Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?
Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?
Je ne suis pas d'accord sur un point, ce n'est pas grâce à Charlie Hebdo que des écoles sont fermées, mais grâce à une bande de tarés extrémistes.
T'es vraiment kon François, fallait créer une SCI.
Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?
Charlie Hebdo, les « musulmans » (1) et la liberté d’expression : faux débats et vraies questions 24/09
« Si on insulte Mahomet, c’est comme si on insulte ma mère. » (Un auditeur, lors d’un débat sur Radio Tropic FM, le 20 septembre 2012.)
Tout a commencé par les extraits d’une vidéo imbécile postée sur le Net. Puis l’intervention d’un hebdomadaire satirique français, “Charlie Hebdo”, qui s’est toujours caractérisé par son mauvais goût, son machisme revendiqué, sa grossièreté censée être comique et populaire, et sa tendance à faire d’une certaine forme douteuse d’antiracisme son fonds de commerce.
“Charlie Hebdo” : « un des rares exemples de la presse libre en France » (?)
Cet antiracisme franchouillard a une particularité : il véhicule tous les préjugés racistes ou antisémites sous prétexte de s’attaquer aux… racistes. Cette position rend son humour le plus souvent parfaitement acceptable à des gens d’extrême droite. Un exemple : la couverture du dernier “Charlie Hebdo” représentait un juif traditionaliste portant un grand chapeau et poussant une chaise roulante dans laquelle était assis un musulman (ou Mahomet ?), avec pour sous-titre « Intouchables 2 » titre d’un film français qui a remporté un grand succès populaire. Une lecture au premier degré incite le lecteur à penser que les juifs et les musulmans seraient exemptés de toute critique en France, ce qui évidemment sous-entend :
– que les catholiques (religion ultramajoritaire et culturellement dominante en France) seraient, EUX, beaucoup plus tolérants face au blasphème que les partisans des deux autres religions du Livre,
– que les juifs et les Juifs français, même s’ils sont ultraminoritaires, formeraient un « lobby » puissant (ce fut d’ailleurs la réflexion suivante de l’auditeur cité en exergue),
– et enfin que les « musulmans » feraient régner la terreur en France par leur terrorisme intellectuel, leurs menaces physiques, voire leurs attentats. En réalité, “Charlie Hebdo” n’a fait que sauter sur l’occasion offerte par la diffusion de “L’innocence des musulmans” pour renforcer la « critique » qui tend à présenter TOUS les musulmans comme des fanatiques ou des poseurs de bombes en puissance.
Il y a une quinzaine d’années, le journal “Charlie Hebdo” était considéré par la gauche altermondialiste, comme l’un des rares exemples de la « presse libre » (dixit à l’époque Serge Halimi, directeur du mensuel de la gauche altermondialiste Le Monde diplomatique). Quand cet hebdomadaire passa sous la direction d’un ex-comique et auteur de café-théâtre (Philippe Val), devenu philosophe de cour (… côté comptoir) proche de Sarkozy, évidemment les militants de gauche et d’extrême gauche trouvèrent que cette publication n’était plus fréquentable.
Et ce d’autant plus qu’une féministe réformiste, Caroline Fourest, y critiquait toutes les religions, tous les intégrismes, y compris donc l’intégrisme musulman, mais aussi Tariq Ramadan, icône de l’altermondialisme et d’une partie de l’extrême gauche.
Les plaisanteries antisémites du dessinateur Siné (qui n’en était pourtant pas à son coup d’essai) ont permis à un premier faux débat de s’instaurer entre les partisans de Siné (censés être à gauche et à l’extrême gauche) et les partisans de Philippe Val, ou les lecteurs de “Charlie Hebdo”, censés être tous sarkozystes et « islamophobes » . Les termes de ce débat étaient truqués puisqu’aucun des deux camps ne s’opposait vraiment À LA FOIS à l’antisémitisme (2) (y compris sous sa forme antisioniste réactionnaire) et au racisme anti-Arabes, fusse-t-il camouflé sous les habits de la critique de l’Islam. Finalement, Siné fut licencié de “Charlie Hebdo” et créa son propre mensuel satirique, Val alla diriger une radio publique, où il s’illustra aussitôt en licenciant deux comiques antisarkozystes (Didier Porte et Stephane Guillon), et “Charlie Hebdo” continua ses commentaires vaseux sur toute sorte de sujets.
