Qu'en pensez vous ?Sans fleurs ni couronnes. Après François Fillon, le 24 août, la ministre des solidarités, Roselyne Bachelot, a confirmé à la presse un nouveau report, qui sonne comme un abandon, de la réforme de la dépendance. Il n'y aura "aucune mesure financière supplémentaire" pour les personnes âgées dépendantes dans le projet de loi de finances 2011, a déclaré la ministre dans Libération, vendredi 2 septembre.
"Créer des prestations nouvelles, c'était assez inconséquent" compte tenu de "la crise financière mondiale que nous rencontrons", a assuré la ministre. Tout en promettant : "Cette réforme viendra, je le redis : elle n'est pas annulée, elle est reportée." Officiellement, un nouveau rendez-vous sera proposé au printemps.
UN CHANTIER SANS CESSE REPORTÉ
Mais la date, à quelques semaines de l'échéance présidentielle, ne laisse que peu d'illusions aux professionnels du secteur : sans cesse reportée depuis 2007, la réforme de la dépendance, qui devait être l'un des grands chantiers du quinquennat, n'aura pas lieu.
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"METTRE EN PLACE LE 'CINQUIÈME RISQUE' EN 2009"
La prise en charge de la dépendance était l'une des mesures phares du programme de M. Sarkozy en 2007. "Je créerai une cinquième branche de la sécurité sociale pour consacrer suffisamment de moyens à la perte d'autonomie", promettait le candidat. Il assurait par ailleurs souhaiter que "le droit à la prise en charge de la dépendance devienne opposable au bout de cinq ans pour qu'enfin l'effort de la nation en faveur des personnes âgées soit à la hauteur des enjeux".
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En février 2008, alors qu'il annonce une prime pour les bénéficiaires du minimum vieillesse, Nicolas Sarkozy évoque lui-même un report de la loi, réaffirmant son "ambition de mettre en place le cinquième risque de protection sociale en 2009". Le projet de loi est attendu pour début 2009.
Mais la crise financière de l'automne 2008 bouleverse les priorités du quinquennat. Et le "cinquième pilier" est de nouveau repoussé. Le ministre du travail, Brice Hortefeux, à qui échoit ce chantier, annonce désormais un texte à la rentrée 2009, voire à l'automne.
"CE PROBLÈME SERA RÉSOLU DANS L'ANNÉE 2011"
Au printemps, nouveau report : Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la solidarité, déclare le 28 mai 2009 qu'elle espère "qu'un texte pourra être présenté à l'ordre du jour du Parlement au premier semestre 2010". Nicolas Sarkozy évoque le sujet en juin, lors du Congrès de la mutualité française, mais de façon vague, se contentant de souhaiter que "la prise en charge de la dépendance des personnes âgées et des personnes handicapées" soit "organisée autour d'un projet individuel fondé sur la recherche d'une plus grande autonomie".
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Nicolas Sarkozy n'en oublie pas moins de revenir sur la dépendance. Lors d'une intervention télévisée à la fin de mobilisation contre le projet de loi sur les retraites, le 15 octobre, le chef de l'Etat assure à nouveau qu'il "souhaite la création (...) d'un nouveau risque, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale, le cinquième risque (..) Nous prendrons les décisions à l'été 2011, à la suite de ce grand débat".
"TRAITER CE DOSSIER... NE SERAIT PAS RESPONSABLE"
Une promesse répétée, le 10 février 2011, lors de l'émission "Paroles de Français", sur TF1. Nicolas Sarkozy assure une nouvelle fois : "C'est un engagement : après avoir réformé les retraites et garanti le revenu des retraités, je souhaite que nous réformions la dépendance." Le chef de l'Etat annonce : "Nous allons organiser une grande consultation qui va durer six mois", à l'issue de laquelle "nous déciderons cet été de la création d'une cinquième protection aux côtés de la maladie, de la retraite, de la famille, des accidents du travail, qui sont les branches traditionnelles de la Sécurité sociale".
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Mais, le 24 août, François Fillon sonne le glas de cette hypothèse. Face à la nécessité de la rigueur budgétaire, le chantier de la réforme est une nouvelle fois repoussé, cette fois à début 2012. "Traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd'hui, dans l'urgence, ne serait pas responsable", assure le premier ministre. Un enterrement discret pour une promesse de campagne qui n'aura jamais vu le jour. Retrouvez l'intégralité de cet article sur Le Monde.fr
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