Cela dit, les déclarations de certains responsables UMP (dont Rossinot, que j'ai entendu en direct) sont tout de même assez significative. La réaction de Fillon est quant à elle désolante quand il réaffirme aux associations que cette proposition est inutile : en effet c'est une mesure expérimentale, la seule façon de juger de son utilité est de l'expérimenter, non ?
Sinon, j'ai trouvé ça, c'est un peu extrême mais les résultats sont spectaculaires (surtout pour ceux dont la principale opposition se fonde sur la tranquillité des riverains) :
http://www.rnw.nl/afrique/article/la-di ... ine-est-be…
La distribution gratuite d'héroïne est bénéfique à ceux qui en sont dépendants depuis longtemps.
Les protestations engendrées par la mise en place du projet controversé de distribution gratuite d’héroïne il y a dix ans à Utrecht, aux Pays-Bas, ont pratiquement cessé. Les nuisances ont fortement diminué et la communauté ne fait plus les frais des vols perpétrés par les toxicomanes en manque.
Par Thijs Westerbeek van Eerten
Les toxicomanes et le personnel soignant y sont particulièrement favorables. Les "patients" ne sont plus obligés de voler pour acheter leur dose quotidienne, et certains d’entre eux se sont même remis à travailler.
Le succès de cette méthode est même parvenu aux oreilles de la sphère politique de La Haye. Le parlement a voté une loi l’année dernière autorisant la distribution d'héroïne sous surveillance médicale, aux toxicomanes pour qui d’autres traitements se sont révélés inefficaces.
Depuis, les nuisances causées à Utrecht par les drogués à l’héroïne – mais aussi dans les autres grandes villes des Pays-Bas - ont pratiquement cessé et l'on recense peu de nouveaux cas de dépendance.
Maison de retraite
Il existe maintenant 17 cliniques qui distribuent gratuitement de l’héroïne aux Pays-Bas. Rotterdam compte même un établissement spécialement dédié aux toxicomanes âgés. La critique, initialement virulente et accompagnée de nombreuses protestations dans le quartier, s’y est finalement tue.
La dispensation gratuite d’héroïne à la clinique d’Utrecht est fermement réglementée et les patients sont sous surveillance constante. Ils sont tenus à l’œil par des caméras et des miroirs pendant l’administration de la substance.
"Bien entendu. Il n’est pas question qu’ils fassent passer la marchandise à l’extérieur", explique Tinka Hille, la coordinatrice. "Les patients peuvent fumer une dose exacte et strictement répertoriée, sur place, trois fois par jour".
Chimique
L’héroïne est pure, elle est fabriquée en laboratoire par l’industrie pharmaceutique. Ainsi le personnel soignant est assuré qu’elle ne contient pas de substances toxiques inconnues, ce qui peut être le cas de l’héroïne naturelle. Et cela permet également de contrôler précisément sa concentration, la variante chimique étant beaucoup plus forte que le produit illicite.
Le risque que les toxicomanes essaient d’entrer dans le programme pour obtenir de l’héroïne gratuitement et à vie – un des points les plus sévèrement critiqués - est minime, affirme Tinka Hille : "Il faut être vraiment en piteux état et avoir déjà fait plusieurs tentatives de désintoxication pour être candidat. Une situation dans laquelle même un toxicomane ne veux pas se retrouver."
Rentable
Il reste la question du coût de la dispensation de l’héroïne. Est-il en rapport avec les bénéfices apportés ?
Tinka Hille : "La distribution gratuite coûte 17.000 euros par personne par an. Cela paraît énorme, mais les économies effectuées sur les frais liés à l’hospitalisation, la détention, le soutien juridique et les frais engendrés par la criminalité sont bien plus élevés. Si l’on fait les comptes, le traitement à l’héroïne rapporte près de 13.000 euros par patient chaque année."
Une commission chargée de mener l’enquête à ce sujet a également conclu que le traitement était rentable.
Calme
Aucun des toxicomanes participant au programme à la clinique d’Utrecht n’a eu affaire à la justice depuis le début du projet. Le fait qu’ils puissent compter sur leur dose quotidienne d’héroïne à heure fixe les rassure. Il ne sont plus obligés de voler et peuvent même penser à leur avenir. Avant, ils passaient la journée à se demander comment obtenir leur dose.
Trois des patients de Tinka Hills ont retrouvé un emploi. "Betty en fait partie". Elle ne veut pas être interviewée – "ça lui fait peur" - mais elle travaille comme femme de ménage dans la clinique où elle suit le traitement. Elle continue à nettoyer frénétiquement tout en parlant, puis elle prend le temps de parler un peu avec le portier et de fumer une cigarette.
"Voilà" explique Tinka, "c’est exactement ce que cela apporte. Un peu de calme pour le toxicomane et son entourage."