Il est évident que la sortie d’un nouveau numéro de “Charlie Hebdo” consacré à des caricatures de Mahomet et des musulmans (le précédent numéro sur le même sujet lui avait valu un attentat, la protection de la police et des procès pour « islamophobie ») avait pour principal objectif de créer le buzz et de faire vendre cet hebdomadaire en profitant du climat créé par les réactions face à la diffusion de “L’innocence des musulmans”.
La « liberté d’expression » n’a rien à voir avec cette provocation.
De plus, depuis quelques années, en France comme en Europe, on sait que l’extrême droite cache ses idées racistes et fascisantes sous le drapeau commode de la défense de la liberté d’expression, la dénonciation de la « dictature du politiquement correct », de la « bien-pensance », etc. Donc il faut faire attention à cette marchandise frelatée que devient souvent la liberté d’expression entre certaines mains.
En même temps, un nombre minuscule de musulmans sont tombés dans le piège en voulant organiser des manifestations, aussitôt interdites par le pouvoir socialiste.
De son côté, Marine Le Pen, la nouvelle chef du Front national, en a profité pour réclamer l’interdiction des hijabs et des kippas dans les rues.
Faux débats et diversions
Bref, un nouveau faux débat a été lancé par les médias, amplifié par les radios et les médias communautaires, où chacun est sommé de prendre parti : soit pour les « musulmans » toutes orientations confondues (musulmans dont les représentants officiels ont d’ailleurs appelé à ignorer la provocation et à ne pas manifester, consigne bien respectée jusqu’ici), soit pour “Charlie Hebdo” censé être le principal porte-parole de l’islamophobie de gauche.
Il y a pourtant pléthore de sujets plus importants en ce moment que de discuter de l’opportunité de publier des caricatures d’un prophète-guerrier mort il y a 15 siècles. La vague des licenciements collectifs, la montée du chômage, le manque de professeurs dans les écoles, la répression contre les sans-papiers, les contrôles au faciès, le flicage de tous ceux qui reçoivent des aides sociales, l’augmentation de la productivité et des accidents du travail, l’accroissement des suicides liés à la dégradation des conditions de travail, le harcèlement mené par les chefs et les patrons, etc., tous ces sujets mériteraient des centaines d’articles, des dizaines d’émissions de radio et de télévision, et des milliers de débats.
Mais les médias préfèrent organiser des faux débats avec des intellectuels confus, islamophiles ou islamophobes, pratiquement jamais athées ou rationalistes, ou avec leurs auditeurs pour discuter gravement du seul sujet qui les intéresse : la liberté d’expression.
C’est quoi exactement, la « liberté d’expression » ?
Les propos de l’auditeur dont la citation commence cet article, et bien d’autres commentaires sur Internet, témoignent parfaitement de la confusion idéologique actuelle. Les insultes personnelles contre les individus relèvent pour le moment de la justice bourgeoise. C’est aux personnes insultées à porter plainte si elles s’estiment diffamées. Et il existe tout un arsenal juridique à cet effet. Inutile d’en rajouter.
On peut également engager une solution expéditive, comme semblait le suggérer cet auditeur (en clair, aller casser la figure à celui qui a insulté votre mère ou votre religion) mais est-ce vraiment la meilleure des solutions ?
On pourrait enfin imaginer, dans une autre société, qu’il existe dans les quartiers, les écoles, ou les entreprises, des assemblées générales, des comités d’habitants ou de travailleurs, pour régler ce genre de différend, sans passer par des juges et des avocats… Mais cela supposerait que les participants acceptent de régler leurs différends en se soumettant à une solution collective, non violente.
