­tions ?

On pour­rait enfin ima­gi­ner, dans une autre société, qu’il existe dans les quar­tiers, les écoles, ou les entre­pri­ses, des assem­blées géné­rales, des comités d’habi­tants ou de tra­vailleurs, pour régler ce genre de différend, sans passer par des juges et des avo­cats… Mais cela sup­po­se­rait que les par­ti­ci­pants accep­tent de régler leurs différe­nds en se sou­met­tant à une solu­tion col­lec­tive, non vio­lente.

La liberté d’expres­sion, contrai­re­ment à ce que croit l’audi­teur de Tropic FM cité en intro­duc­tion, n’a rien à voir avec une tri­viale insulte indi­vi­duelle. La liberté d’expres­sion dépend d’un ensem­ble fra­gile de droits col­lec­tifs qui tou­chent tous les médias, du simple tract à l’émission de télé­vision, en pas­sant par le jour­nal ou le livre, mais aussi le droit de mani­fes­ter et de s’orga­ni­ser. Droits col­lec­tifs qui ont été imposés par des déc­ennies de lutte, notam­ment des tra­vailleurs.

Cette liberté d’expres­sion est réd­uite à la por­tion congrue dans le monde occi­den­tal, non du fait des mani­fes­ta­tions de quel­ques intégr­istes musul­mans ou en raison de quel­ques atten­tats isla­mis­tes, mais à cause du pou­voir tout-puis­sant de l’argent des capi­ta­lis­tes. Les magnats de la banque, de la finance ou de l’indus­trie qui contrôlent les médias ne pra­ti­quent la liberté d’expres­sion qu’à dose extrê­mement réd­uite. Et la parole des tra­vailleurs, des chômeurs, des exploités ne s’y fait jamais enten­dre, ou alors elle est fil­trée par des jour­na­lis­tes qui ménagent soi­gneu­se­ment les intérêts de leurs maîtres.

La liberté d’expres­sion… vue de gauche

Ce n’est d’ailleurs guère mieux dans les partis dits de gauche ou dans les grands syn­di­cats.

On sait par­fai­te­ment com­ment le Parti com­mu­niste français a dif­famé, dénoncé aux flics et aux patrons, cassé la figure, ou envoyé à l’hôpital les mili­tants trots­kys­tes ou anar­chis­tes pen­dant des déc­ennies. Quand il ne les assas­si­nait pas, comme ce fut le cas pour de nom­breux mili­tants révo­luti­onn­aires sous l’Occupation, ou pen­dant la Guerre d’Espagne. Sans parler des crimes du sta­li­nisme, des Goulags russes et chi­nois, dis­si­mulés puis niés par le PCF, et jamais expli­qués séri­eu­sement par ce parti dit « com­mu­niste ».

On sait que le Parti socia­liste français ne donne du pou­voir et la parole qu’à des indi­vi­dus issus de la petite-bour­geoi­sie et de la bour­geoi­sie, comme cela se reflète dans les médias qui lui sont liés, dans la com­po­si­tion sociale de ses députés, sénateurs et minis­tres, dans sa mise en place actuelle d’une poli­ti­que d’austérité, dans sa conti­nua­tion de la poli­ti­que anti-immi­grés menée sous le gou­ver­ne­ment pré­cédent, son sou­tien aux forces de police et aux inter­ven­tions de l’armée franç­aise à l’étr­anger, etc.

On sait que les syn­di­cats musèlent la parole et la liberté d’action des tra­vailleurs hos­ti­les à leurs bureau­cra­ties, quand ils ne les excluent pas, pure­ment et sim­ple­ment.

On sait aussi com­ment le grou­pus­cule des Indigènes de la République dont quel­ques intel­lec­tuels (Said Bouamama, Pierre Tevanian) dits d’extrême gauche et anti-impér­ial­istes, plus réc­emment, ont empêché Caroline Fourest, fémin­iste laïque, anti­ra­ciste et démoc­rate réf­orm­iste, de s’expri­mer et de cri­ti­quer le Front natio­nal à la fête de l’Humanité le 16 sep­tem­bre 2012, et ce au nom de… l’anti­fas­cisme et de la lutte contre l’isla­mo­pho­bie ima­gi­naire de cette fémin­iste (pour se convain­cre du caractère fan­tai­siste de ces accu­sa­tions, il suffit de lire l’ouvrage de Fourest contre Marine Le Pen, et le livre-dia­lo­gue entre Taslima Nasreen et Caroline Fourest, ouvrage dans lequel celle-ci se montre beau­coup plus modérée et gen­tille que Nasreen vis-à-vis de l’islam !).

