La France, à mon grand regret, a polarisé sur Raoult et la chloroquine.les orteils a écrit : ↑01 août 2020, 09:40:49Je partage ce point de vue. J'ai d'ailleurs écrit il y a fort longtemps que ce fil était inutile : celui du covid suffisait. Il n'a donc vu le jour que parce que certains se sont polarisés sur Raoult et non sur son traitement.
Au sujet de la chloroquine, ce qui serait intéressant, c'est de synthétiser l'ensemble des travaux effectués à propos de ce traitement, afin de pouvoir prendre un peu de recul avec toutes les études qui sont sorties chaque semaine, parfois chaque jour.
Récemment (début juillet), les hôpitaux de Genève ont rédigé une synthèse d'une vingtaine de pages allant dans ce sens.
https://www.hug.ch/sites/interhug/files ... vid-19.pdf
En voici le résumé.
Si d'autres synthèses de ce genre existe, c'est toujours intéressant.
HUG a écrit :
Chloroquine, hydroxychloroquine et COVID-19 : Évaluation pharmacologique
A retenir :
- Si des données in vitro parlent pour une efficacité antivirale de la chloroquine (CQ) et de l'hydroxychloroquine (HCQ) contre le SARS-CoV-2, ces modèles ne traduisent pas toujours une efficacité clinique. De récentes données animales chez le primate parlent ainsi contre une activité antivirale de l’HCQ (seule ou en association avec l’azithromycine) contre le SARS-CoV2 en traitement ou prévention (Maissonnasse P et al).
- Les récents essais cliniques publiés dans des journaux médico-scientifiques n’ont pas mis en évidence d’efficacité de l’HCQ (avec ou sans azithromycine) respectivement sur la mortalité hospitalière (Rosenberg ES et al JAMA, Magagnoli et al), le temps jusqu’à l’intubation ou décès (Geleris J et al NEJM), les transferts en réanimation ou décès toute cause (Mahevas M et al BMJ), et la négativisation virale (Tang et al BMJ).
- L’essai clinique randomisée contrôlée Recovery (UK) a annoncé le 5 juin l’arrêt du recrutement dans le bras HCQ en raison de l’absence de bénéfice sur la mortalité à 28j, la durée d’hospitalisation et d’autres outcomes non précisés. Les essais cliniques randomisés contrôlés Solidarity (OMS) et Discovery (France) ont eux aussi annoncé l’arrêt du recrutement les 17 et 18 juin en l’absence d’efficacité.
- Les quelques études parlant pour une efficacité de l’HCQ sont méthodologiquement critiquables notamment en raison de l’absence de groupe contrôle et/ou de biais méthodologiques sérieux (4 études IHU Marseille) ou non publiées (Chen Z et al, Bo Y et al). D’autres études non publiées ont montré une inefficacité de l’HCQ (Molina et al, Chen J et al, Mallat et al) voire une augmentation du risque de détérioration respiratoire (Barbosa J et al).
- En prophylaxie post-exposition dans les 4 jours suivant l’exposition, une étude randomisée contrôlée en double aveugle (Boulware D et al, NEJM) parle pour l’absence d’efficacité de l’HCQ à prévenir l’apparition d’une maladie COVID-19 (à 14 jours post exposition).
- Des signaux de toxicité cardiaque sous HCQ/CQ ont été rapportés aux centres français et québécois de pharmacovigilance et mise en avant dans deux récentes études publiées dans JAMA Cardiology (Mercuro et al, Bessière et al) confirmant les risques de prolongation de l’intervalle QT. Un effet dose-dépendant des effets indésirables est attendu. Des troubles neuropsychiatriques ont également été signalés.
- Conclusion : La preuve de l'efficacité clinique de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine dans le traitement et la prévention de la maladie COVID-19 n’a pas été établie. Les grands essais randomisés contrôlés (Recovery, Solidarity, Discovery) ont dorénavant tous arrêté le recrutement en l’absence de bénéfice thérapeutique (données pas encore publiées). L’hydroxychloroquine et la chloroquine ont été associées seules ou en association à l’azithromycine à une augmentation des effets indésirables notamment cardiaques.
La prescription d’hydroxychloroquine doit désormais être exclusivement réservée au cadre strict d’un essai clinique, avec un monitoring cardiaque par ECG et en vérifiant l’absence de co-médications allongeant l’intervalle QT (antiémétiques, macrolides, quinolones, antiarythmiques, antidépresseurs, antipsychotiques) avant toute prescription (site www.crediblemeds.org).