La liberté d’expression, contrairement à ce que croit l’auditeur de Tropic FM cité en introduction, n’a rien à voir avec une triviale insulte individuelle. La liberté d’expression dépend d’un ensemble fragile de droits collectifs qui touchent tous les médias, du simple tract à l’émission de télévision, en passant par le journal ou le livre, mais aussi le droit de manifester et de s’organiser. Droits collectifs qui ont été imposés par des décennies de lutte, notamment des travailleurs.
Cette liberté d’expression est réduite à la portion congrue dans le monde occidental, non du fait des manifestations de quelques intégristes musulmans ou en raison de quelques attentats islamistes, mais à cause du pouvoir tout-puissant de l’argent des capitalistes. Les magnats de la banque, de la finance ou de l’industrie qui contrôlent les médias ne pratiquent la liberté d’expression qu’à dose extrêmement réduite. Et la parole des travailleurs, des chômeurs, des exploités ne s’y fait jamais entendre, ou alors elle est filtrée par des journalistes qui ménagent soigneusement les intérêts de leurs maîtres.
La liberté d’expression… vue de gauche
Ce n’est d’ailleurs guère mieux dans les partis dits de gauche ou dans les grands syndicats.
On sait parfaitement comment le Parti communiste français a diffamé, dénoncé aux flics et aux patrons, cassé la figure, ou envoyé à l’hôpital les militants trotskystes ou anarchistes pendant des décennies. Quand il ne les assassinait pas, comme ce fut le cas pour de nombreux militants révolutionnaires sous l’Occupation, ou pendant la Guerre d’Espagne. Sans parler des crimes du stalinisme, des Goulags russes et chinois, dissimulés puis niés par le PCF, et jamais expliqués sérieusement par ce parti dit « communiste ».
On sait que le Parti socialiste français ne donne du pouvoir et la parole qu’à des individus issus de la petite-bourgeoisie et de la bourgeoisie, comme cela se reflète dans les médias qui lui sont liés, dans la composition sociale de ses députés, sénateurs et ministres, dans sa mise en place actuelle d’une politique d’austérité, dans sa continuation de la politique anti-immigrés menée sous le gouvernement précédent, son soutien aux forces de police et aux interventions de l’armée française à l’étranger, etc.
On sait que les syndicats musèlent la parole et la liberté d’action des travailleurs hostiles à leurs bureaucraties, quand ils ne les excluent pas, purement et simplement.
On sait aussi comment le groupuscule des Indigènes de la République dont quelques intellectuels (Said Bouamama, Pierre Tevanian) dits d’extrême gauche et anti-impérialistes, plus récemment, ont empêché Caroline Fourest, féministe laïque, antiraciste et démocrate réformiste, de s’exprimer et de critiquer le Front national à la fête de l’Humanité le 16 septembre 2012, et ce au nom de… l’antifascisme et de la lutte contre l’islamophobie imaginaire de cette féministe (pour se convaincre du caractère fantaisiste de ces accusations, il suffit de lire l’ouvrage de Fourest contre Marine Le Pen, et le livre-dialogue entre Taslima Nasreen et Caroline Fourest, ouvrage dans lequel celle-ci se montre beaucoup plus modérée et gentille que Nasreen vis-à-vis de l’islam !).
Donc méfions-nous aussi, à gauche ou à l’extrême gauche, de tous ceux qui veulent, au sein du mouvement ouvrier, des syndicats, ou dans la rue, imposer leurs idées à coups de matraques, ou de poing, chaque fois que cela leur convient. Ou de ceux qui prétendent défendre la liberté d’expression, alors qu’ils sont incapables de la pratiquer dans leurs propres organisations syndicales et politiques et dans leurs publications.