Donc méfions-nous aussi, à gauche ou à l’extrême gauche, de tous ceux qui veu­lent, au sein du mou­ve­ment ouvrier, des syn­di­cats, ou dans la rue, impo­ser leurs idées à coups de matra­ques, ou de poing, chaque fois que cela leur convient. Ou de ceux qui prét­endent déf­endre la liberté d’expres­sion, alors qu’ils sont inca­pa­bles de la pra­ti­quer dans leurs pro­pres orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les et poli­ti­ques et dans leurs publi­ca­tions.

Pour le res­pect du droit de mani­fes­ter

À propos des cari­ca­tu­res parues dans “Charlie Hebdo”, cer­tains « musul­mans » ultra­mi­no­ri­tai­res veu­lent à la fois avoir le droit d’expri­mer dans la rue leur indi­gna­tion contre ce jour­nal et aussi celui de pro­tes­ter publi­que­ment contre “L’inno­cence des musul­mans”. Le gou­ver­ne­ment français a inter­dit plu­sieurs mani­fes­ta­tions à ce sujet, et les quel­ques ras­sem­ble­ments qui ont été orga­nisés ont été des échecs reten­tis­sants (de un à 150 mani­fes­tants, selon les villes), mon­trant que l’immense majo­rité des « musul­mans » en France ne sont pas tombés dans le piège, même s’ils ont pu se sentir offensés par la culpa­bi­li­sa­tion col­lec­tive per­ma­nente dont ils sont vic­ti­mes.

En tant que par­ti­san de la liberté d’expres­sion, je ne vois pas pour­quoi je devrais sou­te­nir les décisions d’inter­dic­tion de ces mani­fes­ta­tions par l’Etat (pas plus d’ailleurs que les inter­dic­tions du port du hijab ou du niqab dans l’espace public, même si ce sont les musul­mans les plus réacti­onn­aires qui prônent cet uni­forme pour les femmes). Elles doi­vent pou­voir se dér­ouler, sans être inter­di­tes, quoi qu’on pense de leur contenu poli­ti­que ou reli­gieux dou­teux ou dét­es­table. Et les mili­tants qui y sont opposés devraient avoir eux aussi le droit de contre-mani­fes­ter (il est d’ailleurs symp­to­ma­ti­que que le seul des 150 mani­fes­tants « musul­mans » condamnés à une peine de prison après la manif du 15 sep­tem­bre ait expli­qué qu’il por­tait une matra­que téles­co­pique pour se déf­endre des… Juifs. Exemple typi­que de l’antisé­mit­isme délirant qui puise dans l’anti­ju­daïsme du Coran, l’antisé­mit­isme fas­ciste et l’anti­sio­nisme d’extrême droite.).

Blasphème et pseudo-laïcité gau­loise

Par contre, en tant que ratio­na­liste athée, je ne vois aucune raison de sou­te­nir ceux qui veu­lent intro­duire en France une loi contre le blas­phème, ou limi­ter la liberté d’expres­sion en ce qui concerne la cri­ti­que de toutes les reli­gions, y com­pris l’islam.

L’Organisation de la Conférence isla­mi­que (qui regroupe quand même 57 Etats), les Etats-Unis et la Commission des droits de l’homme de l’ONU vou­draient que soient adoptées en France des lois contre le blas­phème. C’est d’ailleurs aussi la posi­tion de Dalil Boubakeur, rec­teur de la mos­quée de Paris, et de l’UOIF (proche des Frères musul­mans) qui pré­side le Conseil français du culte musul­man.

L’Etat français est régul­ièrement cri­ti­qué parce qu’il exis­te­rait dans ce pays des lois anti­re­li­gieu­ses trop dures, « isla­mo­pho­bes » et que la puis­sante secte de l’Eglise de scien­to­lo­gie serait persécutée en France.

