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par Ramdams » 23 mai 2015, 13:33:39
Le fait d’étudier l’histoire de France en profondeur nous rend-t-il davantage fier de ce pays ? Je n’en suis pas sûr, en tout cas ça ne fonctionne pas chez moi, cela a même eu l’effet inverse. J’ai découvert un pays de plus en plus arrogant au fil de son histoire, de plus en plus détestable. Si on veut donc réaffirmer la fierté française, ce n’est pas par l’enseignement de l’histoire du pays qu’on le fera. Le roman ou récit national a toujours été l’exaltation de la République, des idées des Lumières soi-disant « humanistes » face à l’inhumain régime monarchiste. Pour le reste, la bataille de Marignan, je m’en balance un peu.
La tendance actuelle d’enseigner l’histoire par thématiques (« Société, Eglise et pouvoir politique dans l’Occident chrétien du XIe siècle au XVe siècle ») est une catastrophe car on est à mi-chemin entre un thème des « Quatre à la suite » de « Questions pour un champion » et le sujet d’une thèse d’histoire ou tout du moins d’un concours du CAPES. L’autre extrême consiste à aborder l’histoire comme une succession d’événements. Or, l’histoire n’est pas bâtie que de batailles, de guerres, de successions au trône, de mariages princiers, de partages de territoires. Elle doit rendre compte de la vie quotidienne.
Je privilégie de fait une « histoire des Français » à une « histoire de France ». Il est plus intéressant d’étudier la France sous l’angle de sa population que sous celui de son régime politique. Mais bien entendu, nos politicards jacobins préféreront exalter leur idée de la France comme un régime, plutôt que de parler des Français et des diversités régionales. Mon idée est-elle progressiste ? Pas vraiment. Les manuels d’histoire des années 1980 avaient déjà cette conception, que l’on a abandonnée. La France n’est pas riche de ses hommes politiques, de son Parlement, de sa République, elle l’est de ses Français.
Enfin, dernier élément à prendre en compte : à quoi sert l’enseignement de l’histoire ? À exalter la fierté française ? Ce n’est pas souhaitable, pour les raisons déjà évoquées. L’enseignement de l’histoire permet de rendre compte que « tout ne va pas de soi », que la République « ne va pas de soi » en France, que la « France » elle-même est une idée abstraite, un Etat qui mit très longtemps à se construire et surtout que l’Histoire n’a pas de fin. La République n’est pas l’aboutissement d’un quelconque cheminement, la France aurait pu connaitre une destinée différente, peut-être pire, peut-être meilleure.