Pour le respect du droit de manifester
À propos des caricatures parues dans “Charlie Hebdo”, certains « musulmans » ultraminoritaires veulent à la fois avoir le droit d’exprimer dans la rue leur indignation contre ce journal et aussi celui de protester publiquement contre “L’innocence des musulmans”. Le gouvernement français a interdit plusieurs manifestations à ce sujet, et les quelques rassemblements qui ont été organisés ont été des échecs retentissants (de un à 150 manifestants, selon les villes), montrant que l’immense majorité des « musulmans » en France ne sont pas tombés dans le piège, même s’ils ont pu se sentir offensés par la culpabilisation collective permanente dont ils sont victimes.
En tant que partisan de la liberté d’expression, je ne vois pas pourquoi je devrais soutenir les décisions d’interdiction de ces manifestations par l’Etat (pas plus d’ailleurs que les interdictions du port du hijab ou du niqab dans l’espace public, même si ce sont les musulmans les plus réactionnaires qui prônent cet uniforme pour les femmes). Elles doivent pouvoir se dérouler, sans être interdites, quoi qu’on pense de leur contenu politique ou religieux douteux ou détestable. Et les militants qui y sont opposés devraient avoir eux aussi le droit de contre-manifester (il est d’ailleurs symptomatique que le seul des 150 manifestants « musulmans » condamnés à une peine de prison après la manif du 15 septembre ait expliqué qu’il portait une matraque télescopique pour se défendre des… Juifs. Exemple typique de l’antisémitisme délirant qui puise dans l’antijudaïsme du Coran, l’antisémitisme fasciste et l’antisionisme d’extrême droite.).
Blasphème et pseudo-laïcité gauloise
Par contre, en tant que rationaliste athée, je ne vois aucune raison de soutenir ceux qui veulent introduire en France une loi contre le blasphème, ou limiter la liberté d’expression en ce qui concerne la critique de toutes les religions, y compris l’islam.
L’Organisation de la Conférence islamique (qui regroupe quand même 57 Etats), les Etats-Unis et la Commission des droits de l’homme de l’ONU voudraient que soient adoptées en France des lois contre le blasphème. C’est d’ailleurs aussi la position de Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, et de l’UOIF (proche des Frères musulmans) qui préside le Conseil français du culte musulman.
L’Etat français est régulièrement critiqué parce qu’il existerait dans ce pays des lois antireligieuses trop dures, « islamophobes » et que la puissante secte de l’Eglise de scientologie serait persécutée en France.
L’Etat français se sert de la laïcité quand cela l’arrange pour des questions de politique intérieure ; mais il finance les religions catholique, protestante, juive et musulmane, dans plusieurs départements français ; il finance la formation des imams à l’Institut catholique de Paris (à raison de 4 500 euros par étudiant) et met des terrains à la disposition des mosquées grâce à des bails emphytéotiques de 99 ans pour 1 euro (pas vraiment un prix « islamophobe » !) ; il assure l’entretien matériel des églises catholiques, et il finance l’enseignement privé (à 90 % confessionnel) sur tout le territoire dit national. Nous n’avons aucune raison de soutenir l’Etat français dans toutes ces manœuvres mais nous devons aussi nous opposer à tous ceux (catholiques, juifs, protestants ou musulmans) qui voudraient imposer des lois limitant la critique des religions, sous prétexte qu’elles offenseraient les croyants, Dieu ou les prophètes.
Vrais ennemis et faux amis des « musulmans »
De même, sans soutenir un journal comme “Charlie Hebdo” qui cherche à faire parler de lui, à n’importe quel prix, je ne vois aucune raison de soutenir ceux qui veulent y mettre le feu, menacer physiquement ses dessinateurs ou ses journalistes, ou le faire condamner par la justice bourgeoise à cause de ses blasphèmes de mauvais goût.
