Qu'en pensez vous ?Les sénateurs doivent débattre, jeudi 8 décembre, de la proposition de loi socialiste qui prévoit d'accorder le droit de vote aux étrangers extraeuropéens aux élections locales.
Sur les 27 pays membres de l'Union européenne, quinze ont déjà accordé ce droit aux étrangers avec des conditions variables de durée de résidence. Une mesure d'abord d'ordre symbolique qui, le plus souvent, ne bouleverse pas en profondeur les équilibres politiques locaux.
Les étrangers ont une participation plus faible. C'est une constante de presque tous les pays. Que le droit de vote ait été accordé aux étrangers extraeuropéens depuis 1963 (Irlande) ou depuis 2004 (Belgique), leur participation reste inférieure à la moyenne de la population.
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Les nouvelles voix à séduire des minorités ethniques. En Belgique, depuis 2004, plusieurs partis ont développé des stratégies pour capter le vote de certaines communautés. A Bruxelles, "le Parti socialiste cible les voix des Marocains, surreprésentés dans les classes ouvrières, et les libéraux de droite les votes des turcophones", décrypte Dirk Jacobs, professeur de sociologie à l'université libre de Bruxelles.
Le Parti démocrate-chrétien, lui, travaille les voix des Subsahariens, parmi lesquels de nombreux Congolais. Un important mouvement pentecôtiste traverse en effet cette diaspora. "Ils insistent, par exemple, sur l'importance de la religion", analyse M. Jacobs. La plupart des partis n'assument toutefois pas officiellement ces stratégies, prévient le chercheur.
Les étrangers : moteurs de la diversité en politique ? La tendance est plus ou moins forte selon les diasporas, mais elle est vérifiée : les immigrés sont sensibles à l'origine ethnique de ceux pour qui ils votent. A Rotterdam, en 2002, rapporte Mme Michon, "75 % des Turcs ont voté pour des Turcs et 50 % des Marocains pour des Marocains". Aucun parti communautaire n'a toutefois émergé et ces chiffres ont depuis été divisés par trois. Si la diversité en politique s'est accrue, c'est que l'ouverture du droit de vote aux non-Européens a été de pair avec une forte politique de "discrimination positive", selon elle.
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D'après M. Groenendijk, "tout dépend de ce que l'on met derrière le mot 'intégration'". Selon une enquête menée en Suisse entre Neuchâtel (où les étrangers ont le droit de vote) et Zurich (où ils ne l'ont pas), l'implication des étrangers dans la vie municipale et syndicale est beaucoup plus forte à Neuchâtel qu'à Zurich, pointe-t-il.
Un contrepoids, parfois, aux discours anti-immigrés. A Rotterdam, beaucoup d'analystes considèrent que c'est grâce aux voix des "allochtones" – étrangers et immigrés naturalisés – que le Parti travailliste est redevenu, en 2006, la première force politique de la ville après s'être fait voler la place par le parti d'extrême droite islamophobe de feu Pim Fortuyn, en 2002.
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Un droit sur lequel les Etats ne reviennent pas. D'après M. Groenendijk, parmi les pays qui ont accordé le droit de vote aux étrangers extraeuropéens, aucun ne l'a aboli – ou tenté de le faire – par la suite. "La plupart des hommes politiques ont trouvé que les avantages supplantaient les inconvénients, explique-t-il dans un rapport pour le Migration Policy Institute. Après tout, étendre le droit de vote est une mesure "low cost". Partager le pouvoir avec un groupe additionnel n'est que symboliquement douloureux. En réalité, cela ne réduit que marginalement le pouvoir des vieux votants."
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