Qu'en pensez vous ?
Et si les médicaments nuisaient aux seniors ? Il semblerait en effet que de nombreuses molécules consommées régulièrement par les personnes âgées entraîneraient un déclin cognitif, augmentant ainsi leur mortalité. Ces médicaments, certains vendus sans ordonnance, ont pour particularité d'avoir ce que l'on appelle un effet anticholinergique, c'est à dire qu'il s'oppose à l'action de l'acétylcholine au niveau des nerfs parasympathiques. Les patients ont des troubles de l'équilibre, de la vision, de la mémoire, une faiblesse musculaire ou encore un discours incohérent. Conséquences : les chutes sont plus nombreuses.
Cette molécule se retrouve dans une large palette de médicaments : des antidépresseurs (Elavil, Laroxyl, Tofranil), des tranquillisants (Largactil, Terfluzine), des antitussifs (Broncalene, Broncorinol), des antihypertenseurs (Atenolol), des diurétiques (Aldalix, Furosemide), des antiashmatiques (Asmabec, Beclojet), des antiépileptiques (Tegretol) mais aussi des molécules prescrites dans le traitement du glaucome (Azarga, Combigan, Cosopt) ou pour les incontinences urinaires (Ditropan, Oxybutynine).
Des effets nocifs déjà connus mais confirmésCes effets secondaires avaient déjà été mis en évidence en 2009. Une équipe du CHU de Saint-Étienne avait déjà pointé ce problème, sans aller jusqu'à parler de mortalité. Mais une étude plus large, menée sur 13.000 personnes de plus de 65 ans pendant deux ans dans des universités anglaises et américaines va plus loin.
Publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, elle considère que le lien de cause à effet entre la prise de ces médicaments et les cas de décès chez les seniors est avéré. Ainsi, 20 % des patients qui prenaient plusieurs médicaments ayant cet effet sont décédés durant les deux années de l'étude contre seulement 7 % des patients ne prenant aucun médicament ayant un effet anticholinergique.
Surprescriptions médicales ?
Cette hausse de la mortalité repose la question des surprescriptions médicales chez les personnes âgées. Mais si les médecins doivent éviter à tout prix de prescrire ce genre de produits aux seniors, la plupart d'entre eux s'accordent sur le fait qu'il ne faut pas pour autant les supprimer du marché. Ces molécules ne sont en effet pas nocifs pour le reste de la population.
L'Agence du médicament procède actuellement à un réexamen de la balance bénéfice-risque de plus d'une centaine de molécules. Conclusions d'ici à la fin de l'année.
France Soir
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