Parallèlement, il faut aussi dénoncer tous ceux, y compris à gauche, qui se servent de la critique d’une seule religion (l’islam) tout en restant muets ou très discrets sur les autres cultes, pour faire passer pour progressiste leur racisme anti-Arabes, ou leur soutien aux interventions néocoloniales françaises, européennes ou américaines, en Afrique, en Libye ou en Afghanistan.
Nous devons dénoncer l’Iran qui tente de récupérer l’initiative que ce régime a perdue depuis qu’en Tunisie et en Egypte des dictateurs ont été renversés par les peuples, ou sont fortement contestés. Iran où une fondation du régime a aussitôt profité de la diffusion de “L’innocence des musulmans” pour augmenter la prime destinée à assassiner l’écrivain Salman Rushdie.
Nous devons dénoncer aussi la tentative du FN de s’inviter dans ce débat afin d’attiser la haine contre les Arabes, qu’ils soient musulmans ou pas, et contre les Juifs et les juifs, vieux fonds de commerce du Front national. Enfin, nous devons dénoncer la tentative de diversion évidente que représente tout ce tintamarre médiatique à propos de ces deux non-événements.
On remarquera que plusieurs groupes fascisants (dont l’Œuvre française et les Jeunesses nationalistes) organisent une « descente » en cars sur Paris et un « grand rassemblement nationaliste » le 29 septembre 2012, mais que les médias s’en désintéressent totalement. Pourtant les thèmes du meeting du 28 puis de la manif du 29 devraient alerter tous ces ardents défenseurs de la liberté d’expression : « Mobilisation générale de tous les Français non reniés, de tous les patriotes et nationalistes. Après la révolte des souchiens à Lyon, les Français en marche sur la capitale ! Contre les zones de non-droit, contre la politique antinationale des pouvoirs publics, contre le racisme anti-Blancs : Maîtres chez nous ! Contre l’immigration-invasion, contre nos gouvernements stipendiés par les intérêts américano-sionistes et euro-mondialistes, contre la préférence étrangère : le combat pour rendre la France aux Français et redevenir maîtres chez nous continue ! »
Voilà un échantilon significatif de la xénophobie, du racisme, de l’antisémitisme et de l’antisionisme fascisants, idéologies qui fleurissent sur Internet à chaque minute.
Les identités nationales, culturelles et religieuses font l’objet d’une promotion exubérante par les Etats, les Eglises et tous les démagogues populistes et fascisants. Ce n’est pas parce que les travailleurs « musulmans » sont en butte à une propagande particulièrement haineuse, qu’ils doivent perdre leur indépendance d’esprit, et leur esprit critique. Ils ont le choix : soit ils s’allient à leurs exploiteurs et leurs dirigeants démagogues qui se réclament bruyamment de la même foi qu’eux, soit ils démasquent toutes les utilisations politiques de leurs croyances.
Quant aux athées et aux non-croyants ils doivent aussi se démarquer radicalement de tous les courants de gauche ou de droite, populistes, fascistes ou fascisants qui se réclament de l’héritage des Lumières ou des droits de l’homme pour mieux cacher leurs projets réactionnaires ou obscurantistes !
Y.C., Ni patrie ni frontières, 23 septembre 2012
1. Le terme « musulmans » est mis entre guillemets dans cet article, car la presse, les démographes, les sociologues et nombre de militants de gauche, d’extrême gauche ou altermondialistes collent généralement l’étiquette religieuse de « musulman » à toute personne qui vient d’un pays où l’islam est religion d’Etat, ou dont les familles sont pratiquantes, voire simplement à celles qui portent un nom « arabe ». Comme s’il n’existait pas d’athées ou d’agnostiques parmi ces dits « musulmans »…
2. D’ailleurs, dans le numéro de “Charlie Hebdo” du 19 septembre, l’étoile jaune collée sur le postérieur d’un individu nu en position du missionnaire (et/ou en train de prier) avec pour sous-titre « Une étoile est née » laisse penser que Siné pourrait revenir pointer sans problème chez ses anciens collègues « antiracistes ». Son « humour » antisémite est décidément contagieux…
Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?