L’Etat français se sert de la laïcité quand cela l’arrange pour des ques­tions de poli­ti­que intéri­eure ; mais il finance les reli­gions catho­li­que, pro­tes­tante, juive et musul­mane, dans plu­sieurs dép­ar­tements français ; il finance la for­ma­tion des imams à l’Institut catho­li­que de Paris (à raison de 4 500 euros par étudiant) et met des ter­rains à la dis­po­si­tion des mos­quées grâce à des bails emphytéo­tiques de 99 ans pour 1 euro (pas vrai­ment un prix « isla­mo­phobe » !) ; il assure l’entre­tien matériel des églises catho­li­ques, et il finance l’ensei­gne­ment privé (à 90 % confes­sion­nel) sur tout le ter­ri­toire dit natio­nal. Nous n’avons aucune raison de sou­te­nir l’Etat français dans toutes ces manœuvres mais nous devons aussi nous oppo­ser à tous ceux (catho­li­ques, juifs, pro­tes­tants ou musul­mans) qui vou­draient impo­ser des lois limi­tant la cri­ti­que des reli­gions, sous prét­exte qu’elles offen­se­raient les croyants, Dieu ou les pro­phètes.

Vrais enne­mis et faux amis des « musul­mans »

De même, sans sou­te­nir un jour­nal comme “Charlie Hebdo” qui cher­che à faire parler de lui, à n’importe quel prix, je ne vois aucune raison de sou­te­nir ceux qui veu­lent y mettre le feu, mena­cer phy­si­que­ment ses des­si­na­teurs ou ses jour­na­lis­tes, ou le faire condam­ner par la jus­tice bour­geoise à cause de ses blas­phèmes de mau­vais goût.

Parallèlement, il faut aussi dén­oncer tous ceux, y com­pris à gauche, qui se ser­vent de la cri­ti­que d’une seule reli­gion (l’islam) tout en res­tant muets ou très dis­crets sur les autres cultes, pour faire passer pour pro­gres­siste leur racisme anti-Arabes, ou leur sou­tien aux inter­ven­tions néo­co­lon­iales franç­aises, europé­ennes ou amé­ric­aines, en Afrique, en Libye ou en Afghanistan.

Nous devons dén­oncer l’Iran qui tente de récupérer l’ini­tia­tive que ce régime a perdue depuis qu’en Tunisie et en Egypte des dic­ta­teurs ont été ren­versés par les peu­ples, ou sont for­te­ment contestés. Iran où une fon­da­tion du régime a aus­sitôt pro­fité de la dif­fu­sion de “L’inno­cence des musul­mans” pour aug­men­ter la prime des­tinée à assas­si­ner l’écrivain Salman Rushdie.

Nous devons dén­oncer aussi la ten­ta­tive du FN de s’invi­ter dans ce débat afin d’atti­ser la haine contre les Arabes, qu’ils soient musul­mans ou pas, et contre les Juifs et les juifs, vieux fonds de com­merce du Front natio­nal. Enfin, nous devons dén­oncer la ten­ta­tive de diver­sion évid­ente que représ­ente tout ce tin­ta­marre méd­ia­tique à propos de ces deux non-évé­nements.

On remar­quera que plu­sieurs grou­pes fas­ci­sants (dont l’Œuvre franç­aise et les Jeunesses natio­na­lis­tes) orga­ni­sent une « des­cente » en cars sur Paris et un « grand ras­sem­ble­ment natio­na­liste » le 29 sep­tem­bre 2012, mais que les médias s’en désint­éressent tota­le­ment. Pourtant les thèmes du mee­ting du 28 puis de la manif du 29 devraient aler­ter tous ces ardents déf­enseurs de la liberté d’expres­sion : « Mobilisation géné­rale de tous les Français non reniés, de tous les patrio­tes et natio­na­lis­tes. Après la rév­olte des sou­chiens à Lyon, les Français en marche sur la capi­tale ! Contre les zones de non-droit, contre la poli­ti­que anti­na­tio­nale des pou­voirs publics, contre le racisme anti-Blancs : Maîtres chez nous ! Contre l’immi­gra­tion-inva­sion, contre nos gou­ver­ne­ments sti­pen­diés par les intérêts amé­ri­cano-sio­nis­tes et euro-mon­dia­lis­tes, contre la pré­fér­ence étrangère : le combat pour rendre la France aux Français et rede­ve­nir maîtres chez nous conti­nue ! »

Voilà un éch­an­tilon signi­fi­ca­tif de la xénop­hobie, du racisme, de l’antisé­mit­isme et de l’anti­sio­nisme fas­ci­sants, idéo­logies qui fleu­ris­sent sur Internet à chaque minute.

