Prévention et meilleur accès aux soins sont au coeur du projet de loi santé présenté mercredi en conseil des ministres par Marisol Touraine. Un texte attendu, mais déjà fustigé par le milieu médical. Lutte contre le tabagisme, expérimentation des salles de shoot, prévention en milieu scolaire, organisation du parcours de soins : les grandes lignes d'un plan ambitieux avaient été dévoilées en juin. Malgré les 10 milliards d'euros d'économies prévues entre 2015 et 2017 pour l'Assurance maladie, la ministre de la Santé Marisol Touraine promettait alors une réforme "structurante", "durable" et "mobilisatrice". Mais c'est un texte édulcoré que les députés devraient examiner début 2015. Selon des syndicats, certains passages du plan n'ont pas survécu aux contestations du milieu médical ni au déficit de la Sécurité sociale.
Quatre grands axes en composent la charpente : la prévention, la mise en place d'un service territorial de santé, l'innovation et une nouvelle gouvernance de la politique de santé. Salué, le volet prévention contient un éventail de mesures destinées aux jeunes, comme l'instauration d'un médecin traitant pour les moins de 16 ans ou d'un parcours éducatif en santé de la maternelle au lycée. Il prévoit l'expérimentation de salles de shoot, destinées à réduire les risques liés à la consommation de drogue, contre lesquelles une centaine de députés se sont d'ores et déjà élevés. À nouveaux maux, nouveaux remèdes : le texte introduit une infraction spécifique pour le "binge drinking" - s'enivrer le plus vite possible - puni de 15 000 euros d'amende et d'un an de prison. Une infraction plus générale sur la provocation à la consommation excessive d'alcool est également envisagée, selon une version non définitive du projet de loi. Information nutritionnelle sur les produits alimentaires, paquet de cigarettes neutre et interdiction des cigarettes électroniques dans les lieux publics figurent également dans le texte, support du plan anti-tabac.
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Mais la colère n'a cessé de monter chez les médecins, libéraux comme hospitaliers, du secteur public ou privé. En cause, les regroupements d'établissements de santé et surtout le pouvoir accru, selon les médecins, des agences régionales de santé. À la veille de la présentation du projet de loi, plusieurs milliers de médecins hospitaliers étaient en grève à l'appel d'une intersyndicale pour dénoncer une "sensation de mépris institutionnel permanent". Les associations ont aussi réservé un accueil mitigé au texte. Le Ciss (Collectif interassociatif de la santé) a ainsi salué l'instauration d'une action de groupe pour les patients victimes de dommages médicaux dus à leurs traitements, mais a critiqué les "carences cruelles" en matière de démocratie sanitaire.
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