Si on résume cette thèse, tout le monde est méchant, sauf l'auteur et ceux qui font l'objets de caricatures.
Hum ... Il n'y a pas plus d'intentions cachées chez ceux qui rient que chez ceux qui barbent leurs lecteurs par des analyses pseudo objectives.
Hum ... Il n'y a pas plus d'intentions cachées chez ceux qui rient que chez ceux qui barbent leurs lecteurs par des analyses pseudo objectives.
C'est quand on a raison qu'il est difficile de prouver qu'on n'a pas tort. (Pierre Dac)
Re: Film anti-islam : les émeutes vont-elles gagner la France ?
Libertaires et sans-concessions contre l’islamophobie !
Anarchistes, communistes libertaires, anarcho-syndicalistes, autonomes, artistes, organisés ou non-organisés, nous faisons part de notre condamnation totale de l’islamophobie sous toutes ses formes. Nous affirmons que l’islamophobie est une forme de racisme.
Nous avons le désagréable pressentiment, au regard de l’actualité, que l’islamophobie, comme un racisme respectable et vertueux, devient l’un des ressorts privilégiés de la gauche au pouvoir et de la gauche bien-pensante. Nous faisons le constat exaspérant que les thématiques progressistes comme le féminisme, la laïcité ou la liberté d'expression sont régulièrement invoqué pour le justifier. Le fait qu’en février, à peine passé à gauche, le Sénat ait voté une loi d’interdiction de certains emplois aux femmes voilées ne fait que confirmer nos craintes. Il en est de même quant aux comportements et discours néo-coloniaux et racistes du Parti de Gauche et des organisateurs du fameux débat sur « comment faire face au Front national » (sic) à la Fête de l'Humanité(1).
Les conséquences de l’islamophobie sont grandes pour celles et ceux qui la subissent : des lois liberticides votées ces dernières années jusqu’aux discriminations insidieuses, parfois flagrantes (par ex : les 4 animateurs de Gennevilliers suspendus car faisant le ramadan), sans parler des insultes et agressions diverses. Ces attaques racistes risquent fort de croître, et nous devons nous préparer à les combattre sans aucune ambiguïté.
En tant que libertaires nous réfutons et combattons tout raisonnement islamophobe porté au nom de l’idéologie libertaire et avons décidé de l’affirmer clairement par cet appel.
Parce que nous pensons qu’au sein du discours médiatique dominant, journalistique et politique, certains « philosophes », « dessinateurs » et « écrivains » surmédiatisés, comme Michel Onfray, Caroline Fourest ou l’équipe de Charlie Hebdo, participent de cette islamophobie ambiante et de sa propagation en se positionnant parfois comme libertaires, ou en agissant au nom de la tradition et de l’idéologie libertaire.
Parce que nous constatons que certains secteurs de « notre famille politique » sont imprégnés par l’idéologie islamophobe, et cela est insupportable. Cela se traduit au mieux par un désintérêt pour cette question (parfois par une condamnation certes claire de l’islamophobie mais couplée de moult rappels du combat primordial contre l’aliénation religieuse), au pire par le refus de reconnaitre l’islamophobie comme un racisme voire par le fait de s’affirmer islamophobe au nom d’un anticléricalisme primaire importé de contextes historiques différents, voire par des connivences et compromissions inacceptables, heureusement marginales mais pas assez vigoureusement condamnées.
Certaines choses doivent donc être rappelées à nos « camarades ».
NON, le terme islamophobie n’a pas été inventé par le régime iranien pour empêcher la critique de l’islam comme le proclame Caroline Fourest, le terme existait d’ailleurs déjà au début du XXème siècle.