Les iden­tités natio­na­les, cultu­rel­les et reli­gieu­ses font l’objet d’une pro­mo­tion exubér­ante par les Etats, les Eglises et tous les déma­gogues popu­lis­tes et fas­ci­sants. Ce n’est pas parce que les tra­vailleurs « musul­mans » sont en butte à une pro­pa­gande par­ti­cu­liè­rement hai­neuse, qu’ils doi­vent perdre leur indép­end­ance d’esprit, et leur esprit cri­ti­que. Ils ont le choix : soit ils s’allient à leurs exploi­teurs et leurs diri­geants déma­gogues qui se réc­lament bruyam­ment de la même foi qu’eux, soit ils dém­asquent toutes les uti­li­sa­tions poli­ti­ques de leurs croyan­ces.

Quant aux athées et aux non-croyants ils doi­vent aussi se dém­arquer radi­ca­le­ment de tous les cou­rants de gauche ou de droite, popu­lis­tes, fas­cis­tes ou fas­ci­sants qui se réc­lament de l’héri­tage des Lumières ou des droits de l’homme pour mieux cacher leurs pro­jets réacti­onn­aires ou obs­cu­ran­tis­tes !

Y.C., Ni patrie ni fron­tières, 23 sep­tem­bre 2012

1. Le terme « musul­mans » est mis entre guille­mets dans cet arti­cle, car la presse, les démog­raphes, les socio­lo­gues et nombre de mili­tants de gauche, d’extrême gauche ou alter­mon­dia­lis­tes col­lent géné­ra­lement l’étiqu­ette reli­gieuse de « musul­man » à toute per­sonne qui vient d’un pays où l’islam est reli­gion d’Etat, ou dont les famil­les sont pra­ti­quan­tes, voire sim­ple­ment à celles qui por­tent un nom « arabe ». Comme s’il n’exis­tait pas d’athées ou d’agnos­ti­ques parmi ces dits « musul­mans »…

2. D’ailleurs, dans le numéro de “Charlie Hebdo” du 19 sep­tem­bre, l’étoile jaune collée sur le postérieur d’un indi­vidu nu en posi­tion du mis­sion­naire (et/ou en train de prier) avec pour sous-titre « Une étoile est née » laisse penser que Siné pour­rait reve­nir poin­ter sans pro­blème chez ses anciens collègues « anti­ra­cis­tes ». Son « humour » antisé­mite est décidément conta­gieux…

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mps
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Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?

Message non lu par mps » 26 sept. 2012, 17:36:54

Si on résume cette thèse, tout le monde est méchant, sauf l'auteur et ceux qui font l'objets de caricatures.

Hum ... Il n'y a pas plus d'intentions cachées chez ceux qui rient que chez ceux qui barbent leurs lecteurs par des analyses pseudo objectives.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)

Nico37
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Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?

Message non lu par Nico37 » 27 sept. 2012, 20:44:52

Libertaires et sans-concessions contre l’islamophobie !

Anarchistes, communistes libertaires, anarcho-syndicalistes, autonomes, artistes, organisés ou non-organisés, nous faisons part de notre condamnation totale de l’islamophobie sous toutes ses formes. Nous affirmons que l’islamophobie est une forme de racisme.

Nous avons le désagréable pressentiment, au regard de l’actualité, que l’islamophobie, comme un racisme respectable et vertueux, devient l’un des ressorts privilégiés de la gauche au pouvoir et de la gauche bien-pensante. Nous faisons le constat exaspérant que les thématiques progressistes comme le féminisme, la laïcité ou la liberté d'expression sont régulièrement invoqué pour le justifier. Le fait qu’en février, à peine passé à gauche, le Sénat ait voté une loi d’interdiction de certains emplois aux femmes voilées ne fait que confirmer nos craintes. Il en est de même quant aux comportements et discours néo-coloniaux et racistes du Parti de Gauche et des organisateurs du fameux débat sur « comment faire face au Front national » (sic) à la Fête de l'Humanité(1).

Les conséquences de l’islamophobie sont grandes pour celles et ceux qui la subissent : des lois liberticides votées ces dernières années jusqu’aux discriminations insidieuses, parfois flagrantes (par ex : les 4 animateurs de Gennevilliers suspendus car faisant le ramadan), sans parler des insultes et agressions diverses. Ces attaques racistes risquent fort de croître, et nous devons nous préparer à les combattre sans aucune ambiguïté.

En tant que libertaires nous réfutons et combattons tout raisonnement islamophobe porté au nom de l’idéologie libertaire et avons décidé de l’affirmer clairement par cet appel.

