"Manger 5 fruits et légumes par jour" ferait grossir

[johanono]

On dirait de la désinformation pure et simple, tant de la part des auteurs de l'étude que de la part du journaleux qui relaie cette étude.

Déjà, il faut signaler que l'étude a été faite par une école de management. Ces gens-là sont-ils vraiment qualifiés pour mener des études sur la nutrition ? A moins qu'ils ne travaillent en cheville avec le lobby agro-alimentaire ?

Ensuite, le titre est très trompeur. Sur la forme, d'abord, on constate d'abord que les guillemets n'englobent qu'une partie de la phrase, ce qui laisse supposer une citation tronquée, voire fallacieuse. Ensuite, la lecture de l'article montre quand même que ce ne sont pas les fruits et légumes qui font grossir, mais ce qui est mangé à côté. En vérité, les auteurs de cette étude ne remettent nullement en cause les avantages nutritionnels des fruits et légumes (ils ne sont de toute façon pas qualifiés pour cela) mais s'interrogent simplement sur la pertinence d'un slogan publicitaire.

[Nombrilist]

Exactement.

[Lucas]

Il est évident que le titre est provocateur, je pense que c'est fait pour réagir, ce que veut dire l'article c'est qu'en mangeant 5 fruits et légumes par jour décomplexe les gens de manger des macdo par exemple.

[Golgoth]

Il y a des tomates, des oignons et des cornichons dans les hamburgers, tu vois ça fait déjà 3 fruits et légumes. Un sunday fraise en plus et c'est quasi bon.

[El Fredo]

Avec un Orangina par-dessus, on est à 5. Et si tu manges midi et soir, tu exploses les recommandations journalières icon_mrgreen

[El Fredo]

Déjà, il faut signaler que l'étude a été faite par une école de management. Ces gens-là sont-ils vraiment qualifiés pour mener des études sur la nutrition ?

L'étude a été menée par le département d'études comportementales, et porte non sur les aspects nutrition mais sur le comportement des consommateurs face aux campagnes de prévention :

http://www.grenoble-em.com/1464-recherc ... ete-1.aspx

En effet il y a une grosse nuance entre savoir ce qu'il faut manger pour être en bonne santé (nutrition, matière scientifique) et si les campagnes de santé publique ont une influence dans le bon sens sur ce que l'on mange vraiment (sociologie comportementale, sciences humaines).

De plus l'une des auteurs, Carolina Werle, est experte dans ce domaine et a publié plusieurs papiers sur la question :

http://www.grenoble-em.com/62209-caroli ... -cv-1.aspx

Domaines d'expertise
Marketing social, Comportement du consommateur, Efficacité des campagnes publicitaires de santé préventive, Consommation de nourriture, Prévention de l'obésité, Design expérimental

Celui-ci en particulier va à l'encontre de l'hypothèse d'une quelconque bienveillance envers le lobby agroalimentaire :

Carolina Werle & Caroline Cuny, 2012. The boomerang effect of mandatory sanitary messages to prevent obesity, Marketing Letters, 999: 999.

Résumé

To counter the increasing prevalence of obesity, authorities legally force companies to include health sanitary messages on advertisements for foods and beverages. In an experimental study, the efficacy of a French obesity prevention sanitary message was investigated. 131 students were exposed to an advertisement for a hedonic product containing or not a sanitary message. Implicit memory representations (priming protocol), explicit attitudes (questionnaire) and a behavioral measure of food choice (healthy versus unhealthy snack coupon) were collected. Results showed that participants associated negative concepts more easily to the product when the advertisement was presented without the sanitary message, while there were no differences in the explicit attitudes. Moreover, the choice of a healthy snack doubled in the absence of sanitary message. Contrary to its objectives, the obesity prevention sanitary message fills in consumers’ need for justification leading to a greater acceptability of the advertised product and increased choice of an unhealthy snack.

Autrement dit cette étude considère que les messages sanitaires servis par l'industrie agroalimentaire font figure d'alibi et ont un effet négatif sur la consommation de nourriture saine : ces messages quand ils sont présents semblent déculpabiliser les consommateurs, tandis qu'en leur absence ceux-ci sont plus enclins à faire un choix réfléchi.

Ensuite, le titre est très trompeur. Sur la forme, d'abord, on constate d'abord que les guillemets n'englobent qu'une partie de la phrase, ce qui laisse supposer une citation tronquée, voire fallacieuse. Ensuite, la lecture de l'article montre quand même que ce ne sont pas les fruits et légumes qui font grossir, mais ce qui est mangé à côté. En vérité, les auteurs de cette étude ne remettent nullement en cause les avantages nutritionnels des fruits et légumes (ils ne sont de toute façon pas qualifiés pour cela) mais s'interrogent simplement sur la pertinence d'un slogan publicitaire.

Sur ce point je suis d'accord, la faute est au journaliste : en mettant "Manger 5 fruits et légumes" entre guillemets dans le titre, c'est bien le slogan lui-même que le journaliste visait et non la pratique alimentaire, or on a l'impression que c'est la pratique qui est en cause. Le chapeau est plus clair ("Les fameux messages sanitaires mentionnés dans les pubs pourraient se révéler contre-productifs, concluent des chercheurs de l'Ecole de management à Grenoble.") mais moins percutant dans l'esprit du lecteur. Donc carton rouge au journaliste.