NON, combattre l’islamophobie ne nous fait pas reculer devant les formes d’oppression que peuvent prendre les phénomènes religieux. Nous apportons ainsi notre soutien total à nos camarades en lutte au Maghreb, au Machrek et au Moyen-Orient qui s’opposent à un salafisme qui prend là-bas les formes réactionnaires et fascistes, et cela au plus grand bénéfice de l’impérialisme occidental.
NON, tous les musulmans qui luttent contre les lois islamophobes ne sont pas des crypto-islamistes ni des communautaristes venus faire du prosélytisme ou souhaitant interdire le blasphème. Beaucoup d’entre eux et elles sont des acteurs et actrices du mouvement social à part entière. Ils et elles luttent, s’auto-organisent, se battent pour leurs droits, contre le patriarcat, le racisme et pour la justice sociale au quotidien en revendiquant la spécificité de leurs oppressions et en pointant les contradictions qu’il peut y avoir au sein d’un certain discours « militant ». Critiquer leur façon de s'organiser ou de militer est une chose, les disqualifier par un discours marginalisant et raciste en est une autre.
La critique récurrente qui est faite à ceux qui parlent d'islamophobie(2), est qu'ils sont les porteurs d'un concept qui produirait du communautarisme. Nous disons que l'islamophobie est la politique de l'Etat envers de nombreux fils d'immigrés. Cette politique, il l’avait déjà expérimentée avec certains colonisés. L'islamophobie est bien un instrument de la domination, ce que le Palestinien Edward Saïd décrivait comme « la longue histoire d'intervention impérialiste de l'Occident dans le monde islamique, de l'assaut continu contre sa culture et ses traditions qui constitue un élément normal du discours universitaire et populaire, et (peut-être le plus important) du dédain ouvert avec lequel les aspirations et souhaits des musulmans, et particulièrement des Arabes, sont traités(3). » Dans la parfaite lignée de la structure de « l'orientalisme », l'Occident disqualifie l'Orient par le prisme de l'islamophobie et régénère par là sa pseudo-supériorité morale. Assumée ou dissimulée, cette structure de pensée gangrène une vaste partie du champ politique progressiste.
L'islamophobie n'est donc pas un concept flottant manié par des militants mal intentionnés, comme certains réactionnaires se plaisent sournoisement à l'inventer, mais une politique de la domination, de l'Etat post-colonial, qui imprime les corps des dominés. Dénoncer l'islamophobie n'est pas non plus l'apanage d'une communauté qui chercherait à se défendre. C'est au contraire un langage raciste de peur permanente qui désigne le paria sous les traits imprécis du musulman. A Salman Rushdie qui affirme lui aussi que l'islamophobie n'existe pas, car les musulmans ne sont pas une race, il faut rappeler, à lui et à tous ceux qui connaissent si mal l'histoire du racisme en Europe, que l'antisémitisme concerne les juifs, qui ne sont pas non plus une race.
Ce langage voudrait aussi imposer une assignation : tout arabe, tout africain, ou parfois tout être, ayant l'islam comme part de sa culture et comme part de son histoire serait un être essentiellement réactionnaire, fondamentalement religieux, et donc incompatible avec les principes fondamentaux républicains - principes par ailleurs complètement désincarnés, qui ne servent que pour justifier cette exclusion. Comme l'a montré Frantz Fanon, le colonisé, « par l'intermédiaire de la religion, ne tient pas compte du colon ». « Par le fatalisme, toute initiative est enlevée à l'oppresseur, la cause des maux, de la misère, du destin revenant à Dieu. L’individu accepte ainsi la dissolution décidée par Dieu, s'aplatit devant le colon et devant le sort et, par une sorte de rééquilibration intérieure, accède à une sérénité de pierre(4). »
Assigner les colonisés, et aujourd'hui les fils d'immigrés, à une religion, relève d'une dynamique de domination expérimentée dans les anciennes colonies. Les islamophobes n'ont peur que d'une chose : que les dominés s'emparent des armes de la critique sociale et de la philosophie, car c'est sur ce terrain que se prépare leur défaite, sur ce terrain que la lutte sociale se déploie et nous réunit.