Parce que nous pensons qu’au sein du discours médiatique dominant, journalistique et politique, certains « philosophes », « dessinateurs » et « écrivains » surmédiatisés, comme Michel Onfray, Caroline Fourest ou l’équipe de Charlie Hebdo, participent de cette islamophobie ambiante et de sa propagation en se positionnant parfois comme libertaires, ou en agissant au nom de la tradition et de l’idéologie libertaire.

Parce que nous constatons que certains secteurs de « notre famille politique » sont imprégnés par l’idéologie islamophobe, et cela est insupportable. Cela se traduit au mieux par un désintérêt pour cette question (parfois par une condamnation certes claire de l’islamophobie mais couplée de moult rappels du combat primordial contre l’aliénation religieuse), au pire par le refus de reconnaitre l’islamophobie comme un racisme voire par le fait de s’affirmer islamophobe au nom d’un anticléricalisme primaire importé de contextes historiques différents, voire par des connivences et compromissions inacceptables, heureusement marginales mais pas assez vigoureusement condamnées.

Certaines choses doivent donc être rappelées à nos « camarades ».

NON, le terme islamophobie n’a pas été inventé par le régime iranien pour empêcher la critique de l’islam comme le proclame Caroline Fourest, le terme existait d’ailleurs déjà au début du XXème siècle.

NON, combattre l’islamophobie ne nous fait pas reculer devant les formes d’oppression que peuvent prendre les phénomènes religieux. Nous apportons ainsi notre soutien total à nos camarades en lutte au Maghreb, au Machrek et au Moyen-Orient qui s’opposent à un salafisme qui prend là-bas les formes réactionnaires et fascistes, et cela au plus grand bénéfice de l’impérialisme occidental.

NON, tous les musulmans qui luttent contre les lois islamophobes ne sont pas des crypto-islamistes ni des communautaristes venus faire du prosélytisme ou souhaitant interdire le blasphème. Beaucoup d’entre eux et elles sont des acteurs et actrices du mouvement social à part entière. Ils et elles luttent, s’auto-organisent, se battent pour leurs droits, contre le patriarcat, le racisme et pour la justice sociale au quotidien en revendiquant la spécificité de leurs oppressions et en pointant les contradictions qu’il peut y avoir au sein d’un certain discours « militant ». Critiquer leur façon de s'organiser ou de militer est une chose, les disqualifier par un discours marginalisant et raciste en est une autre.

La critique récurrente qui est faite à ceux qui parlent d'islamophobie(2), est qu'ils sont les porteurs d'un concept qui produirait du communautarisme. Nous disons que l'islamophobie est la politique de l'Etat envers de nombreux fils d'immigrés. Cette politique, il l’avait déjà expérimentée avec certains colonisés. L'islamophobie est bien un instrument de la domination, ce que le Palestinien Edward Saïd décrivait comme « la longue histoire d'intervention impérialiste de l'Occident dans le monde islamique, de l'assaut continu contre sa culture et ses traditions qui constitue un élément normal du discours universitaire et populaire, et (peut-être le plus important) du dédain ouvert avec lequel les aspirations et souhaits des musulmans, et particulièrement des Arabes, sont traités(3). » Dans la parfaite lignée de la structure de « l'orientalisme », l'Occident disqualifie l'Orient par le prisme de l'islamophobie et régénère par là sa pseudo-supériorité morale. Assumée ou dissimulée, cette structure de pensée gangrène une vaste partie du champ politique progressiste.

L'islamophobie n'est donc pas un concept flottant manié par des militants mal intentionnés, comme certains réactionnaires se plaisent sournoisement à l'inventer, mais une politique de la domination, de l'Etat post-colonial, qui imprime les corps des dominés. Dénoncer l'islamophobie n'est pas non plus l'apanage d'une communauté qui chercherait à se défendre. C'est au contraire un langage raciste de peur permanente qui désigne le paria sous les traits imprécis du musulman. A Salman Rushdie qui affirme lui aussi que l'islamophobie n'existe pas, car les musulmans ne sont pas une race, il faut rappeler, à lui et à tous ceux qui connaissent si mal l'histoire du racisme en Europe, que l'antisémitisme concerne les juifs, qui ne sont pas non plus une race.

