http://lci.tf1.fr/science/sante/2011-01 ... eurs-pour-…Cancers : des chiens renifleurs pour traquer la sarkosine
Par TF1 News, le 26 janvier 2011 à 15h43, mis à jour le 26 janvier 2011 à 15:50
Qu'est-ce que la sarkosine ? Une molécule dont la présence signale la présence de certains cancers. Une molécule volatile, ce qui permet sa détection par l'odeur. D'où l'idée de "former" des chiens pour reconnaître le "parfum" de certains cancers...
La sarkosine est un type de molécule volatile liée au développement de cancers agressifs. Tout comme elle, certaines combinaisons chimiques sont associées à certaines tumeurs. Il existe ainsi des "signatures chimiques" spécifiques qui permettent de reconnaître, par exemple, un cancer de la prostate. Or qui dit molécule volatile, dit possibilité de la "sentir", pour peu que l'on dispose d'un capteur suffisamment développé. Ce type de capteur existe, il est on ne peut plus naturel : c'est l'odorat du chien. C'est en partant de ce principe que des médecins ont décidé de lancer une expérience originale : entraîner des chiens à repérer des cancers. En l'occurrence, ceux de la prostate.
Le flair des chiens est déjà largement utilisé pour détecter explosifs ou stupéfiants. Pour les médecins, il ne s'agit pas de se servir de ces animaux pour faire du dépistage devant une rangée d'échantillons d'urine, mais de mettre au point, grâce à l'extrême sensibilité de leur odorat, un simple test urinaire pour déceler précocement les cancers les plus dangereux. "Un berger malinois, formé par l'armée de l'air française, est déjà capable de renifler le cancer de la prostate. Un deuxième chien est en formation. Ce sont les premiers chiens formés en France pour détecter des cancers", explique le professeur Olivier Cussenot, urologue-cancérologue à l'hôpital Tenon, à Paris, et qui est à l'origine de l'initiative. Et la démonstration montre une "spécificité et sensibilité de 91%" de l'odorat canin, selon des résultats publiés récemment dans la revue spécialisée European Urology, dont il est cosignataire. "Nous avons été surpris des performances des chiens, aucun test n'atteint de telles performances", ajoute le spécialiste.
Un enjeu de santé publique
Avec 71.500 nouveaux cas et 8790 décès en 2010, selon les estimations de l'INCa (institut du cancer), cette recherche sur le cancer de la prostate représente un enjeu de santé publique. Le dépistage systématique que certains urologues conseillent aux hommes entre 50 et 75 ans fait l'objet de controverses, à cause d'un test contesté. Ce test PSA est un dosage sanguin d'une substance naturellement secrétée par cette glande, l'antigène spécifique prostatique (PSA). Or, "le test PSA n'est pas idéal" pour le dépistage, convient le Pr Cussenot. "80% des hommes testés positifs n'ont pas de cancer, mais une inflammation ou une hypertrophie (gonflement) de la prostate. Inversement avec ce test, il y a 10% de faux négatifs (des cancers qui lui échappent)", résume-t-il. Le diagnostic n'est assuré qu'après biopsie. Il relève aussi la présence de foyers microscopiques de cancer de la prostate, qu'un homme a 50% de risques d'avoir au cours de sa vie, mais qui ne sont mortels que dans 1% des cas, et ne font souffrir que 5% des patients. L'enjeu est donc de repérer les cancers qui risquent vraiment de tuer. D'où l'importance d'avoir des méthodes de détection des cancers agressifs, ceux qui sont à risque d'évolution rapide pour ne pas "surtraiter" les autres.
Dans cette optique, si l'exploitation du flair des chiens pour détecter l'odeur du cancer peut paraître surprenante, la médecine s'y intéresse depuis longtemps. En 1989, la revue médicale The Lancet rapportait des cas de chiens flairant une lésion cancéreuse de la peau, le mélanome. D'autres observations de chiens détecteurs de cancers notamment du poumon par le biais de l'haleine, ou encore de cancer de la vessie en flairant l'odeur des urines ont été rapportés dans la littérature médicale. Il s'agit de systématiser ces expériences : aujourd'hui, "nous essayons de reconstituer les combinaisons de molécules détectées par le chien et qui sont des signatures du cancer", explique le professeur Olivier Cussenot.
Pour trouver la composition du "parfum" de cancer, son équipe travaille avec Christophe Junot, chercheur du Commissariat à l'énergie atomique. Les chercheurs font des essais en mettant des molécules intéressantes dans de l'eau, puis donnent le tout à sentir au chien pour voir s'il réagit, jusqu'à obtenir la bonne composition.
Je trouve le nom de cette molécule judicieusement choisi, surtout quand TF1 news l'orthographie ainsi. Malheureusement, en 2007 les chiens n'étaient pas encore assez bien formés.