Au-delà de l’islamophobie, ce problème soulève le peu d’intérêt et d’engagement contre le racisme visant les enfants d’immigrés issus de la colonisation. Ce sont aussi toutes les questions liées aux quartiers populaires qui font les frais d’un déficit d’engagement de la part du mouvement social. Pour preuve le peu de personnes militant contre les violences policières et les crimes racistes et sécuritaires.
Les populations issues de la colonisation, qu’elles soient noires, arabes, musulmanes, habitantes des quartiers populaires, ont décidé de ne plus rester à la place où l’on veut les assigner et s’affirment comme forces politiques en s’auto-organisant. Nous devons avancer côte à côte et lutter contre le racisme sous toutes ses formes, de toutes nos forces.
L’islamophobie dominante, encouragée par tous les pouvoirs occidentaux, est aussi l’occasion de diviser ceux qui devraient s’unir, et unir ceux qui devraient être divisés. Dans une société régie par le spectacle, elle a en outre pour fonction de jeter de vastes écrans de fumée sur les réalités sociales. Ne tombons donc pas dans le piège !
Enfin ce problème pose aussi la question d’une sorte d’injonction à l’athéisme, condition sine qua non pour prendre part à la guerre sociale et militer dans une organisation libertaire. Il serait donc impossible ou infondé d’exprimer sa foi si l’on est croyant, tout en partageant certaines convictions progressistes. Nous nous opposons à l’essentialisation des croyants et du phénomène religieux, qui se fait sans donner la parole aux premiers concernés, et qui nous conduit aujourd’hui aux pires amalgames.
Notre opposition sans concession à l’islamophobie, en tant que libertaires, doit se faire entendre sur cette question. Nous sommes aussi le reflet d’un certain nombre de contradictions: de même que nous sommes traversés par les rapports de domination sexistes ou homophobes, ce qui est aujourd’hui (plus ou moins!) reconnu par le mouvement libertaire, nous devons reconnaitre l’être aussi par les rapports de domination racistes, postcoloniaux et faire le travail qui s’impose, dans le contexte social où l'on se trouve.
Contre cette arme coloniale de division massive et de « régénération du racisme » qu’est l’islamophobie, contre la construction d’un nouvel ennemi intérieur, nous affirmons en tant que libertaires notre solidarité avec celles et ceux qui luttent et s’auto-organisent contre cette oppression, et appelons au sursaut antiraciste partout pour les mois et les années à venir.
1. Article de Pierre Tevanian et Saïd Bouamama : Caroline Fourest, l'incendiaire qui crie « au feu! »
http://blogs.mediapart.fr/edition/les-i ... rie-au-feu
2. Voir les propos du très libéral Nasser Suleyman Gabryel qui récuse carrément l’usage du mot : http://www.lemonde.fr/idees/article/201 ... _3232.html
3. Edward W. Saïd, L’Islam dans les médias.
4. Frantz Fanon, Les damnés de la terre.
Premiers signataires :
Nicolas Pasadena (Alternative Libertaire), Skalpel, E.one et Akye (BBoyKonsian-Première Ligne), Fred Alpi, Samuel Idir (Journal L'Autrement), Docteur Louarn (CNT- Brhz), K-listo (Soledad), Aodren Le Duff (CNT), Subversive ways, Yly, Sophie B (CNT), George Franco, Marouane Taharouri (Alternative Libertaire), JM Smoothie (CNT-BBoyKonsian), Elie Octave (Sud-Etudiant), Haythem Msabhi - Mouvement Désobéissance (Tunisie), Rabaa Skik (Artiste plasticienne), Zack O'Malek (Journal L'Autrement), Rola Ezzedine (Professeur d'histoire), Isabelle Vallade (Collectif Bordonor)...
Pour figurer parmi les signataires, envoyez un mail à cette adresse: akye@bboykonsian.com
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