A méditer ...Est-il possible d'être acquis au principe du droit au mariage des homos sans pour autant jeter tous ceux qui s'interrogent sur le sujet dans le sac infâme de l'homophobie ? Pour le Monde, Libération et d'autres, quiconque n'est pas un fervent partisan du «mariage pour tous» (formule laissant entendre que le célibat est un sacrilège) est d'office frappé d'un syndrome que le philosophe Didier Eribon appelle «le retour du refoulé homophobe». C'est aussi intelligent que de traiter de «raciste» un prof faisant une critique à un élève d'origine maghrébine. Mais ça marche à tous les coups. Désormais, il y a les «homophobes» et les autres. Choisis ton camp, camarade !
Est-il possible d'être partisan du recours à la nationalisation, temporaire ou pas, sans être suspecté d'être un étatiste forcené ou un adepte de l'économie administrée ? Dans l'affaire ArcelorMittal, la quasi-totalité des éditorialistes se sont alignés sur le dogme cher à Laurence Parisot : «nationalisation = crime économique». Les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne ont le droit d'opter pour des interventions publiques, dans des conditions d'ailleurs fort discutables, mais pas la France. D'ordinaire, pourtant, ces grands esprits fustigent le «modèle français», en expliquant qu'il faut imiter le modèle anglo-saxon. Bref, il faudrait copier ce qui se fait de pire à l'étranger et ne pas s'inspirer de ce qui se fait de moins mal. C'est la double peine idéologique.
Est-il possible d'être un européen convaincu et de ne pas s'enthousiasmer pour une construction européenne qui va dans le mur ? Pour l'heure, toute voix critique à l'égard de cet archétype de bureaucratie qu'est une zone euro soumise aux grands vents du néolibéralisme et du dumping salarial est renvoyée dans les limbes de l'europhobie. En vertu de quoi se construit une Europe qui se préoccupe du nombre de trous nécessaires pour qu'un fromage puisse avoir droit à l'étiquette «gruyère», mais qui laisse les banques faire des trous dans les comptes publics.
Est-il possible de condamner l'exil fiscal de Gérard Depardieu, en faisant remarquer que, dans cette affaire, il est l'Obélix qui cache la forêt sacrée de l'eurolibéralisme ? Certains de ceux qui lui font la leçon ont visiblement oublié leur enthousiasme d'antan pour la libre circulation des capitaux et des hommes qui est la marque de fabrique d'une Europe où l'harmonisation fiscale est toujours considérée comme un gros mot - ce qui n'a pas échappé à notre «Gégé» national.
Est-il possible de prôner la régulation de l'immigration sans se faire accuser de xénophobie rampante et de collusion involontaire avec l'extrême droite ? Comme par hasard, les tenants d'une immigration «libre» se recensent aussi bien dans le milieu patronal (ce qui peut se comprendre) que chez des bobos (ce qui est plus surprenant) aveuglés par leurs bons sentiments, et qui vivent loin des ghettos de la misère, protégés par la ségrégation ethnico-sociale qu'ils dénoncent par ailleurs.
Bref, est-il possible d'en finir avec une approche manichéenne qui est une forme de terreur (verbale) ?
Est il possible d'être Florian sur Actu-Politique ?