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par johanono » 05 oct. 2014, 13:20:55
Il y a une évolution sociale lourde. Certaines pratiques jadis socialement condamnées (mariage gay, adoption par les homosexuels, location d'utérus, commerce d'embryons, etc.) commencent peu à peu à entrer dans les mœurs. Certains s'en réjouiront, d'autres le déploreront.
On remarquera que cette acceptation sociale se fait de façon progressive, selon un effet domino. Au moment du PACS, on nous avait expliqué que c'était un simple contrat destiné à permettre à un couple d'aménager juridiquement sa vie commune, mais que cela n'ouvrait nullement la voie au mariage et à l'adoption pour les homosexuels. Quelques années plus tard, constatant que le PACS est entré dans les mœurs, le lobby gay nous explique qu'il n'y a plus de raison de refuser aux homosexuels le droit de se marier, et aussi d'adopter. Et quand cette loi visant à légaliser le mariage et l'adoption par les homosexuels fut débattue, ses partisans nous ont juré qu'il n'était pas question d'accepter la GPA et la PMA. Cette loi a été votée, et nous voici maintenant en train de débattre de la question de savoir s'il faut accepter la GPA et la PMA. Voici déjà que la Cour européenne des droits de l'homme a imposé à la France les enfants nés à l'étranger d'une mère porteuse. Le pire, c'est que le gouvernement a décidé de ne pas faire appel de cette décision. Ce refus s'inscrit clairement dans une volonté délibérée de faire avancer ce dossier par des voies détournées, jusqu'à ce qu'un état de fait rende inéluctable une loi autorisant la location d'utérus en France (je l'ai déjà expliqué dans un autre topic).
Depuis le PACS, toutes ces "innovations" sont revendiquées au nom du concept de "droits de l'homme", de refus des "discriminations". En France, le mariage gay a été voté sur ce fondement. Aux Etats-Unis, par exemple, au nom du refus des discriminations, la Cour suprême a déjà statué en faveur du mariage homosexuel. Quand la Cour européenne des droits de l'homme oblige la France à reconnaître les effets juridiques d'une location d'utérus, elle le fait aussi au nom du refus des discriminations. Curieux droits de l'homme qui servent en réalité à valider l'achat d'un enfant...
On notera d'ailleurs que la Cour européenne fait application d'une Convention signée en 1950, qui ne traitait donc pas de ces questions : elle se permet donc de dicter sa lois sur des questions sur lesquelles les Etats n'ont pris aucun engagement. De telles questions de société devraient pourtant être tranchées par le peuple (directement par référendum, ou bien indirectement par ses élus), or on s'aperçoit que, parfois, elles sont tranchées par des juges non élus qui font une interprétation très particulière de la notion de "droits de l'homme".
La rôle ainsi joué par la notion de "droits de l'homme" participe d'une évolution sociale majeure dans toutes nos civilisations occidentales : la primauté accordée à l'individualisme, aux droits individuels, touchant parfois au consumérisme, au détriment de l'intérêt de la société. J'ai droit au mariage, et l'Etat doit me garantir ce droit. J'ai droit à un enfant, et l'Etat doit me garantir ce droit. Avec cette logique, nous avons donc une certaine gauche qui, désormais, défend la marchandisation du corps. Et comme la notion de "droits de l'homme" pénètre peu à peu toutes les strates de la société, son discours se fait de plus en plus convaincant et efficace.