Les dispensaires, ça coûte cher et ni l'Etat ni les collectivités ne sont prêts à les prendre en charge.
Les oeuvres sanitaires et sociales (services de santé de secteur 1) mises en place par les Mutuelles dans le cadre du Livre III du Code de la Mutualité sont dans une situation financière alarmante, les directives européennes (et notamment Solvency II) ayant conduit à une séparation juridique et financière des activités des Mutuelles (assurances / réalisations sanitaires et sociales / politique et prévention).
Les SSAM (Services de Santé et d'Accompagnement Mutualistes) ne bénéficient plus ou très peu aujourd'hui des transfusions financières des Mutuelles qui leur permettaient jusque là de survivre et sont dans l'incapacité de s'autofinancer.
Le Grand conseil de la Mutualité des Bouches-du-Rhône, émanation du mouvement mutualiste qui représente le premier réseau de soins privés à but non lucratif du département, s'est déclaré jeudi en cessation de paiement devant le TGI de Marseille, a annoncé sa direction.
En difficulté depuis plusieurs mois déjà, cette structure, qui réalise dans ses établissements (centres de santé, d'optique, dentaire, pharmacies, clinique) environ un million d'actes par an, pour une population évaluée à 200.000 personnes, s'est vu refuser la semaine dernière tout découvert par sa banque, a indiqué à la presse sa présidente, Sandra Camilleri-Allais.
Dans ces conditions, a-t-elle ajouté, la procédure de cessation de paiement est "une nécessité de gestion" afin de "garantir le paiement des salaires de tous les salariés", au nombre de 1.200, et "de préserver l'accès aux soins pour les populations qui en ont le plus besoin".
L'audience du tribunal aura lieu mardi.
Pour convaincre la justice d'autoriser la poursuite de l'activité, tout en préservant l'intégralité des emplois, le Grand conseil entend présenter un plan destiné à revenir à "l'équilibre de gestion" et qui concerne principalement les deux secteurs "structurellement déficitaires": l'activité de médecine générale et l'activité hospitalière.
En 2010, le déficit s'est élevé à quatre millions d'euros, se répartissant à égalité entre ces deux activités, pour un chiffre d'affaires global de 80 millions et malgré une aide de 3,2 millions apportée par le mouvement mutualiste. En 2011, les pertes devraient s'élever à environ 4,5 M EUR.
Le plan, qualifié de "la dernière chance", prévoit notamment d'externaliser les activités hospitalières d'une des deux cliniques marseillaises, celle de Bonneveine (8e arr), vers un autre établissement à but non lucratif. A cette fin, des discussions sont en cours avec trois autres structures de la ville, a précisé Mme Camilleri-Allais.
L'autre volet concerne les 11 centres de santé du département, dont la marge brute est déficitaire. Pour revenir à l'équilibre, la direction va demander aux médecins généralistes - une cinquantaine au total - d'augmenter leur nombre d'actes à 6.000 par an contre 4.000 en moyenne aujourd'hui. Une demande qui s'est heurtée jusqu'à présent à la résistance des intéressés, selon la même source.
Enfin, les responsables mutualistes comptent demander aux pouvoirs publics - mairies, département et région - des "aides concrètes" afin de "développer une offre de soins de qualité et accessible à tous".
Dépêche AFP du 04/11/2011
Dans la même lignée, l'Union Territoriale Mutualité Ile de France connaît en ce moment de graves difficultés et travaille sur un plan de redressement impliquant notamment un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi).
Et si la Ville de Paris s'agite devant journalistes et syndicats pour crier haut et fort qu'il faut maintenir une offre de soins mutualiste en Ile de France, il n'y a plus personne dès qu'il s'agit de mettre la main au porte monnaie...