Sur le tapis roulant, le macaque a du mal à suivre la cadence, pourtant lente, car sa patte arrière droite lui refuse tout service. Normal : elle a été volontairement paralysée par un sectionnement partiel de la moelle épinière. Mais soudain, voici que la patte inerte se réveille. Elle se met à galoper bien que le singe ne se soit jamais rendu à Lourdes. En fait, le miracle, ici, n'est que purement médical. Il repose sur une neuroprothèse conçue par l'équipe internationale menée par le Suisse Grégoire Courtine, de l'École polytechnique de Lausanne.
Une neuroprothèse
Voilà qui va faire rêver tous les paralysés du monde. Le procédé ne consiste pas à rabouter les extrémités de la moelle épinière sectionnée, mais à reconnecter la zone du cerveau dédiée à la marche à la zone de la moelle épinière commandant le mouvement de la jambe droite, en court-circuitant la lésion.
Concrètement, une puce électronique a été posée sur la zone du cerveau dédiée à la marche avec pour mission de relever les ondes cérébrales. Celles-ci sont transmises à un microordinateur – fixé sur la tête du macaque paralysé – où elles sont décryptées, sélectionnées et transformées en commandes électriques reconnues par les neurones. Ces signaux sont transmis par ondes à un générateur d'impulsions fixé dans la région lombaire de la moelle épinière, en aval de la lésion. Ce générateur doté d'électrodes transmet les ordres du cerveau aux voies neurales commandant les muscles de la jambe. « C'est la première fois qu'une neuroprothèse restaure la marche chez le primate », se réjouit Grégoire Courtine, qui vient de publier son étude dans le magazine Nature.
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http://www.lepoint.fr/sante/leve-toi-et ... 074_40.php
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Les experts invités par «Le Temps» à commenter cette étude soulignent son importance. «Ces résultats sont très impressionnants, dit Binhai Zheng, de l’Université de Californie à San Diego, qui mène aussi des recherches sur la régénération de la moelle épinière. Toutefois, les singes n’avaient que l’une de leurs deux pattes paralysées, et pouvaient donc, en claudiquant, compenser un peu ce handicap. Il s’agit maintenant de montrer ce qui se passerait en cas d’atteinte aux deux membres inférieurs. Enfin, il s’agit d’une avancée certaine, mais pas d’une surprise.»
Voilà en effet plusieurs années que diverses équipes testent l’implantation d’une même puce dans le cortex humain pour permettre à des patients paralysés de commander qui un bras robotisé, qui une chaise roulante, qui même ses propres membres. En mai 2016, une équipe de l’Université d’Etat de l’Ohio a équipé un tétraplégique d’un tel implant cortical, lui permettant de piloter sa main – dont il avait perdu le contrôle physiologique direct. L’interface neuroprosthétique, commandée par son cerveau, envoyait des impulsions directement dans les muscles de l’avant-bras.
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«Or dans cette nouvelle étude [de l’EPFL], la stimulation électrique n’est pas faite sur les muscles, mais sur la moelle épinière, qui les commande, reprend Binhai Zheng. C’est une reconstruction plus naturelle, qui n’élude pas les circuits nerveux fonctionnant encore, mais ne fait que court-circuiter la lésion médullaire».
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https://www.letemps.ch/sciences/2016/11 ... ants-lepfl
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