Ce langage voudrait aussi imposer une assignation : tout arabe, tout africain, ou parfois tout être, ayant l'islam comme part de sa culture et comme part de son histoire serait un être essentiellement réactionnaire, fondamentalement religieux, et donc incompatible avec les principes fondamentaux républicains - principes par ailleurs complètement désincarnés, qui ne servent que pour justifier cette exclusion. Comme l'a montré Frantz Fanon, le colonisé, « par l'intermédiaire de la religion, ne tient pas compte du colon ». « Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l'oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s'aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre(4). »

Assigner les colonisés, et aujourd'hui les fils d'immigrés, à une religion, relève d'une dynamique de domination expérimentée dans les anciennes colonies. Les islamophobes n'ont peur que d'une chose : que les dominés s'emparent des armes de la critique sociale et de la philosophie, car c'est sur ce terrain que se prépare leur défaite, sur ce terrain que la lutte sociale se déploie et nous réunit.

Au-delà de l’islamophobie, ce problème soulève le peu d’intérêt et d’engagement contre le racisme visant les enfants d’immigrés issus de la colonisation. Ce sont aussi toutes les questions liées aux quartiers populaires qui font les frais d’un déficit d’engagement de la part du mouvement social. Pour preuve le peu de personnes militant contre les violences policières et les crimes racistes et sécuritaires.

Les populations issues de la colonisation, qu’elles soient noires, arabes, musulmanes, habitantes des quartiers populaires, ont décidé de ne plus rester à la place où l’on veut les assigner et s’affirment comme forces politiques en s’auto-organisant. Nous devons avancer côte à côte et lutter contre le racisme sous toutes ses formes, de toutes nos forces.

L’islamophobie dominante, encouragée par tous les pouvoirs occidentaux, est aussi l’occasion de diviser ceux qui devraient s’unir, et unir ceux qui devraient être divisés. Dans une société régie par le spectacle, elle a en outre pour fonction de jeter de vastes écrans de fumée sur les réalités sociales. Ne tombons donc pas dans le piège !

Enfin ce problème pose aussi la question d’une sorte d’injonction à l’athéisme, condition sine qua non pour prendre part à la guerre sociale et militer dans une organisation libertaire. Il serait donc impossible ou infondé d’exprimer sa foi si l’on est croyant, tout en partageant certaines convictions progressistes. Nous nous opposons à l’essentialisation des croyants et du phénomène religieux, qui se fait sans donner la parole aux premiers concernés, et qui nous conduit aujourd’hui aux pires amalgames.

Notre opposition sans concession à l’islamophobie, en tant que libertaires, doit se faire entendre sur cette question. Nous sommes aussi le reflet d’un certain nombre de contradictions: de même que nous sommes traversés par les rapports de domination sexistes ou homophobes, ce qui est aujourd’hui (plus ou moins!) reconnu par le mouvement libertaire, nous devons reconnaitre l’être aussi par les rapports de domination racistes, postcoloniaux et faire le travail qui s’impose, dans le contexte social où l'on se trouve.

Contre cette arme coloniale de division massive et de « régénération du racisme » qu’est l’islamophobie, contre la construction d’un nouvel ennemi intérieur, nous affirmons en tant que libertaires notre solidarité avec celles et ceux qui luttent et s’auto-organisent contre cette oppression, et appelons au sursaut antiraciste partout pour les mois et les années à venir.



1. Article de Pierre Tevanian et Saïd Bouamama : Caroline Fourest, l'incendiaire qui crie « au feu! »
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-i ... rie-au-feu
2. Voir les propos du très libéral Nasser Suleyman Gabryel qui récuse carrément l’usage du mot : http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
3. Edward W. Saïd, L’Islam dans les médias.
4. Frantz Fanon, Les damnés de la terre.


Premiers signataires :

Nicolas Pasadena (Alternative Libertaire), Skalpel, E.one et Akye (BBoyKonsian-Première Ligne), Fred Alpi, Samuel Idir (Journal L'Autrement), Docteur Louarn (CNT- Brhz), K-listo (Soledad), Aodren Le Duff (CNT), Subversive ways, Yly, Sophie B (CNT), George Franco, Marouane Taharouri (Alternative Libertaire), JM Smoothie (CNT-BBoyKonsian), Elie Octave (Sud-Etudiant), Haythem Msabhi - Mouvement Désobéissance (Tunisie), Rabaa Skik (Artiste plasticienne), Zack O'Malek (Journal L'Autrement), Rola Ezzedine (Professeur d'histoire), Isabelle Vallade (Collectif Bordonor)...


Pour figurer parmi les signataires, envoyez un mail à cette adresse: akye@bboykonsian.com

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